8 avril 2023

Le Coin de l’Economie – Chine – dettes souveraines – gains de productivité – vieillissement

Le temps de la Chine est-il passé ?

La Chine entend occuper la première place de tous les grands podiums économiques d’ici 2049 et ainsi supplanter les États-Unis. Si la Chine a connu une croissance sans précédent de 1990 à 2019 lui permettant de s’imposer comme une grande puissance commerciale, elle est confrontée depuis à une série de difficultés qui pourraient compromettre la réalisation de ses ambitions.

Le calcul de la croissance potentielle de la Chine, à partir des gains de productivité et de la croissance de la population active, conduit à conclure à un inévitable ralentissement de la croissance chinoise à long terme.

À court terme, la Chine connaît une situation de sous-emploi, en particulier avec le chômage élevé des jeunes. Des mesures de stimulation de la croissance (baisse des taux d’intérêt, déficits publics, etc.) peuvent donc être efficaces. À long terme, si on exclut le recours à l’immigration, la seule solution pour conserver une croissance forte est de faire progresser plus vite la productivité du travail. En théorie, cela est possible avec le déficit de productivité de la Chine vis-à-vis des pays de l’OCDE, avec l’effort de modernisation de l’économie (robotisation, hausse des dépenses de Recherche-Développement) et avec les progrès du niveau d’éducation moyen de la population. Mais le recul des gains de productivité en Chine depuis plusieurs années tient peut-être à la politique économique menée (les entreprises publiques ont été privilégiées au détriment des entreprises privées) ou au contrôle politique étroit de la société qui freine l’initiative individuelle.

La croissance qui était de 10 % l’an avant 2010 est désormais inférieure à 6 %. Elle devrait continuer à diminuer. En additionnant gains de productivité et évolution de la population active, la croissance potentielle ne peut, en effet, que s’éroder. La tendance des gains de productivité est maintenant de l’ordre de 2 % par an en 2022 contre plus de 5 % dans les années 2000/2010. Ce déclin de la productivité pourrait se poursuivre. La population active de la Chine devrait reculer de plus de 1 % entre 2022 et 2030. Elle se contracte depuis 2014. En 2022, la Chine a perdu 850 000 habitants. Avec un taux de fécondité de 1,15, la contraction de la population devrait s’accentuer dans les prochaines années. S’élevant, en 2022, à 1,4 milliard de personnes, elle reviendrait à un milliard en 2070.

Avec ses hypothèses, la croissance potentielle de la Chine serait de 1 % par an entre 2025 et 2030, contre 8,5 % par an entre 2002 et 2007, et 5 % par an entre 2010 et 2019. Une telle chute freinerait l’ascension de la Chine. Elle pourrait avoir comme conséquence un durcissement du régime en place.

Comment surmonter la panne de croissance ? Comme les pays de l’OCDE, la Chine est dans l’obligation d’améliorer sa croissance potentielle en jouant sur les leviers disponibles, à savoir l’augmentation du nombre d’actifs et l’amélioration de la productivité.

La difficile amélioration du taux d’emploi

Les pouvoirs publics chinois sont contraints de trouver des solutions pour accroître le taux d’emploi. Ils peuvent améliorer l’employabilité des jeunes et des seniors. Le taux de chômage des 15/25 ans atteint, en effet, 18 % en Chine contre moins de 5 % pour l’ensemble de la population. L’autre voie est de retarder l’âge légal de départ à la retraite qui est de 60 ans pour les hommes et de 55 ans pour les femmes. Cet âge est assez théorique car la faiblesse du montant des pensions contraint les Chinois à continuer de travailler au-delà de l’âge légal à défaut d’avoir constitué une épargne suffisante. Pour le moment, le gouvernement chinois n’a pas prévu de reporter l’âge légal, tout comme il ne souhaite pas jouer sur le volant de l’immigration. Il a essayé, en revanche, de favoriser la natalité mais sans réels résultats.

