Le Coin des tendances – câbles – transports maritimes – Grèce – Etats-Unis, bilan 2023
Et si 2023 était une bonne année ?
2020, une épidémie centennale, 2022, la guerre en Ukraine, 2023, la guerre au Proche-Orient. La tentation serait de ranger l’année qui s’achève dans la catégorie des mauvais crus d’autant plus que la croissance s’est étiolée et que les progrès en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre s’avèrent trop lents et insuffisants pour contenir le réchauffement climatique en-deçà des deux degrés.
Une lecture plus positive de 2023 est pourtant possible. En Ukraine, si la situation sur le terrain demeure précaire d’autant plus que les appuis occidentaux se font plus hésitants avec le temps qui passe, les Ukrainiens ont, contre vents et marées, réussi à endiguer l’avancée de la Russie qui est censée disposer de la deuxième armée la plus puissante au monde. « Si l’OTAN était état de mort cérébrale » en 2019 selon Emmanuel Macron, elle s’est retrouvé une nouvelle légitimité avec le conflit ukrainien. La Finlande qui était jusqu’à maintenant un État neutre a décidé d’y adhérer. Elle devrait être rejointe par la Suède, ce qui constituera une première pour ce pays qui avait refusé de s’engager durant la Seconde Guerre mondiale. En Asie, plusieurs États s’organisent pour contenir la tentation hégémonique de la Chine. Les Philippines ont défendu leurs frontières maritimes. Le Japon et la Corée du Sud ont mis de côté leurs griefs historiques pour renforcer leur coopération.
Les valeurs démocratiques ont été mises à mal par la montée en puissance des États autoritaires, ces derniers n’hésitant pas à offrir leurs services à des pays souhaitant rompre avec l’Occident. La France a ainsi dû quitter le Niger et le Mali. La Corée du Nord s’est rapprochée de la Russie qui, avec la Chine, entendent offrir une alternative aux organisations internationales occidentales. Mais, dans le même temps, le Libéria qui a connu une longue période guerre a réussi une démocratisation de son régime. En Asie, le Timor-Leste (Timor orientale ex-colonie portugaise) a réussi à maintenir et à renforcer un régime politique reconnaissant la liberté religieuse et la démocratie. En Thaïlande et en Turquie, des élections ont eu lieu en 2022. Si les partis nationalistes et autoritaires ont conservé le pouvoir, l’opposition a réussi néanmoins à les mettre en danger. Le Brésil a investi, de son côté, un président de centre-gauche, Luiz Inácio Lula da Silva, après quatre années de présidence autoritaire sous Jair Bolsonaro qui avait, comme Donald Trump, refusé de reconnaitre sa défaite. Le nouveau gouvernement brésilien a réduit le rythme de la déforestation en Amazonie de près de 50 %. Mais, dans le même temps, Lula s’est rapproché de Vladimir Poutine et du Président vénézuélien, Nicolás Maduro. La Pologne a réussi une alternance politique permettant le retour des pro-européens au pouvoir. L’économie polonaise a fait preuve de résilience en intégrant plus d’un million de réfugiés ukrainiens. La Grèce qui était au bord de la banqueroute il y a dix ans, a réussi après quelques soubresauts à assainir ses comptes publics et à renouer avec la croissance. La majorité de centre droit a été réélue en juin 2023 en mettant en avant un programme pro-européen. Le gouvernement grec a pris ses distances avec la Russie et la Chine.
Les pays occidentaux ont réussi à endiguer la vague inflationniste en mettant en œuvre des politiques monétaires restrictives. Le taux d’inflation qui était de 10 % à l’automne 2022 est revenu autour de 3 % un an plus tard. Malgré le ralentissement de la croissance provoqué par la hausse des taux d’intérêt, le taux de chômage est resté faible avec même la persistance de pénuries de main-d’œuvre. Grâce aux politiques de soutien aux ménages et aux entreprises, le pouvoir d’achat a été sauvegardé dans de nombreux pays.
