Hier et Aujourd’hui – travail saisonniers – inflation – emploi – confiance des ménages
Légère décrue de l’inflation en septembre en France
Avec la baisse du cours du baril de pétrole et la ristourne sur les carburants portés à 30 centimes, l’inflation en France a été moins forte en septembre qu’en août.
Sur un an, selon l’estimation provisoire réalisée en fin de mois par l’INSEE, les prix à la consommation augmenteraient de 5,6 % en septembre, après +5,9 % le mois précédent. Les prix des produits manufacturés augmenteraient sur un an à un rythme proche du mois précédent et ceux de l’alimentation accéléreraient.
Sur un mois, les prix à la consommation se replieraient de 0,5 %, après +0,5 % en août. Les prix des services se contracteraient du fait du repli saisonnier plus marqué que l’année dernière des prix de certains services liés au tourisme. Pour le troisième mois consécutif, les prix de l’énergie baisseraient dans le sillage des prix des produits pétroliers. Ceux des produits manufacturés et de l’alimentation ralentiraient.
Sur un an, l’indice des prix à la consommation harmonisé augmenterait de 6,2 %, après +6,6 % en août. Sur un mois, il reculerait de 0,5 %, après +0,5 % le mois précédent.
Cercle de l’Épargne – données INSEE
L’inflation atteint 10 % en zone euro
Le taux d’inflation annuel de la zone euro est estimé, selon Eurostat, à 10,0% en septembre, contre 9,1 % en août. S’agissant des principales composantes de l’inflation de la zone euro, l’énergie devrait connaître le taux annuel le plus élevé en septembre (40,8 %, comparé à 38,6% en août), suivie de l’alimentation, alcool & tabac (11,8 %, comparé à 10,6 % en août), des biens industriels hors énergie (5,6 %, comparé à 5,1 % en août) et des services (4,3 %, comparé à 3,8% en août).
En Europe, la France enregistre le plus faible taux d’inflation (6,2 % en norme européenne). En Estonie, l’inflation s’élève à 24,2 %. Elle a atteint 12 % en Belgique, 10,9 % en Allemagne, 9,3 % en Espagne et 9,5 % en Italie.
Les ménages français inquiets face à l’inflation
En septembre, la confiance des ménages se contracte, selon l’INSEE. Après un léger rebond en août. À 79, l’indicateur qui la synthétise perd trois points, retrouvant ainsi le point bas atteint en juillet. L’inflation et ses conséquences sur le pouvoir d’achat expliquent ce nouveau repli. Les annonces du gouvernement de maintien du bouclier tarifaire n’ont pas permis d’améliorer le niveau de confiance au sein de la population qui demeure assez pessimiste.
Cercle de l’Épargne – données INSEE
Un fort ressenti de baisse de pouvoir d’achat
En septembre, la part des ménages qui considèrent que le niveau de vie en France s’est amélioré au cours des douze derniers mois baisse légèrement. Le solde correspondant perd trois points et se situe bien au-dessous de sa moyenne de longue période. La part des ménages qui considèrent que le niveau de vie en France va s’améliorer au cours des douze prochains mois recule de manière plus marquée. Le solde correspondant perd huit points et retrouve son point bas historique atteint en mai 2020. Le ressenti de baisse de pouvoir d’achat s’explique par la crainte d’une accélération de l’inflation. Si la part des ménages considérant que les prix ont augmenté au cours des douze derniers mois est en légère baisse en septembre, celle des ménages estimant que les prix accéléreront au cours des douze prochains mois augmente fortement. Le solde correspondant gagne dix points. Il demeure ainsi bien au-dessus de sa moyenne de longue période.
En septembre, le solde d’opinion des ménages relatif à leur situation financière personnelle future baisse de six points. Cependant, celui relatif à leur situation financière personnelle passée gagne un point. Le solde associé à l’opportunité de faire des achats importants baisse d’un point. Ces trois soldes restent nettement au-dessous de leur moyenne de longue période. L’écart entre le ressenti et les statistiques n’en finit pas de s’accroître. Au cours du second semestre, le pouvoir d’achat des ménages devrait être maintenu voire amélioré avec la ristourne de 30 centimes sur les carburants, le chèque « rentrée scolaire » et le bouclier tarifaire sur le gaz et l’électricité.
Les ménages toujours en mode «épargne »
En septembre, le solde d’opinion concernant la capacité d’épargne actuelle perd de nouveau un point. Celui relatif à la capacité d’épargne future en perd trois. Le solde concernant l’opportunité d’épargner en gagne sept. Ces trois soldes demeurent au-dessus de leur moyenne de longue période. Les ménages sont toujours dans l’idée de maintenir un effort élevé d’épargne. La bonne tenue de la collecte du Livret A en est une manifestation tout comme le niveau record des dépôts à vue. La crainte d’une baisse du pouvoir d’achat, à terme, amène les Français à penser que leur capacité d’épargne diminuera dans les prochains mois.
