28 août 2021

Le Coin des Tendances le dollar, l’euro et le rmb – les résidences secondaires

Le dollar est-il mortel ?

Le système monétaire international issu des accords de Bretton Woods a pris fin le 15 août 1971. Il a été légalement remplacé par le système des changes flottants en 1976. Les Accords de Bretton Woods reposaient sur un mécanisme à deux niveaux, les monnaies étaient reliées à l’or à travers leur convertibilité au dollar (qui était ainsi as good as gold). Ce choix était la conséquence de la concentration du stock d’or mondial après la Seconde Guerre Mondiale aux États-Unis (plus des deux tiers) et de la nécessité de financer la reconstruction ainsi que la guerre froide. Dans le « Gold Exchange Standard », les États-Unis avaient entre leurs mains une partie de l’étalon monétaire. Le déficit permanent de la balance extérieure américaine a incité certains États à faire jouer la clause de convertibilité, les États-Unis peinant à maintenir la parité à 35 dollars malgré les pressions exercées sur leurs alliés. Jacques Rueff, économiste et conseiller du Général de Gaulle a écrit, en 1964, « le Gold Exchange Standard a accompli cette immense révolution de livrer au pays pourvu d’une monnaie bénéficiant d’un prestige international le merveilleux secret du déficit sans pleurs qui permet de donner sans prendre, de prêter sans emprunter et d’acquitter sans payer ». Le système de Bretton Wood a fonctionné une grosse décennie, les monnaies européennes n’étant redevenues convertibles qu’au milieu des années 1950. Pour certains, il a permis, grâce à la diffusion des dollars tout autour de la planète, la reconstruction et les Trente Glorieuses. Pour d’autres, il a contribué à la dollarisation du monde et à la généralisation des déséquilibres financiers qui ont abouti à l’inflation des années 1970 et à son explosion.

Le dollar fortifié par la fin du Gold Exchange Standard

La fin de la convertibilité du dollar en or n’a pas sonné le glas de la monnaie américaine. Elle a, au contraire, conforté sa position de devise mondiale et d’étalon monétaire. Le dollar est depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale la monnaie internationale. Il est la principale devise de facturation et la devise de référence pour un très grand nombre de matières premières et produits. Il permet le règlement des transactions commerciales. Il demeure un instrument d’interventions sur le marché des changes. Plus de la moitié des échanges commerciaux et plus de 60 % des réserves de change sont libellés en dollars. La deuxième devise est l’euro qui représente 20 % des réserves de change, le RMB chinois ne pesant que 2 %. La crise des subprimes de 2008 née aux États-Unis a renforcé la devise américaine, aussi étrange que cela puisse paraître. Dans un monde de plus en plus instable, le dollar bénéficie de son statut de valeur refuge. Dans un contexte de faible inflation, la préférence pour des actifs sûrs au niveau mondial s’est accrue, aidée en cela par les rachats massifs d’obligations d’État par la Réserve Fédérale. Le déclin relatif de l’économie américaine n’a pas, pour le moment, de conséquences sur le rôle du dollar. La Chine et les pays émergents représentent certes 57 % du PIB mondial en parité de pouvoir d’achat, contre moins de 20 % pour les États-Unis. Si le monde devient multipolaire, il repose essentiellement sur une seule devise, le dollar. Le large marché financier, la sécurité juridique, la forte attractivité du pays et sa force militaire permettent aux États-Unis de compenser leur recul économique. Ce dernier est peut-être surévalué en raison des pratiques comptables des multinationales américaines. Certains avancent l’idée que les coûts de domination du dollar sont supérieurs aux gains de la coordination et de la régulation que ce dernier assure par défaut. D’autres estiment que le changement de doctrine des Américains qui, ont opté pour le hard power, surtout sous la présidence de Donald Trump, nécessite de passer à un autre système monétaire.

