Le Coin de la Conjoncture – France – Europe – transition énergétique – épargne
Vers une stagflation d’un nouveau type ?
En 2020-21, afin d’endiguer les effets déflationnistes des confinements, les pays de l’OCDE ont mis en place des politiques budgétaires ultra-expansionnistes financées avec la création monétaire par les Banques Centrales. Les déficits publics sont ainsi passés de 2 à plus 12 % du PIB de 2019 à 2020. En 2021, ils ne sont qu’en léger retrait (autour de 10/11 % du PIB). L’encours de dette publique détenu par les banques centrales atteint plus de 15 000 milliards de dollars en 2021 pour les États-Unis, la zone euro, le Japon et le Royaume-Uni, contre 10 000 en 2019. Ce montant était de 500 milliards de dollars au début du siècle. Les ménages sont les premiers bénéficiaires des transferts organisés par les pouvoirs publics (chômage partiel, aides directes à tout ou partie de la population). Faute de pouvoir consommer immédiatement les sommes ainsi reçues, en raison des contraintes sanitaires, les ménages ont épargné. Au sein de l’OCDE, le taux d’épargne brute de ces derniers a ainsi doublé entre 2019 et 2020. Leurs dépôts s’élevaient à la mi-2021 à plus de 32 500 milliards de dollars, contre 26 000 milliards de dollars fin 2019. Depuis la fin des mesures restrictives, les ménages n’ont pas encore réellement touché à leur cagnotte covid. Ils ont simplement réduit leur effort d’épargne qui demeure néanmoins supérieur à celui d’avant-crise. Pour 2022 et 2023, une réduction importante des déficits publics est attendue. Ils devraient passer de 10 à 6 % du PIB en deux ans. Cette réduction pourrait être moindre au vu des annonces de plans de relance effectuées par les différents États membres de l’OCDE. Quoi qu’il en soit, si cette contraction est effective, elle réduira potentiellement la croissance. Pour contrecarrer cet effet, la mobilisation de l’épargne covid apparaît nécessaire. Pour le moment, les ménages ne souhaitent pas puiser dans leur bas de laine tant que la situation sanitaire et économique n’est pas stabilisée.
Selon l’enquête du Cercle de l’Épargne/Amphitéa/AG2R LA MONDIALE, en cette fin d’année, les Français veulent conserver leur épargne-covid mobilisable à tout moment (47 %). 36 % pensent même accroître leur effort d’épargne. Seulement 28 % pensent la consommer en totalité ou en partie. Parmi ceux qui ont épargné beaucoup plus que d’habitude, un quart opte en priorité pour une réorientation vers des placements à long terme. Au sein des autres pays de l’OCDE, ces souhaits sont assez partagés. S’ils étaient confirmés, l’inflation générée par des goulets d’approvisionnement se tassera au cours de l’année 2022. Le prix des actifs (immobiliers, actions et cryptoactifs) devrait poursuivre sa hausse avec, à la clef, un risque de bulle. Depuis 2012, les indices boursiers des pays de l’OCDE ont été multipliés par trois et le prix des maisons a augmenté de plus de 60 %.
À défaut de réels gains de productivité et d’une reprise durable de la demande, les pays occidentaux pourraient renouer, à compter de 2023, avec une croissance relativement modeste en lien avec celle qu’ils connaissaient avant la crise sanitaire. Cette faible croissance s’accompagnant d’une augmentation de la valeur des actifs serait susceptible de générer de nouvelles tensions sociales attisées par les coûts générés par la transition énergétique. La cohabitation d’une faible croissance et d’une inflation centrée sur la valeur des actifs peut s’assimiler à une nouvelle forme de stagflation. La demande des ménages est de plus en plus contrainte par le poids croissant des dépenses préengagées (logement, assurances, abonnements, etc.) et des prélèvements obligatoires. Les pouvoirs publics risquent d’être contraints de soutenir la demande en multipliant les plans de relance avec comme conséquence le maintien de déficits élevés et la poursuite de l’augmentation des dettes publiques.
