15 novembre 2024

Le Coin de la conjoncture – croissance – chômage

Chômage en légère hausse en France au troisième trimestre

Au troisième trimestre, le nombre de chômeurs en France (hors Mayotte) au sens du Bureau international du travail (BIT) a augmenté de 35 000 par rapport au trimestre précédent, selon l’INSEE, pour atteindre 2,3 millions de personnes. Le taux de chômage au sens du BIT s’élève ainsi à 7,4 % de la population active, soit 0,1 point de plus qu’au deuxième trimestre 2024 et égal à son niveau d’il y a un an. Il reste près d’un point en dessous de son niveau du troisième trimestre 2019. Cette légère augmentation intervient dans un contexte économique et politique incertain. Après les bons résultats de l’économie pendant la période des Jeux Olympiques, un ralentissement semble se profiler. Malgré tout, le taux d’emploi atteint son plus haut niveau depuis 1975, début de la série de l’INSEE.

Cercle de l’Epargne – données INSEE

Progression marquée du chômage des jeunes

Au troisième trimestre 2024, le taux de chômage des 15-24 ans augmente de 1,8 point, pour atteindre 19,7 %. Il se situe ainsi 2,4 points au-dessus de son niveau d’il y a un an et à son plus haut niveau depuis le premier trimestre 2021. Les jeunes étant souvent employés en CDD ou à temps partiel, cette dégradation reflète une inflexion dans l’activité économique. La fin des Jeux Olympiques, qui avaient généré de nombreux emplois dans le secteur des services, peut également expliquer cette montée du chômage des jeunes.

Pour les 25-49 ans, le taux de chômage est quasi stable (-0,1 point) sur le trimestre et diminue de 0,2 point sur un an, pour s’établir à 6,6 %. Pour les 50 ans et plus, le taux de chômage baisse de 0,3 point sur le trimestre et de 0,5 point sur un an, pour atteindre 4,7 %, son niveau le plus bas depuis fin 2008.

Sur le trimestre, le taux de chômage des femmes diminue de 0,2 point, pour atteindre 7,2 %, tandis que celui des hommes augmente de 0,3 point, atteignant 7,6 %.

1,8 million de personnes dans le halo du chômage

Parmi les personnes inactives au sens du BIT, 1,8 million souhaitent un emploi sans être considérées comme chômeurs, car elles ne recherchent pas activement ou ne sont pas disponibles : elles constituent le halo autour du chômage. Ce nombre diminue sur le trimestre (-89 000) et sur un an (-187 000). La part du halo dans la population des 15-64 ans baisse ainsi de 0,2 point sur le trimestre et de 0,5 point sur un an, pour s’établir à 4,3 %. Cette part diminue de 0,7 point pour les jeunes, atteignant 6,7 %, de 0,2 point pour les 50-64 ans, à 2,8 %, et de 0,1 point pour les 25-49 ans, à 4,3 %.

Stabilité du taux de chômage de longue durée

Parmi les chômeurs, 533 000 personnes en moyenne déclarent être sans emploi et en recherche depuis au moins un an au troisième trimestre 2024, soit 5 000 de moins qu’au trimestre précédent. Le taux de chômage de longue durée est donc stable sur le trimestre et quasi stable (-0,1 point) sur un an, à 1,7 % de la population active. Il demeure ainsi inférieur de 0,5 point à son niveau de fin 2019.

Forte augmentation du taux d’emploi des seniors

En moyenne, au troisième trimestre 2024, le taux d’emploi des 15-64 ans progresse légèrement (+0,1 point), portant la hausse sur un an à +0,7 point. Il atteint 69,1 %, soit un nouveau record depuis le début des mesures de l’Insee en 1975.