Chômage, le retour des craintes
En septembre, les craintes des ménages concernant l’évolution du chômage augmentent fortement. Le solde correspondant gagne onze points mais demeure à un niveau bas par rapport à sa moyenne de longue période. Cette dégradation est à mettre en lien avec les annonces concernant la survenue probable d’une récession d’ici la fin de l’année.
Consommation stable en août en France La consommation des ménages en biens en volume est restée stable en août (+0,0 % après -0,9 % en juillet). La hausse des dépenses en biens fabriqués qui a été de +1,2 % est contrebalancée par la baisse des achats alimentaires (-de −1,0 %) % et, dans une moindre mesure, par le recul de la consommation
Cercle de l’Épargne – données INSEE
Chômage, stable en zone euro
En août, selon Eurostat, le taux de chômage corrigé des variations saisonnières de la zone euro était de 6,6 %, stable par rapport au taux enregistré en juillet et en baisse par rapport au taux de 7,5 % enregistré en août 2021. Le taux de chômage de l’Union européenne était de 6,0 % en août, également stable par rapport au taux enregistré en juillet et en baisse par rapport au taux de 6,8 % enregistré en août 2021.
Cercle de l’Epargne – données Eurostat
2,5 millions de travailleurs saisonniers en France
Chaque année, les entreprises françaises ont besoin de faire appel sur de courtes périodes à de la main-d’œuvre supplémentaire dite saisonnière. Le recours à ce type de main-d’œuvre concerne certains secteurs (agriculture, commerces, tourisme, logistiques), et certaines périodes de l’année (l’été, la fin de l’année).
En 2017, en France hors Mayotte, cet emploi saisonnier représente plus de 4 millions de postes, soit 11 % des postes du privé (hors postes salariés des particuliers-employeurs), mais seulement 240 000 postes en équivalent temps plein, soit 1,4 % des postes de même nature.
Les postes saisonniers sont très concentrés sur la période estivale. En effet, le nombre de postes augmente à partir d’avril et le pic est atteint fin juillet avec plus de 780 000 postes saisonniers, soit 19 % de l’ensemble des postes saisonniers et 2,1 % des postes du privé. Le nombre de postes saisonniers diminue ensuite jusqu’en fin d’année où une augmentation est constatée. Les besoins en main-d’œuvre saisonnière sont différents selon le secteur d’activité. À l’échelle nationale, les premiers mois de l’année constituent une période plutôt creuse, hormis pour les sports d’hiver. Au printemps, le secteur agricole recrute principalement pour le maraîchage. Les activités touristiques prennent le relais avec l’arrivée des congés de printemps puis les vacances d’été. Le sommet d’emploi du secteur de l’hébergement et de la restauration est atteint au milieu de l’été avec plus de 160 000 postes saisonniers hors intérim. Par ailleurs, au cœur de cette période estivale, dans de nombreux secteurs, dont le nettoyage, la surveillance et le gardiennage, les entreprises recourent à l’emploi saisonnier pour remplacer leurs salariés permanents partis en congé. En septembre, le secteur agricole dispose, certains jours, de plus de 40 000 postes saisonniers afin d’assurer notamment les vendanges. L’arrivée des vacances de fin d’année provoque également une recrudescence de l’activité au sein du secteur de l’hébergement et de la restauration qui se traduit par l’embauche de saisonniers. De même, les entreprises commerçantes font face à un pic d’activité en lien avec les préparatifs des fêtes de fin d’année grâce à l’offre de postes saisonniers.
La moitié des postes saisonniers correspondent à des contrats intérimaires. Hors intérim, 18,5 % des postes saisonniers sont fournis par les activités de services administratifs et de soutien. Hors intérim, plus de 20 % des postes saisonniers au cours de l’année 2017 sont générés par le secteur de l’hébergement et de la restauration. La restauration, qu’elle soit traditionnelle ou rapide, se place en première position (11,9 % des postes saisonniers, alors que ce secteur représente 6,3 % des postes de salariés du privé), suivie de l’hébergement (8,7 % des postes saisonniers pour 2,2 % des postes du privé). Autre secteur associé au tourisme, les activités artistiques et de spectacle représentent 13,7 % des postes saisonniers hors intérim, alors que ce secteur ne représente que 3,9 % des postes du privé. Toutefois, cette part plus importante dans l’emploi saisonnier correspond à une multitude de contrats très courts : en équivalent temps plein, ce secteur ne représente plus que 7,1 % des postes saisonniers.
L’édition et l’audiovisuel représente 11,0 % des postes saisonniers hors intérim, contre 2,6 % de l’ensemble des postes salariés du privé. Ce secteur recrute de façon temporaire au gré de la production et de la diffusion des contenus multimédias. En particulier, les tournages de films pour la télévision ou le cinéma captent 73 % des postes saisonniers du secteur. Le secteur de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche regroupe 7,7 % des postes saisonniers hors intérim, contre seulement 2,0 % des postes salariés. Sur dix postes saisonniers agricoles, quatre concernent la culture de la vigne et deux concernent la culture des fruits à pépins et à noyau (abricots, cerises, pommes, etc.).
