Le Coin de la Conjoncture du 23 septembre 2017
La France face à son chômage structurel
Le taux de chômage en France s’établit à 9,8 % au mois de juillet 2017 (source Eurostat) et reste supérieur à son point bas d’avant la crise de 2008, 7,2 %. Il est en partie la conséquence du ralentissement de la croissance. Cette dernière n’a été que de 0,1 % en moyenne par trimestre de 2008 à 2016 contre 0,5 % de 2000 à 2008. Depuis les années 80, la France est un pays qui a toujours eu des problèmes de chômage mais il était resté inférieur à la moyenne de l’Union européenne jusqu’en 2008. Depuis, il a tendance à être égal ou supérieur à cette moyenne.
Entre 2008 et 2016, la France n’a pas perdu des emplois à la différence de l’Espagne ou de l’Italie, même s’il convient de relativiser ce résultat. En effet, l’emploi marchand non-agricole à la fin du premier trimestre 2017 (hors emplois non marchands, publics, hors agriculture) est inférieur de 1,3 % à son niveau du début de 2008. En dix ans, le marché du travail a évolué avec la poursuite du recul de l’industrie et le recours croissant aux formes particulières d’emploi (intérim, temps partiel, CDD, auto-entrepreneur). Le poids des emplois en intérim, en CDD et en apprentissage est passé de 11,9 à 12,9 % de 2008 à 2016. L’année dernière, 31,3 % des jeunes de 18-24 ans occupant un emploi étaient en CDD contre 25,8 % en 2007. 40 % de l’emploi à temps partiel serait subi en France.
Les créations d’emploi ont permis de réduire le taux de chômage de 10,1 % en 2015 à 9,6 % au premier trimestre 2017. Du fait d’une démographie plus dynamique que chez nos voisins, l’effet de ces créations a été moindre sur le chômage. Ce phénomène devrait s’accentuer passagèrement dans les prochaines années en raison de l’arrivée sur le marché du travail de la génération d’enfants du pic des années 2000. La progression du nombre de naissances enregistrées entre 1998 et 2005 génère des problèmes d’accès aux établissements d’enseignement supérieur.
La France souffrirait avant tout d’un chômage structurel
Si la faible croissance des années 2008/2016 a provoqué une stagnation de la demande intérieure, la reprise ne s’accompagne pas d’une baisse rapide du chômage. La persistance d’un important déficit commercial traduit un manque de compétitivité de l’économie. L’augmentation de la consommation s’accompagne d’une croissance dynamique des importations. Pour plusieurs instituts économiques, dont l’OCDE, mais aussi pour la Commission européenne, le chômage structurel se situerait à un niveau très élevé en France, entre 8,5 et 9,5 %. Ce taux aurait progressé depuis le début de la crise en raison de la désindustrialisation, de la faiblesse de l’investissement, ces dernières années, et de l’inadéquation des compétences des demandeurs d’emploi par rapport aux exigences du marché du travail. Pour l’économiste de Natixis, Patrick Artus, la France retrouvera d’ici la fin de l’année 2018 son niveau de chômage structurel. A ce moment-là, la croissance tendra vers son niveau potentiel. Elle sera alors le fruit des seuls gains de productivité et de l’augmentation de la population active. Elle devrait passer de 2 % à moins de 1 %.
Le problème des qualifications
La France se caractérise par une sous-utilisation de sa force de travail. Le taux d’emploi des 15-64 ans était de 64 % en 2016 en France contre 75 % en Allemagne et aux Pays-Bas. Depuis 2003, ce taux est stable en France mais a augmenté de 10 points en Allemagne. Le taux d’emploi est de 30 % pour les jeunes contre 45 % en Allemagne et 65 % aux Pays-Bas. En revanche, pour le temps d’emploi des 25-49 ans, la France est dans la moyenne.
Les jeunes sans formation sont, en France, en situation de vulnérabilité. Seulement 9,5 % d’entre eux avaient un emploi contre 30 % en Allemagne ou 52 % aux Pays-Bas.
Le taux de chômage des jeunes est deux fois supérieur à celui constaté en Allemagne, en Autriche, ou aux Pays-Bas. Pour les non-qualifiés, l’écart est encore plus net. Le taux de chômage des non diplômés de moins de 25 ans est de 33 % en moyenne en France depuis l’an 2000 contre 13 % en Allemagne et 11 % aux Pays-Bas. Le taux d’activité des jeunes n’est que de 38 % en France contre 50 % chez notre partenaire d’Outre-Rhin. Ce taux atteint même 71 % aux Pays-Bas. Cette situation s’explique par le fait qu’en France, ce sont avant tout les jeunes en situation d’échec scolaire, âgés entre 18 et 24 ans, qui sont sur le marché du travail quand le système de l’apprentissage en Allemagne permet de suivre des formations professionnelles plus inclusives. En 2016 en France, plus de 17 % des personnes âgées de 15 à 29 ans ont été en situation de déscolarisation. Ce taux était de 14 % en 2003.
