Le Coin des Tendances du 31 mars 2018
De la sédentarisation au nomadisme, un éternel recommencement
Aujourd’hui, la population humaine est à 97 % sédentaire et 3 % est en mouvement. Les premières traces de sédentarisation de la population datent du néolithique. Entre l’an 12 500 et l’an 7 500 avant Jésus Christ, de petites communautés humaines s’organisent au sein de villages permanents. Elles développent l’agriculture en complément de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Elles pratiquent ensuite l’élevage et enfin cultivent les arts du feu, notamment la poterie et la métallurgie du bronze. Ce changement est observé au Moyen-Orient et presque simultanément en Chine du nord, au Sahara et dans la Cordillère des Andes. Ce passage du nomadisme à la sédentarité est lié à des changements de mode d’alimentation et à l’utilisation des graines. Néanmoins, cette sédentarité n’a pas mis un terme, loin de là, aux migrations.
Face aux évolutions de la démographie, du climat, face aux problèmes politiques, religieux ou ethniques, face aux famines et à la pauvreté, les hommes ont été, tout au long de leur Histoire, amenés, en grand nombre, à migrer dans un territoire autre que celui de leur naissance. Les migrations ont pu être imposées de force, rendues nécessaires ou volontaires. Les périodes de mutation économiques et sociales s’accompagnent, en règle générale, d’une recrudescence des migrations. Sur une population de plus de sept milliards d’habitants, près d’un milliard sont des migrants mais pour près des quatre cinquième, le déplacement s’effectue au sein de son pays de naissance.
Avec une population mondiale qui atteindra 10 milliards d’habitants d’ici 2060, avec un nombre d’habitants qui doublera en Afrique, les flux de migrants devraient s’accroître. L’accès à l’information, la multiplication des moyens de transport facilitent l’émigration. Les mafias sont, en outre, de plus en plus présentes dans l’organisation des transferts de population afin de gagner de l’argent et de se constituer des réseaux,
Les migrations au cœur de l’histoire de l’humanité
Durant la préhistoire, les déplacements de population étaient essentiellement dictés par des considérations d’ordre alimentaire. Les changements de climat expliquent également la diffusion de la population humaine qui a rayonné à partir du Proche et Moyen Orient ainsi que de l’Afrique.
Le développement des moyens de transport a facilité les migrations. Le rôle des bateaux est en la matière essentielle. Que ce soit pour les Grecs et les Romains sous l’Antiquité, pour les Vikings à partir du IXe siècle ou pour Christophe Collomb en 1492, la maîtrise de la navigation fut cruciale pour réussir des expéditions au long cours qui permirent par la suite des échanges et des implantations de « colonies ».
Les migrations prirent de l’importance avec le décollage démographique de l’Europe et avec les progrès réalisés par le transport maritime à partir de la fin du XVIIIe siècle. Les États-Unis ont été au cœur des migrations durant près de deux cents ans, migrations volontaires pour des millions d’Européens voulant fuir la pauvreté ou les persécutions politiques et religieuses et imposées pour les esclaves d’Afrique.
L’esclavage a abouti à déplacer plusieurs dizaines de millions de personnes. Aux États-Unis, les transferts forcés de population se sont déroulés essentiellement entre 1674 et 1865. L’esclavage a de tout temps existé. La pratique était courante durant le Néolithique et l’Antiquité. La traite orientale, à destination du monde arabo-musulman aurait concerné 17 millions de personnes, la traite intra-africaine, 14 millions de personnes et la traite atlantique, 11 millions de personnes.
La première vague massive d’origine européenne d’immigration vers les États-Unis a lieu entre 1840-1860. Plus de 4 millions de personnes émigrent aux Etats-Unis. Elle est provoquée par l’augmentation de la population et les famines en Europe ainsi qu’en raison de la multiplication des révolutions. Elle intervient au moment où la première révolution industrielle se diffuse et du décollage économique américain.
