13 mai 2017

Le Coin des Tendances (13 mai 2017)

Manquerons-nous de travailleurs ?

Le nombre d’actifs en France atteindrait 31,1 millions en 2040 puis 32,1 millions en 2070, en hausse de 2,5 millions par rapport à 2015. La France comptait, justement en 2015, 29,5 millions d’actifs au sens du Bureau international du travail (BIT; définitions; champ des personnes en ménages ordinaires) : 26,4 millions occupent un emploi et 3,0 millions sont au chômage.

L’INSEE vient, en effet, de réviser ses projections en matière de population active en intégrant les dernières données sur le taux de natalité, l’espérance de vie, le taux d’activité et sur le solde migratoire. Selon le scénario central de l’organisme statistique, la population active continuerait donc d’augmenter jusqu’en 2070 mais de manière nettement moins soutenue que durant les dernières décennies.

Le ralentissement attendu de la population active tendancielle est lié au vieillissement de la population et à la baisse du solde migratoire. Le taux d’activité des plus de 15 ans est amené à baisser graduellement dans les prochaines années. Du fait de la croissance de la population âgée, il n’y aurait plus que 1,4 actif pour un inactif de 60 ans ou plus en 2070, contre 1,9 en 2015. Entre 2015 et 2040, la population active augmenterait d’environ 1,5 million de personnes, atteignant 31,1 millions soit une croissance annuelle moyenne de 62 000 personnes. La population active progresserait ensuite plus modérément jusqu’en 2055, sur un rythme annuel moyen de 22 000 personnes. Puis, un regain de dynamisme établirait la population active à 32,1 millions en 2070 avec une croissance annuelle de 39 000 personnes.

D’ici à 2070, le nombre de personnes âgées de plus de 70 ans ou plus augmentera de 8,4 millions. Elles représenteront alors 26 % de la population contre 15 % en 2015. Cette hausse s’explique par l’amélioration de l’espérance de vie, passée et projetée, au fur et à mesure que s’estomperont les incidences liées à la Seconde Guerre mondiale et au baby-boom. Dans ce contexte, la proportion de personnes âgées de 55 ans ou plus dans la population active serait, elle aussi, encore en hausse, passant de 16 % de la population active, en 2015, à 23 % en 2070. Le taux de fécondité projeté ne joue sur le nombre d’actifs qu’à partir de 2030, au moment de l’entrée sur le marché du travail des générations qui ne sont pas encore nées aujourd’hui. À l’inverse, le solde migratoire a un impact immédiat sur la croissance du nombre d’actifs, ainsi qu’un effet différé intervenant par le biais de leur descendance pour ceux qui s’installent durablement sur le territoire. La baisse du solde migratoire qui est actuellement inférieur à 100 000, se répercutera sur la composition de la population active, sachant que les travailleurs immigrés arrivant sur le territoire national sont plus jeunes que la moyenne de la population active.

Le taux d’activité, une clef importante de l’équilibre des régimes des retraites

Les réformes des retraites ont eu des effets notables sur les taux d’activité des plus de 55 ans. Les comportements d’activité constituent un facteur important d’évolution des ressources en main-d’œuvre. Après une longue période de baisse, le taux d’activité des personnes âgées de 55 ans ou plus se redresse en France à partir du début des années 2000. Chez les femmes, la participation au marché du travail s’accroît tendanciellement, avec l’augmentation continue de leurs taux d’activité à chaque âge au fil des générations.

La hausse du taux d’activité s’explique également par la fermeture progressive de dispositifs facilitant la sortie anticipée du marché du travail, comme les préretraites ou la dispense de recherche d’emploi pour les demandeurs d’emploi âgés. Les réformes des retraites intervenues depuis 1993 et tout particulièrement celle de 2010 prévoyant le report de deux ans de l’âge de départ à la retraite ont également eu des effets importants sur le taux d’activité.