Dans notre pays, 61 % ne valident pas leur première année au sein de leur cursus universitaire ; un grand nombre de jeunes redouble ou change de spécialité quand d’autres abandonnent. Le taux d’échec est plus faible dans les IUT et dans les grandes écoles. Près des deux tiers des étudiants n’obtiennent pas leur master dans le temps logiquement imparti. Il y a donc un réel gaspillage de temps et d’argent. À ce titre, il convient de souligner que la France dépense moins que ses voisins pour l’enseignement supérieur. La dépense moyenne par étudiant est de 15 100 euros pour les classes préparatoires et les grandes écoles, de 13 700 euros dans les IUT et de 10 390 euros dans les universités.
Poids des dépenses publiques en faveur de l’enseignement supérieur
en % du PIB
Norvège | Danemark | Finlande | Roy-Uni | Allemagne | France | |
2016 | 2,4 | 2,3 | 2,0 | 1,4 | 1,3 | 1,2 |
L’enseignement de masse que les universités pratiquent contribue au fort taux d’échec. De nombreux élèves sortant de leur lycée sont désarmés face à un système qui personnalise faute de moyens les parcours éducatifs. La faiblesse de l’encadrement favorise le décrochage des étudiants au cours de la première année. Par ailleurs, l’absence de sélection aboutit à des erreurs d’orientation et ne permet pas une bonne adéquation avec les besoins du marché du travail. Ainsi, les filières arts, lettre, sciences humaines et sociales attirent un très grand nombre d’étudiants (près de 80 000 demandes de la part des bacheliers en 2017) tout en ayant un taux d’insertion professionnelle de 61 % quand, dans le même temps, la filière économie et gestion n’attire que 54 000 élèves avec un taux d’insertion de près de 80 %.
La diminution du coût du travail
Pour améliorer le taux d’emploi en particulier pour les personnes non qualifiées, la diminution du coût du travail est mise en avant depuis de nombreuses années. Les pouvoirs publics ont ainsi porté leurs efforts sur les salariés payés au SMIC et de manière dégressive jusqu’aux salariés payés 3 fois le SMIC (sachant que les exonérations sont avant tout concentrées sur les salaires compris entre 1 et 1,6 fois le SMIC). Au niveau du SMIC, le montant des cotisations patronales s’élève à 205 euros (pour une entreprise de 11 à 20 salariés). Après application du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, le montant des charges à acquitter est de 103,6 euros. Le coût total d’un salarié payé au SMIC est donc de 1572,7 euros.
La politique d’allégement des charges engagée en 1993 devrait se poursuivre en 2018. Les cotisations sociales employeurs seraient réduites de 10,1 points pour les salariés rémunérés au SMIC. Une réduction serait par ailleurs appliquée de manière dégressive jusqu’à 1,6 fois le salaire minimum. Pour Patrick Artus, cette diminution des charges pourrait générer 170 000 emplois supplémentaires. Néanmoins, elle a l’inconvénient de spécialiser la France sur de la production de gamme moyenne. Elle tend à conforter notre mauvaise spécialisation économique. Notre pays a certes un problème évident d’emploi chez les actifs à faible qualification mais il se caractérise aussi par le poids important de ce type d’emplois, deux fois plus nombreux qu’en Allemagne. Cette situation est imputable à la désindustrialisation et par ricochet par la place occupée par les services.
La question de la formation professionnelle
La mauvaise qualité du système de formation professionnelle constitue un des points faibles pour l’économie française. Selon le service des études du Ministère du Travail, près de 140 000 emplois étaient vacants à la fin du semestre 2017. Dans certains secteurs, les entreprises éprouvent des difficultés à trouver des salariés répondant aux qualifications exigées. Ainsi, 25 000 postes étaient vacants dans l’industrie, 14 000 dans le secteur de la communication et de l’information, 22 000 dans le commerce, 15 000 pour les entreprises exerçant leurs activités dans les domaines scientifiques et techniques (conseils). 11 000 postes étaient également vacants dans l’hôtellerie et la restauration. Les salariés en difficulté ou les demandeurs d’emploi n’accèdent que difficilement à la formation professionnelle. En 2014, 33 % des ouvriers ont bénéficié d’une formation contre 55 % des cadres.
