Le Coin des Tendances du 21 novembre 2015
L’Europe et ses entreprises, tout un monde
Le monde de l’entreprise est avant tout un monde de petites voire très petites entreprises. Avec le déclin du salariat, cette tendance ne peut que s’accroître. Si des années 50 aux années 90, la norme était à la diminution de petites structures, depuis une dizaine d’années, la tendance s’est inversée.
Au sein de l’Union européenne, 9 entreprises sur 10 employaient moins de 10 personnes
Sur les 22,3 millions d’entreprises que comptait en 2012 l’économie marchande non-financière de l’Union européenne, 92,7 % étaient des micro-entreprises de 0 à 9 personnes occupées. Elles représentaient 29,2 % de l’emploi.
7,1 % des entreprises de l’Union sont des PME ayant entre 10 à 249 salariés. Ces dernières représentaient 38,0 % de l’emploi.
0,2 % des entreprises sont considérées par les autorités européennes comme des grandes entreprises avec au moins 250 salariés. 33,0 % des personnes actives occupées le sont dans de telles entreprises.
2,3 millions d’entreprises ont été créées en 2012 dans l’ensemble de l’UE. 70,8 % de ces entreprises n’employaient aucun salarié. 1,6 million de nouveaux entrepreneurs individuels ont été ainsi enregistrés en 2012. Ces entrepreneurs individuels représentaient 46,9 % du total des personnes occupées dans les entreprises nouvellement créées.
En Europe, en fonction de l’importance de l’industrie et des traditions économiques, le poids des différentes catégories varie.
Ainsi, la part de micro-entreprises est la plus élevée en Grèce et est la plus faible en Allemagne. Elles représentent 96,7 % des entreprises en Grèce, 96,5 % en Slovaquie, 96 % en République tchèque, 95,2 % en Pologne et au Portugal, 94,9 % en Italie et 94,8 % en France.
La proportion de petites entreprises (de 10 à 49 personnes occupées) était inférieure à 10 % dans tous les États membres, à l’exception de l’Allemagne (14,7 %), de l’Autriche (10,9 %), du Luxembourg (10,6 %) et de la Roumanie (10,2 %). C’est également dans ces quatre États membres qu’étaient observées les plus grandes proportions de moyennes entreprises (de 50 à 249 personnes occupées).
S’agissant des grandes entreprises (au moins 250 personnes occupées), leur proportion était inférieure ou égale à 0,5 % dans tous les États membres pour lesquels des données sont disponibles.
La part de l’emploi est la plus élevée dans les micro-entreprises en Grèce et en Italie.
Dans la majorité des États membres de l’Union européenne pour lesquels des données sont disponibles, les micro-entreprises constituaient le premier employeur, avec une proportion d’emplois supérieure à 40 % dans plusieurs États membres d’Europe méridionale: Grèce (58,6 %), Italie (46,4 %), Portugal (42,3 %) et Espagne (40,8 %).
A l’inverse, moins de 1 personne sur 5 travaillait dans une micro-entreprise au Royaume-Uni (17,3 %), au Luxembourg (18,0 %) et en Allemagne (19,0 %).
Au niveau de l’UE, les grandes entreprises étaient le principal employeur (représentant 33,0 % de l’ensemble des personnes occupées), suivies des micro-entreprises (29,2 %), des petites entreprises (20,8 %) et des moyennes entreprises (17,2 %).
La France championne de la création d’entreprise grâce aux auto-entrepreneurs
Avec 308 000 entreprises créées en 2012, la France était l’État membre de l’Union européenne qui a enregistré le plus grand nombre de créations d’entreprises cette année-là, devant l’Italie (275 000), l’Espagne (248 000), le Royaume-Uni (242 000), l’Allemagne (238 000) et la Pologne (229 000).
Dans l’ensemble de l’Union, 2,3 millions d’entreprises ont été créées en 2012. Comme on pouvait s’y attendre, dans la quasi-totalité des États membres de l’UE, la majorité des entreprises nouvellement créées ne comptait aucun salarié (entrepreneurs individuels). La plus grande proportion de créations d’entreprises sans aucun salarié a été enregistrée en France (92,3 %), suivie par la Pologne (86,9 %), les Pays-Bas (86,4 %) et la République Tchèque (86,1 %).
