Le Coin de la conjoncture du 5 septembre 2015
Quand le crédit et l’automobile marchent main dans la main
Depuis la crise financière, le crédit à la consommation était à la peine et cela malgré la baisse des taux. Or, de 2000 à 2007, la hausse des dépenses des ménages était, en France comme chez nos partenaires, portée par le crédit à la consommation.
Au mois de juillet dernier, la production de crédits à la consommation a progressé de 5,1 %. Sur un an, en reprenant les trois derniers mois, la hausse est de 7,1 %. Cette augmentation est la plus forte constatée depuis quatre ans.
Cette embellie du crédit à la consommation s’explique par l’amélioration du niveau de confiance des ménages en l’avenir comme le prouve les dernières enquêtes de l’INSEE. Par ailleurs, la baisse du prix du pétrole et la faible inflation ont amélioré le pouvoir d’achat des ménages les incitant à accroître leurs dépenses.
La progression du crédit à la consommation repose en bonne partie sur celle du financement de l’achat à l’automobile. Les crédits en la matière ont, en effet, augmenté de 24 % en juillet. La hausse des immatriculations en août devrait aboutir à la poursuite de ce mouvement avec un marché de plus en plus dominé par le leasing. Ce dernier représente plus de la moitié des ventes désormais.
La vente de véhicules particulières a bondi de près de 5 % au mois d’août. Sur les huit premiers mois de l’année, la hausse est de 5,3 %. En revanche, l’OFCE souligne qu’en dehors de l’automobile, le crédit à la consommation reste très en-deçà de son niveau de 2008.
La baisse de l’euro commence à payer
Certains considèrent que l’impact de la baisse du prix du pétrole est décevant au regard des précédents. En effet, en termes de taux de croissance, ce n’est pas encore l’euphorie.
Au 2ème trimestre, le déficit commercial français a baissé de 16,8 % sur trois mois et de 34,7 % sur un an, à -9,9 milliards d’euros.
Au premier semestre 2015, les exportations ont augmenté de +3,4%, après +1,3%. Ce sont les livraisons aéronautiques et spatiales, notamment vers l’Amérique qui ont porté la hausse. Par ailleurs, les ventes automobiles à destination de l’Europe progressent également. Les autres biens manufacturés (informatique, machines, habillement/bagagerie) et les produits agricoles affichent également de bonnes performances. En revanche, sans surprise, le recul des exportations de produits pétroliers raffinés s’accentue
Symbole que l’économie repart, les importations augmentent également +0,9 %, après -0,2 %. Cette progression fait suite à cinq semestres de baisses consécutives. Cette reprise est surtout imputable aux achats hors énergie (+3,5 %, après +1,5 %). Les achats de matériels de transport restent fermes, notamment les acquisitions aéronautiques en provenance des Etats-Unis et celles d’automobiles en provenance d’Espagne. Les importations de produits informatiques et électroniques, d’équipements électriques et de machines sont également bien orientées.
Preuve que l’effet euro joue, au premier semestre 2015, les exportations vers les pays hors Union européenne s’accélèrent (+6,5 %, après +2,7 %). Elles sont particulièrement dynamiques vers les Etats-Unis (+ 15 %). Les exportations repartent aussi à la hausse vers l’Afrique (+8,0 %, après -1,6 %), tirées par les ventes de céréales à l’Egypte et les livraisons d’Airbus à la Libye. Les exportations vers l’Asie continuent de progresser mais plus lentement (+2,6 %, après +6,0 %), du fait surtout des moindres livraisons d’Airbus. En revanche, les ventes sont dynamiques pour les produits agricoles, notamment les céréales à la Chine, mais également pour les boissons (spiritueux et vins) et les produits pharmaceutique. La progression des ventes au Proche et Moyen-Orient (+10,0 %, après +8,2 %) repose essentiellement sur les livraisons d’Airbus, notamment au Qatar et au Koweït. Vers l’Europe hors UE, les ventes se redressent légèrement (+1,0 %, après -2,1 %). La forte baisse des exportations vers la Russie, dont l’économie est en récession et du fait de l’application de l’embargo, est compensée par l’augmentation des ventes à la Turquie (livraisons record d’Airbus).
