Le Coin des tendances du 23 janvier 2016
Le digital est-il soluble dans l’emploi ?
Aujourd’hui, les technologies de l’information et de la communication (TIC) se diffusent au sein de tous les secteurs d’activité. 80 % des métiers auront, selon l’OCDE, d’ici 2030 une composante numérique. La révolution technologique en cours génère des emplois mais en détruit également beaucoup. 47 % des emplois actuellement existants sont susceptibles de disparaître à moyen terme. Tout le défi des prochaines années est de rééquilibrer le plateau en faveur des créations d’emploi. Une étude du Forum Economique Mondial (WEF) souligne que la mutation technologique pourrait, d’ici 2020, détruire au sein des quinze premières puissances économiques mondiales 7,1 millions d’emplois quand seulement 2 millions seront créés. Les emplois les plus menacés se concentrent dans les services administratifs. En revanche, les métiers de l’informatique, de l’architecture ou de l’ingénierie connaîtraient un important essor. Compte tenu de la faible présence des femmes dans ces professions et de la forte représentation dans les métiers administratifs, elles risquent d’être confrontées à une forte montée du chômage dans les prochaines années.
L’Europe en retard
Dans l’Union européenne (UE), près de 8 millions de personnes étaient employées en 2014 comme spécialistes des technologies de l’information et de la communication (TIC) soit 3,7 % de l’emploi total (source Eurostat). L’Europe reste, même si des progrès ont été constatés depuis 2007, très en retrait par rapport aux Etats-Unis où les TIC représentent plus de 4,5 % des emplois. Il est à noter que ce ratio stagne depuis la crise de 2008 (données Natixis, Datastream).
En 2014, les spécialistes des TIC au sein de l’Union européenne étaient principalement employés au Royaume-Uni (1,49 million de personnes), en Allemagne (1,47 million) ainsi qu’en France (0,91 million). Ces trois États membres totalisaient près de la moitié de l’ensemble des spécialistes des TIC employés dans l’UE en 2014.
En termes relatifs, les pourcentages les plus élevés, en 2014, de spécialistes des TIC dans l’emploi total se situent essentiellement en Europe du Nord, Ainsi, la Finlande arrive en tête (6,7 %) suivie de la Suède (6,0 %), du Luxembourg (5,1 %), de l’Estonie et des Pays-Bas (5,0 % chacun). En revanche, les TIC n’occupent que 1,3 % des actifs en Grèce, 1,9 % en Bulgarie ou en Lituanie et 2 % en Lettonie. La France se trouve légèrement en-dessous de la moyenne avec 3,5 % des emplois dans les TIC.
Par rapport à 2011, le nombre absolu de spécialistes des TIC tout comme leur part dans l’emploi total ont augmenté en 2014 dans la quasi-totalité des États membres, notamment au Portugal, en Allemagne, en Belgique, en Finlande, en France et au Luxembourg. À l’échelle de l’UE, le nombre de spécialistes des TIC a progressé de près de 1,2 million de personnes entre 2011 et 2014 et leur part dans l’emploi total est passée de 3,2 % à 3,7 %. Le taux est passé de 2,8 à 3,5 % en France qui a effectué ainsi un léger rattrapage.
Les TIC, des métiers d’hommes
Pour le moment, les hommes sont surreprésentés dans les TIC. En 2014, 81,9 % des spécialistes des TIC employés au sein de l’Union étaient des hommes. La prédominance masculine se vérifie dans tous les États membres de l’UE, quoique dans des proportions variées. Les parts les plus importantes d’hommes spécialistes des TIC ont été observées au Luxembourg (89,2 %), à Chypre (88,1 %), aux Pays-Bas (87,4 %), au Portugal (86,4 %) et en Italie (86,3 %), tandis que la Bulgarie (68,2 %), l’Estonie (70,4 %) et la Roumanie (71,1 %) ont enregistré les pourcentages les plus faibles. En France, les femmes ne représentent que 6,6 % des emplois dans les TIC quand leur poids dans la population active est de 48,2 %. Cette sous-représentation s’explique, en partie, par le faible nombre de jeunes femmes qui poursuivent des études d’informatiques ou des études d’ingénieurs.
Des métiers de diplômés
En 2014, 56,5 % des spécialistes des TIC étaient diplômés de l’enseignement supérieur soit un taux bien plus élevé que celui des diplômés au sein de la population active (32,6 %). Le secteur des TIC ayant une forte composante technologique et étant en plein développement attire des diplômés issus de toutes les formations. Les taux les plus élevés de diplômés sont observés en Espagne (77,4 %) en Belgique (72,9 %), en Bulgarie et à Chypre (72,3 % chacun), en Irlande (71,4 %) et au Luxembourg (71,0 %). En revanche, les taux sont les plus faibles en Italie (31,7 %), à Malte (38,5 %), en Slovénie (40,6 %) ou en Slovaquie (41,8 %).