Une deuxième vague intervient entre 1870 et 1920 durant laquelle plus de 20 millions d’Européens émigrent vers les États-Unis. La multiplication des guerres, les pogroms dont sont victimes les juifs favorisent cette émigration qui répond aussi à des objectifs économiques. Durant la seule année 1905, plus d’un million d’étrangers arrivent aux États-Unis.
Les migrations modernes
La fin de la Seconde Guerre mondiale se traduit par des déplacements de population d’une ampleur inconnue et cela dans un laps de temps extrêmement court. Des dizaines de millions d’Européens sont contraints de déménager, de fuir face à l’avancée des armées de l’URSS. Plus de 3 millions de personnes expulsées de la région des Sudètes. 10 millions d’Allemands sont chassés des territoires acquis par la Pologne. Les annexions opérées par l’Union soviétique à l’Est de la Pologne obligent 2 millions et demi de Polonais d’aller vers l’Ouest et sont échangés contre 500 000 Ukrainiens. Entre les États d’Europe centrale, s’organisent des trocs de population afin d’homogénéiser la composition des États et d’éviter la réédition des conflits ethniques d’avant-guerre. En Allemagne de l’Ouest, la population s’accroît de 10 millions. Les Allemands se situant à l’Est fuient en masse après la partition de leur pays qui les placent sous le contrôle de l’URSS. Ces départs contraindront les autorités d’Allemagne de l’Est à construire le fameux Mur de Berlin.
Avec l’accélération de la croissance au sein des pays avancés durant les 30 Glorieuses, les flux migratoires se développent. En Europe, les reconstructions, après la fin de la Seconde Guerre mondiale, nécessitèrent l’appel à une main d’œuvre d’origine étrangère.
Les migrants proviennent d’Afrique, essentiellement des anciennes colonies mais aussi d’Asie. L’Europe qui depuis les invasions barbares était essentiellement un continent d’émigration devient, à partir du début des années 70, un continent d’immigration, les entrées étant supérieures aux sorties. Du fait d’une dénatalité précoce, la France a été un des premiers pays à favoriser l’immigration mais elle fut rattrapée dans ce domaine par ses partenaires à partir des années 60. En 1886, la France comptait déjà plus d’un million de travailleurs étrangers provenant essentiellement d’Italie et de Belgique. Ils furent rejoints au début du XXe siècle par des Espagnols, des Portugais, des Arméniens et des Polonais. Après 1960, les flux migratoires provenaient essentiellement d’Algérie, de Tunisie, du Maroc et de l’Afrique noire. La décolonisation entraîna également d’importants transferts de population. Ainsi, un million de personnes quittèrent l’Algérie après les accords d’Evian de 1962. La grande majorité des États d’Europe de l’Ouest signent des accords afin de faciliter la venue de travailleurs étrangers. Au début des années 80, la population étrangère résidant dans les pays d’Europe occidentale a triplé, comparée à celle de 1950, pour atteindre 15 millions. En 2000, ce sont près de 20 millions d’étrangers qui résident dans l’Espace économique européen (EEE), soit 5.4 % de la population totale.
Avec le premier choc pétrolier en 1973, en Europe, les États tentent de freiner les flux d’immigrés en durcissant leur législation. Les flux migratoires sont alors plus en lien avec des évènements politiques. Il en est ainsi avec les Boat People. Après la fin de la guerre du Vietnam, le 30 avril 1975, plus de deux millions de Vietnamiens ont pris la mer, pour fuir le régime communiste. La France accueillera 128 531 Vietnamiens, Cambodgiens et Laotiens. La chute du mur de Berlin remet au goût du jour les flux migratoires intra-européens. Ces flux sont dirigés vers un nombre limité de pays de l’Union européenne. En 1989 et en 1990, l’Allemagne a accueilli plus de 620 000 personnes d’origine allemande en provenance de Pologne, de Roumanie, mais aussi de l’ex-URSS.