La panne de productivité

La Chine a encore des marges de manœuvre importantes en matière de productivité du travail qui demeure nettement inférieure à celle de la zone euro ou des États-Unis. Le niveau de productivité par tête est de 20 000 dollars en 2022, contre 80 000 en zone euro et 135 000 aux États-Unis. Mais, depuis 2008, les gains de productivité diminuent continûment en Chine malgré un effort accru en matière de Recherche-Développement et de robotisation de l’industrie. De 2002 à 2022, les dépenses de R&D en Chine sont passées de 1 à 2,4 % du PIB. Elles sont désormais au même niveau que celles de la zone euro et un point au-dessous de celles des États-Unis. En matière de robots manufacturiers par emploi, la Chine fait jeu égal avec les États-Unis (3 pour 100), soit plus qu’en zone euro (2,4 pour 100).

La baisse de la productivité en Chine peut s’expliquer par une diminution de l’investissement. Par ailleurs, ces dernières années, la croissance a été portée par l’immobilier qui dégage peu de gains de productivité tout comme les services domestiques qui ont été également favorisés. La reprise en main de l’économie par le parti communiste nuit par ailleurs à la croissance. Les entreprises publiques sont avantagées au niveau des financements au détriment de celles à capitaux privées. Le contrôle politique des individus réduit l’innovation et sa diffusion.

Le dopage de la croissance

À court terme, le gouvernement chinois peut accroître de manière artificielle la croissance en abaissant les taux d’intérêt et en augmentant les déficits publics. Ces derniers dépassent désormais 4 points de PIB, contre 2 points avant la crise sanitaire. À long terme, sans recours à l’immigration et sans report de l’âge légal de la retraite, l’économie chinoise court le risque de s’étioler d’autant plus que la tentation du repli est à nouveau à l’œuvre au sein des sphères dirigeantes. La volonté de moins dépendre des Occidentaux pourrait se traduire par une moindre croissance du commerce extérieur qui a, ces quarante dernières années, assuré le développement rapide du pays.

À la recherche des gains de productivité ?

Les gains de productivité se sont érodés depuis une vingtaine d’années au sein des pays de l’OCDE et des pays émergents au point même de disparaître complètement depuis la crise sanitaire. Certains pays comme la France ou l’Espagne connaissent une baisse sensible de leur productivité. En France, sur trois ans, elle serait en recul de 3 à 4 %. Au Japon, elle serait également en baisse de deux points tout comme aux États-Unis. Dans ce dernier, la productivité par tête se contracte depuis le début de l’année 2021. Pour la zone euro, la crise sanitaire a amplifié le mouvement de recul constaté dès 2017. Au Japon, les gains sont nuls depuis 2018. En Chine, la croissance de la productivité ralentit fortement depuis le début des années 2010.

Des facteurs transitoires ou extérieurs peuvent expliquer les chutes de productivité de ces dernières années. Les pénuries de matières premières ou de biens intermédiaires peuvent peser sur la production sans pour autant se concrétiser par des ajustements de main-d’œuvre. Les problèmes de recrutement peuvent également entraver la production. En France l’essor de la formation par alternance qui concerne désormais un million de jeunes, contre 300 000 en 2017, joue contre la productivité. Ces jeunes sont comptabilisés parmi les salariés mais ils ne travaillent qu’à temps partiel.

Les problèmes de main-d’œuvre devraient perdurer compte tenu du vieillissement des populations occidentales ou de celle de la Chine. Par ailleurs, la baisse de la durée du travail notamment au Japon et dans la zone euro pourrait se poursuivre. Elle a diminué de 3 à 4 % en zone euro et de près de 5 % au Japon. Les salariés rechignent à occuper des postes à horaires décalés ou à forte pénibilité. Pour maintenir le niveau de production, les employeurs sont contraints de doubler les postes ce qui fait baisser la productivité. Le rapport au travail des salariés évolue. Ils demandent plus de flexibilité et sont moins adeptes des heures supplémentaires que dans le passé. Compte tenu des pénuries de main-d’œuvre, ils sont en position d’imposer certaines conditions ce qui nuit, en règle générale, à la productivité. Le vieillissement de la population est un facteur négatif pour la productivité car il s’accompagne du développement des emplois de service à domestique. Ces derniers génèrent peu de gains de productivité.