Les exportations vers les pays de l’Union européenne progressent de nouveau (+1,2 %, après +0,7 %). Elles sont plus soutenues vers les pays où l’activité est mieux orientée, notamment vers l’Allemagne et le Royaume-Uni, et dans une moindre mesure vers l’Italie et l’Espagne.
L’Islande sur la voie de la rédemption
L’Islande a été un des premiers pays européens avec l’Irlande touché par la crise de financière de 2008 / 2009. Après avoir connu une expansion sans précédent au début des années 2000, l’Islande a dû faire face à une importante récession et à la faillite de son système bancaire.
Dans une étude récente, l’OCDE souligne que l’Islande commence à effacer les stigmates de la crise. En 2015, ce pays est entré dans sa septième année consécutive de reprise économique et les perspectives de croissance sont plutôt bonnes. L’inflation a baissé, les déséquilibres extérieurs se résorbent. La dette publique reste élevée mais diminue, le plein emploi est de retour. Par ailleurs, le taux de pauvreté diminue.
Retour en 2008
Le 7 octobre 2008, trois semaines après la faillite de Lehman Brothers, les trois grandes banques du pays, Kaupthing, Glitnir et Landsbanki étaient en état de cessation de paiement. A la fin de l’année 2008, le total des bilans des banques islandaises dépassait 14 fois le PIB national. Les dettes des banques s’élevaient à 85 milliards d’euros soit six fois la richesse nationale.
Le 7 octobre 2008, l’Etat a pris la décision de nationaliser les banques, de geler les comptes, d’instaurer un strict contrôle des capitaux et d’appeler le FMI. Face au blocage des capitaux, le Royaume-Uni et les Pays-Bas réagissent rapidement et fortement et demandent d’être indemnisés. De longues négociations s’engagent afin de trouver des solutions avec ces deux pays. Entre temps, le PIB islandais se contacte de 5,1 % en 2009 et de 3,1 % en 2010.
Pour éviter des faillites en chaîne, le gouvernement islandais accepte de prendre à sa charge les 3,8 milliards d’euros de garantie des dépôts qu’ont dû assumer les Britanniques et les Néerlandais. Le paiement de cette somme, alors égal à environ un tiers du PIB islandais, s’étalera sur 14 ans. Cet accord adopté en décembre 2009 par le parlement islandais est rejeté par référendum en mars 2010. Il en résulte un deuxième plan qui est également rejeté par référendum.
En janvier 2013, la cour de l’association européenne de libre-échange (AELE), l’ensemble économique qui regroupe l’UE, la Suisse, le Liechtenstein, la Norvège et l’Islande, déboute définitivement la Commission européenne qui avait contesté le référendum en estimant que les garanties de dépôts sont de la responsabilité des Etats qui les accordent et pas des débiteurs.
La récession s’est achevée en 2011. Le pays a enregistré une croissance de 3,6 % en 2013 et de 1,9 % en 2014. En 2015, elle pourrait atteindre 2,7 %. Le niveau de PIB en volume devrait dépasser en 2010 celui de 2008 et le PIB par habitant était, lui, supérieur de 8 % au niveau d’avant-guerre dès l’an dernier.
Le défaut organisé des paiements a eu pour conséquence le maintien d’un contrôle des capitaux freinant les investissements qui en 2015, sont inférieurs de 36,5 % à ceux de 2008. Afin de rétablir les circuits traditionnels de financement, le Gouvernement a décidé d’engager au mois de juin une levée progressive de ce blocage des capitaux.
Les deux partis au pouvoir, le Parti de l’Indépendance et le Parti du progrès, ont choisi de reporter sine die l’adhésion de l’Islande à l’Union européenne. L’adhésion à l’Union européenne était apparue comme une évidence au moment de la crise. Aujourd’hui, la stagnation de la zone euro, les problèmes récurrents de la Grèce et la question de la libre circulation des capitaux ont dissuadé les autorités islandaises de poursuivre le processus d’adhésion.