Le Coin des Tendances
Juste une fin de décennie
Une décennie s’achève, la deuxième du troisième millénaire. Elle avait commencé sur les décombres de la crise financière de 2008/2009 ; elle s’achève sur fonds d’incertitudes économiques, sociales et environnementales. La décennie 2010 aura été marquée pour l’Europe par la crise grecque et le Brexit. La question du réchauffement climatique est devenue tout à la fois un enjeu diplomatique et économique. La démographie, en lien avec les problèmes d’environnement, a été également un enjeu au cœur des dix dernières années. Les migrations ont été source de conflits en Europe, en Afrique et aux États-Unis. L’urbanisation croissante des populations n’est pas sans poser des problèmes dans les pays avancés comme au sein des pays émergents. Le vieillissement des sociétés s’accélère avec la montée en âge des larges générations nées après la Seconde Guerre mondiale.
La mondialisation qui avait été le phénomène des années 1990 et 2000 a marqué, depuis, une pause. Les tensions commerciales entre grandes puissances se sont multipliées. Les États-Unis après une décennie de guerre tentent de tourner la page. La concurrence de plus en plus vive avec la Chine modifie la nature de l’impérialisme américain. Le retour de la tentation protectionniste et d’un hégémonisme coercitif s’est imposé avec d’autant plus de force avec l’élection en 2016 de Donald Trump. La décennie a été aussi celle du digital et du formidable essor des GAFA.
Dix ans pour effacer la crise de 2008/2009
En 2009, l’économie mondiale avait vacillé, menacée par une implosion financière généralisée. Grâce à la coordination des gouvernements des vingt plus grandes puissances économiques et des banques centrales, la réédition d’une spirale destructrice telle que le monde l’avait connue entre 1929 et 1940 a été évitée. Le prix à payer a été une montée sans précédent de l’endettement et la généralisation des politiques monétaires non conventionnelles. Ces politiques se sont traduites par une baisse sans précédent des taux d’intérêt et par une augmentation de la masse monétaire. L’affaire grecque des années 2011/2012 aurait pu sonner le glas du surendettement public. Dix ans après la crise, les taux n’ont pas retrouvé leur niveau de longue période. Ils jouent l’effet d’une drogue permettant aux acteurs économiques de s’endetter à faibles coûts. En 2019, il a suffi de l’annonce d’un simple ralentissement pour contraindre les deux plus importantes banques centrales à abandonner leur programme de relèvement des taux et à les abaisser à nouveau. Les taux bas sont le reflet de l’état de l’économie, des gains de productivité poussifs, et d’une aversion croissante aux risques, liée à la montée des incertitudes. S’ils n’ont pas réussi à relever l’inflation, ils ont profondément modifié les équilibres des métiers de la finance. Ils ont aussi contribué à la forte hausse des cours de l’immobilier. En France comme dans d’autres pays européens, en effet, les années 2010 ont été marquées par une forte valorisation des biens immobiliers se situant dans les grandes métropoles.
Avec les taux d’intérêt négatifs, l’argent ne rapporte plus, le conserver peut même coûter. L’emprunteur est poussé à emprunter toujours plus. Pour autant, les épargnants continuent à épargner par habitude, par précaution, et par effet d’encaisse (pour atteindre leur objectif de patrimoine ou leur objectif en matière de revenus issus du capital). Certes, dans le passé, avec des taux d’inflation élevés, cette situation s’est déjà produite (notamment dans les années 70), mais en nominal. Par sa durée et son ampleur, la baisse des taux actuelle est sans précédent. Les États sont les grands gagnants de cette opération. La dette publique française a doublé en vingt ans et dépasse désormais 100 % du PIB, mais le paiement des intérêts est resté identique. En une décennie, l’État français a réalisé une économie de centaines de milliards d’euros. En cas de remontée des taux, le monde des emprunteurs sera mis sous pression. Selon l’INSEE, compte tenu du niveau de l’endettement public, une remontée des taux d’intérêt se traduirait rapidement par une dégradation du déficit public porteuse d’un risque pour la soutenabilité de la dette. Un choc de taux de 1 % sur la charge de la dette négociable de l’État aurait un effet de près de 5 milliards d’euros à horizon 2022 et de 20 milliards d’euros à horizon 2028.
