Le Coin de la Conjoncture
La convergence, clef de voute de la zone euro !
L’hétérogénéité de la zone euro s’est accrue avec la crise des subprimes de 2008-2009 et la crise grecque tant en matière de niveaux de revenu par habitant, de niveaux d’investissement et de productivité, que de poids de l’industrie ou de balances commerciales et d’investissement. Initialement, l’instauration de la zone monétaire commune était de favoriser la convergence. L’accumulation des déficits et des dettes ainsi que les écarts de productivité expliquent en partie la divergence des économies de la zone euro.
La crise de subprimes de 2008-2009 a mis un terme à la convergence
La France qui faisait jeu égal avec l’Allemagne en 2003 en termes de PIB par habitant a fortement décroché à compter de 2008. En 2019, l’écart en défaveur de la France est de 12 %. Le PIB par habitant des Italiens est inférieur de 30 % à celui des Allemands quand cet écart était de 15 points en 2003. En revanche, l’Espagne a réussi à maintenir son écart avec l’Allemagne autour de 40 points.
La divergence la plus nette est au niveau des capacités de production industrielle. Depuis 1999, l’Allemagne a accru ses capacités de 30 % quand elles sont restées stables en France et ont diminué de 10 % pour l’Espagne et de 20 % pour l’Italie. Au niveau de la productivité par tête, la France a fait mieux que l’Allemagne lors de ces vingt dernières années (+18 % contre +15 %) quand l’Italie et l’Espagne ont décroché (respectivement -5 % et +5 %).
En vingt ans, les exportations allemandes ont augmenté en volume de 175 % contre 110% pour l’Espagne, 100 % pour la France et 60 % pour l’Italie.
Depuis une dizaine d’années, les pays d’Europe du Sud ont été contraints de faire disparaître leur déficit extérieur. L’Espagne a ramené son déficit de 10 % du PIB en 2009 à un excédent de 1 point en 2019. L’Italie et la France ont réussi également à remettre à leur balance à l’équilibre. Cette réduction a eu comme conséquence une baisse de l’investissement des entreprises, des particuliers et de l’investissement public ainsi que des revenus ménages. L’investissement public a baissé de 3 points de PIB en Espagne, de 2 points en Italie et de 1 point en France de 2008 à 2019.
Une des conséquences de cette divergence est la réapparition, à partir de 2009, des écarts de taux au sein de la zone euro. Si les écarts se sont réduits depuis 2015 grâce à la politique monétaire de la BCE, ils subsistent et tendent à s’affermir au moindre signe de crise.
Pour éviter la réédition de la crise des dettes souveraines, la BCE doit mener une action durable pour empêcher l’ouverture des spreads de taux d’intérêt entre les pays, ce qui suppose l’accord de l’Allemagne, accord qui pourrait s’avérer plus délicat à obtenir avec la récente décision de la Cour constitutionnel de Karlsruhe. Les autorités européennes devraient ainsi venir en aide aux États dépendant du tourisme, tels que l’Espagne, l’Italie, la France, la Grèce voire le Portugal. Les mesures de soutien pourraient également concerner les États disposant d’un important secteur automobile et ceux dont les finances publiques ne peuvent pas affronter le choc de l’actuelle crise. Il en ressort que l’Italie devra recevoir un montant d’aides plus élevé, suivie par l’Espagne et la France.
La politique de relance devrait être ciblée notamment afin de faciliter l’investissement dans les pays en difficulté. À défaut d’obligations mutualisées, des fonds européens devraient être affectés à la revitalisation des régions les plus touchées.
Les sombres prévisions de l’Union européenne
La Commission européenne estime que la zone euro pourrait connaître une contraction de son PIB de 7,7 % en 2020, accompagnée d’une chute de l’inflation et d’une remontée du chômage. Ce constat est évidemment lié à l’hibernation forcée de l’économie européenne. Il pourrait être réévalué en fonction de la nature du rebond qui pourrait intervenir dans les prochaines semaines. Les autorités européennes sont plus enclines au pessimisme en considérant que, pendant de nombreux mois, l’activité économique sera pénalisée par les contraintes imposées par les pouvoirs publics au nom de la lutte contre l’épidémie.
Si la crise provoquée par le COVID-19 touche tous les pays, les autorités européennes notent que l’ampleur de la crise varie d’un État à l’autre. Elle prévoit que la récession sera particulièrement violente en Italie (-9,5 %), en Espagne (-9,4 %) et en France (-8,2 %). Elle sera plus faible en Autriche (-5,5 %) et en Allemagne (-6,5 %). Pour 2021, la Commission parie sur une croissance de la zone euro de 6,3 %. Entre-temps, l’inflation devrait tomber à 0,2 % et le chômage grimper à 9,6 % de la population active cette année. En 2021, la croissance française pourrait être de 7,4 % et celle de l’Allemagne de 5,9