20 mai 2017

Le Coin des Tendances – 20 mai 2017

La culture résiste à tout

Depuis 2011, le département de la politique des publics de la direction générale des patrimoines réalise une enquête confiée au CRÉDOC sur les profils des personnes qui visitent un lieu de culture. L’enquête 2017 souligne la forte demande culturelle des ménages et cela malgré les contraintes financières ou les risques d’attentats.

En 2016, 63 % des Français ont visité un site patrimonial : 42 % de la population a visité un monument religieux, 41 % une ville ou un pays d’art et d’histoire, 34 % un château, un palais ou des fortifications ou encore 20 % un bâtiment d’architecture contemporaine. Par ailleurs, 44 % des Français ont fréquenté un musée ou une exposition, ce qui représente 9 % de plus qu’il y a 4 ans : 29 % ont vu un musée ou une exposition de beaux-arts, 20 % un musée d’art moderne ou contemporain et 17 % un musée ou une exposition d’histoire naturelle, de sciences, techniques et industrie.

La fréquentation des musées et des lieux d’exposition s’accroît d’année en année. Néanmoins, les équipements culturels parisiens ont enregistré une baisse de fréquentation en 2016 liée à un recul, en raison des attentats, de la fréquentation des touristes étrangers et des groupes scolaires. Cette diminution devrait être passagère. Selon une enquête du CRÉDOC, 92 % de personnes qui avaient l’habitude de se rendre sur les lieux visés par des attentats, n’ont pas et ne veulent pas changer leur comportement.

Si les pratiques en matière de fréquentation des musées et des expositions restent plus fortes chez les cadres, les professions intellectuelles supérieures et les professions intermédiaires, le décloisonnement social constaté depuis une dizaine d’années se poursuit pour les employés, les titulaires du Bac et les travailleurs indépendants. Par rapport à janvier 2012, la proportion d’employés ayant visité un musée ou une exposition a progressé de +15 points et celles des titulaires d’un baccalauréat et des indépendants de +10 points respectivement, contre +9 points en moyenne.

De nouvelles pratiques culturelles

La découverte de contenus patrimoniaux hors musées attire un public de plus en plus large. 36 % de nos concitoyens disent avoir vu une exposition dans un autre lieu qu’un musée ou une salle d’exposition, soit +8 points par rapport à juin 2014.

La pratique culturelle en-dehors des lieux classiques est socialement moins marquée. Le différentiel pour les visites hors les murs entre les hauts revenus et les bas revenus est de +21 points, quand l’écart est de +41 points pour les visites des musées dans les murs et de + 40 points pour les visites des monuments.

Le tourisme à l’heure de la culture

Si la nature reste pour 67 % des Français le principal critère de choix pour un lieu de vacances, plus d’un Français sur quatre (26 %) considère également l’offre patrimoniale (caractéristiques architecturales, musées et expositions) comme un argument. Il s’agit ici plutôt des publics ayant déjà des pratiques patrimoniales régulières : jeunes seniors, profils socio-culturels aisés et citadins. Les autres catégories de la population choisissent plutôt leurs lieux de vacances selon d’autres critères : offre de loisirs pour les plus les jeunes, cercle familial pour les plus âgés et les catégories modestes.

Internet, une porte d’accès à la culture

84 % des Français sont connectés à Internet. Ce taux est de près de 100 % chez les plus jeunes, les cadres et les diplômés du supérieur. L’organisation d’une visite d’un lieu de culture passe de plus en plus par Internet (renseignements, réservation, etc.). En 2016, 44 % des Français ont utilisé Internet en lien avec les visites patrimoniales. Plus en détail, l’utilisation d’Internet pour l’organisation de la visite, en amont, est la forme la plus courante. 38 % (+5 points par rapport à 2014) l’utilisent pour rechercher des informations pratiques (horaires, tarifs, accès, etc.), pour réserver ou acheter un billet en ligne. Les Français recourent également à Internet durant et après la visite. Près d’un quart des Français (24 %, +7 points) se servent d’Internet pour consulter des contenus culturels (visite virtuelle, téléchargement des commentaires des œuvres exposées, téléchargement d’une application d’aide à la visite) et environ un Français sur dix (9 %, +5 points) en fait un usage participatif, pendant ou après le temps de la visite (parler d’une visite sur un réseau social, un blog ou un forum de discussion). Les profils socio-culturels aisés, les 25-39 ans, les étudiants et les habitants de l’agglomération parisienne demeurent les plus experts du numérique patrimonial et muséal, mais les jeunes seniors figurent également parmi les plus actifs sur la toile, notamment pour y explorer les contenus culturels.

