3 mars 2018

Le Coin des Tendances du 3 mars 2018

 

Le financement participatif s’installe en Europe

La finance alternative qui comprend notamment le crowdfunding (collecte de fonds en ayant recours à des plateformes sur Internet), continue, en France, de progresser. Entre 2016 et 2017, l’activité s’est accrue de plus de 50 % entre 2016 et 2017. Selon une enquête menée par KPMG et l’association Financement Participatif France (FPF), en 2015, 297 millions d’euros avaient été collectés. En 2016, ce montant avait atteint 629 millions d’euros. Selon des données encore provisoires, en 2017, 940 millions d’euros auraient transité via les plateformes spécialisées. Cette progression est la conséquence du développement des plateformes, de l’augmentation du nombre de projets et par l’apparition de nouveaux outils de financement. Plus de 3,9 millions de personnes ont réalisé des opérations de crowdfunding qui ont enregistré une hausse de  44 % en matière de fonds collectés.  Les opérations de don ont connu une progression de 20 % quand celles de prêts ont augmenté de plus de 100 %.

Les plateformes de financement participatif attirent de plus en plus les particuliers. Ainsi, depuis 2013, la collecte de fonds auprès des épargnants individuels par les plateformes a connu une croissance de 828 %, passant de 36 millions d’euros à 336 millions d’euros en 2017. Cette croissance a été rendue possible grâce à l’ouverture du secteur à différents types d’outils financiers (émissions obligataires, minibons, titres participatifs, etc.) qui rendent accessibles aux particuliers des financements jusqu’alors réservés aux investisseurs professionnels et institutionnels.

Le financement participatif concerne presque tous les secteurs de l’économie et tous les types de structures, de l’association à la start-up, en passant par les TPE-PME et les projets personnels. Si les dirigeants de start-ups utilisent fréquemment ce mode de financement, ce dernier l’est de plus en plus par l’immobilier qui est à l’origine de 42 % des opérations. Le secteur de l’environnement est également en pointe avec 12 % des émissions. Le secteur culturel a levé 45 millions d’euros et les entreprises du social 30 millions d’euros.

Fort logiquement en raison de son poids démographique et économique, la région Île-de-France arrive en tête pour le financement participatif, loin devant les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Paca.

Face au développement des plateformes de financement participatif, la Commission de Bruxelles entend instituer une réglementation européenne au nom de la constitution d’un véritable marché unique des capitaux. Le projet de directive prévoit que les acteurs de ce secteur puissent effectuer une demande d’agrément au niveau européen pour opérer partout en Europe sous certaines conditions. Selon la Commission, « les fortes différences entre les standards adoptés par les pays pénalisent actuellement les plateformes qui souhaiteraient accroître le volume de leurs activités, puisque leur business-modèle doit être adapté à chaque juridiction. Ce qui accroît les coûts, la complexité et l’incertitude pour certaines plateformes (…), et restreint l’accès du financement participatif aux pays de plus grande taille avec un marché plus large », L’introduction de conditions d’opérations uniformisées au niveau européen est censée réduire la fragmentation du marché du financement participatif actuel, explique ainsi le texte. L’ESMA (autorité européenne des marchés financiers) serait le régulateur chargé de superviser l’activité des plateformes de financement participatif au niveau européen. Les plateformes qui feraient une demande d’agrément auprès de l’ESMA seraient ensuite habilitées à exercer leurs activités au sein de n’importe quel État et de manière transnationale. Le projet souligne que les offres individuelles de financement via les plateformes ne pourront pas dépasser 1 million d’euros sur 12 mois et détaille les conditions que les plateformes devront remplir pour obtenir l’agrément auprès de l’ESMA. Elles devront notamment fournir une description des procédures mises en place pour évaluer les risques et lutter contre la fraude, celles pour répondre aux plaintes des clients, donner les statuts légaux de l’entreprise, etc. L’ESMA aura ensuite 20 jours pour se prononcer sur la demande d’agrément et confirmer que le dossier est complet.

