Le Coin de la Conjoncture du 30 juillet 2016 : Vacances et Chili
Les vacances, c’est sacré
L’enquête du CRÉDOC sur les Conditions de vie et aspirations des Français révèle que sur ces 12 derniers mois, 62 % de nos concitoyens sont partis en vacances au moins quatre nuits consécutives hors de leur domicile.
Avec la crise, les Français avaient eu tendance à moins partir en vacances. Ainsi entre 2008 et 2010, le taux de départ se situait entre 52 et 54 %.
Pour les ménages à hauts revenus, le taux de départ est passé de 79 % à 86 % de 2011 à 2016 et celui des classes moyennes supérieures de 67 % à 70 %, celui des classes moyennes inférieures de 49 % à 54 % et celui des ménages à bas revenus de 37 % à 39 %.
Le départ en vacances constitue en effet une source de dépenses importante. En moyenne, un ménage qui part consacre à ses vacances 4,6 % de l’ensemble de ses dépenses de consommation. C’est le quatrième poste de dépenses devant l’habillement ou les communications.
Le budget consacré aux vacances intègre les différentes dépenses liées au transport, à l’hébergement, aux loisirs, etc. Il varie évidemment selon la composition du foyer. En moyenne, une personne seule dépense 650 euros pour un séjour, un couple sans enfant près de 1000 euros, un couple avec deux enfants en bas âge 1400 euros, un couple avec trois enfants dont un de plus de 14 ans 1700 euros, etc. Deux postes captent, à eux deux, la moitié des dépenses touristiques. Celui du transport représente près du quart, 23 %, loin devant les autres postes de dépenses.
Selon l’enquête de la Direction générale des entreprises intitulée « suivi de la demande touristique, 71 % des séjours de nos concitoyens se passent dans l’Hexagone.
Le recours aux plateformes collaboratives se développe, en particulier chez les jeunes. Selon l’Ademe, 21 % des ménages disaient avoir eu recours à ce type de déplacement afin, principalement, d’alléger leurs frais.
L’hébergement absorbe 15 % des dépenses prévues pour les vacances. Il faut souligner que près de six séjours sur dix font appel à l’hébergement gratuit chez des proches ce qui fait diminuer le coût moyen. Pour ceux qui ont recourt à l’hôtel ou aux locations, la part logement peut dépasser 50 % des dépenses de vacances.
Le budget consacré aux loisirs (sorties, activités, etc.) ne représente que 10 % du budget vacances. Les ménages privilégient les loisirs gratuits.
Les vacances en France en hébergement marchand (hôtel, camping, résidences de tourisme, etc.) constituent 16 % des séjours. Ils sont plus souvent choisis par les familles avec enfants, les employés et les ouvriers. Ils se passent souvent à la mer (53 %) et plus rarement à la montagne (28 %).
Les séjours à l’étranger avec hébergement gratuit (19 %) chez des amis ou de la famille sont plus souvent le fait de ménages non diplômés, à bas revenus et coûtent eux aussi plus cher à cause des transports: en moyenne 760 euros par personne.
Enfin, les séjours à l’étranger avec hébergement payant sont plus rares (9 % des séjours). On le comprend tant le coût est important: 1120 euros en moyenne par séjour et par personne.
Ceux qui partent à l’étranger dépensent deux fois plus que ceux qui restent sur le territoire français.
Passées souvent en famille ou dans la résidence secondaire, les vacances à la campagne font partie des séjours à bas coût. À l’opposé, les vacances à la mer ou à la montagne où l’hébergement est souvent payant se révèlent plus coûteuses. Les vacances à la mer sont plus chères aussi parce qu’elles durent plus longtemps (13 jours en moyenne) que les vacances à la montagne (12 jours) qui incluent pourtant les séjours au ski, particulièrement onéreux.
L’écart entre les différentes catégories de vacanciers au niveau des dépenses est important. Ainsi 15 % des vacanciers dépensent moins de 400 euros sur l’année pour partir en vacances; de l’autre quand 15 % consacrent plus de 3800 euros sur l’année.
Les 60-69 ans consacrent 6,12 % de leurs dépenses de consommation aux vacances, contre 4,4 % pour les 30-49 ans par exemple. C’est la classe d’âge qui part le plus souvent en longs séjours (2,3 fois par an contre 2 en moyenne) et ils dépensent aujourd’hui en moyenne 2280 euros par an en vacances, soit deux fois plus que les moins de 30 ans. Ils partent même plus que les moins de 25 ans.
Les jeunes consacrent 460 euros par séjour. Malgré leurs efforts pour partir « pas cher », ces dépenses représentent 8,1 % de leur revenu, soit deux fois plus que ce que représente le poids des vacances pour les foyers les plus aisés.
Le Chili ou la tentation de la facilité
Le Chili fait figure de bon élève au sein de la classe d’élèves turbulents que constitue l’Amérique latine. En dépit du ralentissement marqué qui affecte la région, le Chili, reste une des économies les plus dynamiques d’Amérique Latine.
