Le Coin des tendances du 1er juin 2019
Les délicates équations économiques de l’Afrique
L’Afrique devrait devenir, d’ici la fin du siècle, le continent le plus peuplé avec plus de 4,5 milliards d’habitants contre 1,3 milliard en 2018. En 2050, la population africaine représentera plus du quart de la population mondiale ; en 2100, ce sera 40 %. Ainsi, en un siècle, l’Afrique quadruplera son poids démographique quand le reste de la population mondiale ne connaîtra qu’une croissance de 50 %. Les pays africains seront les derniers à enregistrer une forte augmentation du nombre de leurs habitants. En effet, d’ici 2100, la Chine devrait enregistrer un recul démographique de 26 %. L’Inde ne devrait s’accroître que de 15 %. Au sein des pays occidentaux, seuls les États-Unis et le Royaume-Uni devraient connaître une croissance substantielle de leur population (respectivement +38 % et 23 %). Celle de l’Allemagne devrait être en baisse de 14 % tout comme celle de la Russie. Pour le Japon, la contraction serait de 33 %. La population française pourrait, en revanche, augmenter d’ici 2100 de 11 %. L’Europe devrait voir baisser sa population de 4 %. Sans l’Afrique, la population mondiale serait amenée à stagner de maintenant jusqu’à la fin du siècle.
Du sous-peuplement à une croissance démographique exponentielle
L’Afrique a été longtemps un continent sous-peuplé. Sa population a stagné au cours du XIXe siècle, autour de 110 millions quand celle de l’Europe est passé de 195 à plus de 420 millions. La stagnation de la population africaine s’explique en partie par la traite des noirs qui a concerné 10 millions de personnes. En privant le continent de nombreux jeunes dans la force de l’âge, la traite a joué un rôle non négligeable dans l’évolution démographique de l’Afrique durant plusieurs décennies.
Dans les prochaines décennies, de nouvelles puissances démographiques apparaîtront. Le Nigéria devrait ainsi compter en 2100 près de 800 millions d’habitants, La République Démocratique du Congo, près de 400 millions. De son côté, la population de la Tanzanie s’élèverait à 300 millions, celle de l’Ouganda à 215 millions et celle du Niger à 190 millions.
Cette progression exponentielle de la population ne doit pas masquer le fait que jusqu’à maintenant le continent africain était sous-peuplé. La densité est faible, 41,2 habitants par kilomètre carré soit moins que la moyenne mondiale (57,4). Elle est très nettement inférieure à la densité chinoise (147) ou celle de l’Inde (445). En 2100, la densité de l’Afrique ne sera que de 152. Pour certains économistes, la faible densité de population, ajoutée aux problèmes de transports en raison de la difficulté de traverser le Sahara, expliquent le retard de développement de l’ensemble du continent. Par ailleurs, l’éloignement à la mer et des routes marchandes ancestrales sont des facteurs à prendre en compte.
La croissance démographique africaine repose sur la vitalité de la fécondité dont le taux est de 4,7 enfants par femme (1,8 en France). Ce taux a commencé à baisser mais reste au-dessus de la moyenne mondiale (2,5). En 1960, il était de 6,7. La lente décrue de la fécondité serait liée à une acceptation plus difficile qu’en Asie et en Occident des moyens contraceptifs. Le poids des religions, la faiblesse du niveau d’éducation, l’insuffisance du maillage médical, les rivalités nationales ou infranationales expliqueraient cette spécificité africaine. L’augmentation de la population est également imputable, comme cela avait été le cas en Europe dès la fin du XVIIIe siècle, au recul de la mortalité infantile. L’espérance de vie a augmenté passant de 42 à 62 ans en vingt ans.
