Le Coin de l’Epargnant du 11 mai 2018
Le tableau financier de la semaine
Résultats
11 mai 2018 |
Évolution
sur 5 jours |
Résultats
31 déc. 2017 |
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CAC 40 | 5 541,94 | +0,47 % | 5 312,56 |
Dow Jones | 24 830,52 | -2,34 % | 24 754,06 |
Nasdaq | 7 402,88 | +12,68 % | 6 959,96 |
Dax Allemand | 13 001,24 | +1,47 % | 12 917,64 |
Footsie | 7 724,55 | +2,08 % | 7 687,77 |
Euro Stoxx 50 | 3 550,59 | +0,90 % | 3 503,96 |
Nikkei 225 | 22 758,48 | +1,27 % | 22 764,94 |
Taux de l’OAT France à 10 ans (18 heures) | 0,787 % | +0,007 pt | 0,778 % |
Taux du Bund allemand à 10 ans (18 heures) | 0,559 % | +0,018 pt | 0,426 % |
Taux du Trésor US à 10 ans (18 heures) | 2,966 % | +0,013 pt | 2,416 % |
Cours de l’euro / dollars
(18 heures) |
1,1949 | -0,12 % | 1,1848 |
Cours de l’once d’or en dollars (18 heures) | 1 321,745 | +0,54 % | 1 304,747 |
Cours du baril de pétrole Brent en dollars (18 heures) | 77,267 | +3,11 % | 66,840 |
Le face-à-face États-Unis / Iran ne fait pas encore peur aux marchés
Le retrait des États-Unis de l’accord de 2015 avec l’Iran sur le nucléaire s’accompagne du réenclenchement des sanctions à l’encontre de ce pays. Au nom du principe d’extraterritorialité, des entreprises européennes qui travaillant avec l’Iran pourront être sanctionnées dès lors qu’elles mettront en jeu des biens ou des services d’origine américaine dans le cadre de leurs échanges. Cela concerne en premier lieu le recours au dollar mais aussi celui aux logiciels américains. En 2014, BNP Paribas avait dû acquitter une amende de 7,9 milliards d’euros par les régulateurs américains qui lui reprochaient d’avoir contourné les embargos imposés par les États-Unis à l’encontre de plusieurs pays, comme le Soudan, l’Iran ou Cuba. La banque s’était alors engagée à respecter les embargos imposés par les États-Unis.
Le retrait américain de l’accord avec l’Iran s’inscrit dans la volonté du Président Donald Trump de rejeter le multilatéralisme et de privilégier les relations bilatérales. Ses derniers succès avec la Corée du Nord l’incitent à poursuivre dans cette voie. L’accord a, dès sa signature, été contesté du fait qu’il ne prévoit une interdiction pour l’Iran de procéder à l’enrichissement de l’uranium que sur une période de 10 ans. Par ailleurs, il ne prévoit pas de mesures afin de limiter le développement de missiles pouvant porter des ogives.
L’administration américaine en rétablissant les sanctions économiques pense pouvoir endiguer l’influence grandissante de l’Iran sur le Moyen Orient. Les États-Unis rassurent ainsi leurs alliés israélien et saoudien qui s’inquiètent de la tentation hégémonique de l’Iran qui s’est rapproché de la Syrie et donc de la Russie mais aussi de la Turquie. La présence de soldats ou de conseillers militaires iraniens au Liban, au Yémen et en Syrie est prise de plus en plus au sérieux par les administrations militaires américaine et israélienne. Israël, en représailles au tir d’une vingtaine de roquettes sur ses bases militaires par les forces iraniennes depuis le sud de la Syrie, a mené une opération de force contre les installations contrôlées par l’Iran en Syrie.
La décision du Président américain a provoqué une hausse du baril de pétrole qui a dépassé 77 dollars (baril de Brent). En effet, l’exclusion du jeu international de l’Iran pourrait réduire l’offre de pétrole disponible au moment même où la demande, avec la croissance, tend à s’accroître. Cette hausse du cours du pétrole s’inscrit dans un processus d’appréciation des matières premières. En revanche, le regain de tensions au Moyen Orient n’a pas eu cette semaine d’effets sur les indices des grandes places financières. Le Dow Jones comme le Nasdaq ont gagné plus de 2 % durant cette semaine. Les indices ont été plus sensibles à la faible progression des prix à la production aux Etats-Unis tendant à prouver qu’il n’y a pas lieu d’accélérer le programme de remontée des taux directeurs par la FED. Les marchés européens n’ont pas surréagi après l’annonce des pourparlers entre la Ligue du Nord et 5 Etoiles. Les investisseurs ne croient guère à la pérennité d’une telle coalition.