 

Le digital n’est pas toujours l’ennemi de l’emploi

L’OCDE dans un rapport intitulé « la prochaine révolution de la production, conséquences pour les gouvernements et pour les entreprises » souligne que dans les économies les plus avancées, la diffusion des technologies est trop lente et partielle. C’est le cas en France mais aussi en Allemagne ou aux États-Unis. Ainsi, l’organisation internationale souligne qu’une enquête sur 4 500 entreprises allemandes révèle que seulement 4 % d’entre elles avaient alors mis en œuvre des processus de production numérisés et connectés ou envisageaient de le faire.

Le Japon et la Corée du Sud figurent parmi les États ayant le plus joué sur le digital. Ainsi, selon l’OCDE, l’utilisation, au Japon, des données massives et de l’analytique de données dans certaines entreprises manufacturières aurait permis  de réduire les coûts de maintenance de près de 5 000 milliards de yen (40 milliards d’euros). Des économies d’électricité de plus de 50 milliards de yen (40 millions) auraient été également réalisées. Les premières applications de l’intelligence artificielle dans les centres de données se sont traduites par d’importantes économies d’énergie. Dans l’agriculture, la multiplication des sondes connectées permet de réduire les consommations d’intrants et en particulier d’eau.

Des estimations concernant l’Allemagne indiquent que l’utilisation des technologies de l’information et des communications (TIC) de pointe dans l’industrie pourrait faire augmenter la productivité de 5 % à 8 %. Ce sont les fabricants de composants industriels et les constructeurs automobiles qui devraient bénéficier des gains les plus importants à cet égard. Selon d’autres estimations citées dans le rapport de l’OCDE, une forte accélération de l’adoption des nouvelles technologies pourrait augmenter de 78 milliards d’euros à valeur ajoutée des industries mécanique, électrique, automobile et chimique, de l’agriculture et du secteur des techniques de l’information et des communications en Allemagne d’ici à 2025.

Beaucoup d’entreprises tardent à adopter les TIC nécessaires pour effectuer la transformation numérique de la production industrielle. L’informatique en nuage, la gestion de la chaîne d’approvisionnement, la planification des ressources de l’entreprise et l’identification par radiofréquence (qui permet d’automatiser le suivi des processus et des objets) demeurent encore beaucoup moins répandues que les réseaux « haut débit » ou les sites web.

Le rapport cite également des recherches soulignant qu’il n’est pas possible d’affirmer que les TIC sont destructrices nettes d’emplois ; les technologies qui améliorent la productivité font disparaître des emplois mais en créent également d’autres. L’OCDE considère que les pouvoirs publics doivent agir en faveur d’une adaptation du marché du travail au choc des évolutions technologiques.

 

Les multinationales françaises à la conquête du monde

Dans les classements internationaux, la France figure parmi les pays comptant le plus d’entreprises multinationales faisant jeu égal avec le Royaume-Uni et dépassant l’Allemagne. L’automobile, les cosmétiques, le luxe, le pétrole, le secteur financier, le tourisme, le transport ou l’agroalimentaire sont autant de domaines où la France est présente à l’international. En revanche, notre pays est absent dans le secteur de l’électronique, de l’informatique, de la machine-outil. Par ailleurs, nos positions s’effritent en raison de la disparition de plusieurs entreprises industrielles ou de leur rachat par des groupes étrangers (aluminium par exemple). Néanmoins, en 2014, les firmes multinationales françaises (hors secteur bancaire) contrôlent 37 000 filiales à l’étranger dans plus de 190 pays. Ces filiales emploient 5,5 millions de salariés contre 5,4 millions en 2013. Ainsi, 56 % des effectifs des groupes français à rayonnement international exercent leurs activités à l’étranger. Elles réalisent 1 248 milliards d’euros de chiffre d’affaires consolidé, soit 54 % du chiffre d’affaires total.

