15 novembre 2024

Le Coin des tendances – Donald Trump – gaz naturel liquéfié

Pourquoi les marchés plébiscitent-ils Donald Trump ?

L’élection de Donald Trump en 2024 s’est accompagnée de la hausse des principaux indices boursiers américains, de l’appréciation du dollar et de la montée des taux des bons du Trésor. Les promesses de baisses d’impôts et de déréglementation sont perçues comme des moteurs potentiels de croissance économique à court terme. Cependant, le risque de droits de douane accrus et de restrictions sur l’immigration pourrait entraîner une hausse de l’inflation. En ce début novembre, les investisseurs privilégient des gains à court terme, mais l’incertitude demeure ; Donald Trump restant imprévisible. Bien que favorable à des droits de douane élevés, il pourrait les utiliser comme moyen de pression pour obtenir des concessions de pays étrangers. Malgré ses pouvoirs accrus au Congrès, il devra également composer avec les Républicains modérés, peu enclins au protectionnisme.

Le programme économique de Donald Trump en 2024 s’articule autour de quatre axes principaux : réduction des impôts, déréglementation, augmentation des droits de douane et réduction de l’immigration.

Réduction des impôts

L’un des aspects les plus positifs pour les investisseurs est l’abandon des hausses d’impôts prévues par Kamala Harris, qui envisageait une augmentation du taux d’imposition des sociétés de 21 % à 28 % et une taxe sur les plus-values latentes. Donald Trump promet de prolonger les réductions d’impôt sur le revenu instaurées en 2017 et évoque la possibilité de baisser le taux d’imposition des sociétés, potentiellement à 15 %, et d’abolir l’impôt sur les pourboires. Toutefois, le Congressional Budget Office estime que le déficit budgétaire pourrait atteindre 6 % du PIB au cours de la prochaine décennie, un niveau préoccupant en période de paix et de croissance. Ces réductions d’impôts pourraient donc être limitées face aux défis financiers du pays.

Déréglementation

Donald Trump prévoit un vaste plan de déréglementation et pourrait collaborer avec Elon Musk, PDG de Tesla, pour piloter une « commission sur l’efficacité gouvernementale ». Il entend alléger les contrôles sur l’intelligence artificielle et réduire la transparence imposée aux entreprises de cryptoactifs, visant à faire des États-Unis « la capitale mondiale des cryptomonnaies ». Les sociétés énergétiques bénéficieront également de plus de liberté pour exploiter les ressources nationales, notamment le gaz naturel, et le soutien aux énergies renouvelables pourrait diminuer, affectant la performance boursière des entreprises dans ce secteur.

Augmentation des droits de douane

Les droits de douane sont un pilier central du programme économique de Trump depuis des années. En 2024, il s’engage à augmenter de 10 à 20 % les droits de douane sur toutes les importations américaines et à 60 % pour les produits chinois. Des hausses de droits sont également envisagées pour les voitures en provenance du Mexique, des mesures qui feraient grimper les tarifs à des niveaux inédits depuis 1945. Les économistes craignent que cette politique n’entraîne une hausse des prix à la consommation, une baisse de l’investissement et un ralentissement de la croissance. Le protectionnisme de Trump pourrait également déclencher des représailles commerciales, notamment de l’Union européenne et de la Chine.

Réduction de l’immigration

La réduction de l’immigration est un autre volet majeur du plan de Donald Trump. Il prévoit d’expulser des millions de migrants, un projet qui pourrait réduire le PIB américain de 7 % d’ici 2028, selon le Peterson Institute for International Economics. Cependant, les États démocrates pourraient résister à cette politique, et les entreprises, confrontées à des pénuries de main-d’œuvre, exerceront probablement des pressions pour augmenter les quotas d’immigration.

Un programme inflationniste et ses conséquences

Le programme économique de Trump est perçu comme inflationniste, en raison des baisses d’impôts, de la hausse des droits de douane et des restrictions sur l’immigration. La montée des taux des bons du Trésor après son élection reflète les inquiétudes des investisseurs face à une possible intervention de la Banque centrale pour contenir l’inflation. Cela pourrait mener à une crise entre le président et la Fed, Donald Trump ayant exprimé son souhait de voir le président américain jouer un rôle dans la politique monétaire.

En comparaison avec son premier mandat, Donald Trump semble mieux préparé, avec une équipe élargie et un programme détaillé. Ayant remporté l’élection avec une confortable avance, il pourrait se sentir plus libre d’exécuter ses plans. Réponse après le 20 janvier 2025 !

