Le Coin des Tendances
Le monde à part des start-ups en France
En 2018, Emmanuel Macron souhaitait transformer la France en start-up nation. Il avait alors déclaré « une start-up nation est une nation où chacun peut se dire qu’il pourra créer une startup. Je veux que la France en soit une ». En cette période de crise économique, la nécessaire modernisation de notre tissu économique est une priorité.
Ces start-ups célébrées par le Président de la République et par de nombreux experts économiques qui sont-elles ? D’après l’Agence du numérique, une start-up est une « jeune entreprise innovante, à la recherche d’un modèle économique, qui lui assurera une croissance très forte et très rapide, avec un développement international ». La définition est assez large et permet d’englober un grand nombre d’entreprises. Pour le commun des mortels, une start-up est une société créée par des jeunes férues de digital, espérant imiter Bill Gates, Larry Page ou Mark Zuckerberg. Les start-ups sont également considérées comme une catégorie à part en raison de leur modèle spécifique, leur développement passe par de fortes pertes et des besoins en capitaux élevés avant que la rentabilité soit au rendez-vous. Cette caractéristique n’est pas spécifique aux start-ups. Dans le passé, les compagnies ferroviaires ont connu au moment du déploiement des lignes des pertes et des besoins de financement élevés.
La chasse aux fonds propres
60 % des créateurs d’entreprise affirment avoir financé leur projet eux-mêmes mais cela ne suffit pas à couvrir leurs besoins en capitaux. 37 % déclarent avoir recours au crédit bancaire. Les fondateurs indiquent avoir des difficultés à accéder à ce type de financement d’où le recours à des canaux dédiés. En France, des réseaux de financement se sont créés comme « Entreprendre et Initiatives ». Plusieurs institutions publiques interviennent comme la BPI et les conseils régionaux. Des entreprises comme AG2R LA MONDIALE épaule également des start-ups. Ainsi DremQuark qui intervient dans le domaine de l’intelligence artificielle dans les services financiers, a bénéficié de l’appui d’AG2R LA MONDIALE, à travers le fonds ALM innovation.
Par ailleurs, la French Tech, mise en place en 2013 sous la présidence Hollande, visait, par un programme de bourses et d’accompagnement, à valoriser le développement des start-ups sur l’ensemble du territoire français. Les chambres de commerce, les dispositifs PEPITE (Pôles étudiants pour l’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat) sont également des acteurs importants. Les régions et les grandes villes ont également mis en place des pépinières et des espaces de coworking pour l’hébergement des structures en démarrage, tandis que les incubateurs et les accélérateurs – qui peuvent être privés, publics ou académiques – proposent, outre l’hébergement, un programme d’accompagnement. Selon le panel de start up de France Stratégie, 29 % d’entre elles auraient effectuer des levées de fond contre 1 % des entreprises nouvellement créées en France.
Des entreprises innovantes
Les start-ups des années 2020 diffèrent de celles des années 1990/2000. Elles sont moins centrées sur des solutions de haute technologie. Elles sont plus axées sur les services, les applications, des nouveaux procédés de marketing qui vise à répondre à un besoin très particulier des consommateurs. Les fondateurs et fondatrices de start-up sont actuellement rarement à l’initiative d’une innovation de rupture, dite « disruptive ». Néanmoins, la capacité à lever des fonds dépend toujours du caractère innovant des solutions proposées. La réussite des fondateurs passe par un storytelling aiguisé. Ils doivent raconter une histoire en rendant accessible les enjeux techniques et faisant apparaître le futur possible généré par leurs solutions.
Des entreprises collectives
La troisième caractéristique distinctive des starts up repose sur le caractère collectif de l’aventure. Pour Bpifrance, « une start-up, c’est avant tout une équipe déterminée, ambitieuse et complémentaire ». Les organismes de financement privilégient les équipes constituées d’au moins trois fondateurs. 87 % des fondateurs de notre échantillon ont au moins un associé quand 72 % des créateurs d’entreprise dirigent seul leur affaire.