La question du coût du capital
La France est un pays qui, ces dernières années, a fortement accru les prélèvements sur le capital. Il en aurait résulté une baisse des investissements et donc une diminution des emplois. Le Président de la République, Emmanuel Macron, souhaite réorienter l’épargne des Français vers des placements dits à risques. À cet effet, il entend diminuer les prélèvements sur les revenus du capital ainsi que sur leur détention. La transformation de l’ISF en un impôt sur la fortune immobilière et l’introduction de la Flat Tax devraient permettre de revenir dans la moyenne européenne.
L’OCDE, confiante dans l’avenir
La croissance de l’économie mondiale devrait, selon l’OCDE, s’installer au-dessus de 3 %. Le PIB mondial devrait s’accroître de 3,5 % en 2017 et de 3,7 % en 2018, contre 3 % en 2016. L’organisation internationale souligne dans son étude sur les perspectives de croissance du mois de septembre que « la reprise est désormais davantage synchronisée à l’échelle internationale, tandis que l’on observe une progression de l’investissement, de l’emploi et des échanges ».
Le rythme du cycle technologique mondial s’accélère à mesure que les entreprises modernisent leur stock de capital et adoptent de nouvelles technologies à même de soutenir la croissance future de la productivité. Dans la plupart des grandes économies, la croissance devrait s’affermir en 2017, à partir d’un niveau décevant en 2016.
Dans la zone euro, la croissance du PIB pourrait dépasser 2 % en 2017, ce qui constitue un très bon résultat. Cette reprise concerne désormais tous les pays de la zone et commence à avoir des effets tangibles en matière d’emploi, le taux de chômage étant revenu à 9,1 % au mois de juillet 2017, soit le niveau le plus faible enregistré depuis 2009. Cette croissance est équilibrée car elle repose sur trois piliers, la consommation, l’investissement et les exportations. La zone euro bénéficie de la progression de la croissance en Allemagne. En France, la croissance se consolide, soutenue par la consommation et l’investissement. En Italie, l’amélioration des performances repose sur la demande intérieure, la progression de l’emploi soutenant la consommation privée. Les craintes d’une implosion du système bancaire reculent dans ce pays grâce à des opérations de recapitalisation, des injections de capitaux propres à titre préventif et des procédures de résolution conduites à l’initiative de l’État.
Au Royaume-Uni, l’effet Brexit et la fin de cycle se font ressentir. Le ralentissement de l’activité se poursuit du fait du tassement de la consommation pénalisée par la dépréciation de la livre sterling (hausse des prix qui réduit le pouvoir d’achat des consommateurs) et de l’investissement. Cette évolution devrait se prolonger en 2018.
Aux États-Unis, la reprise de la croissance en 2017 et 2018 est soutenue par le regain des dépenses de consommation et de l’investissement des entreprises. La création d’emplois demeure forte. Malgré quelques incertitudes politiques, la croissance devrait donc se maintenir.
Au Japon, la croissance a augmenté au premier semestre de cette année, à la faveur d’une reprise de l’investissement public et d’une plus forte croissance sur les marchés asiatiques. Un ralentissement est attendu l’année prochaine du fait de l’adoption de mesures d’assainissement des finances publiques.
Au sein des pays émergents, la croissance s’accélère aidée en cela par la hausse de certains de produits de base. La progression de l’investissement dans les infrastructures publiques en Chine permet de soutenir l’activité dans ce pays. La croissance chinoise devrait être plus modérée en 2018, compte tenu de la diminution des mesures de relance et de la poursuite des efforts engagés pour stabiliser l’endettement des entreprises et rééquilibrer l’économie. En Inde, les effets temporaires de la démonétisation et du déploiement de la taxe sur les produits et services (TPS) ont incité à revoir à la baisse les prévisions de croissance pour 2017, dans un contexte de faiblesse persistante de l’investissement des entreprises. À plus long terme, la TPS devrait stimuler l’investissement, la productivité et la croissance. En revanche, la stagnation du prix du pétrole pénalise un certain nombre de pays exportateurs de pétrole.
Après deux années de récession, l’économie russe a renoué avec la croissance fin 2016. La hausse des prix du pétrole et la baisse des taux d’intérêt stimulent à court terme la croissance. La croissance est favorisée par la réalisation d’infrastructures de transports et d’équipements sportifs dans la perspective de la Coupe du Monde de Football de 2018.
Au Brésil, l’assouplissement de la politique monétaire contribue à une reprise progressive, et le repli marqué de l’inflation soutient la confiance des consommateurs.
