20 septembre 2024

Le Coin des tendances – chiens – chats – innovations – Europe – Jeunes

Pour un choc d’innovations en Europe !

L’Europe prendra-t-elle conscience que son manque de croissance est son principal problème ? Depuis la crise financière de 2007-2009, elle semble s’être complu dans la stagnation. Le rapport publié le 9 septembre dernier par Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne et ancien Premier ministre italien, souligne les menaces de déclin auxquelles est confrontée l’Union européenne et propose des solutions pour y remédier. Sur près de 400 pages, Mario Draghi présente un plan de refonte de l’économie européenne. Ce rapport sera-t-il suivi d’effets ou finira-t-il rapidement oublié, comme tant d’autres ?

Le rapport de Mario Draghi fait suite à un autre, publié en avril dernier par Enrico Letta, également ancien Premier ministre italien, et consacré au marché unique. Tous deux se concentrent sur la manière de rendre l’Europe plus compétitive et plus dynamique. Ils insistent sur la nécessité d’un effort accru en matière d’innovation et appellent à faciliter le financement des entreprises dans les secteurs des hautes technologies. Ils préconisent la fin des marchés fragmentés, en particulier dans le domaine financier. Mais les États membres sont-ils prêts à renforcer l’Europe ? Sont-ils disposés à constituer une véritable industrie de la défense et à engager les efforts budgétaires nécessaires ? Jusqu’à présent, l’Europe a vécu à l’ombre des États-Unis, une position qui lui a plutôt bien convenu. Aujourd’hui, avec le changement des priorités américaines, l’Europe doit s’affirmer. Par ailleurs, les retards accumulés ces dernières décennies se font de plus en plus sentir sur le niveau de vie des Européens. Le modèle européen, qui concilie liberté et justice sociale, est, aux yeux de Mario Draghi, sérieusement menacé. L’Union européenne tire une grande partie de sa richesse des échanges internationaux, mais ceux-ci sont de plus en plus touchés par la montée du protectionnisme. L’Europe pourrait devenir dépendante et dominée par des chaînes d’approvisionnement étrangères contrôlées par la Chine ou les États-Unis, notamment pour des ressources clés comme les terres rares ou les microprocesseurs.

Longtemps, les États européens ont pu se prévaloir de forts gains de productivité. Or, ce n’est plus le cas depuis une dizaine d’années. En 1995, la productivité européenne représentait 95 % de celle des États-Unis ; aujourd’hui, elle est inférieure à 80 %. Dans les technologies de pointe, comme l’intelligence artificielle, l’Europe semble avoir accumulé un retard considérable, difficile à combler. Ce retard freine l’innovation en Europe. De plus, le coût élevé de l’énergie, presque deux fois supérieur à celui des États-Unis, décourage les investissements. Les États européens ont perdu la bataille de la masse critique. Dans les années 1980, lorsque le marché unique prenait forme, l’économie italienne était à peu près aussi importante que celles de la Chine et de l’Inde réunies, comme le rappelle Enrico Letta. Aujourd’hui, l’écart est d’un à dix, au détriment de l’Italie. À l’époque, il semblait peu important que des secteurs comme la défense, l’énergie, la finance et les télécommunications restent des affaires nationales. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Mario Draghi propose un choc d’innovations conduit par l’Union européenne. À cette fin, il suggère que les pays mettent en commun leurs décisions et leurs financements en matière de recherche, tout en acceptant d’augmenter leurs dépenses. Il préconise la création d’agences européennes pour les projets de recherche avancée (ARPA), inspirées de l’agence américaine qui a joué un rôle crucial dans la création de technologies comme le GPS et Internet. Il plaide également pour une augmentation des investissements dans les institutions de recherche de premier plan.