L’endettement ne concerne pas que les États. Tous les acteurs économiques sont concernés, entreprises comme ménages. Selon la Banque de France, au deuxième trimestre 2019, le taux d’endettement global de tous les acteurs non financiers variaient de 150 % en Allemagne à 360 % du PIB au Japon. Aux États-Unis, la dette aux entreprises a doublé et est à son plus haut historique. Au niveau mondial, la dette globale des acteurs atteint 320 % du PIB, soit 246 500 milliards de dollars. La dette des agents non financiers s’élevait à 220 % du PIB fin 2018, contre 179 % du PIB en mars 2008. À ces dettes bien identifiées, il convient également d’ajouter celles générées par l’intermédiation financière non bancaire (shadow banking). Elles comprennent le crédit inter-entreprises mais aussi le crédit réalisé par des institutions n’ayant pas le statut bancaire. En 2018, cette activité financière non bancaire portait sur plus de 115 000 milliards de dollars, soit 30 % de la finance mondiale.
Dix ans après la crise, le plein emploi est de retour dans un grand nombre de pays occidentaux. Manquent à l’appel, la France, l’Italie, l’Espagne et la Grèce. Les États-Unis ont battu le record du plus long cycle de croissance depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Onze après son début, la croissance se situe autour de 2,5 % et le taux de chômage est à son plus bas niveau depuis 1968.
L’Europe entre deux eaux
La zone euro a failli périr avec la crise grecque. Elle a surmonté sa première grande crise depuis son avènement en 1999. La Grèce a accepté le plan élaboré par les représentants européens et du FMI et s’est maintenu dans l’euro. Son départ aurait été un signe de faiblesse évident et une menace pour la solidité de l’ensemble. Contrairement à quelques idées reçues, l’Allemagne consent à travers l’euro à mutualiser sa politique monétaire. Principale puissance économique de la zone, premier exportateur européen, pays dont le budget est en équilibre, depuis 1999, l’Allemagne a accepté, malgré l’opposition de son opinion, publique, d’aider un État membre, la Grèce, et l’application d’une politique monétaire non conventionnelle qui pénalise ses épargnants. En contrepartie, les Allemands bénéficient d’un euro plutôt sous-évalué au regard des résultats économiques de leur pays, ce qui est favorable aux exportations. La décennie aura permis d’améliorer les outils de surveillance des établissements financiers avec le renforcement de la Banque centrale européenne (BCE), devenue réellement le banquier en dernier ressort du système. La BCE remplit cette mission en l’absence de pouvoir économique fédérale. Afin de soutenir les États ou les établissements financiers, les États membres ont décidé la création d’un Mécanisme Européen de Stabilité Financière doté de 700 milliards d’euros d’encours qui pourrait se transformer en Fond Monétaire Européen.
La décennie restera aussi marquée au niveau européen par le Brexit approuvé par le peuple britannique lors du référendum du 23 juin 2016. Pour la première fois, depuis la signature du Traité de Rome en 1957, un État membre décide de quitter l’Union européenne. Ce départ sera officiel, sans doute, le 31 janvier 2020, 47 ans après son adhésion. Ce précédent qui concerne la deuxième puissance économique de l’Union intervient en pleine période de doute sur l’avenir de la construction. Les dirigeants s’opposent tant sur les questions liées à l’élargissement que sur celles liées à l’organisation d’un pouvoir économique fédéral ou aux migrations. La montée du sentiment anti-européen dans de nombreux États membres complique l’obtention d’un consensus.
Les États-Unis face à la Chine
Les États-Unis qui étaient, depuis la chute de l’URSS en 1991, la seule puissance mondiale durant vingt ans ont pris conscience qu’ils devaient partager désormais ce titre avec la Chine. En parité de pouvoir d’achat, le PIB chinois serait désormais supérieur à celui des États-Unis. Certes, le PIB par habitant donne toujours un important avantage aux Américains. Mais, la Chine entend bien, rattraper son retard dans les prochaines années. L’objectif assigné par le Président chinois, Xi Jinping est simple, faire de la Chine la première puissance mondiale dans tous les domaines d’ici 2049. À travers la Nouvelle Route de la Soie, la Banque Asiatique d’Investissement et la constitution d’une armée capable d’intervenir tout autour du globe, la Chine menace le leadership américain. Les États-Unis seront-ils frappés du complexe de Thucydide qui voit une puissance dominante entrer en guerre avec une puissance émergente sous la contrainte de la peur que suscite chez la première le surgissement de la seconde ? La guerre du Péloponnèse entre Sparte et Athènes a-t-elle vocation, comme cela a été fréquemment le cas au cours des siècles passés, à se reproduire avec les deux titans que sont les États-Unis et la Chine ? L’interdépendance des deux États sur le plan économique et financier saura-t-elle dissuader les gouvernements de s’engager dans une lutte qui pourrait être mortelle ? La décennie 2010 a planté le décor de cette concurrence, celle qui s’ouvre pourrait être celle de tous les dangers.