L’économie mondiale dépend de la politique monétaire voire de la politique tout court des États-Unis. La crise financière asiatique en 1997 ou la crise russe en 1998 sont en partie liées à la hausse des taux pratiqués aux États-Unis. Les pays émergents s’endettent essentiellement en dollars, ce qui les rend vulnérables en cas de hausse des taux ou d’appréciation de la devise américaine. Les variations d’émission de la monnaie américaine qui dépend de la politique monétaire et du résultat de la balance des paiements courants entraînent des conséquences sur les marchés domestiques de nombreux pays qui peuvent être confrontés à des hausses des prix et à un manque de liquidités. Selon l’économiste Michel Aglietta, une hausse des taux par la FED affecte plus de 9 000 milliards de dollars de dettes et de dépôts, le réseau des banques à l’échelle mondiale et le shadow banking les amplifiant en permanence. Depuis la crise financière de 2008, le marché du dollar offshore a doublé de volume. Les contraintes imposées par les États-Unis sur l’utilisation des dollars n’ont pas freiné la croissance américaine. Les sanctions au nom de l’extraterritorialité de la législation américaine à l’encontre des entreprises qui commercent avec l’Iran, l’embargo sur la Russie, et les sanctions commerciales infligées à la Chine ont été dénoncés sans pour autant provoquer de réelle modification au niveau de l’utilisation du dollar. Le rejet par les Américains de l’accord sur le nucléaire avec l’Iran avec l’arrivée au pouvoir de Donald Trump s’est imposé aux entreprises non-résidentes qui dépendent pour leurs échanges internationaux du dollar.

L’euro, des atouts et des petites faiblesses pour supplanter le dollar

Malgré ses défauts, le dollar reste incontournable. Il n’a pas de concurrent de substitution. Les créateurs de l’euro ne lui avaient pas assigné comme objectif de supplanter le dollar. Si en vingt ans, il est devenu la deuxième devise mondiale, sa progression s’est fait en toute discrétion. L’euro avait comme objectif premier était l’instauration d’une zone monétaire commune permettant de s’affranchir des fluctuations de change et des coûts qu’elles génèrent. Cette zone monétaire visait, certes, à s’affranchir de la monnaie américaine mais pas à la remplacer au niveau international. La vision de ses fondateurs était avant tout interne sachant que les États membres réalisaient à l’époque plus des deux tiers de leurs échanges au sein de l’Union européenne. La dimension internationale de l’euro reste peu mentionnée lors de sa création. Compte tenu du poids des États membres, l’euro a obligatoirement un rôle international. Les dissensions ou les désaccords sur la politique économique ont freiné son expansion. Les responsables de la Banque centrale ont veillé, surtout durant la première décennie, à forger la crédibilité de la monnaie européenne en fixant des objectifs clairs en matière d’inflation. Dans les institutions internationales comme, en particulier au FMI, la BCE n’a pas de voix au chapitre. Les représentants de l’Union européenne proviennent des différents États membres. L’euro demeure une monnaie incomplète ne pouvant pas compter sur un État, une armée, un véritable budget. La crise grecque a souligné la fragilité de la zone euro même si elle a débouché sur la mise en place de mécanismes de soutien (Mécanisme Européen de Stabilité créé en 2012, successeurs du Fonds Européen de Stabilité Financière). L’euro pâtit de la segmentation du marché financier européen. À la différence des États, la zone euro ne peut pas compter sur l’émission en masse et permanente d’obligations européennes. Le Plan de Relance pour l’Europe prévoit l’émission de 750 milliards euros d’obligations européennes sur trois ans. Ce montant reste modeste par rapport aux États-Unis (plus de 1 800 milliards de dollars d’obligations en 2020) ou même par rapport aux États membres de l’Union (la France devrait émettre pour 260 milliards d’euros d’obligations nettes de rachats en 2021).

Au niveau des échanges internationaux, l’euro a réussi à s’imposer à l’exportation mais pas à l’importation. Plus de la moitié des exportations hors zone euro sont facturés en euros. Les États membres de l’Union européenne qui n’ont pas intégré la zone euro l’utilisent pour leurs importations issues de cette dite zone. En revanche, pour les importations, en particulier en ce qui concerne l’énergie et les matières premières, la monnaie américaine reste dominante. L’euro peine également à être une monnaie d’échanges entre les États qui ne sont pas membres de l’Union européenne. L’euro a réussi malgré tout à devenir une devise de référence sur le marché des changes. 22 pays hors zone euro ont un taux de change fixe avec la monnaie européenne dont 16 en Afrique. Deux pays ont renoncé à leur monnaie pour utiliser l’euro, le Monténégro et le Kosovo. Plusieurs États d’Europe de l’Est ont « euroïsé » leur économie en acceptant une double circulation (Bulgarie, Bosnie-Herzégovine). Le choix de l’euro comme monnaie pivot pour les États extérieurs à la zone euro se justifie par la recherche d’une crédibilité internationale et la lutte contre l’inflation.

L’euro est devenu la deuxième monnaie du système monétaire international. Il sert de devise de diversification mais n’est pas en position de suppléer, pour le moment, le dollar. Les autorités chinoises ont cette ambition mais elles partent de bien plus loin, leur monnaie le RMB jouant actuellement un rôle marginal au niveau international. 