Le renouveau de la croissance n’est pas sans lien avec l’accélération de la digitalisation de l’économie. Les entreprises investissent de plus en plus dans les techniques de l’information et de la communication. Cela concerne tant la production (qu’elle soit agricole, industrielle ou tertiaire) que la distribution. Un des symboles de cette montée en puissance du digital est l’évolution des achats de semi-conducteurs.
Quelques réserves
L’OCDE émet évidemment quelques réserves sur la vitalité de la reprise économique. Elle souligne que la croissance des investissements et des échanges est encore trop faible. Elle remarque que la progression des salaires demeure insuffisante et que les banques centrales peinent à atteindre les objectifs d’inflation. L’OCDE indique que l’économie mondiale est loin d’avoir retrouvé le rythme d’expansion d’avant la crise. En l’état des gains de productivité, il est peu probable que le retard accumulé lors de ces dix dernières années, soit rapidement rattrapé.
Même s’il augmente depuis deux ans, l’investissement des entreprises n’a pas retrouvé son niveau d’avant crise. Le retard accumulé en dix ans est important. Les gains restent également faibles.
Les hausses salariales sont restées modestes : en moyenne, la progression en rythme annuel est de 0.2 % en réel depuis 2008 dans les pays de l’OCDE.
Les recommandations de l’OCDE
L’OCDE demande aux pays membres de rééquilibrer leurs politiques publiques en comptant moins sur la politique monétaire au profit d’une action budgétaire et structurelle. L’organisation admet néanmoins la poursuite dans certaines régions économiques des politiques monétaires accommodantes en vue notamment d’atteindre l’objectif d’inflation. Elle admet que « le recours prolongé à des politiques non conventionnelles et le retrait de ces mesures soulèvent des défis considérables en termes de stabilité monétaire et financière ». Pour minimiser la volatilité des marchés de capitaux, les auteurs de la note de conjoncture mentionnent la nécessité pour les banques centrales de choisir le moment opportun pour réduire leur bilan. Une réduction qui se devra d’être « progressive et prévisible ». L’OCDE considère que les pouvoirs publics doivent mettre en œuvre l’assouplissement de leur politique budgétaire. Cet assouplissement qui ne signifie pas le laxisme devrait avoir comme objectif la réalisation d’investissements en faveur d’une croissance durable et inclusive. Les États ont depuis deux ans retrouvé des margés de manœuvre grâce à une augmentation de leurs recettes fiscales et à la baisse des charges d’intérêt. Néanmoins, plusieurs États doivent entreprendre des réformes structurelles afin d’améliorer l’efficience de leurs dépenses publiques.
Afin d’obtenir une augmentation de la croissance potentielle des différents pays membres, l’OCDE réclame un abaissement des obstacles à l’entrée et à la concurrence sur les marchés de produits. Des marchés de produits plus concurrentiels offriraient, à ses yeux, un environnement mieux à même de relancer la diffusion de l’innovation entre les entreprises. Une amélioration des régimes de faillite pourrait être menée dans de nombreux pays. Afin de faciliter les restructurations des entreprises et réduire les coûts personnels associés à la défaillance entrepreneuriale.
Et si l’Autriche devenait anti-européenne ?
À l’Est, les sentiments nationalistes progressent. En Pologne, en Hongrie, en Bulgarie et de manière moins nette en République tchèque ou en Slovaquie, de plus en plus de formations politiques prennent des positions et des décisions contraires à l’esprit de l’Union européenne. L’Autriche qui est l’un des pays les plus riches de l’Union est confrontée, depuis de nombreuses années, à un puissant courant nationaliste.
Le 15 octobre prochain se tiendront en Autriche des élections législatives anticipées. La coalition sortante constituée du parti de droite ÖVP (Österreichische Volkspartei) et du parti social-démocrate, SPÖ (Sozialdemokratische Partei Österreichs) pourrait laisser la place à une alliance de l’ÖVP avec le parti d’extrême droite, FPÖ (Freiheitliche Partei Österreichs). En effet, le responsable du parti conservateur ÖPV, Sebastian Kurz, a mis un terme à la coalition en place depuis sept ans. Agé de 31 ans, il pourrait être le prochain chancelier de l’Autriche et devenir ainsi le plus jeune dirigeant d’un des États importants de l’Union européenne. Sebastian Kurz a commencé sa carrière politique à 24 ans en devenant secrétaire d’État à l’Intégration. Trois ans plus tard, en 2013, il est nommé ministre des Affaires étrangères, poste qu’il occupe toujours au sein de la grande coalition. Il se fait remarquer par ses prises de position tranchées. Il a ainsi réclamé la fin des négociations concernant l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. En 2015, lors de la crise des réfugiés, il a demandé la fermeture de la route des Balkans. Dans le cadre de la campagne électorale pour les législatives, il a prôné la réduction des aides pour les réfugiés et un durcissement des conditions pour l’immigration. Il a opté pour une personnalisation de la campagne en supprimant toute référence à son parti. Dans les derniers sondages, la liste Kurz obtient 33 % d’opinions favorables, contre 24 % pour le FPÖ et autant pour le SPÖ. Les autres partis, les Verts, la Liste Peter Pilz (verts dissidents) et NEOS (libéraux) sont à un peu plus de 4 %, le seuil fixé pour obtenir un siège à la chambre basse.
