Le Coin de la Conjoncture – croissance – inflation – chômage – consommation
Croissance, un effet Jeux pour la France à relativiser
La France a enregistré une accélération de sa croissance durant l’été, portée par les Jeux Olympiques et Paralympiques . Le PIB a progressé de 0,4 %, contre 0,2 % au deuxième trimestre. Les Jeux ont entraîné une hausse de la demande intérieure, notamment grâce à la vente des billets pour les nombreuses épreuves sportives et à la comptabilisation des droits de diffusion télévisée.
Cercle de l’Épargne – données INSEE
Production en hausse portée par les Jeux Olympiques
La production totale de biens et services en France a enregistré une légère accélération au troisième trimestre 2024, avec une croissance de 0,4 % contre 0,3 % au trimestre précédent. Cette augmentation est principalement due à la dynamique des services marchands, en particulier ceux destinés aux ménages, qui ont progressé de 3,5 % grâce à l’impact direct des Jeux JOP. La production dans le secteur de l’information et de la communication a également augmenté de 2,3 %. À l’inverse, l’hébergement et la restauration ont connu un ralentissement de leur croissance au troisième trimestre (+0,2 % après +0,7 %), en partie en raison d’un mois de juillet moins favorable pour le secteur touristique. Les conditions climatiques dégradées dans certaines régions n’ont pas stimulé l’activité touristique. La production s’est repliée dans les services de transport (-0,6 % après +0,2 %) et dans le commerce (-0,4 % après -0,2 %). En revanche, la production dans le secteur de l’énergie, de l’eau et des déchets a connu une forte croissance (+2,1 % après +1,7 %), soutenue par un rebond amorcé le trimestre précédent. Dans l’industrie manufacturière, la production a reculé de 0,1 %, freinée par une baisse de 0,8 % dans les raffineries, après une croissance de 3,4 % au trimestre précédent. La production de biens d’équipement a progressé de 0,5 %, mettant fin à une période de quatre trimestres consécutifs de recul. Quant à la construction, elle s’est stabilisée (+0,0 %), après une baisse continue sur les quatre trimestres précédents.
Léger rebond de la consommation des ménages
Au troisième trimestre, la consommation des ménages en France a augmenté de 0,5 % après une stagnation au deuxième trimestre. La moitié de cette hausse provient des services récréatifs liés aux Jeux de Paris, avec une consommation en services en hausse de 1,0 % au troisième trimestre. La consommation en services d’information-communication a également accéléré (+2,4 % après +0,8 %). En revanche, la consommation dans les services d’hébergement-restauration a ralenti (+0,2 % après +0,9 %), tandis que les dépenses en services de transport ont diminué (-0,4 % après +0,3 %).
Les achats de biens, après une baisse de 0,2 % au deuxième trimestre, ont progressé de 0,3 %, interrompant une tendance de baisse de trois trimestres. La consommation alimentaire s’est redressée légèrement (+0,3 % après -1,5 %), et les dépenses en énergie ont continué leur progression (+0,9 %). À l’inverse, les dépenses en matériels de transport ont diminué ce trimestre (-2,3 % après +1,3 %).
Repli des investissements en France
La formation brute de capital fixe (FBCF) a diminué de 0,8 % au troisième trimestre 2024, après un recul de 0,1 % au deuxième trimestre. La baisse est en grande partie due au recul de l’investissement en matériels de transport (-9,2 % après -0,6 %), conséquence de l’application de la nouvelle norme européenne « GSR2 » sur les véhicules. L’investissement en services marchands a également ralenti, en raison du recul des investissements dans l’information-communication (+1,0 % après +1,5 %) et des baisses dans les services immobiliers (-2,3 % après +0,5 %) et les services aux entreprises (-0,1 % après +1,2 %). L’investissement dans la construction est resté stable, compensé par la croissance dans le génie civil face au recul persistant dans le bâtiment.