Mario Draghi insiste aussi sur la nécessaire réforme du système de financement des entreprises. Si les grandes entreprises n’ont pas de mal à se financer, il en va tout autrement pour les jeunes entreprises, qui peinent à accéder au crédit et aux marchés financiers. En Europe, 75 % du financement des entreprises se fait par emprunt, contre un quart aux États-Unis, où les marchés de capitaux sont plus profonds et liquides. Les acteurs financiers européens sont conscients de la nécessité de créer une union des marchés de capitaux, avec la mise en place d’une grande place financière réunissant Paris, Francfort, Amsterdam et Milan. Les Européens doivent harmoniser leurs règles financières et de solvabilité, et encourager le développement de fonds de pension, qui sont des acteurs clés dans le financement des entreprises. Aux États-Unis, les actifs des fonds de pension représentent 173 % du PIB, contre 32 % dans l’Union européenne.

Mario Draghi regrette l’absence de grandes entreprises réellement européennes capables de concurrencer les mastodontes américains ou chinois. Il souligne l’importance d’améliorer le fonctionnement des marchés, en respectant les règles de la libre concurrence tout en évitant de bloquer certaines fusions. Il aurait, par exemple, été pertinent d’autoriser la fusion entre Alstom et Siemens.

Les propositions du rapport de Mario Draghi ont été bien accueillies, mais leur mise en œuvre s’annonce difficile. En ce qui concerne l’union des marchés de capitaux, les gouvernements ne semblent pas prêts à accepter des transferts de souveraineté au profit de l’échelon européen. Les projets de fusion transnationale dans le secteur bancaire restent également sensibles. Le 11 septembre, UniCredit, la deuxième banque italienne, a annoncé avoir acquis une participation de 9 % dans Commerzbank, la deuxième banque allemande, avec l’intention de l’augmenter. L’Allemagne autorisera-t-elle une telle fusion ? Au-delà de la finance, de nombreux secteurs restent nationaux. Les télécommunications, l’information et la défense sont encore relativement fermés à la concurrence et aux fusions.

L’application du programme de Mario Draghi pourrait entraîner une hausse des dépenses d’investissement, qui passeraient de 22 % à 27 % du PIB au sein de l’Union européenne. Cependant, cela nécessiterait un accroissement des dépenses annuelles estimé entre 750 et 800 milliards d’euros. L’ancien Premier ministre italien reconnaît qu’il sera difficile de recourir à un financement par emprunt communautaire, comme ce fut le cas avec le plan Next Generation, en raison de l’opposition des pays d’Europe du Nord.

Quand les gamelles remplacent les couches !

En 2023, les Américains ont dépensé 186 milliards de dollars pour leurs animaux de compagnie, selon le Bureau of Economic Analysis. Ce montant inclut la nourriture, les visites chez le vétérinaire, les jouets et les soins de toilettage. C’est plus que ce qu’ils ont dépensé pour la garde d’enfants. En France, ce poste de dépenses est estimé entre 6 et 10 milliards d’euros. Ce secteur attire de plus en plus les grandes entreprises de l’agroalimentaire et les fonds d’investissement. Mars, une entreprise mieux connue pour ses barres chocolatées, a réalisé les deux tiers de son chiffre d’affaires l’année dernière grâce aux soins pour animaux. Elle possède non seulement la marque de nourriture pour animaux Royal Canin, mais également plusieurs milliers de cliniques vétérinaires. Nestlé et Colgate génèrent également un cinquième de leur chiffre d’affaires grâce à leurs divisions pour animaux. En France, le marché des cliniques vétérinaires connaît depuis des années une consolidation rapide avec l’entrée de groupes financiers et de fonds d’investissement. Parmi les principaux acteurs financiers qui rachètent des cliniques vétérinaires en France figurent notamment IVC Evidensia, une entreprise britannique, Anicura, la filiale de Mars, MonVéto, un groupe français soutenu par le fonds d’investissement Ardian, et Univet, un groupe familial régional du sud de la France.

