30 décembre 2017

Le Coin des tendances du 30 décembre 2017

Tous à l’Ouest ou presque !

 Entre 2010 et 2015, la population française (hors Mayotte) a augmenté, selon l’INSEE, de 0,5 % en moyenne chaque année. Le solde naturel a été positif de 0,4 point quand le solde migratoire l’a été de 0,1 point.

Les naissances excèdent les décès essentiellement au sein des grandes métropoles, en outre-mer et dans les départements d’Île de France. En revanche, les départements de l’ouest de la France et la Corse enregistrent de forts excédents migratoires.

Le solde naturel est de 0,6 % dans les grands pôles urbains quand il est de -0,5 % dans les communes isolées. Les grandes agglomérations concentrent les jeunes actifs en âge de procréer quand les petites communes rurales sont essentiellement composées de retraités. Le solde naturel reste nettement positif (+0,4 point) dans les communes se situant à périphérie des grandes agglomérations ; il est, en revanche, nul dans les villes de taille moyenne.

Le solde naturel le plus élevé est enregistré en Guyane avec 2,3 % par an en Guyane et atteint ou dépasse 1 % par an dans quatre départements franciliens et à la Réunion. En revanche, dans les départements du Centre et du quart sud-ouest du territoire, où la population est plus âgée, le nombre de décès est supérieur à celui des naissances. Le solde naturel est déficitaire dans la Creuse (- 0,8 % par an), la Nièvre et le Cantal (- 0,5 %).

Les soldes migratoires (différences entre les entrées et les sorties sur le territoire du département) sont déficitaires dans la France du Nord-Est, au nord d’une ligne allant de la Seine-Maritime, Paris et l’est de l’Île-de-France jusqu’au Jura. Au sud de cette ligne, les arrivées de population sont supérieures aux départs. La contribution de l’excédent migratoire à la croissance démographique est particulièrement élevée (plus de 1 % par an) en Corse, dans l’Hérault, la Gironde, les Landes et les Pyrénées-Orientales.

Depuis 2010, les tendances démographiques sont proches de celles constatées entre 1990 et 2010. Néanmoins, le taux de croissance annuel de la population dû aux migrations s’est dégradé dans 38 départements. Le bilan migratoire excédentaire de la bordure méditerranéenne, notamment en Provence-Alpes-Côte d’Azur et au sud-est de l’Occitanie, s’infléchit ainsi nettement. Il en est de même pour la partie ouest du Massif central, l’est du bassin parisien et la Guyane. Pour l’Est de l’Île de France, la Martinique, la Guadeloupe et La Réunion, le solde apparent des entrées-sorties, déficitaire, s’est également détérioré. À l’inverse, le bilan migratoire s’améliore dans 11 départements, notamment en Auvergne-Rhône-Alpes, dans l’Essonne, la Gironde et la Loire-Atlantique, mais aussi dans le Nord, la Marne et la Seine-Saint-Denis. Les variations du solde naturel (au moins 0,2 point) restent plus modérées, il se détériore dans 12 départements et s’améliore dans 2.

Du fait des détériorations du solde migratoire, les fortes croissances démographiques se concentrent dans un nombre de plus en plus réduit de départements. Entre 2010 et 2015, 39 départements bénéficient d’un taux d’évolution de la population égal ou supérieur à la moyenne nationale, contre 53 entre 1990 et 2010. La population croît le plus fortement en Guyane, en Auvergne-Rhône-Alpes, sur la façade atlantique, en Occitanie, en Île-de-France et en Corse, notamment dans les départements alliant attractivité et dynamisme naturel. Au niveau des départements, la Haute Savoie et l’Hérault figurent toujours parmi les départements enregistrant les plus fortes croissances.

Le nombre de départements où la population est stable ou en baisse augmente (27, soit 13 de plus qu’entre 1990 et 2010). Pour l’essentiel, ils sont localisés sur une diagonale allant des Ardennes au Massif central. Pour ceux situés au sud de la Loire, les excédents migratoires sont insuffisants pour compenser le solde naturel défavorable, héritage d’une structure démographique âgée. Au Nord-Est, les anciens bastions industriels souffrent, à l’inverse, d’un déficit migratoire de moins en moins atténué par leur excédent naturel. L’Orne, les Vosges, la Haute-Marne, l’Indre et la Nièvre cumulent déficits naturel et migratoire.