La COP 28 s’est achevée mercredi 13 décembre à Dubaï par un engagement mondial des Etats à réaliser une transition hors des énergies fossiles. Elle a également prévu la mise en place du Fonds pour les pertes et dommages, permettant d’indemniser les pays les plus touchés par les catastrophes climatiques. La France et les Émirats Arabes Unis ont été les premiers Etats à avoir pris l’engagement d’effectuer des versements en faveur de ce fonds. Les Etats se sont entendus à la COP 28 sur un Objectif Mondial pour l’Adaptation, un texte énonçant les principales mesures à prendre pour adapter les systèmes agricoles, ceux de gestion de l’eau ou encore les infrastructures au changement climatique.
2024 devrait être une année de normalisation sur le plan de l’inflation avec une éventuelle décrue des taux directeurs de la part des grandes banques centrales. La croissance pourrait être amenée à s’accélérer au cours du second semestre. Avec une nouvelle Commission européenne au mois de juin, un nouvel élan pour la construction européenne est envisageable. Pour les États-Unis, il faudra attendre les résultats des primaires et les résultats de l’élection présidentielle prévue le 5 novembre 2024 pour évaluer un éventuel changement de cap dans la politique étrangère de la première puissance mondiale.
Économie : Grèce et États-Unis, les deux vainqueurs de 2023
Avec la hausse des taux d’intérêt, avec la crise immobilière en Chine puis la guerre au Proche-Orient, le principe d’une récession mondiale était communément admis. Les États-Unis avec des taux directeurs de plus de 5 % devaient sombrer dans la léthargie économique et la zone euro avec des taux directeurs de plus de 4 % devaient renouer avec la crise des dettes souveraines. Or, ce scénario catastrophe n’a pas eu lieu. La croissance de l’économie mondiale a certainement atteint 3 % en 2023. L’inflation est en recul et le taux de chômage reste historiquement faible. Les grands indices boursiers se sont appréciés de plus de 15 % en moyenne. Le Nasdaq, l’indice des valeurs technologiques, a même gagné, en un an, plus de 50 %.
En prenant en compte comme indicateurs, l’inflation, le PIB, l’emploi et la performance boursière, l’hebdomadaire The Economist a classé 35 pays. Sur le podium de ce classement figurent la Grèce, la Corée du Sud et les États-Unis. Le Canada et le Chili se classent quatrième et cinquième. Parmi les pays les plus mal classés figurent des anciens champions économiques comme l’Allemagne, la Suède, la Finlande ou le Royaume-Uni.
Les pays ayant maîtrisé le mieux l’inflation sous-jacente (hors énergie et hors alimentation) sont le Japon et la Corée du Sud. La Suisse figure également parmi les bons élèves avec une inflation sous-jacente de 1,3 % sur un an en 2023. En Europe, cependant, de nombreux pays éprouvent les pires difficultés à sortir de la spirale inflationniste. L’inflation sous-jacente en Hongrie s’élevait, en novembre, à 11 % sur un an. La Finlande, qui dépend fortement des approvisionnements énergétiques russes, est également en difficulté. Les pays dont la banque centrale a réagi rapidement obtiennent les meilleurs résultats dans le processus de désinflation. Les États-Unis, la Corée du Sud et le Chili sont les trois pays ayant le mieux réagi face à la hausse des prix. Le Canada peut être également ajouté à la liste. En revanche, en Australie, la bataille contre la hausse des prix peine à prendre forme. L’inflation sous-jacente demeure encore vive dans plusieurs pays d’Europe dont l’Allemagne et la France. L’évolution des coûts salariaux dans ces deux pays pourrait même conduire à un rebond de l’inflation.
