Le tout petit rebond de l’emploi marchand en France
Petite satisfaction, au deuxième trimestre 2014 même si le chômage a continué à augmenter, l’emploi dans les secteurs marchands non agricoles a légèrement progressé. Mais la lecture précise des données démontre qu’il n’y a pas lieu à pavoiser. Le gain est de 15 300 emplois contre une baisse de 21 700 emplois au premier trimestre. L’emploi a une fois de plus reculé dans l’industrie et dans la construction avec une baisse respective de 0,3 et de 0,6 %. L’emploi du secteur tertiaire a compensé cette baisse avec un gain de 0,3 % contre une contraction de 0,1 % au premier trimestre. C’est l’intérim qui explique cette hausse. Hors intérim, l’emploi marchand retrouve son niveau de mi-2013. L’emploi intérimaire a, en effet, augmenté au deuxième trimestre de 12 500 postes, + 2,4 % contre une baisse le trimestre précédent de 4,8 %.
84 % des embauches au 1er trimestre se sont faites en CDD, contre 70 % en 2008. Le marché du travail français est de plus en plus dual. Il y a ceux qui ont un emploi stable que ce soit au titre de la fonction publique au titre d’un contrat durée déterminée et les autres qui sont employés en intérim ou en contrat à durée déterminée. Néanmoins, le CDI reste la norme. En 2012, près de 87 % des salariés sont employés en CDI. Ce taux tombe à 66 % pour les moins de 30 ans prouvant les difficultés d’insertion des jeunes. 2,8% des salariés sont en intérim et 10,3% en CDD. L’évolution s’effectue au niveau des flux. Aujourd’hui, la porte d’entrée du marché du travail passe de plus en plus par le CDD voire l’auto-entrepreneur
Si la part des CDI dans l’emploi reste, en effet, stable entre 2000 et 2012, les embauches en CDD et en intérim explosent. Entre le 1er trimestre 2000 et le 4ème trimestre 2012, les déclarations uniques d’embauche en CDD ont augmenté de 76,2% quand celles en CDI ne progressaient que de 3,8 %. Les missions d’intérim ont augmenté de 14,3 %. En 2012, plus de neuf embauches sur dix se sont faites en CDD (49,5 %) ou en intérim (42,3 %). La part des CDD de moins d’un mois dans les embauches est passée de 24,1 % à 39, % de début 2000 à fin 2012, selon une étude du Ministère du Travail.
Cette situation vaut surtout pour les demandeurs d’emploi. Seulement 30 % des sortants de Pôle Emploi ont récupéré un emploi en CDI, 25 % un contrat de 6 mois ou plus et 7 % sont à leur compte. Les contrats aidés, qui sont majoritairement de 6 mois ou plus, représentent 9 % des emplois occupés à la sortie. Le premier trimestre 2014 a confirmé cette tendance
L’absence de perspectives de croissance et les rigidités du marché du travail incitent les entreprises à recourir à des formes précaires pour la création d’emploi. Les employeurs souhaitent limiter au maximum les risques et utilisent les CDD comme période allongée d’essai. Ce type de contrat comme l’intérim permet de contourner les règles contraignantes des licenciements économiques. Cette précarisation rampante du monde du travail pénalise les jeunes et ceux qui ont été auparavant licenciés.