Ces flux très importants ont été encouragés par les dispositions relatives aux minorités ethniques d’origine allemande aux termes de la Constitution de ce pays. Dans une moindre mesure, d’autres pays, comme la Grèce et la Finlande, ont enregistré des retours de minorités ethniques en provenance de l’ex-URSS, et dans le cas de la Finlande des Pays baltes. En outre, des flux de Tsiganes, originaires principalement de Roumanie, de Bulgarie, de la République slovaque et de la République tchèque, sont venus grossir les rangs des autres minorités ethniques dans certains pays d’Europe occidentale. En Allemagne, plus d’un million de personnes sont partis de l’ancienne RDA pour s’installer dans les Länder de l’Ouest. L’éclatement de l’ancienne Yougoslavie sur des bases ethnico-religieuses a entraîné le départ de 2 millions de personnes.
Le retour du politique dans les migrations
À partir des années 80, une recrudescence des demandes d’asile est enregistrée au sein des pays avancés et en premier lieu en Europe. De 1983 à 1992, le nombre de demandes d’asile passe au sein de l’Union européenne de 70 000 à 700 000. Les demandes ont ensuite diminué jusqu’en 1996 pour revenir à moins de 250 000. Ce nombre est monté à 1,3 million en 2015 avant de redescendre à 700 000 en 2016.
Au niveau mondial, le dernier rapport de l’ONU sur l’état des migrations dans le monde qui date de 2013 dénombre 232 millions de migrants, c’est-à-dire de personnes isolées ou de familles qui résident en dehors de leur pays natal. Cela équivaut à 3,2 % de la population mondiale. Par rapport à 2000, le nombre de migrants a augmenté de 34 %. Avec les conflits en Syrie en Lybie et dans une partie de l’Afrique, le nombre de migrants aurait connu une croissance depuis 2013 de 30 à 50 %. La grande majorité des migrations s’effectue du Sud vers le Nord. Néanmoins, les États-Unis représentent toujours le premier pays d’accueil, et reçoivent 20 % des migrants mondiaux. Du fait de la proximité géographique, l’Europe est de plus concernée par les flux migratoires. Pour l’année 2015, environ la moitié des demandes d’asile dans les pays de l’OCDE sont le fait de trois nationalités : Syriens, Irakiens et Afghans. En prenant non pas en compte les flux mais les stocks, les plus grandes communautés de personnes émigrées demeurent asiatiques.
Un milliard de personnes sont donc en mouvement, surtout à l’intérieur de leur propre pays. En Chine, par exemple, deux cent quarante millions d’habitants seraient pour des raisons professionnelles éloignées de leur lieu de vie familiale. Cent dix millions de personnes émigrent du Sud vers le Nord mais près de 90 millions vont du Sud au Sud. Si les déplacements vers le Nord s’accroissent, ils sont moins déstabilisants que ceux opérés au sein d’un même pays ou d’une même région. La zone du Sahel qui est confrontée à de multiples migrations doit faire face des problèmes d’insécurité et de terrorisme.
L’Europe est aujourd’hui une zone d’attraction du fait des images de liberté et de sécurité qu’elle renvoie, de sa richesse, de la proximité géographique et linguistique et de l’existence de liens familiaux déjà constitués avec des migrations antérieures. Si les États-Unis et l’Europe sont aux premières loges, d’autres pays comme la Russie sont également confrontés aux problèmes des migrations. Les populations d’Asie centrale s’y déplacent, et la partie sibérienne est sollicitée par les Chinois.
Si l’Europe, les États-Unis, le Canada ont été et continuent d’être de grands pays d’accueil de demandeurs d’asile, d’autres pays comme l’Iran, le Pakistan, la Turquie, la Syrie, la Jordanie ou le Liban ont accueilli, ces vingt dernières années, les victimes des crises du Proche et du Moyen-Orient. Les révolutions arabes ont, pour l’essentiel, produit des réfugiés chez leurs voisins : Libyens en Tunisie, Tunisiens en Italie et en France, Syriens en Turquie et en Allemagne.