La croissance a ralenti en 2023 en lien avec la hausse des taux directeurs et la baisse de la productivité. Les pénuries de main-d’œuvre ont également pesé sur la croissance. Néanmoins, un nombre réduit de pays ont connu une diminution de leur PIB en 2023. L’Irlande a été un des pays les moins performants avec une baisse de 4,1 % mais le PIB irlandais est un indicateur peu fiable de la santé du pays. Il dépend des remontées des bénéfices des multinationales. L’instauration d’un impôt mondial sur les bénéfices et les pressions des États pour imposer localement ces derniers réduisent leur remontée en Irlande. Parmi les pays ayant enregistré une diminution ou une stagnation de leur PIB figurent l’Estonie, l’Allemagne et le Royaume-Uni. L’Estonie est directement confrontée à la contraction des échanges avec la Russie. L’Allemagne doit faire face à l’augmentation des coûts de l’énergie et à l’érosion de ses échanges avec la Chine qui, en outre, la concurrence en matière de ventes de voitures. Le Royaume-Uni peine à gérer sa sortie de l’Union européenne qui se traduit par une diminution des échanges et des investissements extérieurs. Les États-Unis ont, en revanche, surpris avec une croissance, en 2023, de plus de 2 %. Celle-ci est certes la conséquence d’un imposant déficit public, de plus de 7 points de PIB en 2023. Le Canada connaît également une augmentation de son activité sur fond de plein emploi. La croissance grecque aurait atteint plus de 2,5 % en 2023 quand celle de la zone euro ne devrait pas dépasser 0,5 %. Après dix années (2008-2018) de crise économique qui a amputé son PIB de 25 %, la Grèce connaît un rebond qui a surpris. La bonne tenue du tourisme explique en partie le niveau élevé de sa croissance. Ses obligations ne sont plus classées par les agences de notations financières comme des « junk bonds » (obligations pourries) et deux de ces agences, S&P’s et Fitch, ont même récemment relevé sa note. Le pays a accepté les réformes imposées par l’Union européenne, la BCE et le FMI. L’âge de départ à la retraite a été reporté à 67 ans dès 2010. Le FMI a souligné que l’économie est de plus en plus concurrentielle et a loué l’effort d’investissements dans le numérique des entreprises de ce pays. La dette demeure malgré tout élevée, à plus de 160 % du PIB. La corruption demeure prégnante comme l’a prouvé le scandale né après l’accident ferroviaire de mars dernier.
Sur le terrain boursier, les indices sont en forte hausse dans de nombreux pays. Ceux des États-Unis ont effacé les pertes de 2022. L’indice japonais Nikkei a gagné plus de 25 %, ce qui est une première depuis des années, le pays ayant connu un cycle déflationniste durant trente ans. Le marché grec est également en forte croissance avec une appréciation de plus de 20 %. En revanche, le marché boursier australien, qui dépend du cours des matières premières a reculé. Il en est de même pour le marché boursier finlandais, l’action Nokia continuant sa descente aux enfers.
2023 aura été une mauvaise année pour l’Allemagne et la Chine, deux champions de la décennie précédente. Leur modèle axé sur l’industrie et les échanges doivent gérer tout à la fois les normes environnementales, l’augmentation du coût de l’énergie et les tensions géopolitiques. Ces deux pays disposent néanmoins d’atouts majeurs, la force de leur secteur industriel et une R&D de qualité. En 2024, le match est ouvert pour savoir qui succéderont aux États-Unis et à la Grèce comme champions économiques de l’année.
Tensions au Proche Orient, quelles conséquences pour le transport maritime ?
En 2023, environ 24 000 navires ont emprunté le canal de Suez, représentant 10 % du commerce maritime mondial en volume, selon le courtier maritime Clarksons. 20 % du trafic mondial de conteneurs, près de 10 % du pétrole maritime et 8 % du gaz naturel liquéfié passent par ce canal dont l’ouverture date de 1869. Les attaques de missiles et de drones menées par des militants Houthis au Yémen contre des navires traversant le détroit étroit de Bab al-Mandab, reliant la mer Rouge au golfe d’Aden, contraignent de nombreux armateurs à changer la route maritime de leurs navires. Les entreprises de conteneurs représentant environ 95 % de la capacité qui traverse habituellement Suez, parmi lesquelles des géants comme le suisse MSC et le danois Maersk, ont suspendu leurs services dans la région. Quelques sociétés énergétiques comme BP ou Equinor, ont temporairement interdit à leurs navires d’utiliser le canal. Les compagnies maritimes détournent leurs navires autour de l’Afrique. Ce contournement rallonge le parcours de 31 à 40 jours entre l’Asie et l’Europe du Nord, provoquant des surcoûts importants. Il provoquera donc une augmentation des prix et des retards dans les approvisionnements.