Les associés d’une start-up se connaissent, en règle générale, depuis plusieurs années. 32 % des fondateurs de ont rencontré leurs associés dans leur milieu professionnel, 23 % au cours de leurs études, 27 % parmi leurs amis, 15 % en participant à des forums, salons et autres événements dédiés aux start-ups. C’est rarement, en revanche, un membre de la famille. La probabilité de lever des fonds est 5,3 fois plus importante pour un entrepreneur· qui a des associées que pour un entrepreneur· qui n’en a pas.
Le mythe du self-made-man
Le start up renvoie au rêve américain avec la possibilité de faire fortune grâce à son dynamisme et en s’affranchissant des codes sociaux. Dans les faits, 80 % des fondateurs et fondatrices de start-up de notre échantillon ont, selon France Stratégie un niveau de diplôme équivalent ou supérieur à bac + 5 et aucun n’est sans diplôme. Ces taux diffèrent des créateurs d’entreprises dites normales. 13 % sont sans diplôme et 45 % ont un niveau inférieur ou égal au baccalauréat.
Pour les start-ups, 35 % des fondateurs sont diplômé d’une école de commerce et 21 % d’une école d’ingénieurs quand pour l’ensemble des créateurs d’entreprise, seulement 7 % sont diplômés d’une grande école. Le passage par une grande école semble donc être déterminant dans la décision de créer une start-up. Ces dernières années, la création de start-up est en effet de plus en plus présentée comme une sortie noble pour les élèves des grandes écoles. Leur attractivité dépend de plus en plus de la capacité à faciliter la création de start up. Elles offrent de précieuses ressources pour accompagner les étudiants qui veulent créer leur entreprise. Elles mettent à disposition des locaux et des bourses. Le réseau des anciens élèves permet des appuis dans de nombreux domaines (techniques, financiers, commerciaux et lobbying). En France, 25 % des fondateurs et fondatrices de notre échantillon ont créé leur start-up à la sortie de leurs études, quand ce taux est de 3 % pour l’ensemble des créateurs et créatrices d’entreprise.
Les cadres à la recherche d’un nouveau monde
Parmi les fondateurs de start up figurent des cadres de grandes entreprises ayant acquis une expérience de plusieurs années et qui cherchent un nouveau défi et une nouvelle façon de vivre. 64 % des fondateurs et fondatrices de start-up étaient d’anciens cadres, 49 % des salariés du privé et seulement 5 % étaient au chômage avant la création de leur entreprise. Si l’entrepreneuriat est souvent un moyen d’assurer son propre emploi après un licenciement, la création de start-up répond à une autre logique. Le souhait de participer à une aventure innovante est souvent mis en avant. 83 % des sondés de France Stratégie estiment que l’innovation et l’indépendance sont les moteurs du passage à l’acte pour la création d’une start-up. La majorité des fondateurs et fondatrices de start-up étaient bien insérés sur le plan professionnel avant de tenter l’expérience de la création. En règle générale, le départ de leur entreprise passe par une rupture conventionnelle leur permettant de bénéficier, pendant deux ans, d’une indemnité de chômage proportionnelle à leur salaire antérieur. L’indemnité de chômage joue le rôle de garantie de revenus pendant la phase de démarrage.
Seulement 10 % des fondateurs et fondatrices de start-up optent pour le statut d’indépendant et 8 % pour celui d’auto-entrepreneur. 69 % adoptent le statut de chef d’entreprise salarié. Les anciens cadres souhaitent maintenir la protection du salariat au sein de leurs nouvelles activités.
Les fondateurs de start up sont plus souvent des hommes
Les femmes sont à l’origine de la création de 30 % des créations d’entreprise. Ce taux est plus faible pour les start-ups avec un taux de 26 %. La probabilité de lever des fonds est 2,4 fois supérieure pour les hommes que pour les femmes