Le Coin de la conjoncture du 21 novembre 2015
L’euro est-il sous-évalué ?
Quel est le bon cours de l’euro ? Au regard de la balance des paiements courants de la Zone euro, certains considèrent que l’euro serait sous-évalué et que son cours pivot se situerait autour de 1,15 dollar ; vendredi 20 novembre, 1 euro s’échangeait contre 1,07 dollar. Le glissement vers la parité n’est plus une vue de l’esprit.
Comment pouvons-nous expliquer la poursuite de dépréciation de l’euro ?
De nombreux facteurs contribuent à la dépréciation de la monnaie commune par rapport au dollar. Le décalage de croissance de part et d’autre de l’Atlantique favorise la baisse de l’euro. La divergence anticipée des politiques monétaires entre les deux régions constitue une autre raison. Les capitaux à court terme de la Zone euro sont attirés par les Etats-Unis du fait de l’écart de taux. En outre, depuis plus d’un an, les flux de capitaux partent des pays émergents et du Japon vers les Etats-Unis qui soutiennent le dollar.
La dépréciation de l’euro peut-elle se poursuivre ?
Du fait des anticipations en cours, la décision de la FED ne devrait pas, au mois de décembre, accentuer le mouvement baissier de l’euro. De même, les incertitudes économiques devraient se lever au fur et à mesure de la reprise européenne. Néanmoins, les flux de capitaux devraient continuer à aller des pays émergents vers les Etats-Unis jouant en faveur de l’appréciation du dollar.
Sur un plan économique, la dépréciation de l’euro a permis de compenser le ralentissement du commerce international intervenu avec la diminution de la croissance au sien des pays émergents. En revanche, sa poursuite a des effets négatifs sur la valeur des actifs financiers européens et peut conduire des entreprises à différer leurs investissements de compétitivité.
Les Etats-Unis peuvent-ils rester une île ?
Les Etats-Unis constituent une zone de croissance dans un monde en ralentissement ou en stagnation. Les pays émergents connaissent une vive décélération avec à la clef une forte récession en Russie et au Brésil. Le Japon a, à nouveau, renoué avec une croissance nulle. De son côté, l’Europe sort lentement de la crise des dettes publiques de 2011. Par ailleurs, des pays comme l’Australie ou la Nouvelle-Zélande sont touchés par le ralentissement asiatique. Le voisin canadien est de son côté pénalisé par la chute des cours du pétrole. Ce cycle de croissance aux Etats-Unis qui a commencé en 2010 conduit à un écart de croissance avec le reste du monde sans précédent depuis 1998.
Les Etats-Unis peuvent-ils être la seule locomotive mondiale ?
Actuellement, la croissance américaine qui s’accompagne de flux de capitaux favorables, repose essentiellement sur la demande interne d’autant plus que le dollar tend naturellement à s’apprécier.
Même si les Etats-Unis souffrent, au niveau de l’investissement, de la baisse du cours du pétrole, celle-ci génère des gains de pouvoir d’achat au niveau des ménages. Ces derniers profitent également de la bonne tenue des actions. La baisse du chômage constitue également un fort levier pour la croissance tant directement, à travers la distribution de revenus, qu’indirectement en jouant positivement sur le moral des consommateurs. Un léger frémissement sur les salaires se fait sentir ce qui est également un point positif pour la croissance à venir.
Les Etats-Unis resteront ils seuls au monde ?
A court terme, compte tenu des problèmes rencontrés par les pays émergents, goulots d’étranglement dans la distribution, surcapacités de production, endettement privé, baisse des cours des matières premières, inflation, dépréciation des monnaies nationales…., l’écart de croissance devrait se maintenir. La sortie de crise pour le Brésil et la Russie n’est pas attendue avant le milieu de l’année 2016.
La remontée des taux directeur de la FED devrait pénaliser les cours des actions mais accentuer, du moins un temps, les entrées de capitaux. Néanmoins, du fait que ce relèvement a été largement anticipé par les acteurs, l’impact réel en sera d’autant limité.
Un retour des capitaux en zone euro et en pays émergents est envisageable mais incertain. Des meilleures performances boursières sont logiquement à attendre dans les pays où l’activité s’accélère comme en Zone euro mais aussi en Chine après la crise de cet été. Le décalage de cours est certainement exagéré surtout au regard, à terme, des potentiels de croissance.
Même si la demande intérieure est la principale source de croissance aux Etats-Unis, les exportations sont de plus en plus pénalisées par l’appréciation du dollar.
Les pays européens ont accumulé un véritable retard de croissance. La diffusion des nouvelles technologies (digitalisation avec notamment le big data, les objets connectés) devrait s’amplifier en Europe. Après plus de 7 ans de stagnation voire de déclin, un cycle de croissance devrait s’ouvrir. La première révolution numérique s’était produite sur le vieux continent entre 1997 et 2003 quand aux Etats-Unis elle s’était déroulée entre 1992 et 2000.
Paris, fait-elle la France ?
La métropole parisienne occupe 0,15 % de la superficie de la France. Elle représente 11,2 % de la population. L’Île-de-France (IDF) génère 30,5 % du PIB de la France métropolitaine et 32,9 % des rémunérations versées avec seulement 22 % de l’emploi.
Depuis 1984, le poids de l’Île-de-France s’est renforcé en ayant accru sa part dans le PIB national de 4 points. Entre 2007 et 2011, l’Île-de-France est responsable de 56 % de la progression de la valeur ajoutée nationale. Cette surcroissance s’explique par le secteur « information et communication » et non comme cela est souvent mentionné par le secteur financier. Le digital contrairement aux idées reçues favorise la capitale. En effet, la concentration des entreprises, des diplômés, des sources d’information, favorisent cette évolution favorable à l’Île-de-France.
Si le Grand Paris devrait permettre un développement plus harmonieux de la région capitale, il risque d’accroître les déséquilibres avec la Province.