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De la cybercriminalité à la cyberguerre
En France, depuis le début de l’année, plusieurs hôpitaux ont été attaqués par des hackers qui exigeaient des rançons. Depuis le mois de mai, le système de santé irlandais doit faire face à une attaque informatique générale. Dans ce second cas, les agresseurs ont menacé de divulguer les données volées, y compris les dossiers confidentiels des patients, à moins que le système de santé ne leur verse 16,5 millions d’euros. Pour le moment, le personnel de santé a été contraint de revenir à une gestion « papier ».
Les hackers ne se limitent pas à la santé. Le 7 mai dernier, aux États-Unis, ils ont attaqué Colonial Pipeline, une entreprise qui distribue près de la moitié du carburant utilisé sur la côte Est des États-Unis. Elle a été obligée d’interrompre ses livraisons, créant un début de panique chez les automobilistes qui se sont précipités pour faire le plein d’essence. Le président Joe Biden a été contraint de faire usage de ses pouvoirs d’urgence pour garantir la livraison d’essence. La société a payé une rançon de plus de 4 millions de dollars mais il a fallu plusieurs jours pour retrouver une situation normale. Apple et le premier producteur mondial de viande, JBS, ont été également concernés par de telles attaques. La cybercriminalité se développe tout comme le recours à des attaques informatiques par les États à des fins militaires. Les guerres contre l’Irak avaient donné lieu à de telles pratiques il y a vingt-trente ans. L’État israélien a développé des moyens d’actions à l’encontre de ses voisins. La Russie comme la Corée du Nord sont réputées pour disposer également de services spécialisés. La frontière entre actions étatique et criminalité n’est pas étanche.
Du renseignement à la guerre informatique
Avant Internet, le vol de documents officiels était complexe et exigeait du temps. Il fallait infiltrer les administrations, effectuer des copies et les sortir du territoire. Avec Internet, les vols sont rapides et peuvent concerner un très grand nombre de pièces. Robert Hanssen, un agent du KGB, a fourni des milliers de pages de documents classifiés à ses responsables mais sur une période de vingt ans courant de 1979 à 2001. Vasili Mitrokhin, archiviste du KGB, a dérobé 25 000 pages de documents entre 1972 et 1984, cachant des tonnes de documents sous le sol de sa datcha. Il a mis plus de huit ans pour les transmettre au MI6 britannique. En 2014, en quelques minutes, des hackers chinois ont pénétré l’Office of Personnel Management des États-Unis et ont eu accès aux dossiers de 21,5 millions de personnes. En 2020, grâce à une faille d’un logiciel de SolarWinds, un très grand nombre de ministères américains ont été piratés. Les autorités américaines ont été accusées d’écouter en temps réel les conversations de dirigeants alliés et d’accéder à des informations secrètes de manière industrielle. Les entreprises privées peuvent également faire l’objet d’attaques en provenance d’État étrangers. Ce fut le cas de Sony Pictures en 2014. La société japonaise a été piratée par la Corée du Nord qui souhaitait ainsi réagir à la suite d’une campagne de l’entreprise se moquant de Kim Jong Un. L’objectif était de bloquer toute activité pour Sony. En 2017, la Russie a lancé une cyberattaque contre des entreprises en Ukraine afin de nuire à l’économie du pays. L’attaque s’est propagée bien au-delà des frontières de l’Ukraine. Le coût de ces attaques a été évalué à 10 milliards de dollars. L’une des entreprises concernées était Mondelez International, un fabricant américain de snacks, qui a demandé une indemnisation à son assureur du préjudice subi. Ce dernier, Zurich American Insurance, a refusé de payer, sous prétexte que qu’il s’agissait d’un fait de guerre qui n’est pas pris en charge par les contrats d’assurance.
