Le Coin de la Conjoncture (29 juillet 2017)
Le FMI croit en l’Europe
Dans ses dernières prévisions du mois de juillet, le FMI demeure optimiste en ce qui concerne la croissance de l’économie mondiale qui devrait atteindre 3,5 % en 2017 et 3,6 % en 2018, soit le meilleur taux des 6 dernières années. Les taux de croissance mondiale prévus pour 2017–18 sont certes supérieurs à l’estimation de 3,2 % pour 2016, mais ils se situent en dessous des moyennes d’avant-crise, notamment pour la plupart des pays avancés.
Si l’organisation internationale n’a pas révisé ses prévisions par rapport au mois d’avril, elle a abaissé néanmoins la croissance des États-Unis et du Royaume-Uni. Par ailleurs, elle a revu à la hausse la croissance pour le Japon et surtout pour la zone euro. L’Europe bénéficie d’un contexte favorable avec une réduction des risques politiques. La reprise de l’investissement combinée avec une élévation du niveau de confiance offre l’espoir d’un affermissement de la croissance. Ainsi, le FMI note une légère accélération de la croissance en Allemagne, en Espagne, en France et même pour l’Italie qui était jusqu’à maintenant à la traîne.
Les prévisions de croissance pour les États-Unis ont été revues à la baisse de 2,3 % à 2,1 % en 2017, et de 2,5 % à 2,1 % en 2018. Pour 2017, ce repli s’explique en partie par la faiblesse des résultats du premier trimestre, mais la révision tient surtout à l’hypothèse que la politique budgétaire sera moins expansionniste que prévu, en particulier pour 2018, compte tenu des incertitudes liées à la nature et au calendrier des changements de politique budgétaire aux États-Unis. Les anticipations des marchés à l’égard d’une relance budgétaire se sont également atténuées.
Les pays émergents et en développement devraient connaître un rebond d’activité soutenu avec un taux de croissance qui progressera de 4,3 % en 2016 à 4,6 % en 2017, puis à 4,8 % en 2018. Les résultats sont meilleurs que ceux attendus au Brésil, en Chine et au Mexique. Le taux de croissance de la Chine devrait se maintenir à 6,7 % en 2017, comme en 2016, puis enregistrer un modeste tassement en 2018 pour se situer à 6,4 %. En Inde, la croissance devrait s’affermir davantage en 2017 et en 2018, dans le droit fil des prévisions d’avril 2017. L’activité a certes ralenti suite à l’initiative de démonétisation, mais le taux de croissance pour 2016 –– de 7,1 % –– a dépassé les prévisions en raison du niveau élevé des dépenses publiques et des révisions statistiques qui ont mis en évidence un dynamisme plus marqué au début de l’année.
Le FMI constate que l’inflation dans les pays avancés reste modérée et se situe en règle générale en dessous des objectifs fixés par les banques centrales. L’inflation est, en outre en repli au Brésil, en Inde et en Russie.
Au niveau des risques, le FMI juge qu’ils sont plutôt en baisse. Il pointe néanmoins la Chine avec sa forte croissance du crédit. L’augmentation des taux d’intérêt, aux États-Unis, pourrait provoquer un durcissement plus rapide que prévu des conditions financières mondiales. L’institution internationale souligne toujours les dangers des tentations protectionnistes tant au sein des pays avancés qu’au sein des pays émergents.
Le FMI est plus inquiet pour la croissance à long terme en raison du maintien d’excédents de capacité de production, des effets du vieillissement de la population et des faibles gains de productivité de ces dernières années. Il considère que la croissance potentielle s’effrite d’année en année.
Le FMI attire l’attention des dirigeants publics sur la nécessité de ne pas resserrer trop rapidement les politiques monétaires et de veiller à une distribution plus équitable des revenus. Cette dernière remarque concerne les États-Unis, le Royaume-Uni et un certain nombre des pays émergents. Il souhaite également une réduction des déséquilibres des excédents commerciaux. Il invite les pays exportateurs de matières premières et d’énergie à mieux se prémunir des variations de prix.
Perspectives de l’économie mondiale : aperçu des projections | ||||
(Variation en pourcentage) | ||||
2015 | 2016 | 2017 | 2018 | |
Production mondiale | 3.4 | 3.2 | 3.5 | 3.6 |
Pays avancés | 2.1 | 1.7 | 2.0 | 1.9 |
États-Unis | 2.6 | 1.6 | 2.1 | 2.1 |
Zone euro | 2.0 | 1.8 | 1.9 | 1.7 |
Allemagne | 1.5 | 1.8 | 1.8 | 1.6 |
France | 1.1 | 1.2 | 1.5 | 1.7 |
Italie | 0.8 | 0.9 | 1.3 | 1.0 |
Espagne | 3.2 | 3.2 | 3.1 | 2.4 |
Japon | 1.1 | 1.0 | 1.3 | 0.6 |
Royaume-Uni | 2.2 | 1.8 | 1.7 | 1.5 |
Canada | 0.9 | 1.5 | 2.5 | 1.9 |
Pays émergents
et pays en développement |
4.3 | 4.3 | 4.6 | 4.8 |
Russie | –2.8 | –0.2 | 1.4 | 1.4 |
Chine | 6.9 | 6.7 | 6.7 | 6.4 |
Brésil | –3.8 | –3.6 | 0.3 | 1.3 |
Sources : FMI
Les rendements obligataires à long terme dans les pays avancés, qui avaient enregistré un repli depuis mars, ont augmenté à la fin juin et au début juillet. Néanmoins, depuis, un retour au calme a été constaté. La Réserve fédérale a relevé les taux d’intérêt à court terme en juin, mais les marchés misent toujours sur une trajectoire de normalisation de la politique monétaire américaine très graduelle.