La fin de la mondialisation ?
La crise de 2008/2009 a conduit à une rupture au niveau du commerce international. La croissance des années 90/2000 a été façonnée par la progression des échanges internationaux, avec l’éclatement des chaînes de valeur et la montée en puissance des pays émergents en tant qu’exportateurs. La mondialisation semble avoir atteint un palier. Parler de démondialisation serait exagéré ; en revanche, il est certain que le poids du commerce international au sein du PIB s’est stabilisé, voire recule depuis 2016. La tertiarisation des activités, le vieillissement de la population, la montée des salaires au sein des pays émergents et les tentations protectionnistes sont autant de facteurs qui jouent contre la croissance des échanges mondiaux.
La crainte du collapse environnemental
Si la question du réchauffement climatique est devenue une réalité médiatique à compter des années 90, elle s’est imposée au sein de l’opinion dans la dernière décennie. La problématique environnementale ne s’arrête pas aux conséquences du réchauffement, elle concerne également la biodiversité, l’altération des sols, la pollution, etc. La crainte d’une chute de notre civilisation en raison de la modification du fait de l’Homme et des conditions de vie s’est diffusée. Greta Thunberg, jeune fille de 16 ans, est devenue l’icône médiatique mondiale de la défense de l’environnement.
La COP 21 de Paris en 2015 a été l’un des symboles de cette prise de conscience tardive qui n’est pas sans avoir des conséquences tant entre les États qu’en leur sein. Le retrait des États-Unis des accords de Paris et la crise des « gilets jaunes » démontrent que la question environnementale génère des tensions importantes. L’échec relatif de la COP 25 à Madrid, en 2019, souligne les difficultés pour la mise en œuvre d’un processus généralisé de décarbonisation des économies. Les années 2010 n’en restent pas moins celles où l’énergie renouvelable a pris son essor. Elle est à l’origine de 30 % de la production énergétique au sein de l’Union européenne. Cette dernière a pris l’engagement d’avoir une neutralité carbone pour 2050 pour sa production énergétique.
Les années 2020 seront, sans nul doute, encore plus que la décennie précédente placées sous le signe de la transition énergétique.
La résurgence du phénomène démographique
La démographie a occupé une place importante durant cette décennie. La photo d’Aylan Kurdi montrant un enfant retrouvé mort sur une plage en Turquie, en 2015, a fait le tour du monde. La question migratoire avait, deux ans plus tôt, fait l’objet d’une polémique en France avec l’affaire Leonarda. L’Allemagne durant ces dix dernières années a accueilli plus de 4 millions d’immigrés. Les migrations ont mis sous tension l’Union européenne ; les pays ayant des frontières extérieures à l’Union réclament un partage plus équilibré des coûts de surveillance et ne veulent plus accepter de migrants. Les tensions liées à l’immigration ne concernent pas que l’Europe. Le Président Donald Trump s’est, en parti, fait élire sous le thème de l’arrêt de l’immigration en provenance notamment du Mexique.
La décennie aura été celle des métropoles qui rassemblent une part croissante de la population mondiale. La tertiarisation favorise l’urbanisation. Plus de 60 % de la population mondiale vit dans des villes et de plus en plus dans des grandes agglomérations. Cette concentration de la population, catalyseur de croissance, est également une source de nuisances pour l’environnement. Elle nécessite la réalisation d’infrastructures de réseaux (assainissement, eau, électricité, communication, transports, etc.). Elle contribue à l’artificialisation des sols et la réduction de la biodiversité. Les métropoles, par leur puissance, tendent à s’affranchir de la tutelle des États dont elles relèvent. Ces derniers englués dans le financement des prestations sociales ne peuvent plus organiser le territoire comme dans le passé. Ils délèguent cette fonction aux collectivités locales les plus importantes.