Que ce soit au sein de l’OCDE ou des pays émergents, l’investissement des entreprises est en recul. Il est passé de 35 à 30 % du PIB en Chine de 2010 à 2022, de 14 à 13 % aux États-Unis. Il est stable en zone euro depuis plusieurs années autour de 12 % et à 15 % au Japon. La baisse de la productivité est également liée à un coût croissant de la recherche. Les retours sur investissement des innovations sont plus faibles. La transition énergétique qui impose de mettre au rebus des équipements pas obligatoirement amortis et de les remplacer par des infrastructures plus coûteuses et moins efficaces jouent, du moins pour l’instant, contre la productivité. En raison de leur production aléatoire, les énergies renouvelables supposentla mise en place de système de stockage ou de substitution induisant des surcoûts par rapport aux systèmes de production actuels.

En l’état actuel, de nombreux facteurs jouent contre la productivité, ce qui devrait provoquer une baisse de la croissance. La transition énergétique qui pèse aujourd’hui sur la productivité pourrait avoir, à terme, des effets bénéfiques en modifiant les process et en obligeant à les rationaliser.

Une nouvelle crise des dettes souveraines ?

De 2010 à 2013, la zone euro a connu une crise grave des dettes souveraines des pays périphériques qui a menacé son existence. La hausse forte des taux d’endettement public depuis 2020, provoquée par la crise sanitaire et la remontée des taux d’intérêt, peut-elle générer une nouvelle crise ?

De 2010 à 2013, l’euro menacé par le risque souverain

De 2010 à 2013, la zone euro a été confrontée à la crise des dettes publiques des pays d’Europe du Sud. La Grèce a failli sortir de la zone euro ouvrant la possibilité à un effet domino. Cette crise s’est matérialisée par l’ouverture des écarts de taux d’intérêt par rapport à ceux de l’Allemagne. Cet écart a pu atteindre, au paroxysme de la crise, 6 points pour l’Italie ou l’Espagne et jusqu’à 50 points de pourcentage pour la Grèce. Cette crise a été occasionnée par la conjugaison d’un double déficit : déficit budgétaire et déficit de la balance des paiements courants. Elle a engendré un climat de méfiance généralisée sur la capacité des États concernés de faire face à leurs échéances de remboursement d’emprunt dans un contexte de faible croissance provoquée notamment par la remontée des cours du pétrole. La défiance a été alimentée pour la Grèce par des erreurs volontaires d’appréciation de la situation économique et financière de ce pays de la part d’établissements financiers. Une dizaine d’années plus tard, la situation économique pourrait faire craindre le retour du risque souverain.

Un contexte favorable à une nouvelle crise des dettes souveraines ?

La guerre en Ukraine a provoqué une forte hausse des cours des matières premières, de l’énergie et des produits agricoles. La croissance s’affaiblit après avoir connu un fort rebond en 2021 après l’épidémie de Covid. Les déficits commerciaux ont tendance à augmenter. Le niveau de la dette publique atteint des niveaux supérieurs à ceux de 2010. La dette a progressé pour les États d’Europe du Sud de 5 à 15 points de PIB depuis 2019. La Grèce est un des rares pays à avoir un niveau d’endettement inférieur à celui de 2010 mais ce dernier demeure élevé autour de 170 % du PIB. En revanche, la situation est moins tendue en ce qui concerne les déficits primaires (déficits sans le paiement des intérêts de la dette). En 2010, l’Espagne, le Portugal et la Grèce avaient des déficits primaires qui dépassaient 5 % du PIB quand celui de l’Italie avoisinait 0,75 % du PIB. En 2022, le déficit primaire le plus élevé parmi les États d’Europe du Sud est celui de l’Espagne, -2,5 % du PIB suivi par celui de l’Italie (-0,5 %). La Grèce comme le Portugal dégagent un excédent primaire. La France a enregistré, en 2022, un déficit primaire plus élevé que la moyenne des États d’Europe du Sud.