Commerce extérieur : une contribution positive à la croissance
Le commerce extérieur a contribué positivement à la croissance du PIB au troisième trimestre 2024 (+0,1 point après +0,2 point). Les importations ont diminué de 0,7 % (contre une hausse de 0,1 % au trimestre précédent), notamment dans les matériels de transport (-1,7 %), les biens d’équipement (-1,2 %) et les autres produits manufacturés (-1,3 %). En parallèle, les exportations ont reculé de 0,5 % après une hausse de 0,5 %. Cette baisse s’explique par un recul des exportations de produits manufacturés (-1,7 %) et agricoles (-11,6 %), touchés par des mauvaises récoltes. En revanche, les exportations de services ont progressé (+1,8 %), stimulées par la forte demande en services de transport (+4,4 %) et d’information-communication (+9,5 %), notamment les droits de diffusion des Jeux .
La contribution des variations de stocks à l’évolution du PIB est légèrement positive ce trimestre (+0,1 point après +0,0 point).
Une croissance précaire
La croissance du troisième trimestre est atypique en raison de l’organisation des Les Jeux. Malgré la présence de ces derniers, la France ne fait pas mieux que la moyenne de la zone euro (0,4 %). En excluant l’effet Jeux, la tendance est plutôt à la stagnation. Le recul de la production manufacturière et de l’investissement est inquiétant. Le quatrième trimestre pourrait donc être décevant avec un léger recul du PIB. Sur l’ensemble de l’année, la croissance française devrait avoisiner 1 %, taux insuffisant pour endiguer la dérive des comptes publics.
Croissance honorable pour la zone euro
Au cours du troisième trimestre 2024, le PIB corrigé des variations saisonnières a augmenté, selon Eurostat, de 0,4 % dans la zone euro et de 0,3 % dans l’Union européenne (UE), par rapport au trimestre précédent. Au cours du deuxième trimestre 2024, le PIB avait augmenté de 0,2 % dans la zone euro et de 0,3 % dans l’UE.
Parmi les États membres pour lesquels les données du troisième trimestre 2024 sont disponibles, l’Irlande (+2,0 %) a enregistré la hausse la plus importante par rapport au trimestre précédent, suivie de la Lituanie (+1,1 %) et de l’Espagne (+0,8 %). Des baisses ont été enregistrées en Hongrie (-0,7 %), en Lettonie (-0,4 %) et en Suède (-0,1 %). Les taux de croissance par rapport à l’année précédente ont été positifs pour sept pays et négatifs pour six. L’Espagne tire la croissance de l’Europe vers le haut. Sur l’année 2024, la croissance de ce pays devrait être proche de 3 %. Son taux de croissance pourrait même dépasser celui des États-Unis.
Cercle de l’Épargne – données Eurostat
États-Unis : toujours la course en tête
À moins d’une semaine de l’élection américaine, l’administration de Joe Biden peut se féliciter des résultats de la croissance économique de l’année 2024. Contrairement aux craintes exprimées au cœur de l’été, l’économie n’est pas tombée en récession. Le Bureau of Economic Analysis a publié, mercredi 30 octobre, les estimations avancées du PIB des États-Unis pour le troisième trimestre. Celles-ci indiquent le maintien d’une croissance vigoureuse de 2,8 % en rythme annualisé, ajusté de l’inflation. Ce chiffre est en légère baisse par rapport au deuxième trimestre (+3 %). L’activité a mieux résisté que prévu à la hausse des taux d’intérêt.
Cercle de l’Épargne – données Bureau of Economic Analysis
La croissance du troisième trimestre 2024 est légèrement inférieure aux prévisions, qui convergeaient vers 2,9 %. Elle demeure néanmoins supérieure à celle de la zone euro, qui n’est que de 0,9 % sur un an.
Au troisième trimestre, la croissance américaine a été portée par la consommation des ménages, qui a progressé de 3,7 %. Les Américains ont acheté davantage de médicaments sur ordonnance, d’automobiles et de pièces détachées. Ils ont aussi fréquenté plus souvent les cabinets médicaux et dépensé davantage dans les restaurants et les hôtels. L’investissement des entreprises reste dynamique, toujours en lien avec l’engouement pour l’intelligence artificielle. L’investissement des ménages dans l’immobilier est, en revanche, toujours en baisse en raison du niveau des taux d’intérêt, qui dépassent en moyenne 6,5 %. Il recule de 5,1 % sur un an.