Les équations du pouvoir d’achat en France
La question du pouvoir d’achat des ménages recouvre plusieurs aspects qui ne se réduisent pas aux statistiques officielles sur le sujet. Si, selon l’INSEE, le pouvoir d’achat est en hausse depuis 2017, le ressenti est tout autre. Selon un récent sondage d’Opinion Way, 57 % des Français pensent que leur pouvoir d’achat a baissé ces cinq dernières années. Sur longue période, les Français estiment que leur niveau de vie se dégrade voire qu’il est inférieur à celui de leurs parents. Or, celui-ci a augmenté de plus 50 % depuis 1998. Les valeurs moyennes ou mêmes médianes ne retracent qu’imparfaitement la situation des ménages en France. Les conditions de vie dépendent du montant des dépenses de logement et de celles liées aux transports. Par ailleurs, la situation des personnes en CDD, en intérim ou à temps partiel, ainsi que celle des micro-entrepreneurs diffère des autres du fait de l’instabilité de leurs ressources.
Le problème complexe des bas salaires
Contrairement à une idée reçue, en France, ces vingt dernières années, le partage de la valeur ajoutée ne s’est pas effectué au détriment des salariés. La productivité par tête a progressé moins vite que le montant du salaire réel. La France est un pays de l’OCDE qui a réduit le plus fortement le coût des bas salaires à travers la mise en place d’exonération massive des charges sociales (coût supérieur à 35 milliards d’euros) et avec l’introduction de la Prime d’Activité (coût de 10 % milliards d’euros). Pour autant, dans certains secteurs, en particulier dans l’agroalimentaire, la construction, la restauration, la santé (hôpitaux), l’éducation, les services à la personne, la distribution, et les transports, les salaires restent faibles. Le salaire mensuel net moyen est de 1 700 euros dans l’hébergement/restauration et de 1 900 dans les services de santé ainsi que dans l’éducation quand il atteint 3 600 euros dans le secteur financier ou près de 4 000 euros dans le raffinage. Dans le cadre de la lutte contre le chômage, les pouvoirs publics, depuis 1993, ont mis l’accent sur l’allègement du coût du travail pour les emplois à faible qualification. Cette politique coûteuse a généré plusieurs effets pervers. Les mécanismes d’exonération de charges sociales créent des effets de chappe qui rendent difficiles les augmentations salariales. Ces dernières peuvent entraîner la perte, pour l’entreprise, de l’avantage procuré par les allègements. Ces mécanismes n’incitent pas à monter en gamme et à augmenter le niveau de compétences des salariés. Si pour certains, le fait que la France ait deux fois plus de salariés non-qualifiés justifie les exonérations centrées sur les bas salaires, d’autres estiment que ces dernières auto-alimentent la sous-qualification de la main d’œuvre. Les exonérations de charges sociales bénéficient à des secteurs à faibles marges ou rencontrant des difficultés économiques comme la Poste ou la grande distribution. Leur remise en cause est difficile d’un point de vue social. Pour permettre une plus grande fluidité des salaires, les pouvoirs publics auraient tout avantage soit à les intégrer complètement dans le barème des cotisations sociales, soit de passer à un autre système. L’instauration, par exemple, d’un abattement de charges sociales applicables à tous les salaires ne provoquerait aucun effet de seuil et favoriserait les bas salaires sans porter préjudice aux autres. Par ailleurs, il est peu souhaitable de poursuivre sur le chemin de la socialisation des salaires aboutissant à faire de l’État, un employeur de second rang. L’argument fallacieux de la compétitivité a été mis en avant pour justifier les exonérations de charges sociales. Or ces dernières bénéficient dans les faits à des secteurs protégés, peu exposés à la concurrence internationale, le Poste ou la distribution. Elles constituent une forme de subvention déguisée. Il serait plus sain de passer par des augmentations de salaires permettant d’améliorer réellement le niveau de vie des salariés concernés avec, en contrepartie, une hausse des tarifs des produits et services. Des accords de branche pourraient centrer les hausses salariales sur les emplois à faible qualification.