L’acquis d’expérience, un élément clef pour la non-survenue d’une nouvelle crise des dettes souveraines

La grande différence avec 2010 est le rétablissement des balances des paiements courants. Entre 2010-2013, la crise était avant tout celle des déficits des balance des paiements qui se situaient entre -5 et -10 % du PIB. Cette crise a abouti à l’arrêt du financement des déficits des pays dits périphériques par les pays dégageant d’importants excédents comme l’Allemagne et les Pays-Bas. Les premiers ont été obligés de rééquilibrer leurs comptes extérieurs. Cette opération a été menée entre 2010 et 2017 au prix d’un fort ralentissement de la demande intérieure. Malgré l’augmentation des cours des matières premières et de l’énergie importée, à l’exception de la Grèce, les États périphériques dégagent encore des excédents au niveau de leur balance des paiements courants. Une fois de plus, la France est dans une situation plus délicate que les pays d’Europe du Sud avec un déficit de sa balance des paiements courants qui s’est accru.

À l’exception de la Grèce, les pays dits périphériques financent désormais leurs investissements et leurs déficits publics à partir de leur épargne domestique, et non plus auprès d’autres pays, ce qui réduit la survenue d’une crise de leur dette souveraine. Une défiance des épargnants de ces pays pourrait provoquer des tensions financières avec la réapparition des écarts de taux.

Un mécanisme de nature fédérale comme arme anti-crise

Afin de prévenir toute crise des dettes publiques, la Banque Centrale européenne a créé le « Transmission Protection Instrument » en juillet 2022, qui lui permet d’acheter spécifiquement la dette d’un pays si les taux d’intérêt de ce pays augmentent anormalement. Cet outil qui est une novation de nature fédérale a un effet dissuasif puissant. Depuis sa création, les écarts de taux d’intérêt entre les pays périphériques et l’Allemagne ont été stables et faibles. Le mise en œuvre de cet outil est conditionnée à l’adoption par le pays en difficulté d’une trajectoire soutenable pour sa dette publique et du respect des règles fiscales européennes. Il ne doit pas avoir été placé sous une procédure de déficit excessif et ne pas être en situation de déséquilibre macroéconomique grave (déficit important de sa balance des paiements courants par exemple).

La Banque centrale européenne mène une politique monétaire relativement prudente. Les relèvements de ses taux directeurs apparaissent modérés au regard du niveau de l’inflation. Les taux d’intérêt réels restent en territoire négatif. Aux États-Unis, la FED mène une politique bien plus stricte. La BCE prend en compte la situation des États et des établissements financiers pour fixer ses relèvements de taux.

L’épidémie de covid et la guerre en Ukraine ont ressoudé les liens entre les États membres de la zone euro. Aucun n’a intérêt à l’implosion de la zone dans un contexte économique incertain. L’Allemagne et les Pays-Bas ont accepté sans rechigner la mise en place de l’outil d’intervention de la banque centrale pour lutter contre d’éventuelles divergences de taux d’intérêt entre les États membres. L’augmentation généralisée des déficits et la montée des sentiments nationalistes ou populistes incitent les dirigeants à plus de souplesse en matière de gestion de la politique monétaire que dans le passé.

Le vieillissement, un problème de court terme

Le vieillissement démographique se traduit tout à la fois par une augmentation rapide du nombre de personnes de plus de 65 ans, en lien avec l’effet réplique des baby-boom post Seconde Guerre mondiale et de l’allongement de l’espérance de vie, et par un ralentissement voire un recul de la population active provoquée par la chute de la fécondité depuis une trentaine d’années. Sur longue période, avec un taux de fécondité en-dessous de deux, la population diminue et la répartition entre actifs et retraités est constante. Le problème actuel du vieillissement est avant tout lié au passage d’une démographie en phase de croissance à une démographie en phase de décroissance.

L’espérance de vie à la naissance et à 65 ans ont fortement augmenté depuis 1945. En Occident, les gains sont plus faibles depuis le début des années 2010 mais ils contribuent encore à accroître le poids relatif des populations de retraités. Selon les projections de l’ONU, l’espérance de vie à la naissance aux États-Unis devrait être de 82 ans en 2040, de 86 ans en zone euro, et de 87 ans au Japon. En Chine, cette espérance devrait atteindre, en 2040, 82 ans, contre 68 ans en 1990.