La population se concentre au sein des grandes agglomérations à dominante tertiaire. Les régions côtières de l’Atlantique, Nouvelle Aquitaine, Pays de la Loire, Bretagne, continuent à attirer quand les anciens bastions industriels et les territoires ruraux perdent jour après jour des habitants. L’Île de France est dans une situation particulière en étant un important foyer de naissance mais aussi d’émigration. Le coût de l’immobilier, les contraintes liées aux transports incitent un nombre croissant d’habitants d’Ile de France à la quitter. Au moment de la liquidation de leur retraite, de nombreux Français choisissent de quitter les grands centres urbains au profit de localités se situant à l’Ouest ou en Corse. La relative perte d’intérêt pour les côtes méditerranéennes s’explique par le coût de l’immobilier et les nuisances liées à l’urbanisation.

 

 

La bataille des moyens de paiement a commencé

Avec la digitalisation de la monnaie, une compétition est engagée mêlant les grands acteurs financiers aux nouveaux géants du numérique. Si l’avenir du chèque est derrière lui et son extinction programmée, plusieurs interrogations demeurent sur les moyens de paiement qui demeureront ou s’imposeront dans les prochaines années. La monnaie fiduciaire survivra-t-elle à la révolution digitale ? Les cartes de paiement résisteront elles à la montée en puissance du paiement par téléphone ? Les acteurs traditionnels devront-ils céder leur place à Google, Apple ou Facebook en tant qu’intermédiaires financiers ?

La disparition de la monnaie fiduciaire est actée dans plusieurs pays d’Europe du Nord. L’émission et la gestion des pièces et des billets sont de plus en plus coûteuses. Par ailleurs, dans le cadre de la lutte contre les fraudes, les Etats tentent de limiter au maximum les paiements en cash. Mais, le paiement digital n’est pas sans faille. L’utilisation de monnaies virtuelles sur le « darkweb » constitue une aubaine pour les réseaux criminels.

Selon le rapport annuel de l’Observatoire des Moyens de Paiement, le paiement par carte est le mode de paiement privilégié des Français. Les cartes sont utilisées dans près de la moitié des transactions scripturales en volume (49 %) pour un montant total de 499 milliards d’euros en 2016. Par ailleurs, 1 491 millions d’opérations de retrait par carte ont été dénombrés pour un montant total de 129 milliards d’euros. La France figure parmi les pays européens qui utilisent le plus la carte de paiement pour les transactions. Seul le Royaume-Uni fait mieux (60 % des transactions contre 50 % pour la France). L’Allemagne est loin derrière (19 %).

Le prélèvement arrive au deuxième rang des instruments de paiement scripturaux les plus utilisés en nombre (18 %) et en montant (6 %). Ces transactions sont, avant tout, nationales, les prélèvements SEPA transfrontaliers représentant moins de 1 % de l’ensemble des flux émis.

Le virement reste l’instrument de prédilection pour les paiements de montant élevé (paiements des salaires et pensions, paiements interentreprises, etc.). Il représente 88 % du montant total des transactions scripturales. En nombre d’opérations, il se situe en troisième position (17 %), juste après le prélèvement et loin derrière la carte. 77 % des virements sont réalisés au niveau national contre 18 % à destination de l’espace SEPA (Europe) et 4 % en dehors.

En 2016, 2,1 milliards de chèques ont ainsi été émis pour un montant global de 1 077 milliards d’euros, soit une part dans les paiements scripturaux de 9,5 % en volume et 4 % en valeur. Le poids du chèque décline lentement mais la France est de loin le premier pays pour son utilisation dans les transactions.

Les lettres de change et les billets à ordre, qui représentant moins de 1 % des transactions scripturales tant en volume qu’en valeur, connaissent un repli continu qui se confirme en 2016, tant en montant (-9 %) qu’en nombre d’opérations (-3 %). Enfin, l’utilisation de la monnaie électronique reste marginale, en France, avec 38 millions de transactions pour une valeur totale de 591 millions d’euros.

Les sociétés gérant les cartes de paiement qui se sont imposé lors de ces vingt dernières années comme le principal mode de règlement des achats doivent faire face à la concurrence des géants du numérique. Le développement du paiement sans contact pour les petits achats est une réponse au moindre recours au numéraire mais aussi à la volonté des nouveaux acteurs des télécommunications de prendre pied dans le système de paiement.

En France, sur les 67 millions de cartes en circulation en France, 44,8 millions de cartes sont équipées de la technologie sans contact (68 % du parc). Environ 613 000 commerçants disposent de terminaux acceptant ce moyen de règlement. 1,2 milliard de paiement sans contact sont attendus en 2016 contre 1,2 million en 2012. La hausse du plafond de 20 à 30 euros devrait contribuer à étendre un peu plus l’usage du paiement sans contact. Cette année, 12 milliards d’euros d’achats devraient être ainsi payés. Pour 2018, les spécialistes du groupement Carte bancaire s’attendent à franchir le seuil des 2 milliards de paiement et des 20 milliards d’euros d’achats. Le paiement sans contact pourrait à terme assurer plus de 20 % des achats de proximité. Son taux de progression est évalué pour les prochaines années à plus de 15 % par an. L’objectif pour le groupement est d’améliorer le taux de couverture des commerces qui n’est que de 41 % et d’accélérer le renouvellement des cartes de paiement qui n’en sont pas dotées.