Malgré tout, ce nouveau risque géopolitique ne devrait pas provoquer une crise de grande ampleur. Avec l’affaiblissement de la croissance, les tensions en matière d’approvisionnement sont faibles contrairement à l’époque ou l’échouage du navire d’Ever Given avait bloqué le canal durant plusieurs semaines. Lors de cet incident, la demande était forte après les confinements, l’offre étant désorganisée par la rupture des chaînes d’approvisionnement. Les tarifs d’expédition avaient connu une forte augmentation. L’indice mondial de Drewry, qui mesure le coût de transport d’un conteneur standard, avait atteint plus de 10 000 dollars en 2021, contre 1000 dollars avant la crise sanitaire. Sur certaines routes, les tarifs spot 20 000 dollars. Cette augmentation a contribué à porter les bénéfices nets combinés des compagnies maritimes en 2022 à 215 milliards de dollars, contre une perte cumulée de 8,5 milliards de dollars en 2016-19. Les bénéfices de l’armateur français CGM CMA ont dépassé 23 milliards d’euros en 2023.
Les attaques des Houthis ont provoqué une légère remonté de l’indice de Drewy. Il s’élevait à 1600 dollars le 21 décembre 2023, contre 1 300 un mois auparavant. Il s’élevait à plus de 2 100 dollars au début de l’année 2023. Face à une crise maritime, les compagnies de porte-conteneurs ont l’habitude de commander de nouveaux navires. Or, ceux commandés en 2021 commencent à entrer en service ce qui devrait limiter la hausse des coûts de transports. La capacité de la flotte mondiale a augmenté de 9 % cette année et elle progressera de 11 % en 2024, selon la banque ING. Du fait de la baisse des prix des transports et de la faible croissance du commerce international, les bénéfices du secteur sont en baisse de 80 % en 2023. Avec des capacités disponibles, l’exploitation de routes plus longues ne devrait donc pas provoquer les perturbations observées au plus fort de la crise du covid-19. Si la crise s’aggravait en mer Rouge, un doublement temporaire des tarifs de transports des conteneurs pourrait s’observer.
La bataille du câble
Lorsque les marines britannique, estonienne et finlandaise ont organisé un exercice conjoint dans la mer Baltique au début du mois de décembre leur objectif était la protection des réseaux sous-marins, gazoducs mais aussi câbles. Cet exercice faisait suite aux explosions subies par Nord Stream en septembre 2022 et par l’endommagement d’un câble de télécommunication en Mer du Nord potentiellement par un navire chinois au mois d’octobre 2023.
Les câbles sous-marins qui étaient auparavant destinés au téléphone sont devenus aujourd’hui des enjeux majeurs pour l’ensemble du secteur des technologies de l’information et de la communication. Jusqu’au début des années 2000, les opérateurs télécoms comme BT et Orange contrôlaient la majeure partie des câbles. En 2010, l’augmentation du trafic de données a conduit les géants de l’Internet et du cloud computing – Amazon, Google, Meta et Microsoft – à commencer à louer de la capacité sur ces lignes puis à en installer directement. Ces compagnies sont conscientes que les tensions géopolitiques risquent de remettre en cause le caractère mondial de leur activité en provoquant une segmentation du marché. Le contrôle des câbles constitue une priorité pour ces entreprises. Leur sécurisation est une nécessité pour les États compte tenu du rôle joué par le numérique dans la vie courante. Les canaux de données sous-marins transportent près de 99 % du trafic Internet intercontinental. 550 câbles sous-marins sont actifs ou en de cours de déploiement. Ce réseau s’étend sur plus de 1,4 million de kilomètres. Chaque câble, qui est généralement un faisceau de 12 à 16 fils de fibre optique et aussi large qu’un tuyau d’arrosage, tapisse le fond marin à une profondeur moyenne de 3 600 mètres. Près de la moitié ont été posés durant la dernière décennie. Les plus récents sont capables de transférer 250 térabits de données chaque seconde, l’équivalent de 1,3 million de vidéos. Si les données sont stockées dans le cloud, à un moment ou l’autre, elles circulent sous l’océan. Or le volume des données transportées est en forte progression. Depuis 2019, la demande de bande passante Internet internationale a triplé pour atteindre plus de 3 800 térabits par seconde. L’intelligence artificielle qui repose sur une exploitation d’un nombre impressionnant de données devrait accroître leurs échanges sur la planète. La capacité des centres de données des fournisseurs de cloud computing devrait être multipliée par trois au cours des six prochaines années. Pour connecter ces centres de données à Internet, entre 2020 et 2025, l’industrie du câble de données installera 440 000 km de nouvelles lignes sous-marines.