Au sein de la zone euro, la population active a commencé à diminuer à partir de 2010. La baisse devrait atteindre 0,6 % par an à compter des années 2030. En revanche, la population active des États-Unis augmentera continument durant les quinze prochaines années même si sa progression sera moins forte. Au Japon, la contraction de la population active a débuté à partir de 1994. La diminution est de plus de 2 % par an. La Chine connaît également les affres d’une population active déclinante depuis 2018. Les taux de fécondité sont orientés à la baisse sur l’ensemble de la planète. En Europe, ce taux était en 2020 de 1,5 enfant par femme. Au Japon comme en Chine, il est de 1,4. En Corée du Sud, il est désormais inférieur à 1. Après s’être stabilisée au sein des pays avancés dans les années 2000, la fécondité recule assez rapidement dans de nombreux pays. La succession rapide des crises et la proportion croissante de femmes diplômées expliqueraient ce nouveau recul.

Compte tenu de l’évolution de plus en plus incertaine de l’espérance de vie au sein des pays de l’OCDE, le vieillissement de la population proviendra avant tout de la baisse de la fécondité. Le ratio retraités/actifs augmentera jusque dans les années 2050 avant de stabiliser. En 2040, la population âgée de plus de 65 ans représentera 52 % de celle âgée de 15/64 ans en zone euro contre 20 % en 1990. Ces ratios sont respectivement de 45% et 20 % aux États-Unis, de 65 % et 18 % au Japon, et de 40 et 10 % en Chine. De 2022 à 2040, le nombre de retraités par actif augmentera ainsi de 42 % aux États-Unis, de 46 % dans la zone euro, de 32 % au Japon et de 105 % en Chine.

Cette progression rapide du nombre de retraités nécessite une évolution de la répartition des revenus au détriment des actifs. L’affaiblissement des gains de productivité constitue un handicap car ils ne peuvent plus compenser le surcoût généré par l’augmentation des dépenses de retraite. La diminution de la productivité concerne tous les pays, émergents compris. La productivité du travail par tête était en 2022 de 1,2 % par an aux États-Unis (moyenne sur quatre ans), de 0,5 % par an dans la zone euro, de 0 % par an au Japon et de 2,5 % par an en Chine.

Pour réduire les dépenses de retraite et accroître les recettes sous forme de cotisations, les gouvernements ont eu recours ces vingt dernières à des mesures de report de l’âge de départ à la retraite. Les marges de manœuvre sont devenues faibles en la matière, de nombreux États ayant déjà décidé de porter l’âge légal à 65 voire 67 ans. En outre, les reports donnent des résultats de plus en plus faibles. Au-delà de 65 ans, les reports ont peu d’effets sur les taux d’emploi.

Le taux d’emploi de 60 à 64 ans est de 58 % aux États-Unis en 2022, contre 42 % en 1990. Celui de la zone euro est passé durant cette période de 22 à 48 % et celui du Japon de 55 à 71 %. L’augmentation a été plus faible en Chine, le taux d’emploi passant de 57 à 60 %. Plusieurs États dont la France ou l’Italie peuvent encore améliorer non seulement le taux d’emploi des seniors mais aussi celui des jeunes qui est également faible.

Le recours à l’immigration serait un autre moyen pour diminuer le montant des charges pesant sur les actifs. Mais, en la matière, il n’y a pas de consensus au sein de nombreux États occidentaux.

Faute de pouvoir compter sur des gains de productivité, sur une amélioration sensible du taux d’emploi des seniors et des jeunes ou sur l’immigration, le vieillissement aura comme conséquence un ralentissement ou une baisse du PIB par habitant. L’Europe, le Japon et la Chine seront les plus pénalisés ; les États-Unis seront en la matière moins touchés, ce qui devrait leur permettre d’accroître leur écart de revenus avec le reste du monde. Compte tenu des évolutions démographiques et au vu de la productivité, la production ne devrait augmenter, selon les calculs de Patrick Artus, chef économiques de Natixis, que de 0,7 % par an aux États-Unis. Elle reculera de -0,2 % par an dans la zone euro, de -0,6 % par an au Japon. En Chine, en raison du rattrapage en cours au niveau de la productivité, elle augmentera de 1,7 % par an.

L’autre voie pour résoudre l’équation impossible du vieillissement serait de diminuer le montant des pensions. Dans les prochaines années, la tentation de sous-indexer voire de modifier les règles de calcul des pensions seront fortes, sachant qu’un nombre croissant de personnes s’opposent au recul de l’âge de départ à la retraite.