En 2014, la part des diplômés de l’enseignement supérieur était plus importante parmi les spécialistes des TIC que dans l’emploi total dans tous les États membres de l’UE, surtout en Bulgarie, en Espagne, en Croatie, en Grèce et en France. Dans notre pays, en effet, 68,1 % des personnes travaillant dans les TIC sont des diplômés de l’enseignement supérieur quand ces derniers représentent 37,7 % de la population active.
Les TIC, une affaire de jeunes
Les personnes travaillant dans les TIC sont plutôt jeunes. 37,1 % ont moins de 35 ans quand cette catégorie ne représente, au sein de l’Union européenne que 31,1 % de la population active. Cette proportion est assez logique au vu de la nature même des TIC. Parmi les États membres, plus de la moitié des spécialistes des TIC employés avaient moins de 35 ans à Malte (59,8 %), en Lettonie (56,3 %) et en Lituanie (52,0 %). En revanche, les personnes âgées de moins de 35 ans représentaient un peu moins d’un tiers de l’ensemble des spécialistes des TIC employés en Italie (27,0 %), au Danemark (27,7 %), en Suède (30,8 %), en Finlande (31,0 %) ainsi qu’au Luxembourg (32,0 %). En France, 36,7 % des emplois dans les TIC sont occupés par des moins de 35 ans quand ces derniers représentent 31,1 % de la population active.
Les entreprises ont du mal à recruter et à trouver les bons profils
Le secteur des TIC en Europe est en pleine croissance et doit faire face à des goulets d’étranglement en ce qui concerne les recrutements. Ainsi, le pourvoi de postes vacants de spécialistes des TIC est le plus difficile.
En 2014, plus d’une entreprise sur trois ayant recruté ou tenté de recruter du personnel pour des emplois nécessitant des compétences de spécialiste des TIC avaient des postes vacants difficiles à pourvoir, et ce, dans chaque État membre de l’UE, à l’exception de l’Espagne (14 % des entreprises), du Portugal (21 %), de la Bulgarie et de l’Italie (31 % chacune), ainsi que de la Pologne (32 %). Le pourcentage le plus élevé d’entreprises ayant eu des difficultés à recruter des spécialistes des TIC a été enregistré en République tchèque et au Luxembourg (59 % chacun), suivis de l’Autriche (56 %), des Pays-Bas (53 %), de Malte (52 %), de l’Estonie, de l’Irlande et de la Slovénie (51 % chacune). En France, 42 % des entreprises ont eu des difficultés à pourvoir à des postes exigeant des compétences dans le domaine des TIC, soit un peu plus que la moyenne des entreprises de l’Union européenne (38 %).
Le Smartphone a gagné le match contre l’ordinateur
Le marché de l’équipement informatique est en pleine révolution. Il est arrivé à maturité pour les ordinateurs quand il demeure en expansion pour les Smartphones.
Les livraisons d’ordinateurs, de tablettes et de téléphones devraient s’accroître de 1,9 % en 2016 pour atteindre à l’échelle mondiale 2,4 milliards d’unités. En revanche et c’est une première, les dépenses des utilisateurs devraient baisser selon la société de conseils et de recherche spécialisée dans le domaine des techniques, Gartner, de 0,5 %. La concurrence entre fabricants sur un marché moins dynamique et dans un contexte de guerre des changes provoque cette diminution de valeur.
L’équipement en ordinateur ayant atteint des niveaux élevés, le marché est de plus en plus un marché de renouvellement or les entreprises ont tendance à allonger la durée de vie des matériels existants. L’arrivée de Windows 10 après avoir freiné le changement des matériels devrait provoquer, dans les prochaines années, des effets inverses. En effet, les entreprises après avoir constaté la stabilité et la fiabilité de la nouvelle interface de Microsoft, devrait effectuer des migrations avec à la clef une modernisation des machines. D’ici 2017, près de 40 % des entreprises devraient procéder à ces migrations en retenant de plus en plus des écrans tactiles. La « cloudisation » avec la suppression des unités centrales des postes de travail devrait également s’accélérer.
Les livraisons prévues sur le marché mondial des PC seraient de 287 millions d’unités en 2016, soit une baisse de 1 % sur un an. Une hausse de 4 % est néanmoins prévue pour 2017.
Ce sont les PC ultramobiles qui connaîtraient, sur ce créneau, la plus forte croissance. Les ordinateurs fixes sont en recul tant dans les entreprises que chez les particuliers. La solution portable s’impose au nom de la mobilité.
Sans surprise, le marché de la téléphonie glisse inexorablement vers les smartphones qui représenteront, fin 2016, 82 % des ventes de téléphones selon la société de conseil Gartner. La hausse serait de 12 % par rapport à 2015.
Les ventes de tablette qui avaient connu une forte expansion ces dernières années se stabilisent. Ce produit est soumis à des renouvellements moins rapides que les Smartphones. Ces derniers, en prenant de la taille, concurrencent de plus en plus les tablettes qui doivent également faire face au développement des ordinateurs ultraportables.