Le défi de l’urbanisation
L’Afrique est le continent le moins urbanisé. 41 % de la population vit dans les villes quand le taux moyen à l’échelle mondiale est de plus de 50 % et qu’il est supérieur à 75 % au sein des pays avancés. En 1960, l’Afrique comptait 3 villes de plus d’un million d’habitants. Ce nombre est passé à 54 en 2015 et pourrait atteindre 100 en 2030. Lagos au Nigéria devrait voir sa population passer de 17 à 24 millions de 2018 à 2030. Abidjan, en Côte d’Ivoire devrait atteindre près de 8 millions d’habitants contre 5 millions actuellement. Cette urbanisation galopante se caractérise par le développement des bidonvilles. Ces derniers concentrent 75 % de la population urbaine en Ethiopie. La création de ces métropoles entraîne des migrations très importantes et déstabilisantes pour les États concernés. Elle génère d’importantes pollutions, eau, air, déchets. Les villes sont responsables de 70 % des émissions de CO2.
L’inconnue de la croissance
La forte augmentation de la population africaine exige un taux de croissance important pour simplement maintenir le niveau de vie des habitants. La population active africaine devrait augmenter de 1,2 milliard de personnes d’ici 2050 quand elle diminuera de 57 millions en Europe. Pour limiter les migrations, il faudra que l’économie africaine créée plus de 40 millions d’emplois par an.
Plus de 41 % de la population subsaharienne vit avec moins de 1,9 dollars par jour, ce qui caractérise l’extrême pauvreté. En 2030, 9 personnes sur 10 en situation d’extrême pauvreté résideront en Afrique. Actuellement, 55 % des pauvres du monde (moins de 5 dollars par jour) sont des Africains. Sur les 27 pays les plus pauvres du monde, 26 sont en Afrique. Pour enrayer cette situation, il faudrait que la croissance moyenne de l’Afrique soit dans les prochaines années de 8 %. Aujourd’hui, elle se situe au mieux entre 3 et 5 %. Le PIB du continent africain est de 2 251 milliards de dollars (à titre de comparaison, celui de la France est de 2 600 milliards de dollars). Le PIB par habitant est de 1 848 dollars soit inférieur de 20 % à celui des Chinois. Il est vingt fois plus faible que celui des Français (38 500 dollars en 2017). Les écarts sont très importants d’un État à un autre et au sein des États africains. Ainsi, le PIB par habitant à l’Île Maurice est de 10 500 dollars en 2017 contre 320 dollars au Burundi. Le PIB médian est de 1050 dollars pour l’ensemble du continent africain. Compte tenu de l’évolution démographique et du rythme de croissance, la capacité de l’Afrique à rattraper son retard est faible sauf à changer radicalement de modèle économique. L’espoir repose sur l’émergence d’une classe moyenne et sur l’élévation du niveau de formation.
A la recherche de la classe moyenne africaine
Les estimations de la classe moyenne africaine varient d’un institut à un autre. Ainsi, la Banque africaine de développement estime cette classe moyenne à 350 millions d’habitants quand la Banque mondiale retient un chiffre de 140 millions. Le Crédit Suisse considère qu’elle ne dépasserait pas 20 millions de personnes. Or, la création d’un cycle de croissance autoalimenté passe par une classe moyenne de taille suffisante. Elle doit dépasser le quart de la population pour pouvoir jouer son rôle moteur. Or, elle n’est que de 20 % en Afrique du Nord, en Afrique du Sud et en République du Congo. Elle se situe autour de 15 % en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Cameroun ou au Kenya.