Avec la baisse des taux d’intérêt, l’économie américaine pourrait connaître un nouvel élan d’ici la fin de l’année, même si en octobre les deux ouragans, Milton et Helene, ainsi que les grèves qui ont touché les ports américains et Boeing, ont nui à l’activité.
Stabilité sur le front des prix en France
Sur un an, selon l’estimation provisoire réalisée en fin de mois par l’INSEE, les prix à la consommation augmenteraient de 1,2 % en octobre, après +1,1 % en septembre. Cette quasi-stabilité de l’inflation est lié à un ralentissement des prix des services. Les prix des produits manufacturés, de l’alimentation et du tabac évolueraient sur un an à des rythmes proches de ceux du mois précédent.
Sur un mois, les prix à la consommation augmenteraient de 0,2 % en octobre 2024 (après ‑1,2 % en septembre). Cette légère hausse s’expliquerait par celles des prix de l’énergie (principalement ceux des produits pétroliers et du gaz), des prix des produits manufacturés (notamment ceux de l’habillement et des chaussures), des prix des services (notamment ceux des transports) et des prix de l’alimentation (en particulier les produits frais). Les prix du tabac seraient stables par rapport à septembre.
Sur un an, l’indice des prix à la consommation harmonisé augmenterait de 1,5 % en octobre 2024, après 1,4 % en septembre. Sur un mois, il augmenterait de 0,3 % après ‑1,3 % le mois précédent.
Cercle de l’Épargne – données INSEE
Augmentation modérée de l’inflation en zone euro
Le taux d’inflation annuel de la zone euro est estimé, selon Eurostat, à 2,0 % en octobre 2024, contre 1,7 % en septembre.
S’agissant des principales composantes de l’inflation de la zone euro, les services devraient connaître le taux annuel le plus élevé en octobre (3,9 %, stable comparé à septembre), suivis de l’alimentation, alcool & tabac (2,9 %, comparé à 2,4 % en septembre), des biens industriels hors énergie (0,5 %, comparé à 0,4 % en septembre) et de l’énergie (-4,6 %, comparé à -6,1 % en septembre).
Cercle de l’Épargne – données Eurostat
Légère augmentation de la consommation des ménages en septembre
En septembre, les dépenses de consommation des ménages en biens n’ont, en France, progressé, selon l’INSEE, que de 0,1 % en volume après une hausse de 0,4 % en août. La hausse de la consommation en biens fabriqués (+1,8 %) est contrebalancée par la diminution de la consommation alimentaire (-1,6 %) et de la consommation d’énergie (-0,3 %).
Sur l’ensemble du troisième trimestre 2024, la consommation des ménages en biens a augmenté de +0,3 % contre un recul de 0,2 % au deuxième trimestre.
Cercle de l’Épargne – donnes INSEE
Grande stabilité du chômage en Europe
En septembre 2024, le taux de chômage corrigé des variations saisonnières de la zone euro était, selon Eurostat, de 6,3 %, stable par rapport au taux enregistré en août 2024 et en baisse par rapport au taux de 6,6 % enregistré en septembre 2023. Le taux de chômage de l’Union européenne (UE) était de 5,9 % en septembre 2024, également stable par rapport au taux enregistré en août 2024 et en baisse par rapport au taux de 6,1 % enregistré en septembre 2023.
Cercle de l’Épargne – données Eurostat
En septembre 2024, 13,042 millions de personnes étaient au chômage dans l’UE, dont 10,884 millions dans la zone euro. Par rapport à août 2024, le nombre de chômeurs a augmenté de 61 000 personnes dans l’UE et de 13 000 dans la zone euro. Par rapport à septembre 2023, le chômage a diminué de 226 000 personnes dans l’UE et de 330 000 dans la zone euro.
En septembre, 2,861 millions de jeunes (de moins de 25 ans) étaient au chômage dans l’UE, dont 2,287 millions dans la zone euro. Le taux de chômage des jeunes s’est établi à 14,8 % dans l’UE, en hausse par rapport au taux de 14,5 % enregistré en août 2024, et à 14,4 % dans la zone euro, en hausse par rapport au taux de 14,3 % enregistré le mois précédent.