Le Coin de la Conjoncture
L’emploi américain au bord du précipice en mars
Selon le Bureau of Labor Statistics (BLS), l’économie américaine a détruit 701 000 emplois au mois de mars, soit 7 fois plus que prévu. Il s’agit de la première baisse de la masse salariale depuis septembre 2010, et elle se situe tout près du pic de 800 000 pertes d’emplois enregistré en mai 2009 lors de la crise financière. Les deux tiers de la baisse concernent les secteurs du loisir et de l’hôtellerie. Le taux de chômage a fait un bond de 3,5 % à 4,4%, son plus haut niveau depuis août 2017 et sa plus forte augmentation depuis janvier 1975. le taux d’activité a reculé à 62,7 %, contre 63,4% en février.
6,65 millions de nouvelles demandes d’allocations chômage ont été enregistrées lors de la dernière semaine de mars, qui s‘ajoutent aux 3,3 millions enregistrées la semaine précédente. Avant cette crise, il faut remonter à 1982 pour retrouver une telle dégradation de l’emploi outre-Atlantique. À l’époque, 695 000 demandes avaient été enregistrées. Comme en Europe, l’explosion des demandes provient du confinement qui concerne, le 2 avril 2020, 96 % de la population et de la fermeture des commerces non essentiels dans de nombreux États. À la différence de la situation qui prévaut en Europe, les salariés américains touchés par les fermetures comme ceux des restaurants par exemple, ont été placés en congés sans solde et ont dû s’inscrire aux allocations chômage.
Les évaluations du taux de chômage sont très disparates aux États-Unis. Elles varient de 8,5 à 32 % contre un taux de 3,5 % en février. JPMorgan prédit un taux de chômage de 8,5 % au plus fort de la crise, quand Goldman Sachs place la barre à 15 %. La Réserve fédérale de Saint-Louis est encore plus pessimiste. Elle craint la suppression de plus de 47 millions d’emplois et un taux de chômage de 32 %. Les experts d’Oxford Economics anticipent un chômage de 12 % avec des « pertes d’emplois (qui) pourraient dépasser les 20 millions ». Selon l’administration américaine, pour le mois d’avril, une destruction de plus de 10 millions d’emplois est attendue
Emploi dans la zone euro, le dernier mois de baisse avant la crise sanitaire
Dans la zone euro, en février, le taux de chômage corrigé des variations saisonnières s’est établi à 7,3 %, en baisse par rapport au taux de 7,4 % enregistré en janvier et à celui de 7,8 % de février 2019. Il s’agissait du taux le plus faible enregistré dans la zone euro depuis mars 2008. Pour l’Union européenne le taux de chômage s’est établi à 6,5 % en février, stable par rapport au taux de janvier et en baisse par rapport au taux de 6,9 % de février 2019. Cela demeure le taux le plus faible enregistré dans l’Union depuis le début de la série mensuelle sur le chômage en février 2000.
Parmi les États membres, les taux de chômage les plus faibles en février ont été enregistrés en Tchéquie (2,0 %), aux Pays-Bas et en Pologne (2,9 % chacun). Les taux de chômage les plus élevés ont quant à eux été relevés en Grèce (16,3 % en décembre 2019) et en Espagne (13,6 %). Avec un taux de 8,1 %, la France se situait au-dessus de la moyenne de la zone euro.
En février, le taux de chômage aux États-Unis s’établissait à 3,5 %, en baisse par rapport au taux de 3,6 % de janvier et au taux de 3,8 % de février 2019.