Le taux d’activité des femmes de 60 à 64 ans, qui a retrouvé, en 2015, un niveau proche de celui de 1975 (29 %), continuerait d’augmenter jusqu’au début des années 2040, pour se stabiliser un peu au-dessus de 60 %. Le taux d’activité des hommes de 60 à 64 ans progresserait de manière régulière entre 2015 et 2040, de 30 % jusqu’à un niveau proche de 70 %. Les personnes âgées de 55 à 59 ans sont concernées, pour certaines d’entre elles, par les effets directs des réformes des retraites, mais elles le sont plus largement par un effet « horizon », conséquence indirecte du relèvement de l’âge de départ à la retraite (réforme de 2010). Ce phénomène semble avoir déjà fortement joué entre 2010 et 2015 et n’aurait plus d’impact en projection. Sur la période de projection, le taux d’activité des femmes âgées de 55 à 59 ans continuerait de converger vers celui des hommes. En 2070, le taux d’activité des personnes de cette classe d’âge se situerait autour de 78 %, pour les hommes comme pour les femmes. Enfin, le taux d’activité des 65-69 ans, bien qu’en hausse depuis les années 2000, reste particulièrement faible en 2015 (autour de 5 % pour les femmes et 7 % pour les hommes). En projection, il augmenterait sous l’effet des réformes des retraites de 2010, puis de 2014. En 2070, il dépasserait 10 % pour les femmes et avoisinerait 20 % pour les hommes.

 

Au final, les taux d’activité des différentes classes d’âge sont stables voire augmentent sur la période, mais le taux d’activité global diminuerait, entre 2015 et 2070, de 4,6 points. Cette baisse du taux global est principalement liée au fait que les 70 ans ou plus dont les taux d’activité sont très faibles, ont un poids dans la population qui augmente nettement. Si on se restreint à la population des personnes en âge de travailler, conventionnellement définie comme celle des 15-64 ans, le taux d’activité s’accroît de 3,6 points.

Le taux de fécondité devrait rester stable sur longue période

La fécondité est un facteur à prendre en compte pour l’estimation de la population active. Elle influe avec un effet retard liée au délai d’arrivée des générations sur le marché du travail. Dans la variante de fécondité « basse », l’indice conjoncturel de fécondité passerait de 2,0 enfant par femme en 2013 à 1,8 à partir de 2020 et se maintiendrait ensuite à ce niveau. Dans la variante « haute », il remonterait à 2,1 en 2020, seuil correspondant à long terme au renouvellement des générations. Les effets de ces variantes sur le nombre d’actifs ne commenceraient à être visibles qu’après 2030. Au-delà de 2030, en cas de fécondité « haute », la population active augmenterait à un rythme plus soutenu que le scénario central. Inversement, en cas de fécondité « basse », elle diminuerait à partir de 2040. En 2070, selon le scénario retenu, la marge de fluctuation par rapport au scénario central est de 1,8 million d’actifs de plus ou de moins.

Un solde migratoire en baisse

Les variantes migratoires affectent le nombre d’actifs de manière immédiate. Un apport migratoire de 120 000 personnes par an engendrerait 0,8 million d’actifs de plus en 2040 et 2,0 millions en 2070 par rapport au scénario central.

Une détérioration inévitable du ratio / cotisants – retraités

En fonction des hypothèses retenues, l’écart de croissance de la population active est de plus ou moins 2,0 millions de personnes à l’horizon 2070. Mais dans tous les scénarios, le nombre d’actifs par inactif de 60 ans ou plus serait compris entre 1,3 et 1,5 en 2070.

Le retour des déficits pour l’assurance vieillesse ?

La moindre progression de la population active n’est pas sans incidence sur les comptes des régimes de retraite d’autant plus si la masse salariale croît moins vite que prévu. Le Conseil d’Orientation des Retraites avait prévu le retour à l’équilibre à la condition d’une croissance des revenus d’activité d’au moins 1,5 % par an. Or, ces derniers n’augmentent actuellement qu’au rythme de 1,3 %. Par ailleurs, la dégradation du ratio cotisants – pensionnés serait assez marquée d’ici à 2025. Le déficit devrait, de ce fait, atteindre 4 milliards d’euros par an pour l’assurance-vieillesse. Emmanuel Macron s’est engagé à ne pas toucher à la durée de cotisation, ni à l’âge de départ à la retraite afin de mieux se concentrer sur l’épineux dossier de la mise en place du régime unique de retraite par points. Si en l’état, il n’y a pas d’urgence à prendre de nouvelles mesures pour équilibrer les régimes de base, il pourrait en être autrement si la croissance ne s’accélèrerait pas dans les prochains mois.

 

Le travail indépendant et les jeunes, entre désir et nécessité !