Le vieillissement de la population a obligé de nombreux États à réformer leur système de retraite durant la dernière décennie. L’âge de départ à la retraite a été reculé dans la quasi-totalité des États occidentaux. La moyenne se situe désormais à 65 ans. Plusieurs États dont l’Allemagne ou le Royaume-Uni ont programmé un report jusqu’à 67 ans. En France, un double recul a été adopté, celui de l’âge légal à 62 ans et de l’allongement de la durée de cotisation à 43 ans qui sera effectif pour la génération 1973. Face à la question du vieillissement, la Chine a décidé d’abandonner la règle de l’enfant unique. Ce changement ne s’est pas traduit pour le moment par un rebond démographique. Au sein des pays avancés, la dépendance et son financement s’invitent de plus en plus dans le débat public sans que des réponses tangibles y soient apportées.
La décennie du digital
Le digital s’est imposé dans tous les domaines de la vie. Il y a désormais autant de téléphones portables que d’êtres humains. Dans les pays occidentaux, plus de 70 % de la population est connectée à Internet. Si les premiers IPhone sont apparus en 2007, leur essor est intervenu dans les années 2010. Le commerce en ligne s’est installé en une décennie et a capté en moyenne 10 % du marché du commerce de détail au sein de l’OCDE. Les succursales bancaires, autrefois symboles de la toute-puissance de leur maison mère, sont délaissées, les ménages effectuant un très grand nombre d’opérations grâce aux écrans.
Durant les années 2010, les GAFA sont devenues les premières capitalisations boursières dépassant les entreprises qui avaient fait les précédentes révolutions industrielles, en particulier pétrolières. Les entreprises du digital tissent leur toile en révolutionnant de nombreux secteurs, transports, énergie, santé, etc. Les États tentent tant bien que mal à maîtriser leur développement en essayant en particulier à conserver leurs recettes fiscales.
2020, un nouveau monde dans la continuité de l’ancien
Les années 2020 seront digitales et environnementales. Elles seront géopolitiques et sociales. Les entreprises du digital pourront-elles s’affranchir des nations, des États ? Seront-elles capables de battre monnaie et de modifier le fonctionnement des économies au point d’en devenir les nouveaux maîtres ? Au contraire, les Gouvernements auront-ils les moyens de maintenir leurs prérogatives ? Démantèleront-ils les GAFA au nom de la concurrence ? Deux systèmes d’entreprises de l’information et de la communication s’affronteront-ils avec d’un côté les sociétés américaines et de l’autre les Chinoises ? L’Europe réussira-t-elle à dépasser ses démons en acceptant de reprendre le chemin du fédéralisme ou donnera-t-elle raison à Vladimir Poutine qui prétend que l’Union européenne aura disparu d’en moins de dix ans ? Les années 2020 seront également marquées par les défis démographiques. La forte croissance de la population de l’Afrique sera évidemment un défi majeur pour les États de ce continent et pour ceux qui pourraient être amenés à accueillir des immigrés.
Les jeunes, la consommation et l’environnement
Pour les jeunes de 18 à 30 ans, la protection de l’environnement est devenue un enjeu majeur en 2019 qui arrive de loin leur principale préoccupation (32 % des réponses). Elle devance l’immigration (19 %) et le chômage (17 %). Parmi les problèmes environnementaux les plus cités par les jeunes adultes, le réchauffement climatique arrive en tête (41 %), suivi de près par la disparition d’espèces végétales et animales (39 %). Parmi eux, les 15-17 ans, les jeunes urbains et les diplômés du supérieur se montrent les plus soucieux de la dégradation de l’environnement.
Les jeunes sont très pessimistes sur l’évolution de la planète. Ils sont une majorité à redouter que le changement climatique ait des conséquences graves à l’avenir pour la vie humaine. 75 % des 15-24 ans pensent que les conditions de vie deviendront extrêmement pénibles si le réchauffement continue (source ADEME). L’engagement des jeunes est de plus en plus en lien avec la question écologique. 12 % des jeunes de moins de 30 ans indiquent avoir participé activement à des actions en faveur de l’environnement en 2019. Ce taux était de 3 % 2016 (source CRÉDOC).