La problématique du coût du logement
Une des causes majeures de la perception de perte de pouvoir d’achat est la hausse du coût du logement. Le poids des dépenses de logement dans le revenu des ménages français est passé au sein de dépenses de consommation finale de 20 à 27 % de 1990 à 2020. Pour les jeunes actifs ou pour les ménages modestes locataires et ne bénéficiant pas d’un logement social, cette part peut atteindre 40 %. Cette situation est imputable à la hausse du prix de l’immobilier. La faiblesse des taux d’intérêt et l’abondance de liquidité alimentent ce mouvement haussier. Depuis 1990, le prix de l’immobilier résidentiel en France a été multiplié par près de trois. Cette hausse est la conséquence d’un déficit chronique de logements au sein des grandes agglomérations qui concentrent une part croissante de la population française. Il conviendrait, au minimum, de construire 100 000 logements par an sachant que la tendance, ces dernières années, a été plutôt à la baisse dans ce domaine. La rareté du foncier, les coûts élevés de construction et la multiplication des contentieux expliquent la diminution du nombre de constructions malgré des besoins en hausse. Les dépenses en faveur du logement, plus de 32 milliards d’euros par an, comme la Cour des Comptes l’a souligné à plusieurs reprises, conduisent à une augmentation du prix de l’immobilier. Le gain généré par les réductions d’impôt en faveur de l’investissement immobilier locatif est, par exemple, réintégré dans les prix de vente. Les pouvoirs publics pourraient être tentés d’augmenter la taxation des plus-values pour réduire la spéculation. Cette arme est à double tranchant. Dans un marché déséquilibré, cette hausse pourrait être répercuté sur les prix. Un accroissement de l’offre serait préférable. Il suppose une réforme des règles d’urbanisme avec une densification accrue des centres-villes. Une industrialisation de la filière du bâtiment ainsi qu’une plus grande concurrence au niveau des biens intermédiaires (ciment, béton, etc.) seraient également nécessaires afin de réduire les coûts.
La question sensible du coût de l’énergie
Pour les personnes ne vivant pas au centre des grandes agglomérations, le recours à la voiture est bien souvent incontournable pour se rendre au travail ou pour accomplir les tâches de la vie courante (école des enfants, courses, santé, etc.). Les dépenses de transports (voiture, assurance, carburant) grèvent fortement le budget des ménages modestes habitant en périphérie ou en milieu rural. Ces derniers sont, par ailleurs, souvent confrontés à des dépenses de chauffage importantes du fait de logements mal isolés. Pour les ménages se situant parmi les 20 % le plus modestes, la part des dépenses énergétiques accapare 15 % de leurs revenus nets d’impôts, contre 6 % pour ceux se situant parmi les 20 % les plus aisés. L’augmentation du prix de l’essence ou des taxes qui y sont associés sont durement ressenties par les ménages recourant quotidiennement à leur voiture. La lutte contre les émissions de CO2 provoquera une hausse des prix de l’énergie. Celle-ci sera imputable au coût de la transaction énergétique et au prix des droits carbone qui frapperont de plus en plus durement les énergies fossiles. En raison de l’intermittence de la production, les énergies renouvelables nécessitent des investissements redondants (nécessité de disposer de capacités de production supérieure à la demande et de capacités de stockage). Le prix européen du carbone continuera, de son côté, à augmenter avec l’extension d’ici 2024 du système d’échange de droits à émissions de CO2 en Europe au transport et à la construction. De 2017 à 2021, le prix des droits d’émission de CO2 est passé de 10 à plus de 60 dollars la tonne.
Les pouvoirs publics pourraient être contraints de maintenir durant toute la durée de la transition des mesures de soutien (chèque énergie) en faveur des ménages à faibles revenus. Cette politique d’aide devrait à un moment ou un autre se traduire par une hausse des prélèvements. Elle aboutit à une socialisation d’une part non négligeable des revenus des ménages les plus modestes. Pour ceux qui appartiennent au premier quintile, cette socialisation atteint déjà plus de 30 %.