Les dépenses consacrées aux animaux de compagnie ont fortement augmenté avec la pandémie de Covid-19. De nombreuses personnes ont adopté un animal pendant et après la crise sanitaire. Entre 2019 et 2023, les dépenses liées aux animaux de compagnie ont augmenté de 11 % par an aux États-Unis en termes nominaux, contre 6 % pour les dépenses de consommation globales. Entre 2009 et 2018, la hausse des dépenses pour les animaux de compagnie était de 5 %. En France, la progression des dépenses atteint également 11 % par an, en partie à cause de la hausse des prix, mais elle reflète aussi un véritable engouement pour les animaux. Le nombre d’animaux de compagnie a fortement augmenté en France au cours des dix dernières années. De 2013 à 2023, le nombre de chats est passé de 10 à 12 millions, et celui des chiens de 7 à 7,5 millions. Les Français posséderaient par ailleurs près de 30 millions de poissons d’aquarium, 5 millions d’oiseaux et 2,5 millions de rongeurs.

Contrairement aux cours de yoga virtuels ou aux abonnements dans les salles de sport, les animaux ne sont pas destinés à être abandonnés. Ils représentent une responsabilité pour plusieurs années. Cependant, les ménages ont été confrontés à une hausse des prix des aliments pour animaux, plus forte que l’inflation moyenne. Plusieurs études, dont celle de la banque Morgan Stanley, montrent que les propriétaires d’animaux acceptent globalement ces hausses de prix et consacrent une part croissante de leur budget à leurs compagnons. Aux États-Unis, les dépenses des ménages pour leurs animaux pourraient atteindre plus de 260 milliards de dollars d’ici 2030. Cette augmentation s’explique par un changement de comportement des propriétaires, qui se considèrent de plus en plus comme des « parents » d’animaux, et non plus simplement comme des maîtres. « Les animaux sont passés du jardin au salon, puis à la chambre », explique Loïc Moutault, responsable de la division animaux de compagnie chez Mars. Les millennials, nés entre 1980 et 1996, ont moins d’enfants que les générations précédentes, tout comme la génération Z (1997-2012). Ils compensent ce manque par l’acquisition de chats et de chiens, auxquels ils offrent soins et cadeaux. Selon une enquête de l’American Pet Products Association réalisée en 2023, 95 % des propriétaires de la génération Z ont déclaré acheter un cadeau à leur chien au moins une fois par an, contre 81 % des baby-boomers. Le coût moyen de ces cadeaux était de 44 dollars chez les propriétaires de la génération Z, contre 17 dollars chez les baby-boomers. De plus, les nouveaux propriétaires dépensent davantage pour la nourriture de leurs animaux que les propriétaires de longue date.

L’essor du secteur des animaux de compagnie attise les convoitises des grands groupes de l’agroalimentaire et de la santé. Début septembre, Gilles Andrier, PDG de Givaudan, une société suisse spécialisée dans la production d’arômes et de parfums alimentaires, a déclaré que son entreprise envisageait de se tourner vers les aliments pour animaux de compagnie. « Les ménages dépensent plus d’argent pour les animaux de compagnie que pour les enfants », a-t-il expliqué. La baisse de la natalité favorise cette réorientation.

Des jeunes optimistes et engagés

Selon le Baromètre DJEPVA 2024, publié par le CRÉDOC et l’INJEP, 71 % des jeunes âgés de 15 à 30 ans déclarent, en 2024, que leur vie correspond à leurs attentes, un chiffre en hausse de 4 points par rapport à 2023. Cette augmentation reflète une relative amélioration de la satisfaction générale, bien que d’importantes disparités subsistent selon les caractéristiques sociales et professionnelles des jeunes.

Les jeunes diplômés semblent plus satisfaits de leur vie (78 %) que ceux qui ne possèdent qu’un diplôme équivalent au baccalauréat ou inférieur (65 %). Cette fracture souligne l’importance croissante du capital éducatif dans la construction d’une vie perçue comme épanouissante. De même, l’accès à l’emploi constitue, sans surprise, un facteur déterminant : 76 % des jeunes en emploi sont satisfaits, contre 54 % des jeunes au chômage. Les revenus familiaux jouent également un rôle central dans cette satisfaction. Parmi les jeunes issus de foyers disposant de revenus supérieurs à 2 200 euros par mois, 78 % se disent satisfaits, tandis que ce chiffre tombe à 65 % chez ceux vivant dans des foyers aux revenus inférieurs à 1 200 euros.