Pour les 15-24 ans, le taux d’emploi diminue de 0,4 point sur le trimestre et de 0,7 point sur un an, pour s’établir à 34,6 %. Chez les 25-49 ans, il est stable sur le trimestre, mais en hausse de 0,6 point sur un an, atteignant 82,9 %. Pour les 50-64 ans, le taux d’emploi progresse de 0,7 point sur le trimestre, portant la hausse sur un an à +2,0 points. Il s’élève à 68,8 %, son plus haut niveau depuis que l’Insee le mesure. Le taux d’emploi des 55-64 ans augmente de 0,7 point sur le trimestre et de 2,2 points sur un an, atteignant 60,8 %.

ETQ : équivalent temps plein

Cercle de l’Epargne – données INSEE

Stabilité du temps partiel dans l’emploi

En septembre, la part du temps partiel dans l’emploi est quasi stable, avec une légère baisse de 0,1 point sur le trimestre, pour s’établir à 17,6 %. Elle reste légèrement supérieure à son niveau d’il y a un an (+0,2 point) mais demeure inférieure de 1,2 point à son niveau de fin 2019.

Sous-emploi à son plus bas niveau depuis 1992

Au troisième trimestre 2024, 4,3 % des personnes en emploi sont en situation de sous-emploi, un taux inchangé par rapport au deuxième trimestre 2024. Cette part est inférieure de 0,1 point à son niveau d’il y a un an et de 1,6 point par rapport à fin 2019, atteignant ainsi son plus bas niveau depuis 1992.

L’économie française en plein atterrissage

Après un été marqué par les Jeux Olympiques, l’économie française semble confrontée à un net ralentissement de son activité depuis le début de l’automne. Si le PIB a progressé de 0,4 % au cours du troisième trimestre, il devrait, au mieux, se stabiliser au quatrième trimestre. Selon la Banque de France, la croissance pour l’année 2024 devrait atteindre 1,1 %.

D’après l’enquête mensuelle de conjoncture de la Banque de France, réalisée chaque début de mois auprès de 8 500 dirigeants d’entreprise, l’activité aurait continué de progresser en octobre dans l’industrie, à un rythme légèrement supérieur aux prévisions des chefs d’entreprise du mois précédent. L’agroalimentaire enregistre une hausse notable. Les secteurs de l’aéronautique, de l’habillement-textile-chaussure, des produits informatiques et de la chimie auraient également connu une croissance de leur activité. À l’inverse, le secteur du bois-papier-imprimerie est en recul. Dans l’industrie automobile, les chefs d’entreprise signalent des difficultés de production de voitures électriques, en raison de la concurrence chinoise et d’une baisse de la demande pour ces modèles.

Le taux d’utilisation des capacités de production (TUC) dans l’industrie progresse légèrement, atteignant 75,3 % (contre 74,9 % au trimestre précédent). Cet indicateur est en hausse dans les secteurs de l’habillement-textile-chaussure (+1 point) et de l’agroalimentaire (+2 points), mais recule légèrement dans l’automobile (-1 point).

Dans les services marchands, l’activité progresse faiblement en octobre, au même rythme qu’en septembre et conformément aux prévisions des chefs d’entreprise. Le travail temporaire est en repli pour le deuxième mois consécutif, attribué à un contexte d’incertitude qui freine les recrutements.

Dans le bâtiment, l’activité enregistre une hausse dans le gros œuvre, favorisée par des chantiers reportés à cause des Jeux Olympiques. Elle évolue peu dans le second œuvre ; les chefs d’entreprise signalent un certain attentisme des clients concernant les évolutions du dispositif « MaPrimeRénov’ » pour 2025.

En novembre, les industriels prévoient une activité globalement stable, mais hétérogène selon les sous-secteurs. La tendance haussière observée en octobre se poursuivrait dans l’agroalimentaire, les produits informatiques, électroniques et optiques, la chimie et l’aéronautique. En revanche, une baisse de l’activité est attendue dans les secteurs de l’habillement-textile-chaussure, des produits en caoutchouc ou plastique, et de la métallurgie.

Dans les services marchands, l’activité devrait rester quasi stable avec des évolutions variées entre secteurs. La location automobile et les services aux entreprises progresseraient, tout comme le secteur du transport et de l’entreposage, tandis que le travail temporaire enregistrerait un nouveau repli.