Afin de répondre rapidement au problème de pouvoir d’achat auquel sont confrontés une partie non négligeable de résidents vivant en France, les gouvernements ont tendance à recourir à des politiques de soutien ciblées au risque de générer des effets de seuil et une relative démotivation face à la valeur travail. Par ailleurs, ces politiques doivent être financées. En règle générale, les augmentations des impôts touchent, avant tout, les classes moyennes en raison de leur importance démographique. Il en résulte de l’aigreur voire de la défiance, les aides ne bénéficiant pas, par définition, à tous. La nécessité de revaloriser le travail et d’augmenter le nombre de logements disponibles apparaissent comme des priorités afin de garantir sur la durée une évolution positive du pouvoir d’achat des ménages.
Quand l’épargne ne sert pas toujours les intérêts de l’économie
Les pouvoirs publics incitent les ménages à privilégier les placements à long terme, en particulier en actions, afin de favoriser un financement optimal de l’économie. Avec la baisse des taux d’intérêt, les épargnants commencent cette réorientation de leur épargne vers des classes d’actifs qui offrent des rendements plus élevés, mais cette allocation est-elle réellement efficace ?
Depuis plusieurs années, les épargnants diversifient leur portefeuille en raison de la baisse des taux d’intérêt sur les dettes sans risque. Au sein de l’OCDE, les taux d’intérêt sur les emprunts d’État à 10 ans sont passés de 4 à moins de 1 % de 2002 à 2021. Face à la perte de rendement des produits de taux, les ménages ont privilégié les achats de biens immobiliers et ceux d’actions. Depuis 2010, le nombre de transactions immobilières a progressé de 50 % aux États-Unis comme en France. Les achats d’actions représentaient 4 % sur le premier semestre 2021 contre moins de 2 % en moyenne sur la période 2002/2019. A contrario, les obligations acquises par les ménages et les investisseurs institutionnels se sont élevées à moins de 1 % du PIB au premier semestre 2021, contre 2,5 % par an, en moyenne, sur la période 2002/2019.
Cette allocation de l’épargne peut s’avérer contreproductive en raison de sa nature spéculative. L’afflux d’argent a peu d’effet sur l’économie réelle. Si les indices boursiers ont été multipliés par trois au sein de l’OCDE depuis 2010, les émissions nettes d’actions cotées sont en baisse constante. Pour l’immobilier, toujours au sein de l’OCDE, les mises en chantier en 2021 sont inférieures de 20 % par rapport à celles de 2002 quand les prix de l’immobilier ont été multipliés par deux. La richesse immobilière représente plus de 200 % du PIB en 2021 au niveau de l’OCDE, contre 170 % en 2002. La capitalisation boursière s’élevait à plus de 140 % du PIB, contre 85 % en 2002.
Dans les faits, l’épargne des ménages s’investit sur le marché secondaire et n’irrigue que faiblement l’économie productive. L’essor des cryptomonnaies obéit à la même règle. Le bitcoin attire un nombre croissant d’épargnants séduits par son appréciation. Or ce placement ne génère aucune création de richesse en tant que tel. La capitalisation des cryptoactifs dépasse 2000 milliards de dollars en 2021, contre moins de 100 milliards en 2017.
Faute de pouvoir compter sur un financement réel par le marché, les entreprises, surtout en Europe, sont tenues de recourir au crédit. Ce choix est d’autant plus facile à réaliser que les taux sont bas. En revanche, les entreprises sont fortement exposées au problème de remboursement en cas de retournement de la conjoncture. Aux États-Unis, les entreprises peuvent compter sur la puissance des fonds de capital-risque. Une partie de l’épargne des ménages alimente, par ailleurs, la rente immobilière. Il en résulte une moindre irrigation du tissu productif et donc un sous-investissement. Cette mauvaise allocation contribue ainsi à réduire la croissance potentielle de l’économie.
