8 octobre 2023

Le Coin de l’Economie – vieillissement – pétrole – productivité – dollar -taux

Le vieillissement démographique et la croissance

Le vieillissement démographique (la baisse du taux de croissance de la population en âge de travailler) entraîne un recul de la croissance de long terme. Les pays occidentaux sous-estiment les conséquences du vieillissement sur le rythme de croissance.

Le vieillissement démographique se traduit par une augmentation du nombre de retraites et par la diminution du nombre de personnes en âge de travailler. En 2030, les plus de 65 ans représenteront 31 % de la population au Japon, 29 % en Italie, 26 % en Allemagne, 25 % en France, 23 % au Royaume-Uni et 20 % aux États-Unis. De 2000 à 2030, la proportion des retraités dans l’ensemble des populations de l’OCDE devrait augmenter de 8 à 10 points. Depuis 2012, la population en âge de travailler diminue au sein de l’OCDE, ce qui a un effet direct négatif sur la croissance potentielle.

Une population plus âgée signifie également de moindres gains de productivité. Un nombre plus élevé de seniors déforme la demande en faveur des services. Ces derniers génèrent par nature moins de gains de productivité que l’industrie. Par ailleurs, même si sur le sujet, il n’y a pas de réel consensus, il est néanmoins admis qu’une population active âgée est moins réceptive au progrès technique qu’une population jeune. Les gains de productivité sont en baisse depuis une vingtaine d’années. Une corrélation est constatée entre productivité par tête, nombre de retraités et nombre d’actifs. Les pays comme l’Italie ou la Grèce qui connaissent un vieillissement marqué se caractérisent par une faible productivité. A contrario, les États-Unis combinent gains de productivité et croissance de la population active.

Pour limiter les effets sur l’économie du vieillissement, les États de l’OCDE peuvent jouer sur l’innovation, l’immigration, et les mesures favorables à la natalité.

Une augmentation des investissements dans les nouvelles technologies et des dépenses de Recherche-Développement se traduit par une amélioration sensible des gains de productivité. Les États fortement robotisé et digitalisé enregistrent des gains en la matière importants. La Corée du Sud, la Suède, la Finlande, le Danemark et les États-Unis qui consacrent plus de 2,9 % de leur PIB à la recherche et développement, ont connu depuis 2002 les augmentations de productivité par tête les plus importantes. En Suède ou en Corée du Sud, les investissements en faveur des investissements technologiques de l’information et de la communication (TIC) dépassent 4 % du PIB. La productivité dans ces pays a progressé en vingt de plus de 20 % quand la hausse n’est de 10 % dans les pays comme la France, l’Espagne ou l’Allemagne dont le taux d’investissement dans les TIC est inférieur à 3,5 % du PIB.

Pour endiguer la baisse de la population active, les pays peuvent jouer sur l’immigration. Cette politique a été mise en œuvre en Allemagne en 2015/2017. Les États-Unis demeurent également un pays d’immigration tout comme le Canada. En revanche, le Japon et de nombreux pays européens sont opposés à cette politique. Au sein de l’OCDE, le taux de fécondité est tombé en-dessous du taux de renouvellement des générations. Les pays qui connaissent le taux de fécondité les plus élevés comme les États-Unis ne sont pas obligatoirement ceux qui ont les politiques familiales les plus dynamiques. Les dépenses publiques en faveur des familles des États-Unis ne représentent que 0,7 % de leur PIB quand elles dépassent 2 % en Allemagne dont le taux de fécondité est inférieur à 1,5 ‰. Des pays comme la Suède, le Royaume-Uni, la Nouvelle Zélande ou la France consacrent plus de 2,5 points de PIB à la politique familiale avec des taux de fécondité qui sont supérieurs à la moyenne de l’OCDE. Les taux de fécondité des pays dits avancés se situent entre 1,3 et 1,8. Ils sont orientés à la baisse au sein des pays qui étaient au-dessus de la moyenne comme en France. Leur évolution est difficile à analyser. Les facteurs économiques et sociaux sont souvent mis en avant mais des considérations plus personnelles sont à prendre en compte. Le réchauffement climatique comme la succession rapide des crises inciteraient les ménages à limiter le nombre de naissances. La natalité tend à baisser assez nettement depuis la survenue de l’épidémie de covid.