Le taux de fraude est faible. Selon un rapport de la Banque de France de 2016, le taux de fraude sur les transactions sans contact s’élevait alors à 0,02 %. Ce taux est plus faible que celui enregistré pour l’ensemble des retraits (0,029 %) ou que les paiements en ligne (0,199 %). Le taux de fraude pour les chèques atteint 0,025 %. Les fraudes avec des paiements sans contact sont essentiellement imputables au vol ou à la perte de la carte. En cas d’utilisation répétée du paiement sans contact, un système de verrouillage est prévu à travers la demande du code secret.

La dématérialisation des moyens de paiement prend d’autres formes. Le paiement en ayant recours au téléphone portable reste marginal mais pourrait connaître un succès important avec l’entrée en force sur ce créneau des géants des techniques de l’information et de la communication. En France, 50 millions de transactions pour une valeur totale inférieure à 800 millions d’euros ont été enregistrées en 2016 mais dans les prochaines années, une forte croissance est attendue. Le paiement sans contact via le smartphone est proposé aux clients des grandes banques françaises (BNP Paribas, Banque Postale, Crédit Agricole, Société Générale…). Deux systèmes coexistent : Paylib (systèmes Android) ou Apple Pay (Banques Populaires, Caisse d’Epargne et Société Générale).

Apple Pay a été mis en service en 2014 aux Etats-Unis, après la signature par Apple de plusieurs accords avec les différents réseaux de cartes bancaires (Visa, MasterCard et American Express) et avec de grandes enseignes américaines (Subway, McDonald’s, Target, Macy’s, Walgreens, Nike, Walt Disney World Resort…). Aujourd’hui, Apple Pay est accepté dans plus de 240 000 points de vente aux Etats-Unis. Dans ce pays, ce mode de paiement représente plus des deux tiers de dépenses effectuées via la technologie de paiement sans contact. Ce système a été étendu au Royaume-Uni en 2015 et en 2016 en France. Apple Pay connaît une forte croissance en raison de la notoriété de son initiateur et de la simplicité du dispositif de paiement (il suffit de rapprocher le téléphone Apple du terminal). En revanche, Paylib fonctionnant sur Android peine à trouver son public. Du fait de la multiplicité des téléphones fonctionnant sous Android, les modalités de paiement ne sont pas identiques. Le recours à des mots de passe ou la nécessité de se rendre sur une application est une source de complication. En France, Paylib sans contact est disponible dans presque toutes les grandes enseignes bancaires françaises. Plus de 27 millions de détenteurs de téléphones Android y ont accès. Le GIE Carte Bancaire (CB), qui a développé Paylib, ne communique pas de chiffres tout comme Apple.

Certains rêvent de s’affranchir des monnaies sur lesquelles se sont construits les modes de paiement anciens et nouveaux. Le recours au crypto-monnaies est ainsi mis en avant par certains. Le bitcoin en reposant sur la technique de la blockchain en est l’une des plus connues. En 2017, plus de 100 000 sites Internet, dont PayPal, WordPress ou l’agence de voyage Expedia, acceptent le bitcoin comme moyen de paiement. La Croix-Rouge ou Greenpeace admettent également les dons en bitcoins. Il est même possible d’obtenir des bitcoins physiques auprès des 1 778 distributeurs installés dans plusieurs pays. En Europe, les Pays-Bas se sont dotés de 15 distributeurs. Les fortes variations du bitcoin devraient freiner son développement. En effet, son cours est passé de 1000 dollars à 19 872 dollars entre le début de l’année et mi-décembre avant de retomber à 13 000 dollars. La monnaie se doit d’être une unité de compte (fonction d’étalonnage), une réserve de valeur et un instrument d’échange. Le bitcoin, avec une multiplication par vingt de sa valeur en un an, ne répond pas à toutes les exigences auxquelles doit satisfaire une monnaie. Par ailleurs, une monnaie comme un moyen de paiement, pour s’imposer, doit inspirer confiance.

Dans les prochaines années, les modes de paiement sont amenés à évoluer. Les empreintes digitales, la reconnaissance faciale, la biométrie sont de plus en plus utilisés pour payer et contrôler l’identité des acheteurs. En Inde, il est possible de payer grâce à des terminaux munis de lecteur biométrique. Mastercard et le groupe Auchan entendent développer cette technique en France. Depuis l’apparition des premières pièces métalliques entre le VII et VIe siècles avant Jésus-Christ, la recherche de moyens de paiement sûrs a toujours été une ardente obligation afin de faciliter les échanges. La révolution numérique qui permet déjà une circulation depuis plusieurs décennies de l’argent entre les acteurs financiers et les entreprises s’impose désormais aux particuliers. La dématérialisation poursuit sa course en irriguant toutes nos activités, de la musique, au cinéma, au livre et aux billets de transport en passant donc par la monnaie.