Les attaques contre les fonctions essentielles de l’État telles que les soins de santé et les infrastructures cruciales comme les pipelines obéissent à des logiques de guerre ou de terrorisme. De nombreux gangs proviendraient de Russie, au point que Joe Biden a demandé à Vladimir Poutine de s’engager plus fermement contre les cyberattaques. Ces dernières sont bien souvent réalisées autant dans une logique d’espionnage que par esprit véniel. Des agences plus ou moins financées par des États pourraient être à l’origine d’attaques qui désorganisent les structures politiques et sociales. Les vols d’informations à des fins militaires ou commerciales sont légion.
Les États se montrent pour le moment plus tolérants face à des attaques cybernétiques que face à celles de nature physique. Les représailles en cas d’opérations militaires sur des bâtiments ou des humains sont bien plus fortes que celle en cours quand il s’agit d’actions de piratage en ligne. L’attaque de cibles informatiques reste pour le moment contenue dans la sphère du virtuel. Ainsi, en avril 2020, la cyber-attaque iranienne présumée visant à augmenter les niveaux de chlore dans l’eau potable n’a suscité qu’une cyber-riposte israélienne relativement tiède contre un port iranien. De fait, si des commandos iraniens avaient attaqué des usines d’eau israéliennes, une guerre aurait pu éclater. Les forces israéliennes ont cependant lancé des frappes aériennes contre des sites à Gaza qu’elles associent aux cyberattaques du Hamas.
Les États-Unis selon l’Institut international d’études stratégiques, possèdent « des cyber-capacités offensives » plus développées que celles de tout autre pays. Ils auraient ainsi réussi à provoquer une panne d’électricité en Corée du Nord après l’attaque menée par celle-ci contre Sony Pictures. Les États mettent en place des cyber-forces capables de réagir rapidement afin de se prémunir d’attaques ou de lancer des opérations contre des cibles identifiées. À terme, l’engagement de guerres cybernétiques totales n’est pas à négliger. La Russie et la Chine admettent à peine avoir mené des cyber-opérations.
La cybercriminalité, une menace virtuelle bien réelle
La France serait un des pays les plus attaqués au sein de l’OCDE avec les États-Unis. Le préjudice des actions des hackers se seraient élevés à plus de 6 milliards de dollars en 2020. Le groupe d’assurances AXA a annoncé qu’il cessait de rédiger des polices permettant le remboursement des paiements de rançons. Les entreprises françaises sont mal préparées et mal outillées pour faire face à ces opérations de racket. Elles sont souvent plus vulnérables par absence de prise de conscience des risques et des capacités de pénétration des systèmes par des hackers.
La cybercriminalité bénéficie de l’appui d’entreprises légales qui vendent leurs services et leurs solutions permettant de mener des attaques. Selon le classement des « cyber-pouvoirs » offensifs créé par le Belfer Center de l’Université Harvard en 2020, Israël, l’Espagne l’Iran, les Pays-Bas et l’Estonie figurent après la Chine et la Russie parmi les États où il est le plus facile de se procurer des logiciels d’attaque.
La cybersécurité, un enjeu majeur
La cybersécurité accapare des sommes de plus en plus importantes. Microsoft estime que les dépenses annuelles en logiciels antivirus, pare-feu et autres étaient d’environ 124 milliards de dollars en 2020, en hausse de 64 % en cinq ans. En 2020, Munich Re, une société de réassurance, a estimé que le marché de la cyber-assurance valait 7 milliards de dollars et pourrait valoir 20 milliards de dollars d’ici 2025. Selon Accenture, les assureurs sont tentés de conclure des accords avec les pirates afin de limiter les coûts avec le risque de les inciter de multiplier les attaques.
Les hackers utilisent de plus en plus les cryptomonnaies comme moyens de paiements. En 2020, 350 millions de dollars de paiements en crypto-monnaie en leur faveur ont été comptabilisés, soit quatre fois plus que l’année précédente. Les pirates préfèrent les nouvelles crypto-monnaies telles que Monero ou Zcash, conçues dans un souci de confidentialité, au bitcoin. Le fait que sa blockchain rende publiques les transactions utilisant des « portefeuilles » de bitcoins a aidé la police américaine à récupérer environ la moitié de la rançon du Colonial Pipeline après son paiement. Les États tentent de contrôler de plus en plus ces nouveaux moyens de paiement afin de remonter les filières criminelles.