Le gaz naturel liquéfié : la bataille de l’artique

En 2021, le gaz acheminé vers l’Europe via les gazoducs représentait 69 % des 200 milliards de mètres cubes (bcm) d’exportations totales de la Russie. Avec la fermeture de ces gazoducs, l’avenir de l’industrie gazière russe dépend désormais de sa capacité à produire davantage de gaz naturel liquéfié (GNL) et à l’exporter vers d’autres marchés. En octobre, la Russie a continué d’exporter d’importants volumes de gaz et de pétrole à des prix décents. Cependant, avec l’hiver, les ventes risquent de diminuer, car la Russie ne pourra pas exploiter son nouveau terminal « Arctic LNG 2 ». En raison d’un manque de navires et de clients, ce terminal est, en effet, à l’arrêt pendant les mois d’hiver.

Arctic LNG 2 comporte trois « trains » de liquéfaction, capables de produire 27 bcm par an. Ce terminal innove en utilisant des plateformes flottantes en béton, chacune de la taille de huit terrains de football. Les pièces des plateformes ont été préassemblées à 2 000 km du site, puis assemblées sur place en Sibérie, à la manière de blocs Lego. Arctic LNG 2 est un prototype pour de nombreux autres projets de terminaux GNL en Russie, avec un objectif national de production de 100 millions de tonnes de GNL par an d’ici 2030, soit l’équivalent de 142 milliards de mètres cubes regazéifiés.

Depuis l’invasion de l’Ukraine, les pays occidentaux ont tenté de freiner le développement des infrastructures gazières russes. En mai 2022, l’Union européenne a interdit la fourniture de technologies occidentales au terminal Arctic LNG 2, suivie par les États-Unis 18 mois plus tard. La société russe Novatek, en charge du projet, avait toutefois déjà reçu une grande partie des équipements nécessaires pour les deux premiers trains avant l’application des sanctions. Bien qu’il manquait 16 turbines américaines pour faire fonctionner les trains, Novatek a modifié les plateformes pour les adapter à des turbines chinoises, fournies discrètement. Le train 1 a démarré en janvier 2024, et le lancement du train 2 est prévu pour début 2025, avec un léger retard.

Situé en Sibérie, le terminal Arctic LNG 2 dépend de navires capables de naviguer dans des eaux gelées. Novatek s’appuie sur des pétroliers Arc7, conçus pour traverser la glace. Avant la guerre, Novatek avait commandé six navires de ce type au chantier naval sud-coréen Hanwha Ocean et quinze autres au chantier russe Zvezda. Trois des navires sud-coréens sont déjà construits, mais les sanctions ont empêché leur livraison. En février, Hanwha a tenté de vendre ces navires à une filiale de Novatek basée à Dubaï, mais la transaction a été annulée après sa découverte par les États-Unis. Par ailleurs, trois autres Arc7 de fabrication japonaise ne peuvent pas être utilisés pour Arctic LNG 2 en raison des sanctions.

En attendant, seuls deux navires fabriqués en Russie sont presque achevés, bien que les livraisons aient été retardées à plusieurs reprises en raison de la pénurie de pièces. En l’absence des Arc7, Novatek a constitué une « flotte noire » de vieux pétroliers conventionnels pour transporter le gaz et le pétrole durant l’été. Ces navires, détenus par des sociétés écrans basées en Inde ou dans le Golfe, sont au nombre d’une douzaine. Malgré des transpondeurs falsifiés, les États-Unis les surveillent par satellite et les ajoutent systématiquement sur des listes noires. Plusieurs acheteurs ont annulé leurs commandes, craignant des représailles américaines, et certains navires chargés de gaz ne peuvent pas trouver de ports en Inde ou en Chine, car les entreprises chinoises de GNL, qui dépendent de financements en dollars, hésitent à enfreindre les sanctions. Même avec des remises de 40 %, elles se montrent réticentes, surtout pour les navires suivis par satellite.

Les Russes espèrent que le retour de Donald Trump à la Maison Blanche pourrait entraîner un assouplissement des sanctions. Avec l’arrivée de nouveaux méthaniers et l’augmentation de la production américaine, les prix du GNL devraient fortement baisser en 2025. Cette baisse des prix serait une bonne nouvelle pour les consommateurs, à condition que les fournisseurs d’énergie et les États répercutent cette réduction.