Le projet de directive comporte des articles qui concernent les obligations de transparence que devront respecter les plateformes auprès de leurs clients. Tous les coûts et frais devront être détaillés en amont et transmis aux clients. L’ESMA pourra demander des informations supplémentaires sur les personnalités responsables de la plateforme, mais également sur les clients. Elle pourra mener des investigations en se rendant sur place ou en exigeant d’obtenir des données détaillées auprès des plateformes. En cas de violation du règlement européen, les plateformes pourront être soumises à des amendes.

 

Le sport en France, un secteur face à de nouvelles pratiques

Aux Jeux Olympiques d’hiver en Corée du Sud, la France a terminé à la 9e place avec 15 médailles dont 5 d’or. A cette occasion, elle a battu son record de médailles d’or (le précédent datait des jeux de Grenoble de 1968 et de Salt Lake City de 2002 avec pour chacun 4 médailles). Le résultat de 2018 est avant tout le produit d’un seul champion, Martin Fourcade, qui a remporté 3 médailles d’or à lui seul.

Si la France éprouve bien souvent des difficultés à s’affirmer comme une puissance sportive, elle n’en demeure pas moins un pays où les activités physiques occupent une place prépondérante. Ainsi, seuls 11 % des Français déclarent n’avoir pratiqué, durant l’année, aucun sport. 42 % à l’opposé affirment avoir une pratique hebdomadaire. Près de 9 millions de Français disposent d’une licence sportive. Les principales fédérations au nombre de licences distribuées sont le football (2,2 millions de licences), le tennis (1 million de licences), l’équitation (675 000 licences) et le judo (550 000 licences). Par ailleurs, plus de 5 millions de personnes sont membres d’une fédération multisports (Union Nationale du Sport Scolaire, Fédération Sportive et Éducative de l’Enseignement Catholique, ASPTT). Le nombre de licenciés est important en Bretagne et en Rhône-Alpes. Il est plus faible dans la petite couronne parisienne, dans le Nord et l’Est de la France.

Le sport, 2 % du PIB

Chaque année, la France consacre aux sports près de 40 milliards d’euros soit 2 % du PIB. Les administrations publiques (État et collectivités territoriales essentiellement) prennent à leur charge plus de 18 milliards d’euros, soit 45 % du total de la dépense. Deux ministères concentrent la plus grande partie des dépenses sportives de l’État, celui en charge de l’Éducation nationale (3,9 milliards d’euros) et celui en charge des Sports (près d’un milliard d’euros). Le secteur communal a dépensé 12,1 milliards d’euros en faveur du sport tandis que les départements et les régions ont dépensé 1,3 milliard d’euros. Les ménages réalisent pour plus de 16,5 milliards d’euros de dépenses en faveur du sport (41 % du total de la dépense). La dépense sportive des ménages se destine pour 6,0 milliards d’euros aux services sportifs et pour 10,6 milliards d’euros aux biens sportifs. Les entreprises, de leur côté, réalisent 3,3 milliards d’euros de dépenses pour le sport, essentiellement du sponsoring et droits de transmission des évènements sportifs.

Le sport, 200 000 emplois

Ces dernières années, les dépenses sportives connaissent une croissance annuelle se situant entre 3 et 5 %. En France, plus de 200 000 personnes travaillent dans le secteur sportif (fabrication des équipements et articles de sports, gestion des équipements, clubs, fédérations, etc.). La France compte plus de 270 000 équipements sportifs dont 45 000 terrains dits de grand jeu (football, rugby, athlétisme), 40 000 terrains de tennis, 15 000 centres équestres et 6500 bassins de natation. La répartition territoriale de ces équipements est loin d’être homogène. Ainsi, le nombre de piscines par habitant est plus élevé en Nouvelle Aquitaine, en Occitanie et en Auvergne-Rhône-Alpes. En revanche, les Hauts-de-France et l’Île-de-France sont à la traîne.