« Ex-fan des sixties… », la démographie française à l’heure du papy-boom
Dans les années 60, les stars du rock décédaient de mort violente et peinaient à dépasser la 27ème année. Aujourd’hui, pour ceux qui avaient pu franchir la barre des 27 ans, une nouvelle barrière s’impose à eux, celle des 70 ans. Les tristes décès de David Bowie, de Gleen Frey (Eagles), de Lemmy (Motohead)… signifient que la population occidentale vieillit et que cela vaut aussi pour les stars.
Les derniers résultats de l’INSEE sur la population française traduisent bien que nous sommes entrés dans une mutation démographique de grande ampleur. Le solde naturel n’a été de 200 000 en 2015 et le solde migratoire de 47 000. En 2006, le solde naturel avait été supérieur à 300 000. Le solde migratoire est de son côté stable depuis trois ans et est plutôt en baisse sur longue période. Il était de 112 000 en 2006.
Petite chute de la natalité
En 2015, le nombre de naissances a été de 800 000 en retrait de 19 000 par rapport à 2014 (- 2,3 %). Depuis la fin du baby-boom, la natalité reste stable avec en moyenne 800 000 naissances par an. Un point bas a été atteint, en 1994, avec 741 000 nouveau-nés et un pic a été obtenu en 2010 avec 833 000 bébés. Le nombre de femmes en âge de procréer de 20 à 40 ans diminue régulièrement depuis 1995 : elles étaient 9,3 millions en 1995, 9,0 millions en 2000 et 8,5 millions en 2015. Ce processus devrait se poursuivre et donc provoquer à terme une baisse du nombre de naissances.
Le taux de fécondité est repassé légèrement en-dessous de 2. Il a été de 1,96 en 2015 contre 2,00 en 2014. Le remplacement des générations est obtenu avec un taux de fécondité de 2,1. Même si la baisse de la fécondité est faible, certains mettent en avant la situation économique dégradée pour l’expliquer. Par ailleurs, ce léger repli résulte également d’une moindre progression de la fécondité après 35 ans. L’âge moyen à la maternité poursuit sa hausse : il atteint 30,4 ans en 2015 contre 30,3 ans en 2014. Cette diminution de la fécondité des femmes de moins de 35 ans, était, jusque-là, plus que compensée par une fécondité en forte progression après 35 ans. Les femmes nées entre 1945 et 1960 ont eu en moyenne environ 2,1 enfants au cours de leur vie.
Quand les jeunes sont battus par les seniors
Au 1er janvier 2016, la France comptait 16,564 millions de personnes de plus de 60 ans contre 16,396 millions de personnes de moins de 20 ans. C’est une rupture car jusqu’à 2015, il y avait plus de jeunes que de seniors. En 2014, la France comptait 16,28 millions de plus de 60 ans contre 16,359 millions de moins de 20 ans.
Les décès augmentent
Du fait de l’arrivée de générations plus nombreuses à des âges élevées, le nombre de décès ne peut que s’accroître dans les prochaines années. En 2015, 600 000 personnes sont décédées en France en hausse de 7,3 % par rapport à 2014. Il s’agit du nombre le plus élevé enregistré depuis la Seconde Guerre Mondiale. Cette augmentation du nombre de décès au-delà de l’effet lié au vieillissement s’explique également par des facteurs épidémiologiques et climatiques. La grippe 2014/2015 a eu des effets plus importants du fait que le vaccin a été moins efficace et que le taux de vaccination a reculé. Par ailleurs, l’impact de la grippe est d’autant plus important que la population vieillit. Certains experts mettent l’accent sur une dégradation de notre système sanitaire avec des urgences saturées et une augmentation des déserts médicaux. La canicule de cet été aurait, par ailleurs, occasionné la mort de 2000 personnes.
L’espérance de vie recule à la naissance comme à 60 ans
En 2015, l’espérance de vie à la naissance diminue de 0,3 an pour les hommes (78,9 ans) et de 0,4 an pour les femmes (85 ans). L’espérance de vie à 60 ans diminue également : en 2015, à cet âge, une femme peut espérer vivre encore en moyenne 27,3 ans contre 27,7 en 2014 et un homme 22,9 ans contre 23,1 en 2014.
De telles diminutions ont été enregistrées dans le passé mais de moindre ampleur. Sur longue période, elles ne remettent pas en cause la tendance de fond d’allongement de l’espérance de vie même si ce dernier pourrait être bien plus lent. Pour savoir si nous avons atteint un palier en matière d’espérance de vie, il nous faudra attendre quatre ou cinq années. Il est certain qu’avec une population plus âgée, la sensibilité à des facteurs climatiques et épidémiologiques est plus forte. De même, une dégradation de la qualité de notre système de prise en charge des malades et plus globalement des seniors a obligatoirement un impact comme nous avons pu le constater en Russie au moment de la chute du communisme, l’espérance de vie avait reculé alors de plusieurs années. L’ajustement était également une correction de statistiques qui avaient été volontairement faussées durant les dernières années du régime soviétique.