Les pays de l’OCDE sont entrés de plain-pied dans le vieillissement démographique. L’augmentation du nombre de retraités combinée à la baisse de la population en âge de travailler pèse sur la croissance potentielle des pays. Pour endiguer cette baisse, l’effort doit porter sur l’investissement et sur les politiques familiales même si, pour ces dernières, les résultats sont incertains.

Comment expliquer l’écart de productivité entre les États-Unis et la zone euro ?

Depuis 1998, la productivité du travail aux États-Unis croît plus que dans la zone euro. L’écart en vingt-cinq ans devient conséquent et explique en grande partie celui de croissance. Compte tenu du niveau de formation comparable des deux grands espaces économiques, les facteurs expliquant le déficit de productivité en Europe sont à rechercher dans la faiblesse de l’investissement dans les hautes technologies et dans la composition de la population active.

La productivité par tête n’a augmenté que de 19 % entre 1995 et 2023 en zone euro, contre plus de 70 % aux États-Unis. Le ratio de croissance entre les deux zones économiques et de 1,4 en près de trente ans. La faiblesse européenne en matière de productivité explique la quasi-totalité de l’écart de croissance du PIB en volume depuis 1998. Le PIB a presque doublé aux États-Unis quand il n’a augmenté que de 50 % en zone euro. Depuis la crise financière de 2008/2009, la zone euro stagne quand les États-Unis ont réussi à retrouver un rythme d’expansion relativement important.

Le vieillissement démographique responsable des faibles gains productivité en Europe ?

Les innovations et leur diffusion dépendraient de l’âge moyen de la population active. Les actifs âgés sont considérés comme moins inventifs et moins appétents aux technologies que les jeunes. Une proportion de personnes âgées au travail signifie un moindre renouvellement des compétences. Le ratio de la population de 40 à 64 ans par rapport à celle de 20 à 39 ans est de 1,18 aux États-Unis, contre 1,5 en zone euro. Le ratio des 50/64 par rapport aux 20/49 est de 0,48 aux États-Unis contre 0,6 en zone euro. Aux États-Unis, ces ratios sont constants depuis une quinzaine d’années quand ils se dégradent de manière rapide en zone euro. Les deux espaces avaient des ratios semblables entre 2005 et 2007. Une population plus âgée s’accompagne du développement des emplois de services domestiques à faible productivité. Les besoins en biens industriels diminuent, le marché étant dominé par le renouvellement et non par le primo-équipement.

L’insuffisance de l’investissement en nouvelles technologies et des dépenses en Recherche-Développement

La zone euro a un taux d’investissement en nouvelles technologies plus faible que celui des États-Unis, soit 3 % du PIB en 2022, contre 5,5 %. En 2003, les deux espaces économiques faisaient jeu égal. Les dépenses de recherche et développement atteignaient 3,5 % du PIB aux États-Unis, contre 2,3 % en zone euro en 2022. L’écart s’est accru de 0,7 point de PIB de 2011 à 2022. Si jusqu’en 2009, la zone euro disposait d’un stock de robots pour 100 emplois manufacturiers supérieur à celui des États-Unis, ce n’est plus le cas depuis. Le ratio était de 2,4 pour la zone euro et de 2,8 pour les États-Unis.

Le secteur de la haute technologie occupe une place plus importante aux États-Unis qu’en Europe ce qui pourrait expliquer une partie de l’écart de productivité. La valeur ajoutée du secteur des technologies de l’information et de la communication représentait, en 2022, 8 % du PIB aux États-Unis, contre 5,5 % du PIB en zone euro.

La baisse du temps de travail en zone euro

La durée effective du travail dans la zone euro a baissé de 8 % depuis 1995, de 3 % depuis 2010 et de 2 % depuis 2018 quand celle des États-Unis est restée à peu près stable de 2010 à 2023. En zone euro, la préférence a été donnée aux loisirs quand, aux États-Unis, le travail reste une valeur essentielle d’accomplissement et de réussite sociale.