Les migrations au cœur du problème africain
70 % des migrants africains restent en Afrique, 15 % se rendent en Europe et le solde sur les autres continents. Ce taux tend à baisser ces dernières années. Compte tenu de l’évolution de la démographie les pays du Sahel sont les plus concernés par les mouvements de population. D’ici la fin du siècle, une quarantaine de millions de personnes pourraient partir de cette région. Actuellement, les migrants optent pour l’Afrique du Sud et l’Afrique du Nord ainsi que dans certains Etats à forte croissance au risque de générer des troubles. Les luttes ethniques sont bien souvent des conflits sociaux ou des conflits de la misère. L’arrivée de migrants en provenance d’une même région crée des réactions pouvant être violentes. Contrairement à quelques idées reçues, les migrants n’appartiennent pas aux catégories les plus pauvres, ni les moins bien formées. Pour partir de son pays, il est nécessaire d’avoir quelques moyens et de disposer de quelques compétences ainsi que de la volonté suffisante pour franchir bien des obstacles. L’augmentation des ressources des ménages en Afrique devrait donc déboucher sur celle des migrations. Selon le géographe américain, Wilbur Zelinsky, il existe une relation en « U » inversée entre migration et développement. Dans les faits, l’Afrique subsaharienne émigre peu en raison de la grande pauvreté qui y sévit. Si la situation économique et sociale s’améliore, il faut s’attendre à une augmentation des flux. Pour l’économiste Thu Hien Dao, l’émigration progresse au sein d’une population quand le revenu annuel par habitant dépasse 6000 dollars. Actuellement, en Afrique subsaharienne, il ne s’élève qu’à 1500 dollars.
Quel avenir pour l’Afrique ?
La capacité de gérer les flux de population sera un enjeu majeur des trente prochaines années tant pour les pays africains que pour ceux d’Europe. L’aide au développement montre depuis des années ses limites. Au cours des cinquante dernières années, l’Afrique a reçu 1000 milliards de dollars sans que les effets escomptés soient au rendez-vous. Les aides qui représentent 15 % du PIB africain ont été détournées de leurs objectifs pour de nombreux experts comme l’économiste zambienne Dambisa Moyo. Pour d’autres, c’est la baisse de cette aide, depuis la crise de 2008, qui contribue à l’accroissement des problèmes en Afrique. Les Etats africains éprouvent les pires difficultés à réaliser les infrastructures nécessaires au développement de leur économie. Le taux de pauvreté ne baisse plus depuis quelques temps. Il est, en moyenne, de plus de 35 %. Une majorité des Etats sont handicapés par la faiblesse de leur système financier. Les ménages sont peu bancarisés. Le financement des investissements ne peut pas s’opérer de manière efficiente. Pour favoriser une auto-alimentation de la croissance, la création de zones de libre échange en Afrique est mise en avant. Ces zones favoriseraient les échanges, la concurrence. Elles permettraient de structurer les économies. L’objectif d’une moindre dépendance aux cours des matières premières est prioritaire pour amener une croissance dite plus inclusive. Cela nécessite également quelques progrès en matière de gouvernance afin de lutter contre la corruption et les inégalités.
Le commerce de détail et les services financiers se mettent à l’heure de la génération Z
Les personnes nées au début des années 2000 constituent la génération Z. Elles sont nées et ont vécu dans l’ère digitale. Elles deviennent progressivement des acteurs de la société de consommation. Elles n’ont aucune idée du monde d’avant, celui où Internet n’existait pas. Les jeux vidéo en ligne, le streaming, les sites de vente sur Internet sont leur quotidien. Il n’y a pas d’attachement particulier aux marques traditionnelles liées à la rencontre avec leurs représentants. Le rapport à l’écrit et même à l’oral a changé par rapport aux générations précédentes. Le recours à l’image, à la vidéo ou à l’univers du jeu leur est plus familier. De ce fait, les process de vente doivent s’adapter.
La multiplication des partenariats e-commerce – magasins physiques
Pour assurer la pérennité de leurs ventes, voire les accroître, les acteurs du e-commerce multiplient des partenariats avec des entreprises classiques. Ainsi, aux États-Unis, Amazon a conclu un accord avec le groupe de distribution Sears pour que les consommateurs puissent acheter des pneus en ligne et les faire poser chez le distributeur. Dans ce secteur, le consommateur n’a pas encore le réflexe d’acheter en ligne. Les automobilistes sont de moins en moins bricoleurs. Ils s’adressent avant tout à des garages pour effectuer leurs réparations et leur changement de pneus. L’intérêt pour le réseau américain « Sears » est de faire venir des clients en magasin afin de leur vendre d’autres produits quand ils viennent poser leurs pneus. Dans un autre secteur, Amazon s’est associé avec les magasins d’électronique « Best Buy » afin de vendre des télévisions connectées afin de commercialiser son système « Fire TV ». Les équipes de Jeff Bezos estiment que certains clients continueront à acheter certains produits dans des points de vente physiques. La multiplication des partenariats permet de créer des vitrines à moindre coût.