Les migrants, appauvrissement et enrichissement
Les migrants sont, en règle générale, des personnes jeunes de moins de 40 ans ayant un niveau de qualification supérieure à la moyenne. En choisissant de partir, ils représentent la partie la plus dynamique de leur population d’origine. De ce fait, leur départ constitue une perte pour les pays qui les ont formés. En revanche, ils sont des atouts pour les pays d’accueil sous réserve qu’ils puissent s’y implanter dans de bonnes conditions.
Les migrations sont des sources d’enrichissement et de diffusion des connaissances. Les pays ayant fermé leurs frontières se sont, en règle générale, appauvris. De Rome aux États occidentaux en passant par la Chine au XVIIe siècle, nombreux sont les États qui ont tenté d’endiguer les flux de migrants. Ces politiques bien souvent vaines se sont révélées économiquement nuisibles.
Les migrants hautement qualifiés
Les migrations ne concernent pas exclusivement des personnes rencontrant des difficultés. Elles peuvent toucher des personnes à haute qualification recherchant de meilleures conditions pour exercer leurs talents. Dans le passé, les philosophes voyageaient à travers l’Europe et conseillaient les différents souverains. Il en fut ainsi pour Diderot ou Voltaire. Ce dernier parcourra l’Europe mais aimait néanmoins se ressourcer dans son Château de Ferney-Voltaire dans l’Ain où il passa les vingt dernières années de sa vie. Les grands États, les grandes entreprises veulent attirer les meilleurs chercheurs. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les chercheurs allemands spécialisés dans les fusées et dans les bombes atomiques furent contraints de s’expatrier aux États-Unis, en Russie voire en Russie.
Les États-Unis restent de loin le premier pays d’accueil des étudiants de haut niveau et des chercheurs. Selon le rapport rédigé par Loanna Kohler, directrice des programmes de politique sociale à la French-American Foundation, à New York, la part des chercheurs parmi les Français qui émigrent aux États-Unis est passée de 8 % dans les années 1970 à 27 % entre 1996 et 2006. Contrairement à quelques idées reçues, la grande majorité des jeunes Français qui obtiennent un doctorat aux États-Unis restent outre-Atlantique. Par ailleurs, 50 % des post-doctorants ayant obtenu leur doctorat en France, partent à l’étranger, dont un tiers aux États-Unis. Les conditions de travail et la facilité pour trouver un emploi bien rémunéré expliquent ces départs.
Selon une étude menée par l’Institut Montaigne, les chercheurs et doctorants partant de France figurent parmi les meilleurs. Le rapport démontre que ce sont les économistes, les biologistes ou les mathématiciens qui ont le plus tendance à chercher refuge sous de meilleurs cieux. Ce sont également les anciens élèves des grandes écoles, normaliens ou polytechniciens, ceux qui ont coûté le plus cher à former au contribuable français, qui partent le plus volontiers. Le fait d’accéder à des postes à responsabilité plus tôt et de disposer de moyens logistiques plus importants explique le choix de l’expatriation.
Les migrations liées à l’environnement
Les sécheresses, les épidémies, les famines ont, dans le passé, provoqué des déplacements massifs de population. Le réchauffement climatique avec l’élévation des eaux ainsi que l’épuisement des sols conduisent de plus en plus de personnes à chercher de nouveaux territoires. Leur nombre, d’après les experts, pourrait avoisiner celui des migrants internationaux d’aujourd’hui d’ici la fin du siècle.
Selon une estimation, à long terme, la montée du niveau des mers résultant d’un réchauffement de 2 °C pourrait entraîner la submersion de terres où vivent actuellement 280 millions de personnes. Dans les Îles Fidji, 55 000 personnes ont été déplacées et 1/5ème de la production agricole domestique a été détruite par le cyclone Winston en 2016.
La dégradation des sols en Afrique est un facteur important de migration. Causée entre autres par des pratiques agricoles non durables, la pollution et l’expansion urbaine, cette détérioration nuit déjà à plus d’un milliard d’habitants.