Après avoir longtemps diminué, le nombre de travailleurs non-salariés en France augmente depuis 2004. La création, en 2008, du statut d’auto-entrepreneur transformé en micro-entrepreneur, a contribué à accélérer l’augmentation du nombre de travailleurs indépendants. Cette tendance n’est pas spécifique à la France, elle est à l’œuvre au sein de tous les grands pays de l’OCDE. Le développement des plateformes qui génèrent de nouvelles formes d’activité, le développement des start-up, l’externalisation d’un certain nombre d’activités au sein des entreprises, expliquent ce renouveau du travail non-salarié. Ce dernier n’est pas également sans lien avec la volonté d’échapper aux contraintes administratives liées au travail salarié. Mais les Français qui optent pour le travail indépendant ne le font pas tous, loin de là, pour le plaisir. 70 % d’entre eux considéraient, en 2016, qu’il vaut mieux être salarié qu’indépendant. En 2000, ce taux était de 41 % (source Crédoc-2016). En période de fort chômage, le CDI est considéré comme une protection. S’il y a quinze ans, la création d’une entreprise était perçue comme une source d’enrichissement, elle est de plus en plus considérée, aujourd’hui, comme un moyen d’échapper au chômage. Le développement des emplois de service, de chauffeurs, de livreurs, des emplois de services à la personne, passe de plus en plus par le statut de micro-entrepreneur. Le regard vis-à-vis du travail indépendant diffère en fonction de l’âge.  Ainsi, 45 % des 18-25 ans estiment que travailler à son compte est une situation plus enviable qu’être salarié contre 27 % pour le reste des actifs. Pour les jeunes de 18 à 25 ans, le travail indépendant signifie pour 47 % d’entre eux plus de liberté, un meilleur équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle pour 33 % et des revenus plus élevés pour 19 %. Pour les plus de 25 ans, en revanche, le travail indépendant signifie, pour 33 % d’entre eux, des horaires de travail plus importants, pour 25 % de moins de sécurité et pour 14 % de plus de pression.

20 % des jeunes déclarent occuper un emploi à temps complet ou à temps partiel généré par l’économie dite collaborative. C’est également le cas de 16 % des travailleurs précaires et de 14 % des demandeurs d’emploi. Au sein de l’ensemble de la population active, 8 % dépendraient des plateformes collaboratives. Ces dernières assureraient ou, pour être plus précis, seraient à l’origine de la distribution de 5 % de la masse salariale.

 

L’Europe, continent touristique

Les jours fériés du mois de mai marquent le début de la période estivale pour de nombreuses communes françaises et européennes. Les mois de mai et de juin tout comme ceux de septembre et octobre sont ceux des jeunes actifs et des retraités quand ceux du cœur de l’été sont plutôt réservés aux familles.

L’Union européenne demeure la principale destination touristique mondiale grâce à sa diversité géographique, sa richesse historique et sa sécurité. En outre, les touristes peuvent facilement se déplacer d’un pays du fait des facilités juridiques et de la qualité des infrastructures.

Les résidents (âgés de 15 ans et plus) de l’Union ont réalisé en 2015 plus 1,2 milliard de voyages touristiques à des fins personnelles ou commerciales. Sur l’ensemble des voyages effectués, la majorité (58,2 %) était de courte durée, entre une et trois nuits.  Par ailleurs, toujours sur la base de l’ensemble des voyages effectués,  les trois quarts (74,8 %) étaient destinés à des destinations intérieures, le reste étant réalisé à en dehors de l’Union européenne.

Dans certains États membres de l’Union, plus de la moitié du nombre total de voyages touristiques effectués, en 2015, concernait des destinations à l’étranger ; C’est le cas pour le Luxembourg, la Belgique, Malte et la Slovénie (ainsi que la Suisse). Cependant, 10 % ou moins des voyages effectués par des résidents de Roumanie, d’Espagne et du Portugal étaient à l’étranger. Ces chiffres semblent être influencés par la taille des États membres et leur situation géographique (les pays plus petits et plus au nord tendent à signaler une propension plus élevée pour leurs résidents à voyager à l’étranger).

60 % de la population de l’UE-28, âgés de 15 ans et plus, ont participé au tourisme à des fins personnelles en 2014, c’est-à-dire qu’ils ont effectué au moins un voyage touristique à des fins personnelles au cours de l’année. Encore une fois, de grandes différences peuvent être observées entre les États membres de l’UE, car ce taux de participation variait de 26,0 % en Roumanie à 88,2 % en Finlande.