Le RMB, le long chemin de la conquête de la puissance monétaire

Compte tenu de son poids au sein de l’économie mondiale, de sa première place dans les échanges internationaux et de ses relations de plus en plus délicates avec les États-Unis, la Chine entend que sa monnaie, le renminbi, puisse jouer un rôle plus important. L’internationalisation de la devise chinoise s’inscrit dans le cadre d’une politique d’ouverture internationale. Cette stratégie a été formulée lors du Comité central du Parti Communiste Chinois du mois de novembre 2013. Pour faciliter la diffusion de leur monnaie, les autorités chinoises ont retenu plusieurs priorités : la libéralisation des taux d’intérêt, la banalisation des relations entre les grandes entreprises et les banques, la convertibilité totale d’ici 2024, la création d’une industrie de la finance compétitive en faisant appel à des experts étrangers et la mise en place d’établissements d’investissement ayant une dimension mondiale. Les autorités doivent également rendre plus indépendante leur banque centrale. L’internationalisation du renminbi est un des objectifs de la Belt and Road Initiative (BRI) qui correspond à la nouvelle route de la soie qu’entend créer la Chine. En prévoyant avec des États d’Afrique, d’Asie, du Moyen Orient et d’Europe, des infrastructures cofinancées, le gouvernement chinois entend ainsi développer sa sphère financière. Entre 2013 et 2017, plus de 400 milliards de dollars ont été investis dans le cadre de cette route de la soie. À titre de comparaison, le Plan Marshall qui a contribué à la reconstruction de l’Europe après la Seconde Guerre mondiale portait 135 milliards de dollars en valeur actuelle. La BRI ne permet pas néanmoins l’émergence d’un marché offshore du renminbi car la quasi-totalité du financement est réalisé par les Chinois au profit d’entreprises elles-mêmes chinoises. Les fonds d’investissement chinois n’obéissent pas aux règles de transparence et de gouvernance en vigueur à l’échelle internationale. Or, la pratique importante du shadow banking est un sujet d’inquiétude majeur pour les agents économiques non-chinois. Par ailleurs, la Chine refuse le multilatéralisme en matière de gestion de la dette des pays en difficulté. Elle n’est pas membre du Club de Paris en charge de mettre en place des plans pour les États étant en incapacité de rembourser leurs dettes. En revanche, la Chine s’est investie dans le processus de concertation internationale sur le financement de la transition énergétique en participant au réseau de banques centrales travaillant sur ce sujet. Le retrait temporaire des États-Unis a incité le gouvernement chinois à s’engager sur ce terrain. Considérant en outre que les Occidentaux sont en grande partie responsables du réchauffement climatique, la Chine se veut être le défenseur des pays en développement. Fin 2018, la Chine est devenue le deuxième émetteur d’obligations vertes au monde après les États-Unis.

Afin de favoriser l’internationalisation de leur monnaie, les autorités chinoises ont multiplié les accords d’échanges bilatéraux de devises. Plus de 38 accords avaient été signés fin 2018 portant sur plus de 3 700 milliards de RMB. Pékin a mis en place également un réseau de centres de clearing en RMB offshore, permettant l’échange contre d’autres devises en dehors du territoire national. L’objectif est de créer un marché des changes en RMB ouvert 24 heures sur 24. Les actifs financiers chinois sont désormais admis dans les indices internationaux ce qui valorise la participation étrangère sur les marchés locaux. Toutes ces mesures prolongent l’intégration du RMB dans le panier des Droits de Tirage Spéciaux (DTS) du FMI, réalisée en octobre 2016.

Pour le moment, les efforts des autorités chinoises ont été couronnés de peu de succès. La devise chinoise demeure marginale à l’échelle internationale. L’immaturité des infrastructures et la faible transparence du processus de décision des politiques sont pointées du doigt par les investisseurs internationaux. Le marché des obligations locales qui représente plus du quart des émissions obligataires publiques constitue une menace en raison de la faible solvabilité des collectivités territoriales. Dans ce contexte, la part des RMB reste limitée à 1,65 % pour les échanges internationaux et à 2 % pour les réserves.

Demain, le tout digital

L’émergence d’un nouveau système monétaire international est incontournable dans une économie mondiale de plus en plus multipolaire. Les difficultés des pays avancés et l’accroissement de leurs dettes publiques pourraient accélérer le processus. Les autorités chinoises y travaillent en avançant sur la diffusion d’un RMB digital. Elles ne sont pas les seules à parier sur l’avènement des monnaies digitales. La BCE et la FED mènent également des expériences en la matière. Qui contrôle l’argent, contrôle l’économie mondiale. Ce fut le cas pour le Royaume-Uni au XIXe siècle et c’est le cas pour les États-Unis depuis 1945. D’ici le milieu du siècle en cours, le centre financier se déplacera-t-il à nouveau ou deviendra-t-il totalement virtuel ? Il est possible également que l’antagonisme entre la Chine et l’Occident aboutisse à une partition avec deux grands espaces financiers. La seule limite à ce scénario est que désormais les pays émergents et en développement représentent 57 % du PIB mondial.