La zone euro est handicapée par la faiblesse de son secteur technologique. Peu d’entreprises européennes spécialisées dans le numérique ont réussi à s’imposer au niveau international. L’absence d’un véritable marché des capitaux unifié, une aversion plus importante aux risques, une moindre appétence à l’innovation qu’aux États-Unis en lien avec un âge moyen de la population active plus élevé, peuvent expliquer cette faiblesse. La décarbonation des activités économiques peut être un outil pour permettre aux entreprises européennes de revenir sur les marchés de pointe à forte valeur ajoutée.

Baisse de la productivité du travail dans la zone euro : conjoncturelle ou structurelle ?

La productivité est en baisse, au sein de la zone euro, depuis la crise sanitaire. Ce phénomène inquiétant est-il passager ou pérenne ? Deux thèses s’opposent sur le sujet. Pour certains, la productivité devrait rapidement se redresser Pour d’autres, au contraire, la baisse de la productivité s’inscrit dans le processus de stagnation séculaire à l’œuvre depuis de nombreuses années et est amenée à perdurer.

La productivité du travail dans la zone euro stagne depuis la fin de 2017. Si elle a progressé de 10 % de 2002 à 2017, elle fait du surplace voire diminue légèrement depuis. Dans plusieurs pays comme la France ou l’Espagne, elle baisse nettement, respectivement de -5 et -3 %.

La thèse de la baisse temporaire de la productivité

Pour les optimistes, la productivité devrait rebondir assez rapidement. Sa baisse serait la conséquence de la série de chocs que la zone euro a subis depuis la crise covid. Les entreprises maintiendraient des sureffectifs afin de pouvoir faire face à une reprise et par crainte de ne pas pouvoir recruter en raison de la diminution de la population active. Elles préfèrent conserver leur personnel malgré la faiblesse de la demande ce qui induit mécaniquement une contraction de la productivité. En France, le développement de la formation par alternance explique en partie la baisse de celle-ci. Les alternants, se partageant entre formation en entreprise et temps scolaires, sont moins productifs que les salariés classiques.

La baisse de la productivité constatée au sein de la zone euro est également la conséquence du maintien « en vie » de manière artificielle d’entreprises non rentables. Depuis la crise covid, les pouvoirs publics ont multiplié les aides aux entreprises permettant à certaines pourtant condamnées à la faillite de survivre. Avec la fin des aides, ces dernières sont aujourd’hui en situation de dépôts de bilan. Les entreprises concernées se caractérisant par une faible productivité, leur disparition amènera mécaniquement une hausse de cette dernière. En France, le nombre de défaillances d’entreprises passé de plus de 50 000 à 30 000 de 2019 à 2021, est revenu, en 2022, à 40 0000. En Allemagne, après être passé de 30 000 à 15 000 de 2019 à 2021, leur nombre a connu une stabilisation en 2022 puis une légère augmentation. En Espagne et en Italie, en revanche, le nombre de défaillances d’entreprise a peu évolué ces quatre dernières années.

Les optimistes estiment que, dans les prochaines années, l’augmentation de l’investissement permettra de compenser le déficit de productivité. La progression des dépenses de recherche et développement, passées de 2 à 2,3 % du PIB de 2016 à 2022 au sein de la zone euro, devrait porter ses fruits. Il en est de même avec l’augmentation du stock de robots qui est passé de 1,50 à 2,30 pour 100 emplois manufacturiers. La digitalisation et l’intelligence artificielle devraient être des sources de productivité dans les prochaines années.

