Le Japon attend toujours son miracle
Quelques semaines après sa victoire aux élections législatives anticipées, le Premier Ministre japonais, Shinzo Abe, a annoncé son troisième plan « exceptionnel » de relance. En 2013, après son accession au pouvoir, un premier plan avait été engagé d’un montant de 10.500 milliards de yens. En 2014, un nouveau programme de 5.500 milliards d’euros avait été acté. Pour 2015, le plan porte sur 3.500 milliards de yens, soit 24 milliards d’euros. Ce plan doit sortir le pays de la récession occasionnée par l’augmentation de TVA au mois d’avril dernier. Sur l’ensemble de 2014, le PIB nippon n’aura progressé que de 0,3 %.
Dans le cadre de ce nouveau plan de relance, le Gouvernement japonais a décidé de prendre de mesures de soutien aux bas salaires et à l’investissement public. Ce plan ne fera que grossir la dette publique du pays. La Banque centrale nippone sera appelée à l’aide afin de combler le déficit à travers l’achat de nouvelles obligations.
Shinzo Abe malgré une relative timidité dans le passage à l’acte promet toujours la mise en œuvre de véritables réformes structurelles. Ainsi, il prévoit de libéraliser plusieurs secteurs économiques dont l’agriculture. Le Japon pourrait participer à l’accord de libre-échange prévu dans le cadre du projet « partenariat trans-pacifique » qui rassemble une douzaine d’Etats de la zone Asie-pacifique. Dans les cartons figure également une réforme du marché du travail avec une remise à plat des contrats de travail. L’économie japonaise souffre d’une déflation structurelle alimentée par la régression démographique. La population japonaise est en déclin depuis une dizaine d’années ce qui comprime la demande finale. Du fait de l’absence d’immigration, le taux de chômage est au plus bas. Avec l’emploi à vie, la mobilité est très faible et les coûts salariaux ont tendance à s’accroître d’année en année. La flexibilisation des contrats, annoncée depuis des années, est toujours reportée.
Le Gouvernement doit, en outre, favoriser l’investissement privé d’autant plus que l’endettement public dépassant désormais 230 % du PIB crée un effet d’éviction au détriment du secteur privé.
Dans les prochains mois, l’économie japonaise bénéficiera du contre-choc pétrolier qui diminue le coût de la facture énergétique. Avec la diminution de la demande intérieure et l’amélioration de la compétitivité provoquée par la baisse des prix de l’énergie, la balance commerciale devrait dégager de nouveau des excédents. La dépréciation du yen pourrait également favoriser cette évolution.