19 décembre 2015

Toutes les bonnes choses ont une fin !

Comme prévu, la FED a décidé de relever ses taux directeurs. Le taux interbancaire au jour le jour qui évoluait depuis fin 2008 entre 0 et 0,25 % est ainsi relevé d’un quart de point pour passer à une fourchette de 0,25 % à 0,50 %. Le Comité de politique monétaire a indiqué que le relèvement des taux serait ensuite progressif pour atteindre 1,4 % à la fin de l’année 2016. Cette augmentation est la première depuis 2006.

 

Pour cette année, la Banque centrale américaine qui a révisé ses prévisions économiques à la hausse s’attend à une croissance de 2,1  %. Elle prévoit une accélération de la croissance l’année prochaine avec un taux de 2,4 % soit un peu plus que prévu au mois de septembre. Néanmoins, une décélération interviendrait en 2017 avec un taux de croissance qui reviendrait à 2,2 %.

 

Dans son communiqué, le Comité de politique monétaire a souligné que le marché de l’emploi s’était « considérablement amélioré ». Pour l’emploi, la Banque centrale prévoit encore une baisse du chômage en 2016 qui s’établirait  à 4,7 % en 2016 contre 5 % à l’heure actuelle.

 

Selon les nouvelles projections, l’inflation se rapprocherait, en 2016, de l’objectif des 2 % annuel visé par la Fed. Les prix à la consommation progresseraient de 1,6 % l’année prochaine après avoir augmenté seulement de 0,4 % en 2015.

 

La hausse des taux décidée par la FED est modeste mais marque la fin d’une époque. Si la politique monétaire extrêmement accommodante pour soutenir l’économie américaine et fluidifier le crédit après la récession de 2008-2009 n’est pas réellement remise en cause, la FED entend s’engager dans un processus de banalisation. Au sein du comité de politique monétaire, une majorité s’est dégagée malgré la faible inflation, au nom de la reconstitution des marges d’action pour faire faire face le cas échéant à une nouvelle récession. En effet, en maintenant des taux nuls, la Banque centrale était désarmée en cas de survenue d’une nouvelle crise. Ce relèvement vise également à retrouver des niveaux de taux cohérents avec le niveau de la croissance et éviter le développement de bulles spéculatives. Avec une croissance de 2 %, les taux nuls constituaient une anomalie considérant que leur taux devrait se situer aux environs du taux de croissance.

 

 

 

Quel sera l’impact de ce relèvement ?

 

Ce changement de politique monétaire pourrait provoquer des tensions sur les marchés financiers même si la hausse des taux a été grandement anticipée ces dernières semaines et qu’elle est faible. Néanmoins, cette augmentation des taux par la FED pourrait déstabiliser certains pays émergents avec des flux de capitaux qui prendraient le chemin des Etats-Unis.

 

De nombreux investisseurs pourraient être tentés de sortir du Brésil, de la Turquie ou de l’Afrique du Sud, en quête de rendements plus rémunérateurs aux Etats-Unis. Il en résulterait une dépréciation de la monnaie de ces pays et un déficit de leur balance des paiements. La Banque mondiale a souligné que les pays émergents devraient « attacher leur ceinture ».

 

Les marchés « actions » devraient être un peu moins attractifs par rapport aux produits de taux. Cette correction a été anticipée. Par ailleurs, il n’y a pas à l’heure actuelle de bulle sur le marché « actions » ce qui limite d’autant les risques de tensions sur les cours.

 

La zone euro devra éviter l’effet de contagion sur les taux. Le maintien de la politique de quantitative easing de la BCE devrait y contribuer. La Banque centrale pourrait être amenée à prendre de nouvelles mesures en cas de tenions.

 

La hausse des taux devrait favoriser l’appréciation du dollar et de ce fait pénaliser les exportations américaines et pénaliser les entreprises étrangères qui ont contracté des emprunts libellés en dollar. En revanche, les exportations européennes hors zone euro seraient favorisées.