L’économie française, en mode sortie de crise
Selon la Banque de France, durant le troisième trimestre, l’économie française a retrouvé son niveau pré-crise soit plus tôt que prévu. L’accélération de la croissance depuis le printemps permet aux États occidentaux d’effacer les stigmates économiques de la crise sanitaire sans rattraper, pour le moment, le retard accumulé depuis le mois de mars 2020. En octobre, l’activité a été globalement stable dans l’industrie et le bâtiment et a continué de progresser dans les services marchands. Pour le mois de novembre, les chefs d’entreprise anticipent une progression de l’activité aussi bien dans l’industrie que dans les services et le bâtiment. La Banque de France estime que le PIB dépassera le niveau pré-crise d’environ un demi-point de pourcentage en octobre et de trois quarts de point en novembre. Pour le quatrième trimestre, elle prévoit une hausse du PIB de +0,75 %, après 3 % au troisième. Cette croissance serait tirée par le secteur des services marchands, dont la valeur ajoutée dépasse depuis septembre son niveau pré-covid. En revanche, celle de l’industrie manufacturière reste en deçà, essentiellement du fait du secteur automobile pénalisé par les difficultés d’approvisionnement, et à un moindre degré de l’industrie aéronautique. Au sein des services, la restauration poursuit son net redressement. L’hébergement, la réparation automobile, les activités de loisirs et les services aux entreprises progressent également.
L’industrie freinée dans son élan par les problèmes du secteur des transports
Dans l’ensemble de l’industrie, le taux d’utilisation des capacités de production s’est établi à 76 % en octobre, après 77 % en septembre. Il reste proche de son niveau d’avant-crise (78 % en février 2020). Ce taux recule encore légèrement dans l’industrie automobile, après la forte baisse enregistrée le mois précédent (54 % en octobre, après 56 % en septembre et 70 % en août). Dans plusieurs secteurs de l’industrie, l’activité a retrouvé son niveau d’avant-crise (bois, papier et imprimerie, industries agro-alimentaire, chimique et pharmaceutique, notamment) mais reste dégradée dans les secteurs des transports. Dans l’industrie, les perspectives d’activité sont orientées à la hausse dans l’ensemble des secteurs. La chimie, la pharmacie et l’industrie des équipements électriques connaîtraient les progressions les plus fortes. Après deux mois de forte baisse, l’industrie automobile se redresserait au fur et à mesure du règlement des problèmes d’approvisionnement.
Les services, retour à la normale confirmé
Dans les services marchands, l’activité continue de progresser en octobre, la hausse concernant une nouvelle fois la plupart des secteurs. L’amélioration est notable dans la restauration, mais également dans l’hébergement, les services aux entreprises, la réparation automobile et les activités de loisirs, arts et spectacles. En revanche, l’activité des autres services à la personne (coiffeurs, services à domicile, etc.) se replie après sa nette amélioration du mois précédent. Dans les services, l’activité s’améliorerait également en novembre dans tous les secteurs. La restauration serait de nouveau en forte progression. La hausse serait également très sensible dans le secteur du travail temporaire.
Quand le bâtiment va…
Dans le secteur du bâtiment, l’activité évolue peu en octobre, que ce soit dans le gros œuvre ou le second œuvre. Dans le secteur du bâtiment, l’activité progresserait légèrement dans le gros œuvre et de manière plus marquée dans le second œuvre. Les carnets de commande restent supérieurs à leur niveau moyen de longue période.
Atténuation des problèmes de recrutement et d’approvisionnement
Après une augmentation continue au cours des mois précédents, les difficultés de recrutement se seraient atténuées en octobre, en particulier dans les services, selon la Banque de France. Malgré tout, près de la moitié des entreprises (49 %, après 54 % en septembre) seraient encore concernées. Les difficultés d’approvisionnement sont également en retrait en octobre par rapport aux mois précédents. Dans le bâtiment, 58 % des entreprises, après 62 % en septembre, souligneraient des problèmes en la matière. Dans l’industrie, ce ratio est de 56 % en octobre, comme en septembre. Leur effet sur l’activité se fait cependant surtout ressentir dans le secteur automobile. Les problèmes d’approvisionnement de microprocesseurs ont contraint les entreprises de ce secteur à fortement ralentir leur production depuis le début du mois de septembre. Ces difficultés d’approvisionnement participent, avec la hausse des prix des matières premières, à un redressement des prix de vente dans l’industrie et le bâtiment. En revanche, le secteur des services n’a pas encore engagé de mouvement de hausse des prix. Les problèmes de recrutement ne semblent pas conduire, pour le moment, à une hausse des rémunérations.