La protection de l’environnement mais pas la révolution
Les jeunes adultes (18-24 ans) ne sont néanmoins pas prêts à remettre en cause fondamentalement le système, même au nom de la protection de l’environnement. Ils restent des consommateurs hédonistes, attirés par les produits innovants. 20 % des 18-24 ans disent, selon le CRÉDOC, que pour eux consommer est avant tout un plaisir, soit 8 points de plus que la moyenne de la population. 62 % des 18-24 ans disent avoir fait des soldes de janvier dernier (contre 47 % en moyenne). Quand on leur demande pourquoi ils font les soldes, ils sont plus nombreux à répondre que c’est pour acheter plus (30 % contre 18 % de moyenne). L’idée de réaliser des économies est moins souvent citée que chez les adultes (67 % contre 80 % en moyenne). 56 % des 18-24 ans contre 63 % en moyenne au sein de la population disent qu’ils réduisent leur consommation de biens et de vêtements en prolongeant leur durée de vie. Ils sont moins adeptes des vêtements écoresponsables que leurs aînés (-7 points en dessous de la moyenne pour les 18-24 ans).
Les jeunes sont naturellement plus réceptifs aux innovations que leurs aînés. Ils sont les plus prompts à acheter les derniers smartphones ou les derniers modèles de chaussures de sport. Malgré tout, ils sont 33 % des 18-24 ans à considérer que leur comportement génère d’importants gaspillages (contre 23 % de moyenne selon l’ADEME).
Contrairement à quelques idées reçues, selon le CRÉDOC, les jeunes auraient des pratiques moins durables que la moyenne de la population. Ils sont moins nombreux à trier leurs déchets, à acheter des légumes de saison et locaux ainsi que des produits ayant moins d’impact sur l’environnement. Ils sont friands de viande, de plats préparés. Ils éprouvent des difficultés à réduire leur consommation électrique. Les jeunes français sont en retard sur leurs homologues suédois qui ont des pratiques plus durables que le reste de la population nationale (enquête Eurobaromètre). La plus grande sensibilité écologique des Suédois s’explique peut-être par le fait qu’ils sont autonomes plus tôt. L’âge moyen de la décohabitation est en France de 23,7 ans contre 18,5 en Suède.
Les jeunes plus attentifs à l’environnement quand ils se déplacent
28 % des 18-24 ans déclarent avoir pris l’avion deux fois ou plus au cours des douze derniers mois (+9 points au-dessus de la moyenne). Plus portés aux voyages que leurs aînés, ils sont de ce fait plus utilisateurs de l’avion. Ils sont les premières cibles des compagnies low cost. Les jeunes de moins de 30 ans sont moins motorisés que la moyenne de la population. Cette situation n’est pas obligatoirement reliée à une conscience environnementale plus développée. Elle s’explique par le lieu de résidence et par les capacités financières. La proportion de jeunes résidant dans les grandes agglomérations est plus importante que pour celle des autres catégories d’âge. Les étudiants et les jeunes actifs se concentrent au sein des grandes métropoles qui sont bien dotés en transports collectifs et bien reliés aux autres grandes villes. Par ailleurs, du fait d’un budget contraint, en particulier en raison du coût croissant du logement, les jeunes font le choix de ne pas acheter de voiture voire de ne pas passer leur permis de conduire. Par ricochet, les jeunes adultes se distinguent par des habitudes plus écologiques en matière de transport. Ils privilégient la marche, la bicyclette, les transports en commun, le covoiturage. Ils sont des adeptes des formes alternatives de transports. Ils sont 56 % à avoir eu recours, selon le CRÉDOC, à ce mode de déplacement pour une courte distance (contre 31 % de l’ensemble de la population), et 46 % sur de longues distances (contre 30 %).
L’achat sur les plateformes d’échange ou de vente de produits d’occasion
S’ils sont friands de produits de mode, les jeunes sont également des pratiquants de la vente et des achats en ligne de biens d’occasion. Ils sont plus nombreux que la moyenne de la population à déclarer avoir fait des économies en achetant des produits d’occasion (+20 points). La location de produits est également plus facilement pratiquée par les jeunes que par l’ensemble de la population (+12 points.). Ces pratiques viennent aujourd’hui plutôt en cumul qu’en substitution de l’achat. L’objectif premier est de réaliser une bonne affaire et non obligatoirement protéger la planète.
Changer le monde tout en étant ancré dans la société de consommation
Si les jeunes ont une réelle fibre environnementale, leur comportement quotidien n’en reste pas moins rythmé par les fondamentaux de la consommation. Ils sont très sensibles aux marques et à la mode. Le recours aux biens d’occasion et aux formes alternatives de consommation se situent à la confluence de la nécessité économique et de la volonté de changer la société. Entre intérêts particuliers et intérêt général, il n’est pas toujours aisé de choisir.