Dans le bâtiment, l’activité serait en léger repli après le léger rebond d’octobre, tirée vers le bas par le gros œuvre.

Les carnets de commandes dans l’industrie restent jugés dégradés en octobre dans la plupart des secteurs, notamment dans les produits en caoutchouc ou plastique, les machines et équipements (baisse des commandes des clients du secteur automobile), le bois-papier-imprimerie, l’habillement-textile-chaussure et l’automobile. La situation est jugée nettement inférieure à la moyenne de long terme dans tous les secteurs, à l’exception de l’aéronautique.

Dans le bâtiment, les carnets de commandes s’améliorent légèrement en octobre dans la construction de maisons individuelles, mais à partir d’un niveau bas.

En octobre, les difficultés d’approvisionnement sont restées stables par rapport au mois précédent (10 % des entreprises les mentionnent). Elles demeurent relativement élevées dans l’aéronautique (37 %, en hausse par rapport au début de l’année où cette proportion avoisinait 25 %) et dans l’automobile (16 %). Dans le bâtiment, les difficultés d’approvisionnement sont rares (2 %, après 3 % en septembre).

Par ailleurs, 31 % des entreprises interrogées ont rencontré des difficultés de recrutement en octobre, contre 35 % en septembre. Cette baisse concerne l’industrie, les services marchands et le bâtiment.

Les premiers résultats des comptes trimestriels, publiés par l’Insee fin octobre, ont établi que la croissance du PIB au troisième trimestre 2024 était de +0,4 %. L’effet transitoire des Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) sur la croissance du troisième trimestre a été estimé à environ un quart de point, principalement en raison des services aux ménages (billetterie) et de l’information-communication (droits de diffusion des épreuves). La Banque de France table sur une stabilisation du PIB au quatrième trimestre 2024.

Traditionnellement, la France est touchée plus tardivement que ses partenaires par le ralentissement de l’économie mondiale, en raison de sa moindre dépendance aux exportations de biens industriels et de l’importance des dépenses publiques. Les Jeux Olympiques ont également masqué durant l’été le ralentissement observé dans la zone euro. Dans les prochains mois, l’économie française pourrait donc être affectée par la faible activité de ses partenaires, liée à la hausse des taux d’intérêt en 2022 et 2023, ainsi que par la fin des Jeux. Deux autres facteurs pèseront également sur la croissance : le contrecoup de la politique de soutien massif aux entreprises entre 2020 et 2022 et le ralentissement des dépenses publiques. Entre 2020 et 2023, grâce aux aides, le nombre de faillites est resté faible en France. Cependant, depuis quelques mois, il a dépassé sa moyenne d’avant-crise, avec des entreprises fragiles qui, ayant survécu grâce aux aides, déposent désormais le bilan. La croissance plus modérée des dépenses publiques aura également un effet récessif dans les prochains mois, bien que celles-ci continuent à progresser d’une année sur l’autre.

Petite accélération de la croissance durant l’été en Europe

Au cours du troisième trimestre 2024, le PIB corrigé des variations saisonnières a augmenté de 0,4 % dans la zone euro et de 0,3 % dans l’Union européenne (UE) par rapport au trimestre précédent, selon Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne. Au deuxième trimestre 2024, le PIB avait augmenté de 0,2 % dans la zone euro et de 0,3 % dans l’UE. En comparaison avec le même trimestre de l’année précédente, le PIB corrigé des variations saisonnières a enregistré une hausse de 0,9 % dans la zone euro et de 1,0 % dans l’UE au troisième trimestre 2024, après une augmentation de 0,6 % dans la zone euro et de 0,8 % dans l’UE au trimestre précédent.

Au cours du troisième trimestre 2024, le PIB des États-Unis a augmenté de 0,7 % par rapport au trimestre précédent (après une hausse de 0,7 % au deuxième trimestre 2024). Par rapport au même trimestre de l’année précédente, le PIB a augmenté de 2,7 % (après une progression de 3,0 % au trimestre précédent).

Eurostat