La biodiversité, l’autre défi environnemental
L’équilibre environnemental de la planète dépend de nombreuses interactions de l’écosystème. Grâce à la photosynthèse, les arbres et autres plantes absorbent du carbone et pompent de l’oxygène. Ce faisant, ils éliminent environ 11 milliards de tonnes de dioxyde de carbone de l’atmosphère chaque année, ce qui équivaut à 27 % de ce que l’industrie humaine et l’agriculture émettent. Les océans absorbent, de leur côté 10 milliards de tonnes. Plus de 75 % des cultures vivrières mondiales, dont le café, le cacao et les amandes, sont pollinisées par les animaux sauvages. Le réseau complexe qui sous-tend chaque chaîne alimentaire et chaque écosystème signifie que la gamme étroite d’espèces que les humains mangent et exploitent ne peut être maintenue sans l’existence d’une bien plus grande diversité d’animaux, de plantes et de bactéries. Le maintien de forêts constituées d’un grand nombre d’espèces est plus efficace que les surfaces en monocultures. Le thon qui est un des poissons le plus consommé a besoin pour se nourrir de de zooplanctons. À l’âge adulte, le thon mange également des calmars et des crustacés. La présence du thon est conditionnée à cette longue chaîne alimentaire qui est actuellement menacée par la pollution, le réchauffement des eaux et la surpêche.
Depuis les années 1990, alarmés par des études montrant un déclin rapide des espèces animales et végétales dans le monde, des experts évoquent une extinction massive imminente. Sixième dans l’histoire de la Terre, cette extinction diffère de toutes celles qui l’ont précédé car d’origine humaine. L’IPBES (la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, similaire au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a publié son évaluation de l’état de la biodiversité mondiale en 2019 qui souligne qu’environ un million d’espèces animales et végétales sur les huit millions répertoriées étaient considérées comme menacées d’extinction, bien plus qu’à tout autre moment de l’histoire de l’humanité. Au moins 9 % des 6 200 espèces de mammifères avaient disparu en 2016, et au moins 1 000 autres sont menacées. Seuls 23 % des espèces et 16 % des habitats sont dans un état de conservation favorable. Plus d’un tiers de la superficie continentale et près des trois quarts des ressources en eau douce sont utilisés pour produire des cultures ou du bétail. Un tiers des stocks de poissons marins étaient exploités de manière non durable.
La crise de la biodiversité représente un risque aussi grand pour les sociétés humaines que le changement climatique. En étant plus difficile à quantifier, elle fait l’objet de moins d’attention que celle du changement climatique. Les réseaux qui relient les espèces au sein et entre les écosystèmes sont encore plus complexes que les processus qui entraînent le changement climatique. Les deux problèmes sont néanmoins liés. De nombreuses espèces éprouvent des difficultés à se nourrir en raison du réchauffement de la planète. Les poissons sont les plus exposés à ce phénomène. Le changement de leur environnement peut également mettre en danger certaines espèces comme la fonte des banquises pour les ours blancs.
Les États occidentaux ont adopté des lois afin de préserver la biodiversité. La France a adopté la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages en 2016 qui a servi de base pour l’élaboration du plan biodiversité de 2018. Un office de la biodiversité a été créé et placé sous la tutelle du ministère de l’Agriculture et de celui de la Transition énergétique.
Le 8 juin 2021, le Parlement européen a voté la stratégie de l’Union européenne (UE) pour la biodiversité à l’horizon 2030 en reprenant les recommandations de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques. Selon le rapport du Parlement, de nombreux objectifs de protection de l’environnement prévus de 2010 à 2020 (directives « Oiseaux » ou « Natura 2000 », par exemple), n’ont pas été atteints.