Plus de 40 millions de personnes sont menacées à moyen terme par la montée des eaux. Le Bangladesh, des régions entières en Chine, aux Pays-Bas, aux États-Unis, de, nombreuses îles sont menacés. En Australie, 85 % de la population vit sur les côtes. Plus de 200 000 logements sont considérés comme inondables.
Selon le rapport « Déracinés par le changement climatique », de l’organisation internationale, Oxfam, souligne que les populations vivant dans des pays à revenu faible et à revenu intermédiaire sont en moyenne cinq fois plus susceptibles d’être déplacées à cause de catastrophes climatiques extrêmes et soudaines (comme les tempêtes ou les inondations) que les habitants de pays à revenu élevé. Entre 2008 et 2016, 14 millions de personnes ont été déplacées pour ses raisons climatiques dans les pays à revenu faible et intermédiaire contre seulement 1 million dans les pays riches.
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Avec une population mondiale en augmentation constante, avec la mondialisation des échanges et l’uniformisation des sources d’information, les migrations ne risquent pas de s’éteindre. Le nomadisme semble même gagner les sédentaires. Le développement du tourisme en est un symbole. Mais le travail qui pour un grand nombre d’actifs était une activité sédentaire tend à se transformer en adoptant certaines parures du nomadisme. Le bureau devient de plus en plus virtuel. L’actif peut travailler dans un bureau de passage, dans un train, dans un avion, dans un hôtel ou chez lui. Les frontières entre vie professionnelle, vie familiale ainsi qu’entre travail et loisirs s’estompent. Le nomadisme s’illustre également par une plus grande mobilité professionnelle. L’actif est amené à occuper un nombre croissant d’emplois qui peuvent obéir à différents statuts. Il peut même à la retraite continuer à exercer ses talents professionnels ou occuper des fonctions associatives.
Déménager pour trouver un emploi, l’Europe à la traîne
La zone euro n’est pas considérée comme une zone monétaire optimale en raison notamment de la faible mobilité de la main d’œuvre. Cet aspect évolue lentement au sein de l’Europe.
Mobilité des jeunes actifs sans emploi
Selon les données d’Eurostat, 50 % des demandeurs d’emploi de 20 à 34 ans dans l’Union européenne hésitent à changer de lieu de résidence pour décrocher un emploi ; 21 % sont disposés à déménager pour les besoins d’un emploi dans le même pays, 12 % sont prêts à s’établir ailleurs dans l’Union et 17 % seraient même prêts à quitter l’Union européenne pour obtenir un emploi.
Le niveau d’éducation des jeunes joue un rôle important en matière de mobilité. Les jeunes chômeurs ayant un niveau d’éducation élevé sont davantage disposés à s’établir ailleurs pour les besoins du travail, 23 % sont prêts à déménager à l’intérieur de leur pays de résidence et 16 % sont prêts à s’établir dans un autre État membre de l’Union que les jeunes chômeurs ayant un niveau d’éducation moyen, respectivement 20 % et 11 % ou ceux ayant un niveau d’éducation faible (21 % et 10 %).
La majorité des personnes en emploi âgées de 20 à 34 ans dans l’UE ne se sont pas établies ailleurs pour les besoins de leur emploi actuel (90%).
Mobilité des jeunes actifs ayant un emploi
La part de ceux qui ont déménagé dans un autre État membre de l’UE pour obtenir leur emploi actuel n’a atteint que 1 % des jeunes, contre 8 % qui ont déménagé à l’intérieur de leur propre pays. La mobilité professionnelle à l’intérieur d’un pays augmente chez les jeunes en emploi qui ont un niveau d’éducation plus élevé (13 % ont déménagé), en comparaison de ceux qui ont un niveau d’éducation moyen (6 %) et ceux qui ont un faible niveau d’éducation (4 %). Toutefois, les différences de niveau d’éducation ne sont pas aussi significatives pour les jeunes en emploi qui se sont déplacés au sein de l’UE : 2% de ceux qui avaient un niveau d’éducation élevé et 2 % de ceux qui avaient un niveau d’éducation faible se sont établis dans un autre État membre pour des raisons professionnelles, contre 1 % des personnes ayant un niveau d’éducation moyen.