Le sport et les jeunes

Le sport est essentiellement pratiqué par les jeunes. Selon une récente étude du Crédoc, en 1997, 94 % des 16-25 ans ont fait du sport au cours des 12 mois précédents (+2 points par rapport à 2016). 53 % ont une pratique sportive hebdomadaire.  Cette proportion de jeunes sportifs augmente depuis plusieurs années, +8 points par rapport à 2015. 16 % des jeunes ont même une pratique quotidienne. (+5 points par rapport à 2015). Les plus assidus au sport sont les jeunes hommes habitant la région parisienne et vivants en couple. Les jeunes pratiquent plus que leurs aînés le sport en salles. Ils sont séduits par l’offre sportive abondante et facile d’accès des salles. Les jeunes, dans les enquêtes d’opinion, soulignent que la pratique sportive ne doit pas s’accompagner de contraintes de lieu et de temps. Il en résulte le succès des sports individuels ou des sports exigeant peu d’organisation (running, boxe, musculation, sports en salle, natation). Les 16-25 ans de détournent de plus en plus d’activités pratiquées dans un cadre institutionnel ou associatif où le type d’entrainement, la durée ou encore le jour et l’heure sont souvent imposés. Le nombre de licenciés tend à décliner (29 %, soit -2 points par rapport à 2015). Par ailleurs, le taux de jeunes ayant participé à une compétition au cours des douze derniers mois a diminué de dix points par rapport à 2016, 26 % contre 36 %. Au-delà des contraintes de temps et de lieu, l’aspect financier joue également dans les choix des jeunes. Par ailleurs, ces derniers souhaitent pouvoir changer rapidement de sports et ne pas être enfermés dans une pratique exclusive. L’enquête du Crédoc souligne que le nombre de disciplines sportives pratiquées a progressé depuis 2016. Aujourd’hui, les expériences sportives des 16-25 ans recouvrent en moyenne 2,9 activités différentes, soit +0,5 activités de plus qu’en 2016.

67 % des jeunes sportifs font de l’exercice physique parce qu’ils estiment que c’est bien pour la santé. D’autres motivations sont moins souvent évoquées : la sociabilité (39 %) et la compétition (30 %). La pratique sportive est jugée profitable pour la condition physique par 86 % des 16-25 ans. Plus de sept jeunes sur dix estiment que le sport leur a permis de gagner en confiance ou d’acquérir de nouvelles techniques, de nouveaux savoir-faire.

Les jeunes recourent de plus en plus aux nouvelles technologies pour pratiquer le sport.  44 % déclarent avoir utilisé une application sur leur smartphone pour visualiser les données enregistrées durant l’exercice et environ 20 % ont eu recours à un objet connecté spécifique (montres, compteurs SRM, etc.) ou ont partagé leurs données de santé sur un réseau social. 39 % des jeunes partagent des photos prises au cours de leur activité sportive sur les réseaux sociaux, 27 % se sont filmés en faisant du sport et 20 % ont mis ces vidéos en ligne.

Les seniors, l’avenir du sport

Plus d’une personne âgée de plus de 60 ans sur deux pratique une activité sportive. Ce taux augmente d’année en année avec l’arrivée des baby-boomers à la retraite. Les retraités pratiquent d’autant plus facilement du sport qu’ils en ont fait quand ils étaient actifs. La pratique tend à décliner après 70 ans mais en quinze ans, la proportion de retraités ayant continué à en faire a augmenté de 15 points. La pratique du sport est liée chez les seniors au niveau de revenus et de diplômes. 56 % des 70-75 ans titulaires de revenus inférieurs ne déclarent aucune pratique contre seulement 28 % des titulaires de revenus supérieurs. Les seniors les plus diplômés pratiquent davantage et, contrairement à toutes les sous-populations de seniors étudiées, leur taux de pratique progresse globalement avec l’âge. À partir de 60 ans, leur pratique sportive augmente nettement, alors que chez les moins diplômés, la non-pratique progresse par paliers successifs, environ 18 % de 20 à 49 ans, entre 20 et 26 % jusqu’à 69 ans et 43 % à partir de 70 ans. Les seniors à la différence des jeunes sont plus adeptes de la mono-activité. 44 % des plus de 50 ans déclarent une seule activité, contre seulement 22 % chez les moins de 50 ans. À partir de 70 ans, la tendance s’accroît avec 54 % des 70-75 ans.