L’Italie, quand les extrêmes s’assemblent
La politique italienne offre toujours des surprises. La constitution d’une coalition rassemblant la Ligue et le mouvement 5 étoiles en est une. Après deux mois de tractations infructueuses entre les différents partis traditionnels, les deux partis, d’extrême droite et d’extrême gauche, ont entamé des pourparlers en vue de la formation d’un gouvernement. Cette solution a été rendue possible par le revirement de Silvio Berlusconi, qui accepte discuter avec le mouvement 5 étoiles. Cela donnerait donc un gouvernement antisystème, une première en Italie. L’engagement de cette négociation intervient quelques jours après l’annonce du Président italien, Sergio Mattarella, de nommer, faute d’accord, un gouvernement technique voire de recourir à de nouvelles élections. Les deux partis antisystèmes ont en commun l’hostilité à l’égard de l’Europe, la lutte contre l’immigration et la remise en cause la réforme des retraites. Ils s’opposent sur le plan fiscal et budgétaire. La conséquence a été une remontée des taux d’intérêt sur la dette italienne. L’éventuel arrivée au pouvoir d’une majorité antisystème est évidemment source d’inquiétudes en Europe d’autant plus que la situation financière de l’Italie reste délicate. La dette, même si elle a légèrement reculé en 2017, reste la plus élevée après celle de la Grèce au sein de l’Union européenne (131,5 % du PIB). Le déficit budgétaire a été de 2,3 % en 2017. Sans le paiement des intérêts de la dette, le pays dégage un excédent mais le secteur bancaire doit toujours faire face à d’importantes créances douteuses. L’année dernière, l’État a du sauver deux banques ce qui a accru le déficit public de 0,2 point de PIB.
L’Italie est loin d’avoir effacé les stigmates de la crise de 2008. Malgré une reprise régulière depuis quatre ans, le PIB se maintient à 5,5 % en dessous du niveau antérieur à la crise. Le PIB par habitant est même inférieur à son niveau de 1999 et à celui de l’Espagne. Fin 2017, la production industrielle était inférieure de 20 % à son niveau d’avant crise, contre 8,5 % pour la France et 6 % pour l’Allemagne. Le secteur du bâtiment sort totalement sinistré après 10 ans de crise. Selon l’institut statistique italien, entre 2008 et 2015, 123 583 entreprises (soit 20 % des sociétés du bâtiment en 2008) ont été mises en faillite. 45,5 % des PME de ce secteur ont ainsi disparu.
Le taux de chômage reste très élevé. Il s’est établi à 11,1 % de la population active. Chez les Italiens âgés de 15 à 24 ans, le taux de chômage demeure très important à 31,5 %.
L’Union européenne prévoit une croissance de 1,5 % en Italie en 2018 qui se ralentirait en 2019 à 1,2 %. Ces taux seraient inférieurs à la moyenne européenne.
Le Plan d’Épargne Logement, victime du Prélèvement Forfaitaire Unique
L’évolution des versements sur le Plan d’Épargne Logement met en lumière un phénomène de surréaction des épargnants aux annonces du Gouvernement. En effet, ces cinq dernières années, de nombreux Français ont ouvert un PEL attirés par le haut niveau de rendement qui était de 2,5 % entre 2003 et 2015 et l’assujetissement aux seuls prélèvements sociaux.
Certes, depuis, le taux de rendement a été ramené à 1% et le PEL a été soumis au Prélèvement Forfaitaire Unique de 30 %. Mais, à la différence de certains autres produits d’épargne, ces mesures ne sont pas rétroactives. Elles ne s’appliquent qu’aux plans ouverts après la date d’entrée en vigueur de ces dispositions. Ainsi, le prélèvement forfaitaire unique ne concerne que les épargnants qui ont souscrit un PEL après le 1er janvier 2018. Sur les trois premiers mois de l’année, la collecte nette du PEL n’a atteint que 400 millions d’euros contre 2,5 milliards d’euros durant la même période l’année dernière. Or, les 15,5 millions de titulaires d’un PEL ouverts avant le 31 décembre 2017 bénéficient de l’ancien régime fiscal. Selon la Banque de France, la rémunération moyenne du PEL était, au mois de mars dernier, de 2,69 % soit bien plus élevée que le taux en vigueur pour les nouveaux plans.