En 2012, les GAFAM utilisaient un dixième de la bande passante internationale ; aujourd’hui, c’est 75 %. Ils sont responsables de la quasi-totalité des investissements dans ce secteur. Amazon et Microsoft possèdent respectivement un et quatre réseaux de câbles. Meta possède un système de câble en totalité et investit dans 14 autres. Google possède directement 12 des 26 câbles qu’il utilisent. Il a lancé un projet de 360 millions de dollars visant à installer un câble sur plus de 14 000 km de la côte est de l’Amérique du Nord en passant par le Brésil jusqu’à l’Argentine.
Des progrès sont réalisés afin d’améliorer les quantités et la vitesse de circulation des données. En 2019, Google a introduit une innovation (« multiplexage par division spatiale ») qui a augmenté le nombre de fils de fibre dans un câble de 16 à 24. En 2023, il a doublé le nombre de « cœurs » (groupes de fils de fibre) dans son nouveau système de câble « TPU » qui relie Taiwan, les Philippines et les États-Unis. Cette innovation a réduit les coûts d’exploitation par bit transporté.
Les câbles sous-marins sont au cœur des tensions entre la Chine et les États-Unis. La création du Pacific Light Cable Network en 2016 visait à l’installation d’un câble de données de 13 000 kilomètres reliant les États-Unis à Hong Kong et devait être financé par Google et Meta. En 2020, il avait atteint les Philippines et Taiwan mais en 2022, le gouvernement américain a refusé d’approuver le dernier tronçon vers Hong Kong, craignant que les autorités chinoises puissent accéder aux données américaines. Des centaines de kilomètres de câbles entre Hong Kong et le reste du réseau sont inutilisés au fond des océans. Les États-Unis bloquent des projets chinois en interdisant l’exportation de certaines technologies ou la conclusion de certains contrats. L’entreprise chinoise HMM TECH dépendant du groupe Huawei qui détient 9 % de parts de marché du marché de l’installation des câbles, est de plus en plus exclue des appels d’offre américains et de leurs alliés. Les opérateurs sont amenés à contracter avec les trois entreprises occidentales qui détiennent 80 % des parts de marché (Alcatel Submarine Networks, NCA, SubCom). La Chine entend développer son propre réseau et a ainsi installé un câble sous-marin de 21 500 km reliant le Kenya à la France via le Pakistan. Ce câble constitue un des maillons de la « route de la soie numérique ». En 2023, China Telecom, China Unicom et China Mobile Limited ont annoncé un investissement de 500 millions de dollars dans un réseau câblé reliant la Chine et la France via Singapour, le Pakistan et l’Égypte. Le projet, qui sera construit par HMM Tech. La France constitue pour le moment une porte d’entrée des câbles chinois.
Malgré la rivalité sino-américaine croissante, la bande passante entre les deux pays a augmenté de 20 % par an entre 2019 et 2023. Les opérateurs mobiles américains et chinois n’ont pas limité la connectivité réseau sur leurs territoires respectifs mais les licences nécessaires deviennent cependant de plus en plus difficiles à obtenir. Au mois de mars 2023, la Federal Communications Commission américaine a publié une proposition qui obligerait les titulaires de licences à fournir des informations de plus en plus détaillées sur leurs propriétaires. La présence aux États-Unis d’infrastructures chinoises est de plus en plus perçue comme un risque pour la sécurité nationale. La tentation d’instituer des réseaux étanches est de plus en plus forte ce qui signerait la fin de l’Internet tel qu’il a été conçu depuis une trentaine d’années.