Les élections du mois d’octobre pourraient donc permettre au parti FPÖ de revenir au gouvernement dix ans après en être sorti. Entre 1999 et 2007, l’extrême droite avait participé à des coalitions avec le parti conservateur. Cette présence s’était traduite par des dissensions internes et à l’éclatement du parti qui était alors dirigé par Jörg Haider. Depuis 2010, le parti progresse d’élection en élection. En 2016, son candidat pour la présidence de la République, Norbert Hofer, arrive en tête au 1er tour avec 35 % des voix. Il est battu au second tour (un deuxième second tour avait dû être organisé après la constatation d’irrégularités par la Cour constitutionnelle) en recueillant 46 % des voix contre le candidat écologiste, Alexandre van der Bellen. Le FPÖ est anti-européen et demande la sortie de l’Autriche de l’Union européenne. Ses responsables critiquent ouvertement les positions prises par Angela Merkel sur les réfugiés. Le parti est favorable à un rapprochement avec la Hongrie et la Russie.
Une situation économique ambivalente
L’Autriche est un des pays les plus riches de l’Union européenne. En 2016, le PIB par habitant était supérieur de 26 % à la moyenne de l’Union. Il était même légèrement supérieur à celui de l’Allemagne. Mais le pays a été fortement touché par la crise de 2008/2009. Sur la période 2009-2015, la croissance moyenne du PIB s’est élevée à 0,6 % à peine, À la fin de 2016, le PIB réel par habitant se trouvait seulement au même niveau qu’en 2008.
Néanmoins, depuis le milieu de l’année-2016, dans le sillage de l’économie allemande, la situation s’est améliorée. Les dépenses de consommation ont bénéficié de la faiblesse des prix de l’énergie, de l’amélioration des conditions du marché du travail. Par ailleurs, le Gouvernement a favorisé la demande intérieure en mettant en œuvre un plan de réduction de l’impôt sur le revenu portant sur 5,2 milliards d’euros, soit 1,3 % du PIB. La croissance de la consommation privée a été de 1,5 % en 2016, après avoir quasiment stagné entre 2012 et 2015. L’investissement est également en augmentation notamment dans le secteur des machines-outils et des équipements de transport. Au début du troisième trimestre 2017, le taux d’utilisation des capacités des entreprises manufacturières s’inscrivait à 86,9 %, niveau inédit depuis la mi- 2008. Depuis le début de 2017, l’activité de construction profite comme dans le reste de l’Europe des faibles taux d’intérêt. La croissance des exportations est repartie à la hausse au début de 2017, avec le redressement de la demande au niveau international. Elle a été de 5 % au cours du premier semestre 2017. Ce surcroît d’activité a permis une décrue du chômage qui s’élevait, au mois de juillet dernier à 5,4 % (source Eurostat). Mais, en prenant d’autres sources et en intégrant les demandeurs d’asile, le taux pourrait atteindre plus de 8 %. À la différence des autres pays de la zone euro, le taux d’inflation est proche de 2 %. En 2016, le déficit public a augmenté tout en restant à un niveau faible. Il est passé de 1,1 à 1,6 % du PIB. Les dépenses publiques sont en hausse en partie en raison de l’arrivée, en 2016, de nombreux réfugiés. De plus, les politiques actives du marché du travail ont été renforcées, entraînant des dépenses supplémentaires.
L’Autriche, pays de montagne, au passé glorieux, a toujours éprouvé des difficultés à s’intégrer pleinement au sein de l’Union européenne. Avec 8,5 millions d’habitants, son économie dépend de ses voisins, Allemagne, République tchèque, Slovaquie, Russie. En première ligne en ce qui concerne l’accueil des réfugiés en provenance des Balkans, de Turquie et du Moyen Orient, une partie des Autrichiens considère que l’Union européenne ne prend pas en compte leurs positions.