La chaîne américaine de magasins « Macy’s » a acheté la startup « Story » qui gère un concept store proposant du storytelling autour des produits présentés. « Macy’s » souhaite ainsi attirer une nouvelle clientèle et créer des évènements sur les produits en recourant aux réseaux.
Les partenariats entre vielles et nouvelles enseignes devraient se multiplier dans les prochains mois afin de proposer une meilleure expérience client en magasin en développant une stratégie omnicanale de qualité.
Le chatbot est-il l’avenir de l’Homme ?
Selon une enquête de « Juniper Research », le recours croissant aux chatbots permet une économie aux entreprises américaines de plus de 10 milliards de dollars. Les assistants vocaux ou textuels reposant sur des algorithmes de discussion conduisent à réduire le coût de la masse salariale (diminution du nombre d’opérateurs au sein des centres d’appels), à obtenir des informations plus fines sur les clients et à réduire le temps de leur prise en charge. D’ici cinq ans, 70 % des chatbots seront utilisés pour la vente de détail. Ils seront présents tout à la fois sur les applications mobiles des enseignes mais aussi dans les magasins. Les procédures de paiement sans passer par les caisses devraient se multiplier. Les clients pourront s’acquitter directement de leurs achats sur leur portable ou en ayant recours au système aux radios étiquettes (RFID, NFC).
La société de conseil « Gartner » prédit une utilisation en forte croissance des chatbots dans la vente au détail mais aussi dans les services. Actuellement cantonnés en tant qu’aides pour acheter des places de concert, des billets d’avion ou pour guider les clients sur un site Internet, ils devraient envahir tous les sites en particulier dans le secteur des finances. Le chatbot offre l’avantage de pouvoir répondre 24 heures sur 24 aux attentes des Internautes. Selon une enquête réalisée par Mastercard et Mercator, un consommateur américain sur cinq a déjà effectué des achats via des chatbots.
Plus d’éthique dans le commerce
Les Américains, du moins certains d’entre-eux, portent un intérêt grandissant aux risques environnementaux et sanitaires. Les jeunes sont les plus enclins à demander des comptes aux marques qui suivent donc cette tendance. Les questions d’éthique prennent de plus en plus d’importance aux États-Unis. Les consommateurs exigent de connaître les engagements que prennent les marques en matière sociale et environnementale. Des preuves tangibles sont de plus en plus demandées et font l’objet de rapports de la part des ONG américaines. Des marques comme Toms, Bombas ou Yoobi mettent en avant le partage selon le concept « Buy-One Give-One ». Ces actions reçoivent un écho favorable de la part de la génération Z. Les sociétés « Allbirds » et « Reformation » se sont engagées à créer des marques de vêtements durables. L’entreprise « Everlane » défend la transparence des prix et la sécurité des usines.
Services financiers, digitalisation et réglementation ne font pas toujours bon ménage
Au niveau financier, la tendance est à la généralisation de l’agrégation des comptes et des actifs afin de favoriser l’autonomie des clients multi-bancarisés. L’idée de création de plateforme ouverte accueillant des solutions de financement, d’épargne fait son chemin. Les ménages demandent de plus en plus que l’accès aux services financiers s’effectue en temps réel. Cela va bien souvent à l’encontre des réglementations en vigueur. La startup « N26 » vient d’en faire les frais. En effet la banque mobile N26 propose l’ouverture d’un compte courant gratuite en moins de huit minutes en utilisant un téléphone portable ou un ordinateur. L’octroi de la carte bancaire se fait également automatiquement sans condition de revenu, sachant qu’aucun frais de tenue de compte n’est prélevé. Cette carte qui dans les faits est une carte Mastercard est utilisable dans tous les pays sans frais de change. L’accès aux distributeurs est, en revanche, payant. Le régulateur bancaire allemand (BaFin) a exigé fin mai que la néo-banque N26 respecte ses engagements en matière de lutte contre la criminalité financière. L’absence de contrôle à l’ouverture a été dénoncée par les autorités.