Une confiance réelle dans l’avenir

Malgré la succession rapide de crises ces dernières années, l’optimisme des jeunes ne faiblit pas. En 2024, 71 % des 15-30 ans se déclarent confiants pour les trois prochaines années, soit une hausse de 3 points par rapport à 2023. Cette confiance est plus marquée chez les hommes (76 %) que chez les femmes (67 %), traduisant un écart de perception lié aux inégalités de genre. De plus, les jeunes en situation de chômage expriment davantage de doutes sur leur avenir. En effet, 39 % des jeunes sans emploi se montrent incertains, mettant en évidence le lien fort entre précarité professionnelle et pessimisme.

Des jeunes de plus en plus engagés

Le bénévolat associatif connaît une augmentation significative, avec 30 % des jeunes déclarant s’investir dans une association au moins une fois par mois, soit une hausse de 5 points par rapport à l’année précédente. Cet engagement est plus marqué chez les hommes (34 %) que chez les femmes (26 %), en grande partie en raison d’une plus forte implication des hommes dans les associations sportives. Les Jeux Olympiques et Paralympiques pourraient renforcer cette tendance. Si cet engagement des jeunes dans le milieu associatif se confirme, il pourrait compenser la baisse du bénévolat chez les seniors. Par ailleurs, d’autres formes de participation citoyenne émergent : 41 % des jeunes ont signé une pétition ou défendu une cause en ligne au cours des 12 derniers mois, et 30 % ont participé à des manifestations ou des grèves. Ces chiffres témoignent d’une mutation de l’engagement, où le militantisme numérique et les actions ponctuelles prennent de plus en plus de place, en parallèle des formes plus traditionnelles comme le bénévolat régulier ou l’adhésion à des partis politiques. En revanche, la participation politique institutionnelle reste faible : seuls 18 % des jeunes ont adhéré à un parti politique ou à un syndicat. La syndicalisation des jeunes salariés demeure marginale, représentant moins de 3 % des moins de 30 ans.

L’emploi, la principale priorité pour les jeunes

L’une des principales préoccupations économiques des jeunes reste l’accès à l’emploi. En 2024, le taux de chômage des 15-24 ans s’élève à 18,1 %, soit plus du double de la moyenne nationale (7,5 %). Cette situation met en lumière la difficulté des jeunes à s’insérer dans un marché du travail en mutation, notamment dans un contexte de transition écologique et numérique. La précarité financière est également marquée : 16,4 % des 18-29 ans vivent sous le seuil de pauvreté, ce qui révèle une vulnérabilité économique persistante au sein de cette tranche d’âge.

Santé mentale : une préoccupation croissante

Le Baromètre DJEPVA met également en lumière des problématiques de santé mentale préoccupantes chez les jeunes. En 2021, 20,8 % des jeunes adultes (18-24 ans) ont déclaré avoir vécu un épisode dépressif au cours des 12 derniers mois, un chiffre en forte hausse par rapport aux 9,7 % de 2010. Cette évolution reflète la montée en puissance des troubles mentaux, exacerbés par les incertitudes économiques, les pressions sociales et l’isolement, notamment durant la pandémie de Covid-19. Les jeunes femmes sont particulièrement affectées, avec 12,8 % d’entre elles déclarant avoir déjà tenté de se suicider, contre 5,8 % chez les hommes.

Les données du Baromètre DJEPVA 2024 tracent un portrait plutôt positif des jeunes en France. Ces derniers se montrent optimistes, engagés et motivés pour s’insérer dans le monde professionnel. L’engagement citoyen, sous ses formes variées, apparaît comme un levier de résilience et d’action collective pour une jeunesse désireuse de s’impliquer activement dans la société. Cependant, les inégalités sociales et de genre demeurent des obstacles importants à une réelle égalité des chances.