Les écarts de rendement obligataire par rapport à l’Allemagne se sont plutôt resserrés en Espagne, en France et en Italie du fait d’une moindre incertitude électorale et du raffermissement des signes de reprise.
Les cours des actions dans les pays avancés demeurent solides, signe d’un optimisme persistant des marchés à l’égard des résultats des entreprises. Les marchés voient aussi de manière favorable les perspectives des pays émergents, ainsi qu’en témoignent le renforcement des marchés boursiers et un rétrécissement encore plus marqué des écarts de taux. Les exportateurs de pétrole font figure d’exception, vu le repli marqué des cours depuis mars.
À fin juin, le dollar s’était déprécié d’environ 3,5 % en termes effectifs réels par rapport à la fin mars, tandis que l’euro s’est renforcé dans une proportion comparable en raison d’un regain de confiance dans la reprise de la zone euro et d’une diminution des risques politiques. Ce processus s’est poursuivi au mois de juillet. Cette situation pénalise les exportations européennes mais marque également le début d’un rééquilibrage entre la zone euro et les États-Unis.
Le FMI comme l’OCDE est, en ce milieu d’année, optimistes en ce qui concerne l’évolution de l’économie mondiale. Aucune des grandes puissances économiques n’est en récession. Les pays émergents modifient leur modèle de développement sans provoquer de rupture de croissance. L’Europe qui demeure la première puissance commerciale mondiale surmonte les déboires accumulés depuis près d’une décennie. La question clef des prochains mois sera le pilotage de la banalisation de la politique monétaire afin d’éviter des tensions sur les marchés financiers et un arrêt brutal de la croissance.
Le Luxembourg, champion du monde de la productivité
Le Luxembourg, État mitoyen de la France, de l’Allemagne et de la Belgique , compte 582 972 habitants. Le Luxembourg dispose du revenu par habitant le plus élevé de l’OCDE, grâce au dynamisme du secteur des services, notamment bancaires et financiers.
L’investissement étranger est motivé par une réglementation favorable aux entreprises, la stabilité du système fiscal et une politique budgétaire prudente.
Du fait de la faiblesse de sa population, le Luxembourg attire une main-d’œuvre étrangère importante qu’elle soit immigrée ou transfrontalière. Elle est attirée par le faible taux de chômage et des conditions de rémunération élevées. Plus de 40 % des emplois sont occupés par des non-résidents et 45 % des résidents n’ont pas la nationalité luxembourgeoise. En raison de la proportion élevée de travailleurs transfrontaliers, le revenu national brut (RNB), qui ne prend pas en compte le revenu des facteurs issu de la production intérieure revenant aux non-résidents, est inférieur au produit intérieur brut (PIB) d’environ un tiers.
L’inégalité des revenus et la pauvreté sont limitées par le caractère redistributif du système de prélèvements et de transferts. De fait, le Luxembourg est l’un des pays les plus égalitaires de l’OCDE. Toutefois, les résultats en matière d’éducation et de compétences restent inférieurs à la moyenne de l’OCDE.
La situation budgétaire du pays est actuellement saine et le ratio de dette publique très bas. Faute de modification des politiques publiques, les dépenses publiques liées au vieillissement progresseront fortement à long terme, en particulier les pensions de retraite.
Ces trois dernières années, la croissance du PIB a été forte, preuve de la résilience de l’économie luxembourgeoise, et on prévoit qu’elle demeure solide avec un taux de 4 %, bien supérieur à la moyenne de la zone euro. La productivité totale des facteurs a augmenté fortement. La situation externe se caractérise encore par un excédent important de la balance courante, qui résulte des échanges de services – principalement l’exportation de services financiers – et d’un actif extérieur net représentant 20 % du PIB. La dette du secteur des entreprises non financières est élevée, en partie du fait des émissions attribuables à des entreprises multinationales (graphique 2). Les exportations devraient progresser à la faveur d’un nouvel essor du secteur financier, d’où un renforcement de la position externe. Outre des conditions monétaires accommodantes, la politique budgétaire va donner une vive impulsion à la demande interne en 2017 et 2018 du fait de baisses des taux de l’imposition des revenus des personnes physiques et des bénéfices des sociétés. L’excédent budgétaire des administrations publiques devrait donc diminuer en 2017 et être relativement stable en 2018. Sous l’effet de la vigueur de l’activité économique, l’emploi total a augmenté rapidement, ce qui a contribué à réduire le taux de chômage qui est passé de 7,1 % en 2014 à 6,4 % en 2016.
Le Luxembourgeois, selon une étude « la plateforme » serait le travailleur le plus productif de l’OCDE avec 59,2 euros par heure travaillée. La France affiche un taux horaire de 22,3 euros par employé, tandis que celui de l’Allemagne se monte à 27 euros.
Pour établir son classement, la plateforme compile des données de l’OCDE et du FMI La productivité a été calculée pour 34 pays, ceci en divisant le PIB par habitant par le nombre d’heures travaillées sur une semaine de cinq jours (en intégrant aussi bien temps plein, temps partiel et heures supplémentaires). Le Luxembourg est évidemment avantagé par la présence de nombreux travailleurs frontaliers et par la puissance de son secteur financier. De ce fait, le résultat est à nuancer.
Au Luxembourg, la durée du travail est de 1515 heures par an, contre 1363 heures en Allemagne et en 1472 heures en France.