578 000 établissements d’hébergement touristique actifs sont décomptés au sein de l’Union européenne ; ils ont fourni plus de 31 millions de lits. Près d’un tiers (32,1 %) de tous les lits au sein de l’Union sont  concentrés dans seulement deux des États à savoir la France (5,1 millions de lits) et l’Italie (4,9 millions de lits), suivis du Royaume-Uni, l’Espagne et l’Allemagne. À ces établissements, il convient désormais d’ajouter les logements et chambres mis à disposition des touristes par l’intermédiaire des plateformes (AirBnb, Abritel, Bon Coin).

Malgré la concurrence des plateformes sur Internet et la montée de la location saisonnière, au cours des dernières années, le nombre de nuits passées dans les établissements d’hébergement touristique a généralement montré une tendance à la hausse. Si la crise de 2008 a entraîné une diminution du nombre de nuitées, celui-ci est reparti à la hausse depuis. En 2015, le nombre de nuits passées dans les établissements d’hébergement touristique au sein de l’Union a atteint un sommet de 2,8 milliards de nuits, en hausse de 3,8 % par rapport à 2014.

Les résidents de l’Union ont, en 2015, consacré environ 2,5 milliards de nuits à l’étranger (700 millions de nuitées pour les Allemands et 564 millions pour les Britanniques). Les résidents de ces deux États membres de l’Union représentaient plus de la moitié (50,7 %) du nombre total de nuits passées à l’étranger par les résidents de Union. En tenant compte de la taille d’un pays en termes de population, le Luxembourg est l’État membre de l’Union dont les habitants ont passé le plus grand nombre de nuits à l’étranger par habitant (en moyenne 23,2 nuits en 2015), suivi de Chypre (18,1 nuits). À l’autre extrémité du spectre, les résidents de Roumanie, de Bulgarie et de Grèce ont passé en moyenne moins d’une nuit à l’étranger en 2015.

En 2015, l’Espagne était la destination touristique la plus courante de l’Union pour les non-résidents (personnes venant de l’étranger), avec 270 millions de nuits passées dans des établissements d’hébergement touristique, soit 21,3 % du total de l’Union. Les quatre destinations les plus populaires pour les non-résidents étaient l’Espagne, l’Italie (193 millions de nuits), la France (130 millions de nuits) et le Royaume-Uni (118 millions de nuits), qui représentaient ensemble plus de la moitié (56,2 %) du nombre total de nuits passées par les non-résidents au sein de l’Union. Les destinations les moins communes étaient le Luxembourg et la Lettonie.

Le nombre de nuits passées (par les résidents et les non-résidents) peut être mis en perspective à travers une comparaison en fonction de la taille de chaque pays en termes de population, en fournissant un indicateur de l’intensité du tourisme. En 2015, en utilisant cette mesure, les destinations méditerranéennes de Malte, de Croatie et de Chypre, ainsi que les destinations alpines et urbaines de l’Autriche étaient les destinations touristiques les plus populaires.

Aspects économiques des voyages internationaux

L’importance économique du tourisme international peut être mesurée en examinant le ratio des recettes des voyages internationaux par rapport au PIB. Ces données proviennent des statistiques de la balance des paiements et incluent les voyages d’affaires, ainsi que le déplacement pour le plaisir. En 2015, le ratio des recettes des voyages par rapport au PIB était le plus élevé parmi les États membres de l’Union, en Croatie (18,1 %), à Malte (13,4 %) et à Chypre (12,7 %). En termes absolus, les plus fortes recettes de voyages internationaux en 2015 ont été enregistrées en Espagne (50,9 milliards d’euros), en France (41,4 milliards d’euros) et au Royaume-Uni (41,1 milliards), suivis de l’Italie (35,6 milliards) et de l’Allemagne (33,3 milliards).

En prenant en compte les dépenses des touristes des différents pays, réalisées en dehors de leur pays d’origine, l’Espagne était l’État membre de l’Union avec le plus haut niveau de recettes nettes provenant des voyages en 2015 (35,2 milliards d’euros), quand l’Allemagne a enregistré le déficit le plus important (36,6 milliards d’euros). La France, premier pays d’accueil de touristes internationaux, se caractérise par un très faible excédent de sa balance touristique. Les dépenses réalisées par les touristes sont plus faibles en France qu’en Espagne ou en Italie quand, dans le même temps, les Français se déplacent et dépensent de manière assez importante à l’étranger.