Les retraités aspirent à des activités moins institutionnalisées que les jeunes. Ils sont moins nombreux à être licenciés, membres d’un club ou d’une association. Certes, au moment du départ à la retraite, les seniors s’inscrivent dans des clubs ou prennent une licence mais le rebond est fugace. Ce désengagement institutionnel des seniors diffère selon le sexe, le niveau de revenus et de diplômes. Si le taux d’institutionnalisation des pratiques masculines est stable entre 50 et 69 ans, il augmente légèrement chez les femmes entre 50 et 64 ans. S’ensuit une baisse jusqu’à 75 ans, quand les hommes se signalent par un rebond, davantage marqué à partir de 60 ans. Pour les plus riches et les plus diplômés, l’engagement institutionnel se distingue également, au cours de la période de 50 à 69 ans, par des taux d’adhésion beaucoup plus importants que pour les moins riches et les moins diplômés.

Si les seniors fuient les structures institutionnelles, ils préfèrent les sports faciles d’accès, peu contraignant et contribuant à accroître le bien être. La marche, le running, la natation mais aussi le yoga sont les sports les plus pratiqués.

Pratiques sportives des seniors

De 50 à 59 ans De 60 à 75 ans
VTT 74 % 26 %
Footing 74 % 26 %
Jogging 62 % 38 %
Musculation 58 % 42 %
Tennis 61 % 39 %
Marche de loisir 33 % 67 %
Ski alpin 61 % 39 %
Natation loisir 53 % 47 %
Marche 43 % 57 %
Total 46 % 54 %

(Source CNAV)

A travers la pratique sportive, les retraités recherchent avant tout du bien-être, de la sociabilité et de la détente. Les retraités sont attirés soit par une pratique en intérieur avec un objectif d’amélioration de sa santé et par une pratique extérieure axée sur la détente et la convivialité. Le contact avec la nature est ainsi une motivation importante à partir de 50 ans. Ainsi, chez les jeunes retraités, la pratique de la randonnée en montagne se développe comme la marche sous toutes ses formes. Le sport participe à la socialisation mais les retraités le pratique avant tout pour eux. L’exercice du sport en groupe est important en matière de motivation. L’isolement ne favorise pas l’exercice sportif mais ce dernier n’est pas en soi un gage de rencontres.

Les motivations des retraités pour la pratique du sport

 

De 60 à

64 ans

De 65 à

69 ans

70 ans

et plus

La recherche du risque 4 % 4 % 4 %
Gagne, compétition, performance 16 % 19 % 11 %
La recherche de sensations 41 % 45 % 33 %
L’amélioration des performances 43 % 43 % 37 %
La rencontre avec les autres 72 % 74 % 70 %
L’amélioration de la santé 95 % 95 % 96 %
Le contact avec la nature 93 % 91 % 93 %
Être bien dans sa peau 97 % 98 % 98 %
La détente 99 % 98 % 95 %
L’engagement physique 88 % 87 % 86 %
La dépense physique 56 % 61 % 64 %
Le plaisir être avec ses proches 86 % 85 % 77 %

(Source CNAV)

 

Un marché à fort potentiel sous réserve d’être libéralisé

Le vieillissement de la population mais aussi les contraintes de temps et de mobilité changent la pratique du sport. La recherche d’une meilleure qualité de vie passe par une pratique régulière du sport et cela à tous les âges. Les pouvoirs publics et les structures privées sont contraints de revoir leurs offres de sports afin de s’adapter aux nouveaux besoins et exigences de la population. Dans un rapport, la Cour des Comptes a souligné, récemment, que les collectivités locales géraient mal leurs équipements et en particulier les piscines. Le vieillissement des équipements, leurs coûts de gestion élevés ne sont pas sans conséquences sur la pratique sportive. Par rapport aux États d’Europe du Nord, la France est en retard en matière d’installation que ce soit en piste cyclable ou en piscines (en prenant en compte les horaires d’ouverture). La pratique sportive a été longtemps pensée pour les scolaires. Le recours à des structures institutionnelles a été également privilégié. Un changement de paradigme s’impose donc. Le secteur du sport, sous réserve de le libéraliser, devrait être créateur d’emplois dans les prochaines années. Le système public avec ses tarifs faibles mais subventionné empêche l’arrivée d’acteurs privés. Il en est ainsi pour les piscines et pour de nombreuses activités. Seul le sport en salle fait exception car les collectivités publiques y ont peu investi.