Pour 2030, le Parlement européen a retenu les objectifs suivants :
- Protéger au moins 30 % des zones marines et terrestres de l’UE (forêts, zones humides, tourbières, prairies et écosystèmes côtiers), contre 15 % aujourd’hui ;
- Laisser intacts 10 % des océans et des terres de l’UE, y compris les forêts primaires et anciennes et les autres écosystèmes riches en carbone ;
- Réviser en urgence l’initiative de l’UE sur les pollinisateur afin de mettre en place un nouveau cadre de surveillance des abeilles et autres pollinisateurs dans toute l’Union ;
- Créer une plateforme européenne pour le verdissement urbain avec des objectifs contraignants : quota minimal de toitures végétalisées, soutien à l’agriculture urbaine, interdiction des pesticides chimiques, par exemple ;
- Affecter au moins 25 % des terres agricoles à l’agriculture biologique (nouvelle fenêtre) ;
- Réduire de 50 % l’utilisation des pesticides plus dangereux et chimiques, et interdire celle des herbicides à base de glyphosate après décembre 2022.
Les eurodéputés ont demandé que les objectifs soient inscrits dans un accord pour la biodiversité lors de la prochaine conférence des Nations unies, en octobre 2021. Ils estiment que les États membres devraient consacrer chaque année 20 milliards d’euros à la biodiversité afin d’atteindre les objectifs retenus.
La moitié des Français ne consomment pas à leur guise
Selon l’institut Crédoc, La proportion de Français déclarant « s’imposer régulièrement des restrictions » se situe entre 50 et 65 % depuis les années 1970. Près de 13 % des ménages déclarent se restreindre sur tout (alimentation, habillement, logement, loisirs, dépenses pour les enfants, vacances, etc.). En période de récession, ce taux a tendance à progresser. L’augmentation du niveau de vie des ménages durant le dernier quart de siècle n’a pas modifié leur appréciation sur le sujet. Les Français s’estiment majoritairement contraints dans leur consommation. Cette insatisfaction est à mettre en parallèle avec l’évolution des besoins et l’augmentation de certains postes de dépenses dont celui du logement. Depuis le début des années 1980, la part consacrée au logement a progressé de 5 points. Par ailleurs, les frais d’abonnement, télévision, Internet, ont également augmenté tout comme les frais de transports pour une partie de la population. Les arbitrages à réaliser dans le budget sont mal vécus par la population. La stagnation des salaires peut également expliquer ce sentiment. Le système de communication plus intrusif alimente les besoins de manière plus prononcée que dans le passé. Pour certains sociologues, ce sentiment serait à mettre sur le compte de la baisse du plaisir procuré par la consommation. Pour retrouver le niveau de satisfaction passé, il faut consommer de plus en plus, générant un phénomène de frustration.
Pour les ménages qui se restreignent le moins en matière de consommation, les postes concernés sont ceux dits essentiels comme le logement, l’alimentation, les dépenses pour les enfants et les soins médicaux. Les privations concernent essentiellement les loisirs, les vacances, l’habillement et les équipements ménagers. Depuis 1978, la proportion de ménages faisant des restrictions en matière de vacances a plus que doublé. Ce sentiment s’explique par les difficultés financières générées par les crises et par le fait que l’appétence des familles aux vacances a fortement progressé. Les restrictions de dépenses concernent également la voiture dont la possession et l’utilisation coûtent de plus en plus cher.
En cas d’augmentation des revenus, plus de 79 %ménages qui aujourd’hui déclarent devoir se restreindre, épargneraient une partie de celle-ci. Le reste serait affecté essentiellement aux vacances et aux loisirs. 78 % des ménages souhaitent privilégier les dépenses de vacances et 76 % celles liées aux loisirs. L’augmentation des dépenses d’alimentation arrivent en fin de classement. Précaution et plaisir semblent donc être les priorités des ménages français qui déclarent ne pas pouvoir consommer à leur guise. Les résultats de l’enquête du Crédoc confirment les statistiques de l’INSEE après la mise en place du plan en 2019 par le Gouvernement après la crise des gilets jaunes. Les 17 milliards d’euros distribués par les pouvoirs publics avaient eu peu d’effets sur la consommation de biens. En revanche, le taux d’épargne avait augmenté…