12 juillet 2014

Japon, plus dure sera la chute

Au Japon, avec l’augmentation de la TVA au mois d’avril, les indicateurs de ces derniers mois doivent être relativisés. En effet, un ralentissement était prévisible. Néanmoins, la décélération est un peu plus forte que prévu. La bonne tenue de l’emploi et le niveau élevé de la confiance des ménages constituent, en revanche, deux indicateurs optimistes sur la capacité de rebond.

Il n’en demeure pas moins que de nombreuses interrogations se font jour sur la politique menée par le Premier Ministre japonais. Au moment de sa nomination, Shinzo Abe avait engagé une politique reposant sur trois flèches, l’augmentation des prix par l’augmentation de la masse monétaire, le rétablissement des finances publiques et la mise en œuvre de réformes structurelles.

Contrairement aux souhaits du Premier Ministre, l’inflation n’est pas générée par la demande interne mais pas la dépréciation du yen qui renchérit le coût des importations Cette dépréciation provoque un appauvrissement des Japonais et pose le problème de la balance des paiements qui est déficitaire. Or le Japon s’est reconstruit grâce à d’importants excédents commerciaux.

La croissance est contrainte d’autant plus que les coûts salariaux continuent de baisser ce qui ne peut guère favoriser la croissance de la consommation. La demande interne a été dopée avant la hausse de la TVA que par les injections de liquidités qui ont favorisé la progression des cours des actions. Tout arrêt du dopage monétaire peut supprimer cet effet « richesse » virtuel.

La combinaison inflation et faible taux d’inflation a un caractère déflationniste. En effet, cette association contrenature dissuade les épargnants à conserver des titres publiques et conduit la Banque du Japon à accroître considérablement ses achats de JGB’s. Il en résulte une augmentation sans fin et dangereuse de la base monétaire. Par ailleurs, les investisseurs japonais se détournent des obligations et titres nationaux et préfèrent acquérir des valeurs à l’étranger.

En raison du niveau élevé de l’endettement et de sa monétisation croissante, les autorités japonaises n’ont pas d’autre solution que de tenter de réduire le déficit public en jouant sur les impôts. Or, leur relèvement réduit automatiquement l’activité économique. Par ailleurs, le Premier Ministre, un peu comme en France, espère gagner quelques points de croissance en réformant structurellement le pays mais pour le moment la libéralisation du marché du travail et du commerce reste à l’état de projet.