Dans seulement trois États membres, la première classe de taille des entreprises nouvellement créées était, non pas les entrepreneurs individuels, mais les entreprises comptant de 1 à 4 salariés : le Royaume-Uni (où 80,5 % des entreprises nouvellement créées employaient entre 1 et 4 personnes), Chypre (67,7 %) ainsi que la Croatie (47,7 %).
Au sein de l’Union, 70,8 % des entreprises nouvellement créées n’avaient aucun salarié, 26,4 % en comptaient entre 1 et 4, 1,9 % entre 5 et 9, et 0,9 % avait 10 salariés ou plus.
Le digital, la France a perdu une bataille mais pas la guerre
Si les ménages français sont plutôt bien câblés ou connectés aux réseaux, il en est autrement au niveau des entreprises. Ce retard est intimement lié à la structure de notre tissu économique qui se caractérise par une surreprésentation des TPE et des PME.
Le taux d’accès des ménages à Internet est de 83 % contre 81 % en moyenne au sein de l’Union européenne. 68 % des Français utilisent Internet quotidiennement contre 65 % au sein de l’Union européenne. Près de 40 % des Français possèdent un Smartphone et ce taux est de 75 % pour les 18-24 ans.
En revanche, en 2014, seules 63,6 % des entreprises françaises disposaient d’un site Web, contre 76,2 % en moyenne dans l’OCDE. Seules 17,1 % des entreprises françaises utilisaient les réseaux sociaux pour leurs relations clients, contre 25,2 % dans l’Union européenne. Il est admis que la communication des entreprises passera de plus en plus par les réseaux sociaux qui sont des plateformes communautaires. Les sites Internet risquent d’être de plus en plus délaissés à moins qu’ils soient couplés à des applications ou à des outils spécifiques (achat en ligne, comparateur, bilan…).
Les entreprises françaises ont moins recours au cloud computing que leurs voisines. Ainsi, seules 12 % des entreprises de plus de 10 personnes ont utilisé le cloud quand ce taux est de 20 % en moyenne au sein de l’Union européenne. En Finlande, ce taux est de plus de 50 %. Parmi les arguments avancés pour ne pas recourir au cloud figurent le coût, la sécurité et l’insuffisante connaissance de l’intérêt de ce procédé. Le partage d’information, la gestion dématérialisée des stocks avec le cas échéant des systèmes de transmission automatique restent l’apanage des grands groupes. Si 50 % des achats des grandes entreprises sont réalisés de manière numérique, ce taux tombe à moins de 25 % pour les entreprises de plus de 10 salariés. Le B to B digital représente moins de 400 milliards d’euros en France contre plus de 870 milliards d’euros en Allemagne.
La France souffre d’un manque réel de « spécialistes TIC ». Ils ne représentent que 2,8 % de l’emploi, contre 3,5 % en Allemagne, 4,1 % aux États-Unis et 6,1 % en Finlande. D’ici 2020, il est prévu que 80 % des emplois exigeront des connaissances digitales. Or, les enquêtes PIAAC de l’OCDE soulignent des compétences relativement faibles des actifs français en la matière ce qui freine l’investissement dans le numérique, la mise en œuvre des changements organisationnels qui lui sont liés et l’appropriation de ces technologies par les salariés.
La réglementation a freiné, en France, la diffusion des techniques numériques. Ces verrous sont en train de se réduire avec les dernières lois adoptées (Macron et Lemaire) Certains corporatismes et certaines professions, à tort ou à raison, ont également entravé l’apparition ou le développement de concurrents numériques.
La faiblesse structurelle française en matière de fonds d’investissement pèse sur la croissance des start-up françaises.
Dans ces conditions, il n’est pas surprenant que le secteur du digital soit moins porteur en France que chez nos principaux partenaires. En 2013, les secteurs « TIC » représentaient 4,33 % du PIB en France, contre une moyenne OCDE de 5,5 %.