 

 

 

 

La résidence secondaire, un marché de seniors aisés

En période de crise sanitaire, la résidence secondaire est redevenue tendance. Avec le télétravail, la résidence secondaire a trouvé toute son utilité pour les cadres des grandes villes. Le développement de la location saisonnière permet également de rentabiliser des logements qui étaient auparavant perçus comme des centres de coûts. Les Français sont les champions d’Europe de la résidence secondaire en lien avec leur attachement pour la pierre. La France comptait ainsi 3,2 millions de résidences secondaires, en 2017, soit un logement sur dix. Parmi eux, près de six sur dix se trouvent sur les littoraux ou dans des territoires situés en montagne. 40 % se trouvent sur le littoral et 16 % à la montagne, le massif alpin en représentant les deux tiers. 12 % des résidences secondaires sont localisées dans des zones fortement urbanisées dont la moitié dans la seule métropole du Grand Paris (196 000 résidences secondaires), suivie de celle de Lyon (16 000), puis de celles de Toulouse et Bordeaux (11 000 chacune). La moitié des résidences secondaires sont localisées en milieu rural.

Dans certaines agglomérations, les résidences secondaires peuvent représenter une part importante du parc de logement. La proportion atteint ainsi 33 % pour les communautés de communes en altitude et jusqu’à 61 % pour celles à plus de 1 500 mètres d’altitude, 18 % sur le littoral (30 % ou plus sur une grande partie du littoral centre atlantique, du Morbihan aux Landes et du littoral méditerranéen, notamment en Corse). Les départements d’outre-mer (hors Mayotte) comptent 51 000 résidences secondaires et elles y représentent 7 % du parc de logements.

Les résidences secondaires plus petites que les résidences principales

Au niveau national, 27 % des résidences secondaires font moins de 40 m², contre 10 % des résidences principales. Cette spécificité concerne en premier lieu les appartements dans les stations de ski, 50 % de ceux considérés comme résidence secondaire entrent dans cette catégorie, contre 13 % pour l’ensemble des logements dans les agglomérations se situant au-dessus de 750 mètres. 20 % des résidences secondaires font 100 m² ou plus, contre 30 % des résidences principales.

Près d’un cinquième des résidences secondaire détenu par des non-résidents

83 % des résidences secondaires appartiennent à des personnes résidant en France et 17 % à des non-résidents. Cette dernière catégorie comprend les expatriés qui ont conservé un logement sur le territoire national. Une résidence secondaire sur dix appartient à une personne résidant à l’étranger. 27 % des résidences secondaires sont détenues par des résidents du Royaume-Uni, 12 % d’Italie, 12 % de Belgique, 11 % de Suisse, 8 % d’Allemagne, 7 % des Pays-Bas et 4 % d’Espagne.

Une surreprésentation des ménages aisés parmi les détenteurs de résidence secondaire

Parmi les résidences secondaires dont le ménage détenteur réside en France, 34 % sont détenues par les 10 % des ménages les plus riches. Les résidences secondaires détenues par ces ménages aisés sont plus particulièrement présentes sur les littoraux, hormis celui du Languedoc, dans les Alpes, et notamment les Alpes du Nord, et dans quelques grandes agglomérations, notamment à Paris. Sur le littoral, les résidences secondaires sont plus souvent détenues par des ménages aisés au Pays basque, sur le littoral du Var et des Alpes-Maritimes et sur le littoral sud de la Bretagne que dans le Languedoc (25 %). Les résidences secondaires sont majoritairement détenues par des ménages aisés dans certaines communautés de communes de l’île de Ré (59 %), de Belle-Île-en-Mer, de la Côte d’Émeraude et du golfe de Saint-Tropez (plus de 50 %). Les ménages aisés sont également surreprésentés au sein des stations de très haute altitude (plus de 1500 mètres) des Alpes du Nord (47 %) ou des Pyrénées (29 %). En région parisienne, les ménages aisés privilégient Paris, Versailles et Saint-Germain-en-Laye.

Dans les espaces moins densément peuplés, hors littoral et altitude, les résidences secondaires sont moins souvent détenues par des ménages aisés qu’en moyenne en France (29 %).

