Le Coin des Tendances du 19 mars 2016

La polyphonie des écrans

Le temps de l’écran de télévision fédérateur de toute la famille a vécu. Le nombre d’écrans sur lesquels les membres d’une même famille peuvent regarder la télévision, consulter Internet ou jouer à des jeux vidéo explosent. En 2015, chaque foyer dispose en moyenne 6,4 écrans…

Chaque jour, nous passons notre temps à jongler d’un écran à l’autre.

60,9 % des Français ont au moins un contact quotidien avec l’ordinateur et 59,7 % avec le téléphone mobile pour consulter des contenus média et multimédia. Ce multi-équipement augmente les sources d’information dans les familles. Même si son rôle baisse, la TV demeure néanmoins, de loin, l’écran le plus regardé mais son usage baisse surtout chez les plus jeunes. 86,6 % des Français la regardent chaque jour contre plus de 89 % il y a 5 ans. Chez les 13-34 ans, la baisse est beaucoup plus forte. Ils ne sont plus que 79 % à regarder chaque jour la TV. Ils sont, en revanche, 69,3 % à utiliser quotidiennement un ordinateur (60,9 % pour l’ensemble de la population). Ils sont 75,2 % à utiliser chaque jour leur mobile pour aller sur Internet contre 59,7 % pour l’ensemble de la population. Enfin, 14,3 % des 13-34 ans recourent à une tablette chaque jour contre 10,8 % pour l’ensemble de la population.

L’usage des écrans et des médias diffère tout au long de la journée. La radio est désormais cantonnée au réveil et au début de matinée ainsi qu’aux trajets en voiture. Le téléphone portable sert de moins en moins de « téléphone » il est avant tout utilisé  pour se connecter aux médias le matin  durant les transports en commun et tout au long de la journée pour envoyer des mails et des messages. L’ordinateur est le champion incontesté des heures de bureau et d’études. A midi, la télévision connait son premier pic avant d’être un leader encore incontesté entre 18 heures et minuit. Le pic d’affluence est atteint à 21 heures ce qui explique pourquoi les chaines privées ont, ces dernières années, reculé leurs pages publicitaires qui auparavant se situaient autour de 20 H 30 / 20 H 40. La tablette joue le rôle de deuxième écran et permet aux enfants de s’affranchir du programme familial unique. L’utilisation de la tablette progresse fortement après 20 heures 30 et persiste après 21 heures. Ce sont les jeunes générations qui recourent à ce support après le dîner soit pour s’informer, soit pour être sur les réseaux ou pour regarder des vidéos. Par ailleurs, l’utilisation combinée de deux écrans se multiplie. Le Smartphone est utilisé, en parallèle, avec tous les autres écrans.

Les jeunes de 18-24 ans sont tout naturellement les plus accrocs des Smartphones. Ils sont équipés à 82 % et 88 % n’imaginent pas la vie sans. L’instrument permet d’accéder aux médias, aux réseaux, à ses tribus. Il est fréquemment utilisé par les jeunes la nuit. Il sert aussi de réveil le matin, de lecteur de musique et de vidéos, de jeux… et accessoirement, de téléphone. 86,7 % des 15-24 ans ne se séparent pas de leur portable durant la journée, le smartphone est devenu presque vital. A 10 heures, 28,2 % sont connectés à leur mobile, 33,3 % à midi et 36,8 % à 19 heures. Jusqu’à 21 heures, on dénombre encore 30 % qui utilisent leur mobile.

Néanmoins, l’ordinateur est considéré comme plus important que le portable qui est même devancé par la télévision. Le téléviseur arrive au deuxième rang des préférences, en raison du confort de visionnage que procure la large taille de l’écran et la qualité de l’image. Le téléphone portable, lui, n’arrive qu’au 3^ème rang des écrans préférés mais c’est en grande partie du fait qu’il est un élément incontournable du quotidien, tout à la fois instrument de communication avec les parents qu’outil de loisirs.

En termes de croissance pour l’accès aux médias, le téléphone mobile enregistre une très forte croissance depuis 2008 en ayant gagné près de 5 millions d’utilisateurs. Ce résultat est la conséquence d’un équipement croissant en Smartphones.