 

Mes enfants, vous serez tous codeurs !

Avec la digitalisation d’un grand nombre de secteurs économiques, le codage devient une activité incontournable. Les codeurs réalisent des programmes dans un langage informatique tel que Java, C++ ou Python. Dans une acception plus large, ils sont en charge de l’intégration des données et établissent les algorithmes de plus en plus utilisés dans les applications, les objets connectés, etc. Le codage est un peu ce qu’est la grammaire pour une langue.

Dans tous les pays de l’OCDE, le nombre de codeurs est insuffisant pour faire face aux besoins des entreprises. De ce fait, de nombreuses écoles de codage sont créées pour former des jeunes et des moins jeunes aux techniques informatiques. Mais, pour certains, il est nécessaire de généraliser au plus vite l’apprentissage du codage. La France figure parmi les pays en pointe sur ce sujet.

Faut-il apprendre les règles du codage dès le plus jeune âge afin de familiariser les jeunes enfants aux techniques informatiques ? Pour certains, la maîtrise des langages informatiques sont aussi importants que l’apprentissage des langues ; pour d’autres, compte tenu de l’évolution des techniques informatiques, il ne sert à rien de les enseigner dès le primaire.

En France, seule une initiation à la programmation informatique est prévue dans les programmes scolaires du lycée et du collège. François Hollande s’était engagé à instituer l’enseignement du codage du primaire au lycée. Le Plan d’Education Numérique adoptée en 2015 a intégré la programmation aux programmes des collèges. Il était déjà inscrit à ceux du lycée depuis plusieurs années. En primaire, une initiation est recommandée dès le Cours Elémentaire de première année. Plus de 3 000 collèges ont été équipés, ainsi qu’au moins 3 500 écoles primaires.

Pour que nos enfants deviennent des « acteurs du numérique » et non « simplement des consommateurs, (…) des manipulés du système », comme l’avait déclaré en 2015 François Hollande, l’apprentissage du codage se généralise. Certains jugent inutile cet enseignement au regard de l’évolution des techniques. Dans les années 80, les pouvoirs publics avaient déjà voulu imposer l’enseignement de l’informatique dans l’enseignement primaire et secondaire. Le plan informatique pour tous lancé en 1985 avait abouti à un achat massif d’ordinateurs Thomson dans les écoles. Ces ordinateurs faute de logiciels avaient été rapidement rangés dans les placards. Certes, à l’époque, le réseau Internet grand public n’existait pas encore.

En 2017, la situation est tout autre. Avec la généralisation des smartphones et des tablettes, les jeunes dès le plus jeune âge sont habitués à utiliser des applications. L’apprentissage du codage est de plus en plus ludique. De nombreux sites, cours en ligne, applications, ateliers, livres, robots et kits sont développés pour guider les enfants dans l’apprentissage de la programmation. Néanmoins, comme pour la réalisation de sites en ligne, le codage requiert de moins en moins de connaissances informatiques et risque d’être un jeu d’enfant d’ici quelques années. Tout le monde codera comme monsieur Jourdain fait de la prose.

En Europe du Nord, le débat a été tranché avec la décision d’imposer le codage pour tous. Ainsi, en Suède, le Gouvernement a opté pour l’instauration, en 2018, de cours de programmation dès l’âge de 7 ans. Dès la première année d’école primaire, les élèves apprendront des rudiments de codage. Il en est de même au Danemark. En Finlande, le codage figure parmi les matières enseignées dès le primaire. Les autorités de ce pays ont même indiqué que les instituteurs n’étaient plus obligés d’apprendre l’écriture cursive à leurs élèves.

L’informatisation des écoles qui suit celle de la société peut constituer une rupture de grande ampleur. La généralisation de l’enseignement, ces cent dernières années, est passée par la maîtrise du triptyque : lire, écrire, compter. Aujourd’hui, la vidéo, les applications informatiques modifient le rapport des jeunes à la lecture et à l’écriture. Pour autant, la maîtrise de la langue, l’analyse des textes, les raisonnements mathématiques demeurent incontournables dans l’univers numérique. Internet s’impose aux élèves comme un vecteur de communication ludique et rapide. Concilier ce monde nouveau avec les efforts nécessaires pour acquérir les connaissances liées à l’ancien monde constitue le défi que doivent relever les enseignants.