Mobilité des demandeurs d’emploi selon les pays
Plus des deux tiers des chômeurs âgés de 20 à 34 ans ne sont pas disposés à déménager pour les besoins d’un emploi à Malte (73 %), aux Pays-Bas (69 %) et à Chypre (68 %).
Les pourcentages les plus élevés de jeunes chômeurs qui sont prêts à changer de lieu de résidence au sein du même pays se situent en Roumanie et en Allemagne (37 % chacune), ainsi qu’en République tchèque et en Irlande (35 % chacune). Les parts les plus élevés de personnes disposées à s’installer ailleurs dans l’Union sont observées en Estonie et en Croatie (26 % chacune) de même qu’en Slovénie (25 %).
La part des jeunes chômeurs qui sont prêts à déménager en dehors de l’Union est la plus élevée en Suède (34 %), en Espagne, en Finlande (28 % chacune) et en France (27 %).
Mobilité des jeunes actifs ayant un emploi selon les pays
Les plus faibles taux de déménagement à des fins professionnelles sont enregistrés en Italie ; les plus élevés le sont en Irlande.
Dans quinze États membres de l’UE, 90% des jeunes en emploi âgés de 20 à 34 ans n’ont pas déménagé pour les besoins de leur emploi. Le pourcentage le plus élevé est enregistré en Italie (98%), le plus faible en Irlande (60%). Quelque 12% des jeunes en emploi au Luxembourg, 9% à Malte et 7% en Irlande y ont déménagé en provenance d’un autre pays de l’UE pour les besoins de leur emploi actuel. Les parts les plus élevés de personnes qui ont déménagé à l’intérieur de leur pays pour leur travail sont enregistrées en Irlande (26%), en France (16%), en Finlande (14%) et en Suède (13%).
Les TPE ne sont pas encore à l’heure digitale
19 % des entreprises occupant moins de 10 personnes et réalisant moins de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel ne disposaient, pas fin 2016, d’un accès à Internet. Par comparaison, quasiment toutes les sociétés occupant 10 personnes ou plus sont connectées à Internet. Les TPE rattrapent progressivement leur retard. En effet en 2012, 27 % d’entre elles n’avaient pas accès à Internet.
Même si l’écart entre les TPE et les sociétés de plus grande taille se réduit, il est encore important dans certains secteurs. Ainsi, en 2016, seuls 61 % des TPE de l’hébergement et de la restauration possèdent un accès à Internet, malgré une progression de 12 points depuis 2012. Les activités de services administratifs et de soutien se distinguent par une faible évolution de l’accès à Internet entre 2012 et 2016 : elles sont encore plus d’un quart à ne pas être connectées.
En revanche, assez logiquement, les TPE des secteurs de l’information, de la communication et des activités spécialisées, scientifiques et techniques sont presque toutes équipées d’ordinateurs connectés à Internet.
Une présence encore faible sur le Net
Un tiers des TPE a un site web contre deux tiers des sociétés de 10 personnes ou plus. Les TPE employeuses (de 2 à 9 personnes) sont, en proportion, deux fois plus nombreuses à disposer d’un site web que les TPE non employeurs. Fin 2016, 27 % des TPE dispose d’au moins un compte sur un média social (contre 36 % des sociétés de 10 personnes ou plus).
Les TPE utilisent peu le commerce électronique
Les TPE reçoivent rarement des commandes via un site web : seulement 6 % d’entre elles ont effectué des ventes en ligne lors du dernier exercice comptable contre 16 % des sociétés de 10 personnes ou plus.
43 % des TPE possédant un ordinateur déclarent que les biens ou les services proposés par leur entreprise sont inadaptés à la vente en ligne. Les dirigeants des TPE invoquent aussi plusieurs autres obstacles. Le coût de la mise en place des ventes web est un frein pour 25 % des TPE ayant un ordinateur. Les problèmes d’ordre logistique et ceux liés au paiement par Internet sont cités par respectivement 19 % et 17 % d’entre elles.