Royaume-Uni, une réussite en trompe l’œil ?
A quelques semaines des élections législatives du mois de mai, le bilan économique du Gouvernement de David Cameron semble presque sans faille. La croissance a atteint 2,6 % en 2014, soit le taux le plus élevé au sein des pays du G7. Le taux de chômage est tombé à 5,7 % soit son plus bas niveau depuis 6 ans. Le taux d’emploi s’élève à 73,2 %, soit son niveau le plus élevé depuis 1971. Le secteur privé a créé 3 millions d’emplois depuis 2010. Les salaires, longtemps le point faible de l’économie britannique, commencent à augmenter de nouveau. La progression a été de 2,1 % en 2014 quand l’inflation s’est élevée à 0,5 %.
Au niveau des faiblesses, l’économie du Royaume-Uni est confrontée à une diminution de ses gains de productivités, au maintien d’un important déficit commercial et à un déficit élevé de ses finances publiques.
En 2013, le PIB par habitant était inférieur de 10 % à la moyenne de celui des pays développés de l’OCDE. L’écart s’explique par la mauvaise productivité du travail.
En ce qui concerne les inégalités sociales, il faut signaler que des progrès ont été, ces dernières années, réalisés. Ainsi, la pauvreté monétaire est inférieure à celle de la moyenne du G7. Le revenu moyen du décile de la population le plus élevé représente 10 fois celui du décile inférieur contre 6 fois en France. Mais cet écart tend à se réduire. Par ailleurs, contrairement à une idée reçue, la part de richesse détenue par le décile supérieur est parmi les plus faibles du G7 (sources FMI – OCDE). Au sein du G7, le Royaume-Uni est un pays où le taux d’investissement des entreprises est le plus faible. La production industrielle, malgré la croissance, reste en retrait par rapport au niveau atteint avant crise.
Dans le cadre de son rapport 2015 sur le Royaume-Uni, l’OCDE préconise la fin de la politique monétaire expansionniste menée par la Banque d’Angleterre et un assainissement drastique du budget. L’organisation internationale demande également un effort financier et organisationnel en faveur des systèmes de santé et d’éducation. Elle considère comme prioritaire la relance de l’investissement afin d’améliorer la compétitivité de l’économie. L’OCDE souligne que le Royaume-Uni ne promeut pas assez l’économie des compétences et de l’innovation. Il y a une forte inadéquation entre les qualifications des jeunes et celles demandées par le marché. Si le taux d’emploi des jeunes est supérieur de 10 points à la moyenne de l’OCDE, il cache une sous-qualification. Elle pointe également du doigt la mauvaise qualité des infrastructures routières et ferroviaires.