Les Français veulent aujourd’hui s’informer et se divertir n’importe où, n’importe quand, quel que soit le terminal utilisé, notamment à l’aide des écrans mobiles. Ce phénomène est résumé par l’acronyme anglais ATAWAD (AnyTime, AnyWhere, AnyDevices).

 Les 15-24 ans, des connectés pluridimensionnels

20 % des jeunes de 15 à 24 ans regardent la télévision sans passer par le sempiternel poste. Ils recourent à la tablette, à l’ordinateur voire au Smartphone (16 % regardent la télévision en live sur leur ordinateur, 8 % sur leur tablette et 6 % sur leur smartphone). Les frontières entre les écrans et entre les médias disparaissent  avec comme principe « la télé que je veux, où je veux, quand je veux ».

 Les réseaux sociaux ne suffisent pas à assouvir les besoins de communiquer

Près de neuf jeunes sur dix sont inscrits sur au moins un réseau social. Facebook, règne en maître avec 76 % d’adeptes contre 33 % pour Snapchat, 24 % pour Twitter et 18 % pour Instagram. Ces réseaux s’imposent comme vecteurs  de communication mais aussi comme outils d’identification sociale (appartenance à un groupe, à une tribu…). 46 % des jeunes suivent des pages d’artistes et 30 % des marques commerciales. La communication via les réseaux ou via SMS prime sur les appels téléphoniques (respectivement 42 %, 70 % et 37 %).

La vidéo un marqueur de la jeunesse

53 % regardent des vidéos chaque semaine. Le smartphone facilite cette consommation de mini-programmes attractifs et aux formats très courts.

Si les jeunes sont également et surtout plus accros aux jeux vidéo que leurs aînés (65% ont joué au cours du dernier mois), les 25-34 ans et les 35-49 ans les suivent de près (56% pour chacune de ces populations). Les plus de 50 ans sont plutôt assez réfractaires à ce type de d’activité.

Le cinéma, l’activité « hors écran »

Comme activité extérieure, le cinéma fait de la résistance chez les jeunes. Cette sortie est synonyme de convivialité. 88 % des jeunes de 15-24 ans affirment être allés au moins une fois dans l’année voir un film dans une salle de cinéma. Au-delà de la convivialité, ils mettent en avant l’évasion, le confort de visionnage. Les concerts arrivent loin derrière avec 34 % des jeunes seulement qui en ont vu au moins un dans l’année. Les jeunes vont voir 6 films par an en moyenne, soit 3 films de moins que dix ans plus tôt.

La radio n’est plus « in » mais n’est pas complètement « out »

La radio n’est plus le média phare des jeunes après le dîner comme pour les jeunes générations des années 60 et 70 mais elle reste un média important. Elle suit les jeunes tout le long de la journée même si elle est de plus en plus concurrencée par le streaming. Les jeunes privilégient les radios musicales afin de découvrir de nouveaux artistes mais aussi pour s’informer à l’occasion. Trois jeunes sur dix s’informent via les flashes des musicales (base 18-24 ans), 19 % via les généralistes. Au global, compte tenu du fait que certains écoutent les deux genres de stations, 40 % s’informent via la radio.

C’est déjà demain sur les réseaux

Sur les réseaux sociaux, la mode est au « live streaming social ». De plus en plus d’artistes s’y mettent mais cela concerne également tous les Internautes. Des rendez-vous « vidéo » en direct sont ainsi fixés permettant à une tribu de se retrouver par l’intermédiaire d’une  plateforme, Facebook par exemple. La réalité virtuelle s’intègre de plus en plus au social media. De plus en plus de marques recourent à des vidéos à 360° au sein des réseaux. L’arrivée de l’Oculus Rift devrait démultiplier les possibilités de vivre des expériences 360° de manière sociale, entre amis ou avec des inconnus.

Les réseaux sociaux développent des boutons d’achats sur leurs plateformes afin d’être redirigés vers des sites marchands. La plateforme Pinterest avec le « Buyable Pin » devrait permettre d’effectuer ses achats directement sur la plateforme.

Facebook entend prendre pied sur le marché professionnel en développant « Facebook@Work », un réseau interne pour les professionnels. De son côté, Twitter qui peine à réinventer son modèle et à dégager des bénéfices pourrait bien abandonner le principe des 140 caractères. L’objectif serait de concurrencer tout à la fois Facebook et Snapchat.