Au niveau financier, les robot-advisors gagnent du terrain. Ils sont capables de proposer aux clients de recommandation pour mieux gérer leurs portefeuilles. Les algorithmes sont capables d’effectuer des projections budgétaires et d’indiquer au client le solde futur de son compte en analysant ses habitudes de dépenses antérieures.
Au niveau de la sécurité, les codes dynamiques et la biométrie devraient se diffuser dans les prochaines années. L’abandon des cartes de paiement physique devrait intervenir assez rapidement, avant celle des pièces et des billets.
Avec l’arrivée à maturité de la génération Z, la digitalisation est amenée à s’accélérer tant dans le secteur du commerce que dans celui des services financiers. L’idée de se déplacer pour effectuer des courses ou pour effectuer un placement apparaît à cette génération assez saugrenue. Les priorités données au jeu, à la rapidité et à la facilité n’empêchent pas l’émergence d’une conscience environnementale élevée.
Intelligence artificielle, le code de bonne conduite de l’OCDE
L’intelligence artificielle (IA) envahit notre quotidien avec la multiplication des algorithmes permettant de traiter et de valoriser des masses de données. Aucun secteur n’y échappe, de l’agriculture aux transports en passant par la finance, la santé, les jeux vidéo, la vente en ligne ou les administrations (logiciel Postbac par exemple). Le marché de l’intelligence artificielle a atteint 1 200 milliards de dollars. Sa croissance a été, ces dernières années, de plus de 50 % par an. Le recours aux algorithmes pose des problèmes éthiques et économiques. L’être humain peut-il perdre son libre arbitre, sa force de décision en s’en remettant à une machine qui n’a pas de conscience. Ainsi, comment régler le problème d’une voiture sans conducteur qui dans une situation précise sera confrontée au choix de tuer ses passagers ou de sacrifier des piétons ? L’usage de l’intelligence artificielle peut, en particulier, dans les services, aboutir à la destruction de nombreux emplois. Comment gérer cette transition ? Face à ces défis, l’OCDE a élaboré une charte à laquelle ont adhéré 42 pays. Il s’agit des 36 pays membres de l’OCDE, ainsi que l’Argentine, le Brésil, la Colombie, le Costa Rica, le Pérou et la Roumanie. Le texte de l’OCDE a été élaboré avec le concours d’un groupe de plus de 50 experts provenant des administrations, des milieux universitaires, des entreprises, de la société civile, des instances internationales et des organisations syndicales.
Le texte s’articule autour de cinq principes fondés sur des valeurs, pour un déploiement responsable d’une intelligence artificielle. L’OCDE a, par ailleurs, émis cinq recommandations applicables dans le cadre des politiques publiques et de la coopération internationale. L’objectif est d’aider les pouvoirs publics, les organisations et les individus à concevoir et exploiter des systèmes d’intelligence artificielle servant au mieux l’intérêt général et de garantir que concepteurs et exploitants soient tenus responsables de leur bon fonctionnement. Les principes ainsi définis seront présentés à la Commission européenne ainsi que lors du prochain G20.
L’OCDE demande que le développement de l’intelligence artificielle se fasse en prenant en compte les intérêts des êtres humains et de la planète. L’intelligence artificielle doit favoriser une croissance inclusive avec le renforcement des capacités humaines et le renforcement de la créativité humaine. Elle doit permettre de réduire les inégalités économiques, sociales, entre les sexes et autres.