La situation financière des entreprises serait, toujours selon la Banque de France, plutôt bonne du fait d’un niveau élevé de trésorerie, ce qui devrait leur permettre de faire face aux échéances de remboursement de leur PGE. Dans ce contexte, la France devrait enregistrer une croissance de plus de 6 % en 2021 qui fera suite au recul historique de 2020, de 8,3 % du PIB. La reprise de la consommation et la saison estivale assez dynamique malgré l’absence de touristes en provenance d’Asie ont permis de compenser le manque à gagner de l’année dernière. L’atterrissage de l’économie en 2022/2023 après deux années hors normes sera évidemment un moment clef. La croissance sera-t-elle amenée à retrouver son niveau d’avant crise (environ 1 %) ou est-il possible de la porter sur moyenne période autour de 2 % grâce au maintien, notamment, d’un important effort d’investissement ?
La Commission de Bruxelles appelle à la réforme sur fond de reprise économique
Pour la Commission de Bruxelles, l’Union européenne devrait connaître, cette année, une croissance de 5 % du PIB. Cette dernière devrait s’élever à 4,3 % l’an prochain et à 2,5 % en 2023. Dans ce contexte économique favorable, la Commission incite les États à mener des réformes structurelles de grande ampleur en profitant des gains générés par la croissance. Cette croissance est en partie artificielle, résultant tout à la fois de la contraction de 2020 et des plans de relance qui ont été lancés. La fin des mesures de soutien monétaire et budgétaire à la fin de 2022 ouvrira un nouveau cycle économique.
Dès le troisième trimestre 2021, l’Union européenne a retrouvé le niveau d’activité d’avant la pandémie, soit un peu plus tôt que prévu. Après avoir connu un recul de 8 % de son PIB en 2021, la France devrait enregistrer une croissance de de 6,5 % cette année et de 3,8 % en 2022. Pour l’Allemagne qui a moins souffert de la récession en 2022, la croissance serait de 2,7 % en 2021 et de 4,6 % en 2022. Le taux de chômage est revenu à son niveau de la fin 2019, à 6,8 % pour l’ensemble de l’Union, et devrait continuer à décroître à 6,7 % en 2022 puis à 6,5 % en 2023.
La Commissaire à l’économie, Paolo Gentiloni, a admis que la persistance des pénuries pourrait entraver le bon déroulement de la reprise avec des tensions inflationnistes. La Commission de Bruxelles considère néanmoins que ce scénario n’est pas le plus probable. Pour le Commissaire européen, la poussée inflationniste demeure transitoire. Le taux d’inflation devrait revenir à 2,2 % en 2022 et même 1,4 % en 2023, en deçà donc de l’objectif de la Banque centrale européenne.
Lent reflux des dettes
Avec la forte croissance, une amélioration des comptes publics est attendue. Le déficit agrégé de la zone euro devrait passer de 7,1 % en 2021 à 3,9 % en 2022 pour revenir à 2,4 % en 2023. Le ratio de dette publique ne refluera que beaucoup plus lentement, à 97 % dans la zone euro en 2023, contre plus de 100 % en 2021.
Les situations seront très contrastées entre États membres, l’Allemagne devant revenir, à 68,1 % en 2023, quand la dette publique française devrait s’élever à 112,9 %, et celle de la Grèce à192,1 %.
Au cours du second semestre 2022, les Vingt-sept devront parvenir à un accord sur l’orientation qu’ils souhaitent donner à la réforme, attendue, de la gouvernance économique de l’Union européenne.