La thèse du déclin structurel de la productivité

Selon les tenants de la thèse pessimiste, la chute des gains de productivité a commencé bien avant la crise sanitaire de 2020. L’érosion date des années 2000. Elle s’est simplement accentuée ces dernières années. En vertu de la théorie de la stagnation séculaire, remise au goût du jour par l’économiste américain Larry Summers, la productivité décline en raison du rendement décroissant de la recherche. Les innovations les plus rentables auraient été découvertes. Les nouvelles inventions coûtent de plus en plus cher à mettre en œuvre pour un rendement plus faible. La généralisation du principe de précaution freine le progrès technique. Ayant atteint un niveau de richesse relativement élevé, la population serait moins encline à innover que dans le passé. Particulièrement important en Europe, le vieillissement démographique serait également un frein non négligeable à l’obtention de gains de productivité. La constitution de rentes par certains secteurs serait également responsable de la baisse des gains de productivité. Le secteur des technologies de l’information et de la communication capterait une partie des gains à son profit empêchant leur ruissellement. Le caractère oligopolistique de ce secteur serait en cause. La montée des inégalités au sein des sociétés occidentales est également soulignée même si les États membres de la zone euro sont moins concernés que d’autres pays comme les États-Unis. Parmi les autres facteurs pouvant expliquer la baisse de la productivité figure la diminution de la durée effective du travail au sein de la zone euro. De 2002 à 2023, elle a baissé de 6 %. Les pays européens sont confrontés à une forte hausse de l’absentéisme qui conduit les entreprises à recruter des contractuels, ce qui fait baisser la productivité. Pour un même poste, deux salariés sont ainsi comptabilisés durant l’arrêt maladie. La baisse du taux de chômage en lien avec la diminution de la population en âge de travailler contraint les employeurs à recruter des salariés moins bien formés et à faible productivité. Le taux de chômage des actifs à faible qualification qui avait atteint 20 % au sein de la zone euro en 2014 n’est plus que de 10 % en 2022. Le faible niveau de compétences des actifs au sein de la zone euro, en particulier, en France ou en Italie, pèse sur la productivité. La tertiarisation des activités économiques qui est rapide en Europe avec l’essor des services domestiques contribue également à la stagnation voire à la baisse de cette dernière.

En cas de victoire de la thèse optimiste, le retour des gains de productivité permettra la baisse de l’inflation avec, à la clef, une hausse des revenus réels et des recettes fiscales. Si la thèse pessimiste l’emporte, l’économie européenne devra s’accoutumer à une croissance lente, au maintien d’une inflation assez élevée et à des difficultés persistantes de financement des déficits publics

Le pétrole cher, une aubaine pour les États-Unis ?

Les pays de l’OPEP associés à la Russie (OPEP+) ont décidé de maintenir des prix élevés du pétrole en réduisant leur production. Cette politique leur permet d’engranger d’importantes recettes d’exportations qui sont censés financer la diversification de leur économie dans la perspective de l’après pétrole. Les États-Unis bénéficient de cette politique car ils sont redevenus exportateurs d’hydrocarbures avec l’essor du pétrole et du gaz de schiste.

La production de pétrole des pays de l’OPEP avoisine 36 millions de barils jour, soit trois millions de moins que celle constatée avant la crise covid. L’effort est essentiellement réalisé par l’Arabie Saoudite. La consommation de pétrole est relativement insensible au prix du moins sur courte période. Elle s’élève à 100 millions de barils jour depuis 2021, niveau qui correspond à celui d’avant la crise sanitaire. Cette consommation était de 80 millions de barils jour en 2010. La progression de la consommation qui a été forte des années 1990 aux années 2010 tend à se ralentir en raison de la montée en puissance des énergies renouvelables. L’insensibilité de la consommation au prix est un atout pour les pays de l’OPEP qui entendent gérer au mieux la rente pétrolière. Tant que les pays non-OPEP+ n’augmentent pas leur production comme ce fut le cas en 2016, cette politique est efficace. Or, depuis 2021, la production de l’Amérique du Nord (États-Unis et Canada) augmente à faible vitesse. Après être passée de 8 à 18 millions de barils jour de 2010 à 2020, la production se situe autour de 17 millions de barils jours depuis 2021. La stagnation de la production américaine s’explique par l’épuisement rapide des gisements de pétrole de schiste. La réorientation des capitaux au profit des énergies renouvelables pèse sur les activités de recherche pétrolière. Malgré la stagnation de la production des États-Unis, ce pays a exporté 10 millions de barils jour en 2022, contre 2 millions en 2010. Une hausse du prix du pétrole accroît donc le revenu réel des États-Unis. Les consommateurs paient plus cher leur essence mais les producteurs encaissent des recettes supplémentaires qui sont réinvesties ou consommées. Pour la zone euro, l’augmentation du cours du pétrole est un prélèvement sur la production au profit des pays pétroliers. Les exportations de pétrole ont rapporté aux États-Unis 350 milliards de dollars en 2022, contre 50 milliards en 2010. Depuis 2019, ces recettes ont été multipliées par 1,5. De son côté, la zone euro a importé pour 250 milliards de dollars de pétrole en 2022 contre 150 milliards de dollars en 2019. Elle subit un prélèvement de 1,5 % du PIB quand les États-Unis bénéficient d’un apport d’un point de PIB.