Les acteurs de l’intelligence artificielle doivent veiller à ce que les droits et valeurs comprennent la liberté, la dignité et l’autonomie soient respectés. Il conviendra à ce que l’IA ne porte pas atteinte à la vie privée. À cette fin, les acteurs de l’IA devraient instituer des garanties et des mécanismes, tels que l’attribution de la capacité de décision finale à l’homme.
L’OCDE souhaite que les acteurs de l’IA assurent la transparence des informations exploitées par les algorithmes. Ils devront favoriser une compréhension générale des systèmes d’IA et permettre aux personnes concernées, que ce soient les collaborateurs ou les consommateurs d’appréhender les résultats. Les personnes concernées par l’IA devront être en possibilité de contester les résultats et d’obtenir de la part des acteurs des informations claires sur le traitement des données.
Pour l’organisation internationale, les systèmes d’IA se doivent d’être sûrs et sécurisés tout au long de leur cycle de vie. A cette fin, les acteurs de l’IA devront veiller à la traçabilité, notamment pour ce qui est des ensembles de données, des processus et des décisions prises.
L’OCDE estime que la responsabilité des acteurs de l’IA pourra être engagée quand un dysfonctionnement sera constaté et quand les principes de la charte ne seront pas respectés.
L’OCDE recommande que les Etats investissent davantage en matière d’intelligence artificielle et qu’ils encouragent les investissements privés dans la recherche et le développement, notamment interdisciplinaire.
L’OCDE considère que les Etats signataires devraient promouvoir l’instauration d’un cadre d’action favorable permettant un déploiement de l’IA dans de bonnes conditions en recourant notamment à l’expérimentation. Des mesures devront être prises en matière de formation des actifs afin de réduire l’impact de l’IA sur le monde du travail.
L’organisation internationale préconise une coopération internationale afin de faciliter la diffusion de process d’intelligence artificielle responsable. Les pouvoirs publics devraient encourager l’élaboration de normes techniques internationales et multipartites
La compétition internationale est vive en matière d’intelligence artificielle en particulier entre les entreprises américaines et chinoises comme en témoignent les derniers développements concernant Huwei. La France, même si elle arrive loin derrière les Etats-Unis et la Chine, dispose de nombreuses entreprises bien positionnées sur le secteur de l’intelligence artificielle. Selon une étude réalisée par le fonds Serena, au sein de l’Union européenne, la France se classait, en 2017, pour les montants investis deuxième derrière le Royaume-Uni, qui concentre à lui seul plus d’un tiers des montants investis (782 millions d’euros sur 2,2 milliards de dollars). Avec 438 millions de dollars d’investissements dans des startups de l’IA, la France devance l’Allemagne (306 millions de dollars) et les pays nordiques (267 millions de dollars).
Les entreprises françaises souffrent d’un manque de données pour concevoir des systèmes d’IA performants. L’absence d’entreprises de taille européenne est, en la matière, un handicap. Ce sont des entreprises américaines comme Google ou Microsoft qui organisent le développement de l’IA en Europe en ouvrant des centres de recherche.
Les pouvoirs publics tentent de structurer le secteur de l’IA. Il a été ainsi créé quatre instituts interdisciplinaires de l’IA (3IA) sur des thématiques ciblées (la santé, l’environnement, les transports, les territoires et l’énergie) et en développant un fond pour l’innovation et l’industrie (doté de 10 milliards d’euros). La construction à Saclay d’un puissant supercalculateur de 14 pétaflops spécialement conçu pour les applications IA devrait aussi permettre aux chercheurs de travailler sur des modèles spécifiques comme l’apprentissage sur des jeux de données réduits. L’Union Européenne a de son côté lancer une plateforme AI14UE qui aidera ses membres à partager des ressources (données, briques d’algorithme, etc.) afin de faire avancer la recherche. La mise en œuvre du règlement nᵒ 2016/679, dit règlement général sur la protection des données (RGPD), qui constitue le texte de référence en matière de protection des données à caractère personnel démontre bien la prise de conscience de l’importance de l’IA pour les prochaines années.