À l’échelle locale, les postes saisonniers ne sont pas toujours concentrés pendant la période estivale. Ainsi, dans les stations de ski, le pic de l’activité saisonnière est atteint pendant l’hiver et, dans les zones viticoles, à l’automne avec les vendanges. Des régions à forte intensité touristique concentrée sur quelques semaines comme la Vallée de la Maurienne en Savoie ou la Balagne en Corse ont des taux de saisonniers importants. Dans ces zones touristiques, souvent montagneuses ou littorales, le secteur de l’hébergement et de la restauration est particulièrement présent. Ainsi, pour la zone de Briançon, comprenant deux parcs naturels et une station de sports d’hiver, un poste salarié sur trois dépend de ce secteur qui a largement recours à l’emploi saisonnier. 39,4 % des heures y sont saisonnières pour un taux de recours tous secteurs confondus de 11,6 %. Ce phénomène est encore plus accentué dans la zone d’emploi de la Tarentaise où plus de la moitié des heures du secteur de l’hébergement et de la restauration sont saisonnières. D’autres zones se tournent vers les postes saisonniers pour répondre à l’intensité de leur activité agricole. Ainsi, dans la zone d’emploi de Nîmes dans le Gard, le taux de recours atteint 30,8 % pour le secteur agricole, contre 2,3 % tous secteurs confondus. En effet, cette zone d’emploi réalise de nombreuses récoltes de fruits. Ce phénomène se retrouve également dans la zone d’emploi de Saumur dans le Maine-et-Loire où le taux de recours à l’emploi saisonnier pour l’arboriculture atteint 45,3 % en 2017.
La présence sur un territoire d’entreprises relevant de l’audiovisuel, de paysages remarquables ou d’une offre culturelle favorisent également le recours à l’emploi saisonnier. Dans la zone d’emploi d’Arles, à cheval entre les Bouches-du-Rhône et le Gard, ou celle de la Côte-sous-le-Vent en Guadeloupe, les taux de recours, respectivement de 3,0 % et 1,6 %, sont supérieurs à la moyenne nationale. Dans la zone d’emploi d’Arles, en plus de ses nombreux attraits touristiques, culturels et agricoles, les entreprises de l’audiovisuel de la zone ont particulièrement recours à l’emploi saisonnier. Ainsi, 43,8 % de leurs heures sont saisonnières, contre 9,1 % en moyenne nationale pour ce secteur. Quant à la zone de la Côte-sous-le-Vent, ses paysages insulaires attirent non seulement de nombreux touristes mais permettent également la réalisation de films télévisés. Dans cette zone, ce secteur très présent (18,3 % des postes salariés, contre 0,6 % en moyenne nationale) recourt majoritairement à l’emploi saisonnier (59 % des heures travaillées).
Sur l’ensemble de l’année 2017, 2,5 millions de salariés ont travaillé comme saisonniers en France. 15 % des saisonniers n’habitent pas dans la région où ils exercent leur emploi saisonnier. Cette part est deux fois plus importante que pour l’ensemble des salariés. L’essentiel du recrutement se fait par contrats courts : un contrat saisonnier sur deux dure moins de 10 jours, mais cela varie selon les activités. Par exemple, le secteur des transports offre des contrats plus longs, de 8 semaines en moyenne, et un contrat sur six dure plus de 4 mois. Les durées d’emploi sont plus courtes dans l’audiovisuel et les activités associatives, récréatives, culturelles et sportives, avec une durée moyenne de 11 jours. Dans ces deux secteurs, deux contrats sur trois durent moins de 6 jours. Par ailleurs, 37 % des saisonniers n’exercent pas leur emploi à temps plein, soit 13 points de plus que pour l’ensemble des salariés. Un saisonnier occupe en moyenne 3,3 postes sur l’année, contre 1,6 pour l’ensemble des salariés, et 20,9 % des saisonniers occupent plusieurs postes simultanément, contre seulement 7,4 % pour l’ensemble des salariés. Malgré ce cumul d’emploi, en 2017, 77,6 % des saisonniers ont des revenus salariés annuels inférieurs à 12 440 euros, correspondant à un bas revenu salarial, soit deux tiers du revenu salarial médian, contre 38,2 % de l’ensemble des salariés. Ce niveau de salaire plus faible peut également être expliqué par la moindre qualification des postes occupés par les saisonniers. Ainsi, 30,7 % des saisonniers occupent un emploi d’ouvrier non qualifié, soit plus du double des salariés. Toutefois, 6,5 % des saisonniers occupent un poste de cadre, en particulier dans les métiers de la production de films.
Une autre particularité des saisonniers est la surreprésentation des jeunes. 44,0 % ont moins de 26 ans, alors qu’ils ne représentent que 18,8 % des salariés du privé. Ce recours à de la main-d’œuvre jeune est très marqué dans le commerce ainsi que dans l’hébergement et la restauration. Pour des étudiants, il s’agit souvent de « jobs d’été » et d’un revenu d’appoint. Pour d’autres, ces emplois saisonniers peuvent représenter une première expérience professionnelle, un choix de vie, ou une alternative faute de trouver un emploi stable. L’amélioration de la situation du marché du travail peut ainsi conduire à réduire fortement l’offre de travail saisonnier issu de cette catégorie.