L’augmentation du cours du pétrole est source d’appauvrissement de la zone euro et d’enrichissement pour les États-Unis. Pour 10 dollars de hausse du prix du pétrole, l’enrichissement des États-Unis est de 0,11 % du PIB et l’appauvrissement de la zone euro est de 1,65 % du PIB. Ce processus pourrait être amené à se prolonger. Les pays de l’OPEP et la Russie entendent maintenir le prix du baril au-dessus des 90 dollars. Le sous-investissement dans le secteur pétrolier pourrait, en plus des accords de régulation de l’offre, les y aider. Le prix du pétrole pourrait passer au-delà des 100 dollars en cas de redémarrage économique de la Chine.

Des taux d’intérêt élevés, une question d’habitude ?

Les taux d’intérêt actuels apparaissent insupportables pour de nombreux acteurs économiques. Ils seraient responsables de la chute de l’investissement immobilier. Pour autant, leur niveau demeure inférieur à celui des années 2000 et, en termes réels, ils demeurent bien souvent négatifs. Comment expliquer la forte sensibilité des ménages et des entreprises à la hausse des taux depuis le milieu de l’année 2022 ? La hausse des taux d’intérêt depuis le milieu de 2022 a provoqué une contraction de de l’offre et de la demande de crédits aux États-Unis comme dans la zone euro, et un recul de la construction immobilière.

En dix-huit mois, les taux d’intérêt, aux États-Unis et en zone euro ont connu une croissance rapide. Le taux des obligations d’État est ainsi passé de 0 à 3,5 % en zone euro de 1 à 4,75 % aux États-Unis. Les taux pour les emprunts immobiliers des ménages sont passés de 2,5 à 7 % aux États-Unis et de 1 à 4 % en zone euro de 2021 à 2023.

La demande de crédits tant de la part des entreprises que des ménages s’inscrit en forte baisse depuis l’automne 2022 aux États-Unis comme en zone euro. L’investissement immobilier des ménages est en recul. Il est passé de 5,5 à 5 % du PIB en zone euro et de 4 à 2,8 % aux États-Unis. Les mises en chantier sont en baisse de 20 % entre 2019 et la mi-2023 dans les deux espaces économiques. Aux États-Unis, un recul des prix de l’immobilier a été constaté pour les logements de 12 % en 2022. En zone euro, la baisse des prix intervient de manière modérée en 2023 (-1 % au deuxième trimestre 2023 en base annuelle). Pour les locaux commerciaux, aux États-Unis, entre 2021 et 2023 la contraction atteint près de 20 % quand en zone euro, elle ne dépasse pas 3 %.

Après avoir encaissé le choc du relèvement des taux, les acteurs économiques intègrent la nouvelle donne financière. Cette adaptation est d’autant plus facile que les taux d’intérêt réels restent bien souvent négatifs. Aux États-Unis, malgré des taux qui dépassent pour l’immobilier résidentiel 7 %, la demande de crédit immobilier et, à un moindre degré, celle de crédit aux entreprises sont orientées à la hausse. En revanche, les mises en chantier demeurent faibles. Les prix de l’immobilier ont cessé de baisser. Dans la zone euro, la demande de crédits immobiliers est repartie à la hausse mais bute sur une offre faible. Les mises en chantier continuent de se contracter. L’investissement des entreprises reste de son côté relativement dynamique.

Les agents économiques anticipent de plus en plus le maintien de taux d’intérêt plus élevés que dans le passé et s’adaptent en conséquence. Les entreprises ont la possibilité de reporter sur leurs prix finaux l’accroissement des coûts financiers. Elles sont obligées d’être plus sélectives sur leurs projets d’investissement qui demeurent en nombre importants. Le marché de l’immobilier est aux États-Unis, depuis quelques mois, plus dynamique en lien avec des flux migratoires internes. En zone euro, ce marché est bloqué, les vendeurs ne souhaitant pas baisser leur prix. Dans le même temps, la demande insatisfaite en biens immobiliers reste élevée.