Depuis une vingtaine d’années, le pays connaît une forte croissance économique avec un taux moyen de 4,5 % entre 2001 et 2013. Certes, l’économie chilienne reste très dépendante des matières premières et donc du cycle chinois et a donc enregistré un ralentissement de son activité depuis 2014. Le taux de croissance est ainsi passé de 4,2 % en 2013 à 1,9 % en 2014. Pour le moment, du fait de la récession au Brésil et des difficultés des pays émergents, la croissance ne décolle pas. Elle a atteint 2,1 % en 2015 et devrait être légèrement inférieure à 2 % en 2016.
Le Chili est la quatrième économie sud-américaine – derrière le Brésil, l’Argentine et la Colombie – avec un PIB de 240 milliards de dollars en 2015. En revanche, le Chili occupe la première place dans la région en termes de PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat (23 500 USD en 2015).
Les exportations de cuivre restent cruciales pour ce pays or la baisse des cours a atteint 20 % en 2015. Les exportations se sont, de ce fait, contractées de 16 % quand l’excédent commercial est passé de 7,77 milliards de dollars en 2014 à 4,14 milliards en 2015). Le Chili est le premier producteur mondial avec plus d’un tiers du marché et il réalise la moitié des exportations mondiale de cette matière première.
Le ralentissement économique a provoqué une hausse du chômage qui a atteint, au cours du premier trimestre, 6,3 % de la population active. L’inflation, de son côté, est en hausse en raison de la dépréciation du peso face au dollar. Elle s’est établie à 4,4 % en 2015, au-delà de la borne haute de la fourchette cible de la banque centrale (2-4 %). Cette dernière a décidé de resserrer la politique monétaire au cours du dernier trimestre 2015.
Afin de se soustraire de la dépendance au cuivre, le Chili diversifie progressivement sa base productive, notamment grâce à un secteur tertiaire dynamique (distribution, TIC). Le pays investit fortement sur les nouvelles technologies de l’information (Internet, téléphonie mobile).
Du fait de la taille réduite de son marché intérieur (18 millions d’habitants en 2015), le Chili est un partisan du libre-échange. Il a ainsi signé 25 accords de libre-échange avec 64 pays. Il importe ainsi à moindres coûts et se positionne comme une plateforme d’import/export dans la région Amérique/Pacifique.
93,5% des exportations du Chili sont destinées aux partenaires commerciaux avec lesquels il a des accords.
Les autorités chiliennes sont également très actives pour attirer des capitaux étrangers. Si une baisse a été constatée en 2015 (11,8 milliards de dollars), logiquement, ces flux atteignent près de 20 milliards de dollars.
En dépit de la détérioration de la perception du risque de la région, le Chili continue de présenter un risque pays de toute première qualité. Le pays est noté Aa3 (Moody’s), AA- (S&P), A+ (Fitch) et A2 (Coface).
Sur le plan social, des progrès significatifs ont été réalisés en matière de lutte contre la pauvreté au cours des vingt dernières années au Chili. Le pays jouit ainsi de l’un des plus bas taux de pauvreté en Amérique Latine (moins de 15 %).
L’OCDE dans un récent rapport souligne que le modèle économique du pays est trop axé sur les ressources naturelles et que cela n’est pas sans danger à terme sur un point de vue économique et environnemental. « Le Chili est l’un des poumons économiques de l’Amérique latine, mais il reste à savoir si, au cours du quart de siècle à venir, il pourra maintenir cette croissance tout en protégeant son patrimoine naturel », a déclaré le Directeur de l’environnement de l’OCDE.
Le Chili est l’une des économies de l’OCDE qui consomme le plus intensivement ses ressources. Il y a un risque de de destruction rapide des richesses naturelles telles que le cuivre, l’agriculture, la foresterie et la pêche. En outre, le Chili doit faire face une pollution de l’air élevée dans les zones urbaines et industrielles et à des épisodes de pénurie d’eau. Par ailleurs, plus de 95 % de ses déchets sont encore mis en décharge.
Si la demande totale d’énergie du Chili est assurée pour un tiers par des sources renouvelables – ce qui le place au cinquième rang des pays de l’OCDE dans ce domaine – dont les principales sont le bois de feu et l’hydroélectricité, les émissions de gaz à effet de serre ont néanmoins augmenté de 23 % entre 2000 et 2010. En 2015, le Chili s’est engagé à réduire l’intensité de ses émissions de 30 % par rapport à 2007 d’ici à 2030, voire de porter l’objectif à 45 % si le soutien financier international est suffisant.
Les autorités chiliennes ont décidé de mettre en œuvre un large programme de protection de l’environnement. Déjà doté de zones de protection de la nature couvrant près d’un cinquième de son territoire terrestre, le Chili prévoit de créer le plus grand parc marin des Amériques.