La moitié des firmes multinationales françaises est implantée dans au moins 3 pays. La moitié des grandes firmes multinationales l’est dans au moins 16 pays. L’Union européenne reste la première zone d’implantation des firmes multinationales françaises, avec 38 % des effectifs à l’étranger et 2,1 millions de salariés, dont la moitié dans trois pays : le Royaume-Uni (392 000 salariés), l’Allemagne (349 000) et l’Espagne (299 000). Le continent nord-américain (Aléna ; Canada, États-Unis et Mexique) accueille 15 % des effectifs (dont 11 % pour les États-Unis seuls). Figurent également parmi les pays dans lesquels les entreprises sont présentes, le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine, ces pays regroupent 25 % des salariés travaillant à l’étranger.

Entre 2013 et 2014, les effectifs ont particulièrement augmenté en Chine (+86 300 salariés), au Royaume-Uni (+21 400 salariés) et en Inde (+17 700 salariés). A contrario, ils ont fortement baissé en Argentine (-7 300 salariés), en Uruguay (-5 500 salariés) et au Portugal (-5 200 salariés). Les salariés des firmes multinationales françaises qui travaillent à l’étranger sont pour 38 % employés dans l’industrie, pour 35 % dans les services, pour 23 % dans le commerce, pour 4 % dans la construction et pour moins de 1 % dans l’agriculture. Par rapport à son poids national, l’industrie est donc surreprésentée. L’industrie domine au Mexique (62 % des salariés), en République tchèque, en Allemagne et en Roumanie. En revanche, les implantations françaises sont orientées majoritairement vers les services marchands aux Pays-Bas (73 % des salariés), en Inde, aux États-Unis et au Royaume-Uni. Le Brésil, la Chine et la Russie se distinguent par la part prépondérante du commerce (entre 54 % et 46 % des salariés de firmes multinationales françaises y travaillent).

En moyenne sur les 190 pays d’implantation, le coût salarial par tête dans les filiales étrangères des firmes multinationales françaises s’élève à 36 000 euros par an. Il varie très fortement selon le pays d’implantation de la filiale : de 95 000 euros par an en Norvège à 3 500 euros à Madagascar. Ce coût salarial par tête est significativement plus élevé au sein de l’Union européenne (47 000 euros) que dans le reste du monde (30 000 euros). Le coût salarial par tête est moins dispersé entre pays de l’Union, mais reste nettement moindre dans les pays d’Europe centrale et orientale (18 000 euros annuels) que dans le reste de l’Union (54 000 euros). Les pays d’Europe centrale et orientale sont ainsi plus proches du Brésil, de la Russie, de l’Inde ou de la Chine (16 000 euros annuels) que du reste de l’Union.

Le coût salarial par tête est plus élevé dans l’industrie, la construction et les services (respectivement 41 000 euros, 39 000 euros et 39 000 euros) que dans le commerce et l’agriculture (respectivement 24 000 euros et 20 000 euros).

Des investissements étrangers majoritairement en dehors de l’Union européenne

 En 2014, les firmes multinationales françaises ont effectué 62,3 milliards d’investissements corporels dans leurs filiales à l’étranger. Comme en 2013, cet investissement correspond à 5 % de leur chiffre d’affaires consolidé à l’étranger. 36 % de l’investissement est effectué dans l’Union (37 % en 2013). Les pays où il est le plus élevé sont toujours les États-Unis, avec 5,8 milliards d’euros en 2014, suivis par le Royaume-Uni, avec 5,7 milliards d’euros. 18 pays reçoivent plus de 1,0 milliard d’euros d’investissement de la part des firmes multinationales françaises, soit les trois quarts de leurs investissements corporels à l’étranger.