Les habitants des métropoles, les principaux détenteurs de résidence secondaire

Les habitants des grandes agglomérations détiennent une grande partie du parc de résidences secondaire. Cette concentration s’explique par la surreprésentation des ménage aisés dans les grandes villes, par le souhait de pouvoir bénéficier d’une maison à la campagne, en bord de mer ou en montagne. Par ailleurs, les résidents des grandes villes peuvent avoir conservé des maisons familiales à la campagne. 348 000 ménages détenteurs d’une résidence secondaire habitent à titre principal dans la métropole du Grand Paris. Les huit autres agglomérations comptant le plus grand nombre de détenteurs sont Aix-Marseille-Provence et Lyon (avec chacune plus de 55 000 ménages concernés), Toulouse, Bordeaux, Nantes, Lille et Nice (de 32 000 à 24 000 ménages) et Rennes avec 20 000 ménages. Ces chiffres sont certainement inférieurs à la réalité, de nombreux urbains décidant de fixer leur résidence principale à la campagne.

Des résidences secondaires proches du domicile principal

La résidence secondaire se situe dans 72 % des cas à moins de trois heures de route de la résidence principale de son détenteur. Les Parisiens sont souvent propriétaires de résidences secondaires en Normandie ou dans la région Centre Val de Loire. Nombreux parmi les propriétaires de résidences secondaires sont également ceux qui, habitant dans le Grand Paris, disposent d’un logement en périphérie (Yvelines, Seine-et-Marne, Essonne ou Val d’Oise). Les Bordelais aisés possèdent des « cabanons » autour du bassin d’Arcachon quand les Lillois privilégient le littoral de la Mer du Nord. En France, pour 38 % des résidences secondaires détenues par un résident français, la distance entre les résidences secondaire et principale du ménage détenteur est de 3 heures de route ou plus. Cette part est plus faible à proximité des grandes métropoles notamment dans un vaste espace autour de Paris, mais aussi, dans une moindre mesure, autour de Lyon et dans les Hauts-de-France. Pour les résidences secondaires du littoral breton, 55 % d’entre-elles sont détenues par des ménages qui habitant à plus de trois heures. Cette proportion est de 66 % sur le littoral du Var et des Alpes-Maritimes, ainsi que sur l’île d’Oléron. Il s’agit, selon l’INSEE, également de plus de la moitié des résidences secondaires du littoral Corse. 48 % des résidences secondaires des ménages aisés sont à 3 heures de route ou plus de la résidence principale du détenteur, contre 23 % pour les ménages modestes.

Les séniors majoritaires dans la possession des résidences secondaires

66 % du parc des résidences secondaires est détenu par des ménages âgés de 60 ans ou plus, contre seulement 38 % du parc de résidences principales. La possession d’une résidence secondaire intervient fréquemment après 45 ans. Celle-ci peut être acquise à l’occasion d’une succession qui intervient, en moyenne, au-delà de 55 ans. Les résidences secondaires sur le littoral sont, dans l’ensemble, plus souvent détenues par des ménages âgés. Sur le littoral du Var et des Alpes-Maritimes, environ trois résidences secondaires sur quatre sont détenues par des ménages dont la personne de référence a 60 ans ou plus (jusqu’à 79 % des résidences pour la communauté d’agglomération Var Estérel Méditerranée). Ce phénomène est moins marqué, par exemple, sur le littoral des Hauts-de-France (67 %). Les résidences secondaires de Corse ou des Alpes du Sud sont plus souvent détenues par des ménages âgés (74 % et 69 % ont 60 ans ou plus) que celles des Alpes du Nord ou des Vosges (65 % et 63 %).

Les résidences secondaires contribuent à la revitalisation des petites communes en milieu rural. Avec le vieillissement de la population, elles sont occupées plus longtemps, ce qui génère une demande croissante en services de proximité. L’afflux de population qu’elles entraînent peut amener des réactions d’hostilité de la part des résidents traditionnels comme ce fut le cas lors du premier confinement. La crainte était alors la diffusion du virus au sein de territoires à faibles taux d’incidence. Le développement du parc de résidences secondaires provoque dans certaines régions de fortes augmentations des prix. Les résidents à l’année éprouvent de plus en plus de difficultés à se loger. En Corse, une campagne par voie de presse et d’affichage a été lancée pendant les vacances par un des partis nationalistes avec comme thème « n’achetez pas notre terre », décliné dans plusieurs langues. Pour freiner la montée en puissance des résidences secondaires qui sont de plus en plus utilisées en tant que locations saisonnières, les collectivités locales appliquent des majorations au taxe d’habitation pouvant atteindre 60 %.